Publié en 1953 aux éditions "
André Martel", ce livre est un des derniers romans de
Claude Farrère.
Cinquante ans se sont écoulés depuis ses premières nouvelles pleine de
fumée d'opium, et depuis le prix goncourt obtenu avec
les civilisés.
"Les petites cousines" est un livre dont on ne sait rien en l'abordant.
Par son titre, le fidèle lecteur peut raisonnablement penser ouvrir un de ses livres féministes inspirés de sa relation et de son admiration pour Colette, comme l'a pu être par exemple "
Mademoiselle Dax, jeune fille".
Et, puisque comme tout bon vieux broché, l'édition ne possède pas de quatrième de couverture.
Et, qu'au fil de la liste de ses nombreux livres écrits,
Claude Farrère semble avoir aimé surprendre ses lecteurs ... le suspens reste entier.
De suspens, il sera en effet question: "Les petites cousines" est un roman policier.
Mais le suspens ne sera pas insoutenable.
Il s'avérera vite n'être que simple curiosité de lecture.
L'on pénètre, ici, dans une famille bourgeoise dont l'auteur dissèque les amours, les haines, les bonheurs, les jalousies, les hypocrisies et les grands élans de générosité.
Les deux cousines sont Marcelle Puesch qui vient d'obtenir le prix Nobel de chimie, et Elisabeth, sa soeur, l'heureuse épouse de Jean Evariste Marmont qui a fait sa fortune dans les ciments et l'acier.
Les deux cousines s'invitent pour l'été aux "Hirondelles" où vivent encore la grand-mère Puesch, et deux de ses autres petites filles agnès et Louise.
Le bonheur de se retrouver n'est qu'un écran de fumée qui cache les vieilles rancoeurs, les jalousies, et d'anciennes rancunes tenaces.
La haine est tapie dans cette maison pleine de
souvenirs.
Et le drame, aussi violent qu'un orage d'été, vient fracasser le récit ...
Ce roman s'ouvre sur des accents un peu naïfs, s'annonce comme un peu répétitif.
Les personnages féminins que Farrère à son habitude sait si bien décrire ne sont ici que les silhouettes utiles à l'intrigue.
Claude Farrère peut-être a-t-il trop usé sa plume dans ses autres livres, sur d'autres horizons et dans d'autres rêveries.
L'auteur de ce livre semble plus n'être qu'un vieil écrivain fatigué.
Pourtant la lecture est agréable et, en son milieu, le récit rebondit de manière inattendue.
Et, comme Farrère, même devenu un vieil académicien tranquille, est toujours Farrère, il se permet, dès les premières lignes de dénoncer de vieilles théories surannées encore en cours dans les années 50 :
"les filles n'ont pas besoin d'en apprendre si long. Qu'elles soient capables d'être de bonnes épouses et d'élever proprement leurs enfants, c'est tout ce qu'il faut, avec un peu de catéchisme" ...
"Les petites cousines", au final, est un bon petit roman policier, délicieusement désuet, que l'on peut s'offrir à redécouvrir juste pour le plaisir de sa lecture ...