Serpentine est un recueil de 10 nouvelles fantastiques. le fait est assez rare dans l'édition contemporaine pour être souligné, QUE du fantastique. Dans le sens que Todorov donne au terme: l'irruption d'un élément mystérieux, irrationnel dans un cadre fantastique, mais surtout perçu comme non naturel par les personnages eux même ( pour dire vite: l'irruption de la magie ou des fantômes par exemple dans un cadre réaliste, qui va surprendre le héros, signale qu'on est dans un cadre fantastique. S'il y a de la magie, des fantômes etc.. mais que tout le monde trouve ça normal, on est dans les domaines voisins du conte de fée, du mythe, de la fantasy etc.. j'aurais l'occasion d'y revenir, je pense)
Et
Serpentine se situe exactement dans ce domaine fantastique, qui a connu des heures glorieuses au XIX°siècle, avant d'être dépassé par la science-fiction et l'avènement, justement de la fantasy. Les auteurs contemporains se situent plus souvent à la frontière de différents genres, ou panachent les genres au sein d'un même recueil.
Là, non.
Du fantastique.
Et ça fait plaisir!
Comme dans tout recueil, il y a des nouvelles que j'ai aimé, voire beaucoup aimées, d'autres qui m'ont moins parlé, ou moins intéressée.
(pour le détail des nouvelles, cliquez sur le lien ci dessous :) )
Alors pour commencer avec les choses que j'ai le moins appréciées: la narration à la première personne. Je comprend le concept, placer le lecteur immédiatement dans la situation du narrateur, lui faire voir les choses de son point de vue, mais c'est un procédé narratif auquel j'accroche difficilement. Malheureusement, c'est celui de beaucoup d'auteurs récents que j'ai lus. Parfois ça passe, parfois pour peu que je n'accroche pas plus que ça aux problèmes du narrateur - voire que je m 'en fous carrément, disons le - ça me conduira encore plus vite à l'ennui qui ne m'aurait pas submergée si je n'avais pas été en quelque sorte "obligée" de voir les choses à leur façon.
Ici c'est le cas pour Elegie et pour Rêve de Cendres. En fait, cet artifice narratif va passer pour un roman assez long lorsqu'on a le temps de voir d'autres personnages, même au travers du regard du narrateur, ou au contraire pour les nouvelles très courtes se passant sur un laps de temps de quelques heures (Ca marche pour Matilda, la durée d'un concert, vu par les yeux d'une fan, voire pour
Serpentine, et Petit Théâtre,quelques heures aussi.. là, pas besoin de multiplier les points de vue, puisque l'action est concentrée)
(...)
Tandis que pour les nouvelles condensées sur un laps de temps court, ça ne me choque pas, ça marche même particulièrement pour Petit Théâtre, dont chaque partie est une plongée dans un instant de chacun des 4 personnages qui se croisent, le résultat est fluide et particulièrement agréable.
(...)
Grosso modo donc, j'ai bien aimé globalement, malgré les quelques petits bémols que j'ai mis sur deux des 10 nouvelles. Parce que l'auteur a un talent narratif intéressant. Ne pas confondre le talent narratif et le parti pris narratif, dans ma tête c'est différent, l'un étant l'art et la manière de raconter une histoire - et pour ça elle se défend bien - le second plutôt l'angle d'approche de l'histoire en question. Ce n'est pas parce que je n'adhère pas par moment à ce choix que je ne vois pas la qualité de l'écriture. Et il y a un fil directeur entre les nouvelles qui en fait un recueil agréable à lire et homogène, qui au delà des sujets fantastiques, tournent presque toutes autour de la mémoire: mémoire qu'on voudrait retrouver, qu'on préfèrerait perdre, événement traumatisés qui se gravent dans le corps à jamais
Une écrivaine à suivre, donc, d'autant quelle aborde à l'époque contemporaine un genre dont je suis particulièrement friande.
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