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3,8

sur 238 notes
Mon regard avait déjà croisé plusieurs fois le nom de Mélanie Fazi sur les rayonnages de la médiathèque, sans que je m'y arrête. Et puis, cette semaine, sur une impulsion, j'ai emporté Serpentine avec moi. Envie de lire des nouvelles et de découvrir d'autres plumes fantastiques.

Et quelle plume! Mélanie Fazi possède un indéniable talent d'écriture. Dans le fond comme dans la forme, les dix textes qui composent ce recueil sont autant de pièces d'orfèvre délicatement ciselées. L'auteure révèle dans chaque nouvelle un univers fantastique surprenant dans ce qu'il y a de plus quotidien: une station de métro, une aire d'autoroute, une maison familiale, etc. Ses histoires instillent avec maestria une distorsion dans le réel, comme un effleurement, revenant aux origines même du récit fantastique.

Mélanie Fazi y met également beaucoup de poésie et une profonde humanité. La mélancolie se détache souvent de ces nouvelles. Elle manie l'art de créer de belles surprises, notamment dans "La mémoire des herbes aromatiques" dans laquelle on retrouve Circé en tenancière de restaurant grec, secondée par Médée et où Ulysse vient se perdre. Plaisir du jeu avec la mythologie mêlé de la nostalgie des temps anciens pour ces légendes de l'Antiquité. Un très beau texte merveilleusement réjouissant.

Les neufs autres tiennent tout autant la comparaison et offrent de beaux moments de lecture. Pas d'effets gore ou de surenchère sous la plume élégante de l'auteure. Nul besoin. Tisser un halo surnaturel sur notre monde matériel suffit à créer suffisamment d'ombres mystérieuses propices aux délices littéraires.

Une chose est certaine, je compte bien emprunter dès que possible les autres recueil de Mélanie Fazi pour le plaisir de me replonger dans son merveilleux univers.
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Lecture Commune Imaginaire de Février 2016.

Une très belle découverte en ce qui me concerne, vu que je ne connaissais pas l'auteure ! Et c'est un vrai plaisir de découvrir tous ces "jeunes" auteurs français, qui manient la plume et la langue avec virtuosité, et, dans le cas de Mélanie Fazi, une sensibilité, voire une sensualité, très féminine mais sans excès.
Car, pour ma part, c'est cette sensualité récurrente qui se dégage le plus de l'ensemble des nouvelles de ce recueil, à part peut-être dans "Petit théâtre de rame", "Le faiseur de pluie" et la toute dernière, encore que les méthodes des "esprits" de Ghost Town soient, elles aussi, très tactiles ! C'est cette sensualité qui m'a marquée, et qui distingue Mélanie Fazi de tout ce que j'ai pu lire d'autre, français ou pas, de mon point de vue.

Que les sens soient sollicités dans le bon (plaisir) ou le mauvais (souffrance) sens, ils sont omniprésents.
Le toucher est celui qu'on retrouve le plus... Entre Serpentine, Elégie, Rêves de cendres, et donc, Ghost Town Blues, dans la souffrance le plus souvent, le toucher est vraiment bien décrit.
Serpentine est ma préférée parmi celles-là, car elle décrit fort bien les sensations mais également ce qui sous-tend le désir de se faire tatouer. Catharsis et exutoire, tableau vivant, bijou de peau qu'on offre au regard ou que l'on garde pour soi selon où on le place, symbole d'une étape de la vie, " rebellitude" intime (surtout pour ceux de ma génération (50 ans et plus), pour les jeunes d'aujourd'hui moins, je pense), je suis persuadée que tous les tatoués (à part peut-être ceux qui ne font ça que pour "le look", et même...) s'y retrouveront.

Le goût est mis à l'honneur dans "Mémoire des herbes aromatiques", qui reste ma préférée, car j'aime les bonnes choses, ainsi que les récits et mythes grecs et romains, et elle est bourrée d'humour noir en plus des descriptions "savoureuses".

L'audition, le son est évoqué dans "Matilda", avec un concert dont la description reste une des meilleures que j'ai jamais lues ! Si le fond est vraiment tordu et laisse relativement mal à l'aise, tout ce qui touche aux sens y est vraiment au top.

