AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
3,92

sur 430 notes
Nulle part sur cette terre de Michael Farris Smith
Elles marchaient toutes les deux le long de la route près de la frontière de la Louisiane, elles étaient sales et épuisées, une voiture leur fit faire quelques kilomètres jusqu'à un hôtel restaurant, l'homme leur donna 40$, un peu de répit, un repas, un lit, mais après il leur resta une trentaine de $, alors, sur le parking elle vit des routiers, des filles, Maben l'avait déjà fait mais elle n'avait pas prévu que Ned le patron en avait marre de cette activité. Il appelle les flics, Clint, un pourri, habitué à profiter des filles, à les menacer, mais ce soir là, il est mal tombé, Maben en a trop subi, des années qu'elle galère, qu'elle a quitté le Mississippi pour y retourner, toujours aussi pauvre, avec simplement sa fille en plus. Il l'emmène dans la forêt dans sa voiture, elle profite du temps où il se déshabille pour lui subtiliser son flingue et l'abat. Elle fuit, retourne au relais routier et retrouve sa fille, on ne l'a pas vue. Mais au petit matin elle doit reprendre la route, sans argent, elle a gardé le pistolet du flic.
De son côté, Russell sort de prison, 11 ans qu'il n'a pas vu son père mais à la descente du bus qui le ramène chez lui, ce dont deux types qui l'attendent et le tabassent, par chance un bon samaritain passait par là et le conduit chez lui. Son père, Mitchell, a repeint sa maison, mis des bières au frais, il va le rejoindre au bord de son étang. Son père l'attend, triste que Liza la mère de Russell n'ait pu le revoir, inquiet aussi, à cause de Consuela, avec laquelle il vit désormais, que va t il en penser? Les retrouvailles se passent bien, Russell sort le soir passe la soirée avec une fille et au petit matin prend la route, traîne, hume la liberté et fait face à un barrage de police qui cherche l'assassin du flic. Chance c'est un de ses vieux amis qui le vérifie, mais devant chez lui il reconnaît ceux qui l'attendent et se souvient d'il y a onze ans…

Deux êtres cassés, ballotés par la vie, qui voudraient bien s'en sortir mais difficile quand on n'a pas les codes et que le passé vous colle aux semelles. Deux beaux personnages, une écriture simple et directe, du rythme et un peu d'optimisme. L'auteur de Nick et Blackwood est décidément très à l'aise dans ce milieu des marginaux des petites villes américaines.
Commenter  J’apprécie          100
Si je vous dis pick up, bière, jean râpé et bottines, cela vous fait penser à ... ?
Si j'ajoute longues routes droites et musique country ou rock sudiste...
Vous y êtes ?

'Mississippi welcomes you' dit la pancarte à l'entrée de cet Etat. C'est là que se situe le roman d'un auteur américain découvert grâce à @LeblogUSAdeDom que je remercie pour cette belle lecture, car je me suis régalée, rien que ça !

L'auteur nous fait sillonner les routes du comté de Pike et toutes celles alentours, très souvent à bord du pick up de Russell qui, tout en conduisant, écluse les bières comme de l'eau à la fontaine, sans doute pour se rafraîchir car c'est la saison chaude mais sûrement parce que cette boisson, additionnée d'un alcool fort, anesthésie son cerveau, jette un voile sur ses souvenirs et l'aide à affronter la vie qui reprend plutôt mal que bien après avoir purgé onze années d'incarcération pour des faits que vous découvrirez dans l'ouvrage.
Ces routes et celles des États voisins, Maben aussi les parcourt, mais à pied et depuis longtemps, sans jamais réussir à se poser, sans domicile ni emploi fixe, sans nulle part où aller... Elle traîne avec elle un sac poubelle réunissant toutes ses affaires et celles de sa fille qui l'accompagne, sous une chaleur écrasante, depuis des kilomètres, des mois, des années, pour aller où ? le sait-elle seulement, mais ses pas la dirigent vers la ville qu'elle a quittée il y a longtemps... Un chemin douloureux, accidenté et dangereux.

