L'héritage des Rois Passeurs

Il y a des noms d'auteurs incontournables à mes yeux de lectrice, celui de Manon Fargetton est en tête de liste. J'ai lu tous ses romans et ils sont tous exceptionnels, donc quand elle a annoncé une prochaine parution, je n'avais pas besoin de connaitre résumé, titre, maison d'édition pour savoir que j'allais le lire. Evidemment quand ils ont tous été dévoilés, mon envie étant déjà présente, c'est mon impatience qui a été tiraillée. J'étais déjà très heureuse de lire mon tout premier Bragelonne mais quand en plus on voit cette sublime couverture signée Marc Simonetti , on se dit que l'on tient un livre-objet précieux. Aussitôt en main je me suis plongée dans ma lecture sans pouvoir le lâcher avant la fin. C'était prévisible, mais qu'est-ce que c'est bon de le savoir confirmer:
ce fut un beau coup de coeur.

Quel plaisir de retrouver la plume magique de Manon, qu'est-ce que j'aime la poésie et la musicalité qui se dégagent de ses phrases, les mots prennent vie: on voit, on entend, on sent et on ressent, on se laisse transporter par eux, avec eux. Et sous nos yeux les lettres deviennent des lieux, des personnages, des aventures.

La plus grande force des romans de Manon se sont les personnages, ces rencontres que l'on n'oubli jamais. Dès les premières pages, je m'étais déjà attachée à Ravenn, j'étais déjà à Ombre, mais aussi à Rive aux côté d'Enora où mon coeur subissait sa première perte. Sourires et larmes seraient mes deux compagnons de route pour cette lecture.
Destin, coïncidence, on se pose très souvent la question, tant ces chemins qui se croissent semblent se croiser pour une bonne raison. Les groupes qui se forment petit à petit sont extrêmement touchants.

Du côté de Rive, Enora est une jeune fille qui vient de tout perdre, d'assister à des atrocités sans nom, au milieu de ce malheur elle rencontre deux frères Charly et Julian, si l'un est un véritable rayon de soleil, bourré d'humour, d'optimiste et de bienveillance, l'autre est un homme brisé qui se noie dans l'alcool, bien qu'imparfait, on ne peut que les aimer. L'amour qu'ils se portent l'un l'autre et à leur nouvelle « soeur » est des plus sincère, et bien que les scènes démonstratives soient éphémères, l'écho de cet amour résonne dans tous leurs actes.

Du côté d'Ombre, on rencontre en premier lieu Ravenn, jeune femme de caractère et d'aventure qui protège les habitants des dragons, une vraie guerrière, jusqu'à ce que l'on apprenne qu'elle est d'abord une princesse. Sa mère la reine est mourante, après plusieurs années d'exil, elle retourne donc à Astria sur ses terres d'origine pour récupérer la couronne et devenir la nouvelle souveraine de son pays. Un retour qui sera vu d'un mauvais oeil ! Les personnages du palais seront tantôt des traites, tantôt des alliés, parmi cette seconde catégorie, j'avoue avoir un petit chouchou: Liam, un enfant extrêmement intelligent que Ravenn a prit sous son aile. Je ne pourrais pas cité tout le monde, mais chacun à une place importante et aura un rôle à jouer, la loyauté est un autre point fort de l'histoire, c'était beau à lire, et m'aura réchauffé le coeur plus d'une fois.

Je parle d'amour, d'amitié, de loyauté mais les sentiments les plus sombres et chaotiques sont également exploités. La noirceur des hommes, l'ambition, la traitrise, la mort, l'auteur ne nous épargne pas.

Biensur au delà des personnages, l'autre force du roman c'est l'intrigue et plus exactement l'univers crée par l'auteur, maitrisé jusqu'à dans les moindre détails dont on découvrira l'importance parfois bien des chapitres après, me faisant bondir sur mon lit, tant c'était extraordinaire.

Ombre et Rive, sont deux mondes liés, l'un étant la facette de l'autre, Rive représente notre monde, où la technologie à prit le pas sur la nature, Ombre est plus sauvage, la magie, les divinités symbolisent cet univers. Je suis restée plus d'une fois subjuguée par les révélations tant le lien est poussé au plus fort, allant de la géographie aux destins des hommes. Très tôt dans l'histoire, tous les personnages vont se retrouver du même côté, à Astria où les enjeux se passent. Et là encore chapeau bas à l'auteur qui sans perdre son lecteur en traduction a « inventé » une dialecte: l'ombrois qui se rapproche du vieux français, les dialogues dans ce langage sont tellement excellents.

Beaucoup de thèmes sont abordés dans cette histoire, tel que la religion, la magie, la royauté. Trois facettes du pouvoir. L'art des magiciens est captivant tant par sa pratique, que ses connaissances, et peut s'avérer aussi dangereux que protecteur. le culte des Dieux est lui aussi proposé avec deux facettes, la dualité étant récurrente de l'histoire, tout n'est jamais tout blanc ou tout noir et là encore le gris a une grande importante.

La structure du roman est elle aussi intéressante, les chapitres sont assez courts (ou alors j'avais tellement du mal à lâcher mon livre, que je ne les voyais défiler les pages...) et séparés par une page appelée « fragment », qui retranscrit soit des textes officiels, soit nous dévoile des souvenirs de personnages antérieur au récit, ça apporte non seulement un gros avantage à l'intrigue en plaçant des informations importantes sans avoir à les faire découvrir par les personnages mais en plus c'est hyper additif parce que l'info intrigue et on sait que dans le chapitre qui vient ça sera exploité.

Ce roman est si complet, si riche, que je suis certaine d'oublier énormément de choses dans cette chronique mais une chose est sûre c'est une pépite, un bijoux, un trésor de la littérature fantasy.
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