Enfin la vue est soliicitée dans "Le passeur", puisque nous avons ici un peintre, bizarre et psychopathe, certes, mais qui nous décrit si bien son obsession picturale et amoureuse.

Les nouvelles qui ne nous parlent pas vraiment des sens nous parlent de fantômes, de passages d'un état à un autre, avec à chaque fois un fond très différent, tour à tour sur le ton de l'espoir dans ""Nous reprendre à la route", sur le ton du désespoir dans "Petit théâtre de rame", sur le ton du désespoir mêlé d'une étrange et tendre poésie dans "Le faiseur de pluie".

La toute dernière nouvelle est spéciale. Vraiment l'idée est originale, je ne crois pas avoir lu ça ailleurs. Je n'en parlerai pas pour ne pas spoiler, mais quand on y réfléchit, on est très loin d'une histoire de "fantômes", en fait, puisque ce ne sont pas eux qui peuplent cette ville... Bien au contraire, ceux qui meurent disparaissent !

Bref, c'est un recueil d'un très bon niveau, tant littéraire que "d'idées", même si parfois on ressort d'une nouvelle avec "un goût de trop peu" (la toute dernière notamment...).
Et j'ai un coup de coeur pour le style d'écriture de Mélanie Fazi.
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Ce recueil de nouvelles est le premier livre que je lis de cette auteure, qui généralement bénéficie de commentaires très flatteurs.

Les histoires, toutes dans un univers fantastique sombre et parfois même pessimiste, sont écrites dans un style très littéraire et très riche. Les trames des nouvelles elles-mêmes sont minces, l'intérêt réside dans le cheminement intérieur des personnages. Mais après quelques dizaines de pages, j'ai été lassée par l'extrême richesse des phrases, j'ai ressenti un trop-plein de descriptions des pensées des protagonistes, le tout dans un univers souvent inquiétant ou désabusé.

Il n'en reste pas moins que certaines pages sont belles, et que quelques histoires sont touchantes, mais je me suis forcée à finir le recueil.En résumé, cette auteure n'est pas faite pour moi !

Serpentine : le narrateur entre dans un salon de tatouage, et demande à l'artiste de créer un dessin bien particulier.

Élégie : Une femme a perdu ses jumeaux deux ans plus tôt. Elle monte sur la colline où une peluche avait été récupérée. Une courte nouvelle émouvante sur le désespoir d'une mère.

Nous reprendre la route : Anouk se retrouve seule sur une aire de repos presque déserte, après que le bus qui l'amenait à Strasbourg l'a oubliée.

Rêves de Cendres : à l'âge de 7 ans, Bérénice avait vu un oiseau de feu dans la cheminée et s'était brûlée en voulant le toucher. Elle grandit fascinée par le feu. Une nouvelle dérangeante sur une petite fille qui pense voir un phoenix, mais en réalité qui se fait du mal.

Matilda : le narrateur assiste enfin au concert de son idole, qui n'a pas chanté depuis plusieurs années et qui avait annulé la fin de sa dernière tournée.

Mémoires des herbes aromatiques : de nos jours, Circé tient un restaurant grec où Ulysse, qui ne l'a pas vue depuis les temps mythiques, vient dîner. La chute est bien vue et nous rappelle que l'Odyssée a quelques archétypes machistes.

Petit Théâtre de Rame : Dans le métro parisien, divers personnages voyagent dans les rames… Quel est leur lien ?

Le Faiseur de Pluie : en vacances en Italie dans la maison familiale, deux cousins qui s'ennuient dessinent le faiseur de pluie selon le conte raconté par le père de l'un d'entre eux. Une nouvelle sur l'enfance qui voit ce que les adultes ont oublié.

Le Passeur : un peintre a assassiné une adolescence et jeté son corps dans le fleuve. Mais celle-ci l'obsède encore.

Ghost Town Blues : une ville perdue dans un décor du Far West américain. Un jeune homme naïf arrive dans le saloon et attire l'attention d'un trio de brigands. L'homme est un loup pour l'homme.

Lien : https://feygirl.home.blog/20..
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Lecture commune de février 2016 avec le CLUB IMAGINAIRE.