L'auteur retrace le parcours de ces deux êtres tourmentés dont le chemin va se croiser, au moyen d'une narration surtout au présent mais aussi au passé qui concourt à cerner les personnages et leur histoire. L'écriture est directe, fluide et agréable à lire en dépit d'une surabondance de la conjonction "et" survenant parfois comme un CD qui déraille sur une route cabossée ! L'auteur parvient autant à rendre les personnages vivants qu'à restituer une ambiance typiquement sud-américaine. le dépaysement est garanti, d'autant plus que le récit est parfois saupoudré de petits passages nature writing très visuels, ainsi que des références musicales que j'ai adorées après avoir eu la curiosité de les écouter : Lynyrd Skynyrd, Hank junior et Merle Haggard.
Avec ce fond sonore, le voyage aux confins de l'Amérique est d'autant plus saisissant sous la plume talentueuse de Michael Farris Smith qui m'a embarquée sans difficulté, portant une histoire rude mais humaine. J'ai aimé l'histoire, j'ai aimé les personnages, j'ai aimé l'atmosphère.

A présent j'irais bien à McComb débriefer devant une bonne bière bien fraîche, accoudée au bar l'Armadillo, tout en écoutant les musicos lancés dans un récital de Lynyrd Skynyrd. Et vous, cela vous tente ?
Commenter  J’apprécie          11745
Comment réagir lorsqu'avançant dans une vie ravagée et en territoire hostile, la divagation opiniâtre nous propulse vers l'ultime coup du sort ?
C'est le thème qui constitue la trame de « Nulle part sur la terre » comme de « Le pays des oubliés », l'ultime coup du sort provoquant une rencontre – coïncidence ou synchronicité – qui vient clore une boucle existentielle avec, peut-être, l'occasion de lui donner sens .
Usant d'une langue poétique au rythme lancinant qui plonge au plus poisseux d'un quotidien fait d'alcoolisation et de violence pour en sauver quelques lueurs sensorielles, d'infimes instants délivrés des fureurs, Michael Farris Smith nous entraîne avec ses personnages dans ces fuites en avant qui marchent sans répit vers l'obstacle pour y tenter encore…
Magnifique.
Commenter  J’apprécie          90
Le gars sort tout juste de prison après avoir payé sa dette à la société. Visiblement pas toute la société, puisque à la descente du car qui le ramène chez lui, il se fait rosser par des rancuniers.
La fille, elle, marche le long de la route avec un baluchon, tirant une petite fille par la main, fuyant on ne sait trop quoi non plus. Ce qui va lui arriver est encore pire que le tabassage du gars.
Et quand les destins de ces deux-là se croisent au milieu de nulle part, Michaël Farris Smith est là avec ses pinceaux pour nous dresser le portrait de ces deux losers (et de quelques autres).
C'est noir mais c'est beau.
Pour celles et ceux qui aiment les coins perdus.
Lien : http://bmr-mam.blogspot.com/..
Commenter  J’apprécie          20
Dès les premières pages, on est pris à la gorge par une angoisse rampante, celle de cette femme et de sa petite fille qui fuient, fuient on ne sait quoi, écrasées par la solitude, la pauvreté, l'épuisement extrême. Quelques chapitres plus loin, l'horizon ne s'éclaircit guère alors qu'on découvre Russell le jour de sa sortie de prison. Une ville du Mississippi, des horizons bouchés, des mauvais choix, des âmes perdues qui ajoutent à leur malheur en se trouvant au mauvais endroit, au mauvais moment.
Si j'ai apprécié la lecture de ce livre, ce n'est pas un coup de coeur. J'ai souvent été gênée par le style, ces longues phrases d'actions successives sans ponctuations, type "il prit ça et il fit ça puis il pensa à ceci et il dit ça" - je crois que la ponctuation, c'est assez important pour moi lorsque je lis. J'ai aussi eu du mal à m'attacher aux personnages et à éprouver de la sympathie pour eux; jusqu'au bout leurs choix m'ont souvent semblé questionnables voire assez stupides. La fin ne m'a pas transcendé non plus.
Néanmoins, ce roman noir reste un moment de lecture agréable. La promesse d'un voyage sombre dans l'Amérique rurale des laissés pour compte, où l'espoir n'a pas souvent sa place.
Commenter  J’apprécie          00
Michael Farris Smith, écrivain des sans grade, de l'Amérique non triomphante.
J'ai beaucoup aimé la part de lumière qui reste toujours dans ses récits. le tout sans aucun jugement ni bons sentiments. Juste des Hommes et leurs choix sans juger, sans moraliser. Mais toujours une lumière après la tempête.
Je le rapproche d'Harry Crews plutôt que de Mac carthy.
Sans nul doute une magnifique plume américaine dans la lignée des auteurs du Sud .
Commenter  J’apprécie          60