En un mot : une révélation !
Un véritable coup de coeur aussi, mais moins pour le recueil que pour l'auteure à proprement parler.
Mélanie Fazi possède un indéniable talent pour ce qui est de transmettre sensations et sentiments. Sa plume majestueuse, légère et délicate est également emprunte d'une réelle force peu commune.
Tout en restant accessible et remarquablement plaisante, son écriture subjugue et séduit, et ce - j'ai pu m'en apercevoir assez rapidement dans les discussions du forum - que l'on ait ou non apprécié ses nouvelles.

Originaire de Dunkerque, cette jeune auteure hors du commun, fraîchement débraquée sur la scène française de la fantasy a commencé sa carrière en tant que traductrice pour Lisa Tuttle notamment, à qui elle dédie d'ailleurs ce recueil : "à Lisa Tuttle, dont les livres m'ont appris que les plus effrayants des fantômes sont ceux que l'on porte en soi."
Romancière, nouvelliste et traductrice donc, elle a déjà reçu plusieurs prix dont le Grand prix de l'Imaginaire pour l'anthologie qui nous intéresse ici.


Serpentine se compose de dix nouvelles mêlant réalisme et fantastique avec un naturel déroutant. Un style irréprochable aux envolées célestes terriblement efficaces, une connexion profonde avec l'esprit humain, et Fazi se complaît dans ce partage de récits où elle jongle entre le bien et le mal avec une rare fulgurance.



SERPENTINE :
Qui est aussi le nom du salon de tatouage dans lequel se déroule cette première nouvelle.
Cinq tatoueurs se partageant encres "spéciales" et clients dans une ronde improbable et surréaliste assez désarmante pour tout lecteur ayant déjà passé sous l'aiguille.
Réalité et fantastique se côtoient dans une chorégraphie de mots et d'impressions rendues ici de façon exceptionnelle sous l'égide de son auteure.

"- Je veux que tu l'extirpes, cette pulsion, à la pointe de ton aiguille. Arrache-moi ça de la tête et du corps, et tu seras un artiste à nul autre pareil."

ÉLÉGIE :
Sans doute le récit qui m'a le plus touché entre tous.
Complainte d'une mère en souffrance à... un arbre. Mais pas n'importe lequel.
Élégie est une fable d'une terrible tristesse qui ne peut laisser totalement indifférent. Un cri d'amour et de détresse.

"Risquer un oeil vers le bas de la colline, les maisons bien tranquilles, bien aveugles, ou vers le ciel entre tes branches tendues pour griffer les étoiles, c'était sentir le poids du monde qui m'écrasait."

NOUS REPRENDRE À LA ROUTE :
Époustouflante nouvelle qui m'a prise aux tripes et qui prouve si besoin était tout le talent narratif de l'auteure à emmener loin son lecteur.
Une aire d'autoroute, deux femmes dont une semble perdue, abandonnée mais dont la mémoire va revenir doucement, et un chat, se retrouvent au centre d'une tragique histoire.
Le sujet ici abordé mériterait à mon humble avis un roman à lui seul.

"Après tout, je n'ai plus rien à perdre, alors quitte à rester ici... Un endroit comme un autre où repartir à zéro. En attendant à mon tour, de reprendre la route vers ailleurs."

RÊVES DE CENDRE :
Fabuleuse et fatale histoire dont on ne ressort pas indemne.
Pyrophile depuis qu'elle a aperçu l'oiseau de feu pour la première fois alors qu'elle était encore enfant, Bérénice n'a plus qu'un seul désir ; le retrouver, afin qu'il la fasse renaître de ses cendres.
Une façon un peu extrême de raconter la fascination d'un élément aussi destructeur et pourtant tellement attirant pour une adolescente en plein questionnement.

"Il me prendra comme il l'a promis ce jour-là, et il me changera. Il reviendra pour me donner un autre corps, plus beau et plus fragile. (...) Un corps pareil aux bulles de savon que j'ai dans la tête."

MATILDA :
Comme s'il fallait une exception pour confirmer la règle, Matilda est ma première (et seule) déception de ce recueil.
La narratrice nous livre ici son monologue intérieur adressé à une célèbre chanteuse pendant son concert.
Je mentirais en disant que les mots ne m'ont pas atteint au coeur, comme toujours, mais paradoxalement le récit m'a ennuyé dès le début et je n'ai pas réussi à véritablement m'y accrocher.

"Sa voix unique, grave et puissante, capable de s'en aller tutoyer les dieux. Cette voix qui ne demandait qu'à s'élever."

MÉMOIRE DES HERBES AROMATIQUES :
Ou quand Ulysse retrouve Circé... Ce récit que j'ai particulièrement aimé sort pour le moins de l'ordinaire.
C'est donc l'histoire d'un châtiment cuisiné aux petits oignons - parce que oignon sans le "i", moi ça me pique les yeux - pour une dame vengeresse et de retrouvailles qu'on peut qualifier de 'divines'.

"- Ne prends pas racine, Odysseus. Tiens, assieds-toi donc à cette table (...).
- Je préfère Ulysse. C'est un nom plus pratique à porter ces jours-ci.
Je ne peux m'empêcher de ricaner. Avec quelle fierté tu prononces ce nom, (...). Mais puisque tu as laissé les livres trancher pour toi..."

PETIT THÉÂTRE DE RAME :
Une des meilleures nouvelles du recueil à mes yeux.
Un récit de destins croisés, avec toujours cette pointe de fantastique, et divisé en quatre mini-épisodes : Galerie; Ordalie; Sérénade et Transparence.
Nous sommes dans le métro et nous allons y rencontrer successivement Rodrigue, un photographe; Vinciane, une ado plutôt bizarre; Nemja, la tzigane qui danse en échange de quelques pièces et enfin; "l'homme aux clous" qui est aussi le fil rouge reliant nos protagonistes.

"Elle grise, à la longue, cette sensation de train fantôme, sensation retrouvée de l'enfance : le vertige du manège."

LE FAISEUR DE PLUIE :
Fazi nous offre ici un joli petit conte purement fantasmagorique, mettant en scène deux cousins en vacances dans la maison italienne de leur grand-mère, la nonna Alessandra, décédée 6 mois plus tôt.

"C'est triste, une maison vide, triste et fragile. Une coquille creuse qu'on menace de briser en marchant dessus."

LE PASSEUR :
La narration m'a plu dès les premières lignes, sorte de fable moderne sans transition.
Un artiste hanté par sa muse nous dépeint ce qu'est devenu son existence depuis qu'il l'a tué.

"Le remord n'est qu'une invention des morts, leur petite vengeance mesquine. Parce qu'ils ne supportent pas l'idée d'être oubliés."

GHOST TOWN BLUES :
Un trio de "vampires" très spéciaux qui règne d'une main de maître sur une petite ville désertique, tant par sa population que par sa situation géographique.
Un pauvre hère s'arrête au bar de Copeland Falls, ignorant de l'horrible destinée qui l'y attend...

"Rien n'est plus sinistre qu'une ville sans histoire."


Je serais bien en peine de devoir choisir une nouvelle que j'aurai préféré à une autre. Toutes, chacune à leur manière, m'ont fascinées bien plus que je saurais l'exprimer.
Raison de mes 4 étoiles, encore que 4,5 aurait été plus juste si cela avait été possible : "Matilda", qui n'a pas vraiment réussi à me faire vibrer, et ce n'est pourtant pas faute d'aimer la musique ni de savoir ce qu'être fan signifie. Malgré cela, elle ne m'a pas transportée autant que les autres. Il en fallait au moins une afin de rester un minimum objective.


Je me suis offert son roman "Arlis des forains", entamé avec un plaisir non dissimulé et je me hâte donc d'y retourner tant l'écriture de Mélanie Fazi me manque déjà...

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Serpentine, non plus Hoffmannienne mais Fazienne. Serpentine se renouvelle, Serpentine mue, ne se contente pas d'une peau héritée du XIXème siècle, de la littérature fantastique française, Maupassant & Cie, Serpentine est éternelle car Serpentine s'adapte au nouveau fantastique.