Quand le chemin de deux âmes abîmées se croisent à la suite d'événements fortuits. Ces personnages, Maben et Russell, sont en errance. de retour dans leur ville d'enfance après une vie miséreuse pour l'une et privé de liberté pour l'autre, le cadre apaisant de rues familières, même empreinte d'une tragédie passée, réveille un sentiment nostalgique. Prêt à reprendre le cours de sa vie, Russell, retrouve son père, renoue avec d'anciennes relations et essaie de retrouver des repères. Contrairement à Maben qui voit McComb comme un lieu de passage sur une route sans fin. Elle doit, contrainte et forcée, rester et affronter ses souvenirs. Les choix des personnages les enchaînent à leur passé mais leur résilience leur permettra de faire face, d'entamer leur processus de guérison et peut-être, un jour, de construire un futur plein d'espoir.
Commenter  J’apprécie          30
Russel sort après onze années de prison pour avoir tué accidentellement un jeune garçon. Depuis, la vie de Maben, la petite amie de ce jeune garçon, n'est plus qu'errance et souffrance, maintenant, elle a une petite fille. Ces deux destins tragiques vont à nouveau se croiser. Un voyage au pays où l'espoir a peu de place, une plume ciselée qui oscille entre dureté et tendresse, une lecture qui fait du bien.
Commenter  J’apprécie          10
Une balade au pays des losers, belle et rugueuse comme une chanson de Springsteen, qui vous arrache le coeur et vous donne quand même la niaque, c'est tentant, non ?
Russell sort de taule et Maben sort de nulle part. Ils trainent chacun leur passé et leurs douleurs, et vont forcément finir par se croiser. Mais pas comme dans un roman “normal”, parce que Michael Farris Smith n'est pas un auteur “normal” : c'est un conteur extraordinaire.
D'abord, il prend le temps de poser son histoire et ses personnages, et tant pis si l'on ne comprend pas tout au début : on est déjà happé par son écriture poétique, son ton un peu sec sans atermoiements, son rythme lancinant. Ensuite, il raconte la vie d'Américains moyens dans une ville moyenne du Mississippi, et c'est comme si on y était, aussi paumé et aussi avide de réconfort que ses protagonistes. Russell et Maben sont présentés dans toutes leurs nuances, et ils sont accompagnés d'une flopée de personnages secondaires tout aussi denses. Enfin, malgré un titre original un peu plombant (“Desperation road”) et malgré sa violence, ce roman exalte la douceur et l'urgence de vivre ; ses descriptions de la Nature et des virées en voiture dans la nuit d'été, la radio à fond et le vent chaud dans les cheveux, ont le goût sauvage et enivrant de la liberté : "cette sensation qui vous dit qu'on est vendredi soir, qu'on a rien à faire demain et que c'est une fichue belle soirée." (Oh oui !)
Mais dans cette histoire, il est surtout question de perte (de l'innocence), de culpabilité, de foi (en l'homme), de rédemption, et de grâce. Et miraculeusement, tous ces thèmes sont abordés si subtilement que le roman ne tourne jamais au gros pathos bondieusard. C'est juste une célébration un peu triste, mais lumineuse, de l'humanité dans ses failles et ses prodiges. le genre de livre qu'il faudrait envoyer aux extra-terrestres pour leur dire : voilà ce que sont les humains.
J'ai donc adoré (et je suis tombée amoureuse de Michael Farris Smith, que je ne vais plus lâcher), et je sors frissonnante et groggy -mais heureuse- de cette lecture, qui résonnera longtemps en moi comme une chanson de Springsteen.
Avis à tous les écorchés vifs : ce livre est pour vous !
Commenter  J’apprécie          3617
Russel a passé onze années derrière les barreaux. Lorsqu'il rentre chez lui, un comité d'accueil lui fait comprendre par un bon passage à tabac qu'il n'est pas le bienvenu. Une tension de tous les instants s'installe et Russel devra toujours vérifier par dessus son épaule qu'un frère Tisdale ne soit pas caché avec un flingue ou un couteau pour lui faire la peau.

Par ailleurs, Maben et sa fille Annalee, cinq ans, sont sans le sou. Maben ne savait plus où aller, elle est épuisée par la vie et débarque dans la ville de son enfance où elle espère trouver un refuge.

Un cadavre va réunir Maben et Russel.

Le livre est très bien écrit, il rude et violent. Il y règne de l'injustice mais aussi de la fraternité et des personnages très attachants.
Très bon moment de lecture.
Commenter  J’apprécie          20




Lecteurs (933) Voir plus



Quiz Voir plus

Dead or Alive ?

Harlan Coben

Alive (vivant)
Dead (mort)

20 questions
1822 lecteurs ont répondu
Thèmes : auteur américain , littérature américaine , états-unisCréer un quiz sur ce livre

{* *}