De l'encre sur la peau comme sur la page, de la peau comme de l'écorce arrachée de l'arbre pour la confection du livre, telle est "la carte de tes cicatrices", telle est ta signature, à toi, l'écorchée vive.
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Habituellement, j'adore les nouvelles et j'adore les univers très sombres. Mais là, cela ne l'a pas fait.
Je pense que c'est l'écriture que je n'ai pas aimé. C'est très riche mais beaucoup trop descriptif pour moi et on est continuellement dans les pensées et questionnements.
En fait, je me suis ennuyée pendant cette lecture et rien n'a su retenir mon attention.
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J'ai ajouté le recueil Serpentine à ma pal l'an dernier sur avis d'un membre babelio. Sa critique m'avait séduite.
Quand j'ai ouvert le recueil dès la première nouvelle je ne comprenais plus ce qui m'avait plu. Je suis même allée relire l'avis de certains membres. Pas plus convaincue par la seconde nouvelle j'ai bien failli refermer le livre.

Puis dès la troisième nouvelle j'ai compris l'engouement pour la plume de Mélanie Fazi.
Les nouvelles sont bien construites. La dimension fantastique est abordée par surprise ou par ambiance sombre selon les nouvelles. Les personnages sont surprenants.
J'ai une préférence pour "Nous reprendre à la route" pour sa construction crescendo et son titre poétique. Mais aussi pour "Le petit théâtre de rame" et "Le faiseur de pluie".
"Mathilda" m'a aussi séduite pour son ambiance festive et sa chute inattendue. Et mention spéciale pour "La mémoire des herbes aromatiques" réécriture mythologique.
Si je devais évaluer seulement les deux premières nouvelles je mettrais deux étoiles mais pour l'ensemble du recueil j'en mets quatre. Des nouvelles d'une belle qualité.
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Livre lu dans le cadre de la lecture commune imaginaire de ce mois.

Sur les dix nouvelles lues, je dirais que mes préférences vont à "Nous reprendre à la route" comme un message d'espoir, à "Mémoires des herbes aromatiques" pour le côté comédie et vengeresque. "Matilda" et "Rêves de cendres" m'ont mis très mal à l'aise, on y sent du mal être et une recherche de soi qui portent à des situations extrêmes. 
Petit théâtre de rame, incursion dans le métro, se présente un peu comme une petite pièce de théâtre : différents tableaux avec une succession de personnages autour d'une seule apparition qui est le héros principal de cette nouvelle. Très originale dans sa forme et aussi dans son fond : le regard de l'autre.
Le passeur de pluie est très sensible, très accrocheur avec un brin de nostalgie lorsqu'une maison de famille se doit être vendue… les enfants sont adorables dans leur recherche de l'esprit de la maison . On a l'impression de sentir vivre cette maison.
J'ai moins aimé « Le passeur », peut-être un peu trop de sensibilité de ma part vis à vis d'un psychopathe plein de remords mais qui est près à recommencer ses actes pour retrouver ses sensations.
Quand à la dernière nouvelle, je dirais que les héros m'ont fait penser à des vampires , ils aspirent tout ce qui fait l'essence même de l'homme : son passé, ses expériences, son âme.

Je découvre l'écriture de Mélanie Fazi et je peux dire que j'adore, c'est plein de sentiments, d'émotions, de sensibilité qui viennent toucher en nous les points sensibles qui nous font réagir à telle ou telle nouvelle.  Elle nous fait partager d'autres émotions inconnues aussi bien agréables que dérangeantes. En somme une belle découverte pas forcément sur les thèmes choisis, qui m'ont parfois mise très mal à l'aise, mais sur son écriture très fluide et surtout très poétique en toute occasion.
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En dix nouvelles, Mélanie Fazi nous convie, pour ce premier recueil, à un tour d'horizon d'un fantastique quasiment quotidien et réaliste, loin du tape-à-l'oeil de nombreux récits courts.
Nous explorons ainsi des lieux à l'apparence banale, comme ce salon de tatouage où l'on utilise des encres aux propriétés spéciales (« Serpentine ») ou cette aire d'autoroute (« Nous reprendre à la route ») où se croisent quelques fantômes égarés. « Elégie » parle d'une mère, d'enfants disparus et d'un arbre bizarre, le thème rappelle un peu le sous-estimé « La Nurse » de William Friedkin mais le traitement, pour sa part, s'avère complètement différent et bien plus intimiste. Une caractéristique qui s'applique d'ailleurs à chacune de ces histoires, pour la plupart racontées à la première personne et de manière pudique, sans effets de peur facile et sans « jump scare », mais, au contraire, de façon apaisée en donnant la priorité au climat et à l'atmosphère. Nous faisons également connaissance avec cette étrange chanteuse, « Mathilda » qui revient donner un concert de reformation exceptionnelle de son groupe des années après sa dissolution. Et nous pénétrons, en compagnie d'Achille, dans le restaurant grec tenu, à notre époque, par Circée. Par la suite nous suivons le jeune Anton, dévoré par sa culpabilité depuis l'assassinat de Rebecca. Ou nous explorons le petit théâtre de la vie quotidienne du métro avec ses personnages étranges, ses jeunes filles à la dérive, ses clochards et ses fantômes. Rare nouvelle non racontée à la première personne, « le faiseur de pluie » traite des dernières vacances de deux enfants dans une maison italienne promise à la vente prochaine…des vacances constamment pluvieuses pour une rencontre avec un esprit triste.
Dix nouvelles efficaces, douces-amères, tristes, prenantes,…autant de plongées dans le fantastique, l'étrange et la magie,…Dix réussites (pour la plupart inédites, certaines ayant été publiées dans des anthologies antérieures) pour un premier recueil de très grande qualité, à découvrir pour les amateurs de récits courts fort joliment ciselés.

Lien : http://hellrick.over-blog.co..
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Extrêmement heureuse d'avoir découvert cette auteure et ce style fabuleux grâce au club lecture de l'imaginaire. Ce qui m'a attirée de prime abord : la couverture tout simplement sublime et la diversité des thèmes évoqués par ces 10 nouvelles.

Commençons par la première nouvelle qui donne son nom au recueil :
- "Serpentine" : Mais quelle idée géniale ! Je ne suis pas tatouée et pourtant c'est tout à fait de cette façon que je conçois un tatouage avec une histoire et une volonté précédant l'acte. Un style percutant et assez viscéral.
- "Elégie" : Sans doute, la nouvelle que j'ai le moins aimée du recueil, peut-être celle qui m'a le moins touchée bien qu'elle soit très tactile mais l'atmosphère est très (trop) dérangeante à mon goût. Ici tout est suggéré, insinué, insidieux presque. Ça m'a mise assez mal à l'aise. L'enchaînement avec la première est pour le moins déroutant.
- En parlant de route (transition pourrie bonjour), la nouvelle suivante s'intitule "Nous reprendre à la route". C'est un étrange voyage terriblement actuel. Au-delà du génie de l'auteur qui transforme un lieu somme toute banal en refuge, le moins que l'on puisse dire que vous verrez les aires d'autoroute d'une toute autre manière, après...
- "Rêves de cendre" : fascination qui confine à l'obsession dans un style toujours ciselé et poétique qui fait rimer Bérénice avec phénix.
- "Matilda" : Loin des cris des groupies hystériques, le son ici pénètre chaque fibre adorative des fans tremblant sous les assauts de cette voix venue de si loin.
- "Mémoire des herbes aromatiques" : jubilatoire et délicieuse, la magie des mots laisse l'eau à la bouche et fait resurgir, des tréfonds mythiques, une bonne dose de rancoeur assaisonnée avec soin. Une merveille gustative ! Miam...
- "Petit théâtre de rame" : triptype de portraits en mouvement, une descente dans un monde de passage, grouillant et mystérieux, où la lumière n'entre jamais. Comme un chassé-croisé sous le regard de l'invisible.
- "Le passeur" : artiste en quête d'une solution à son mal-être intérieur, à cette voix obsédante qui le musèle dans son passé.
- "Le faiseur de pluie" : Jolie histoire d'enfance où les légendes familiales font la pluie et le beau temps.
- "Ghost town blues" : entre western, gangsters charismatiques et ville fantôme, un trio d'escrocs "recueille" les voyageurs égarés. Parfaitement ancrée dans le genre, cette nouvelle est passionnante, haletante et tragique. L'intrigue s'y noue comme une toile et fait ployer le lecteur sous la poussière du désert. On en sort aussi lessivé et rincé que Noah.

Si vous ne connaissez pas cette auteure, ruez vous sur ce recueil qui donne un sens au genre fantastique, l'incursion du surnaturel dans le naturel est réussi à merveille par la dame qui manie les cinq sens, comme la plume, avec une facilité et une habileté déconcertante qui vous laissera pantois d'admiration. Chapeau madame ;)
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