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sur 1291 notes

Critiques filtrées sur 5 étoiles  
Esther, une libraire, repère une famille de gitans installée sur un potager abandonné. La mère, la vieille Angeline, ses 5 fils, les 4 belles-filles et les enfants vivent sur ce mauvais terrain de boue et d'ennui. Patiemment, elle s'incruste et vient chaque mercredi matin faire la lecture aux enfants. Bientôt, elle est acceptée dans cette famille atypique et les encourage à inscrire la plus âgée des enfants à l'école malgré leur crainte des Gadjé, les "blancs sédentaires".

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Superbe livre que m'a prêté une amie. Je ne connaissais pas Alice Ferney, je la découvre, plume sensible et attachante, comme un murmure, un souffle. Dans ce récit, nous découvrons avec Esther le monde des gitans, leur misérable existence dans des caravanes aux 4 vents, des hardes en guise d'habillement, un bain dans l'eau de vaisselle tous les 15 jours.

"Tu as donné beaucoup de temps, dit Angeline. Elle se redressa contre l'oreiller, et comme Esther avançait son bras pour l'aider, la vieille dit : Laisse ! Je suis pas si faible (mais Esther vit bien qu'elle l'était). La vieille repris ce fil de mots qu'elle ne lâchait plus. le temps, dit-elle, c'est le plus précieux, et à côté le reste c'est presque rien. Elle dit : La seule chose qui manque, qui est comptée et cruelle, c'est le temps. (p.267)"

Malgré ce dénuement, ils ne se plaignent pas, leurs seuls soucis : trouver de quoi se chauffer et de quoi manger. La mort même, est une besogneuse qu'aucune prière ne fait reculer. On ne lutte pas avec le destin. Dieu veille, même s'il a depuis longtemps les yeux crevés.

"Ce qu'on garde pour soi meurt, ce qu'on donne prend racine et se développe. (p.271)"

Nous suivons Esther qui s'invite, avec opiniâtreté, dans leur cercle, les encourage à accepter une vie meilleure pour les enfants qu'elle initie à la connaissance en leur lisant des histoires, les invitant par là-même à être, non plus des victimes, mais des acteurs de leur destin.

"...je vais vous raconter une histoire triste qui se finit bien, dit-elle. Elle est arrivée à une petite fille qui était sourde-muette et aveugle. Cette petite fille s'appelait Hélène Keller, dit Esther en vérifiant que les enfants étaient bien installés. Ils ne bougeaient plus. Elle raconta le silence absolu et la nuit noire qui avaient enveloppé Hélène. (p.203)"

A la fin, le livre offre une table des citations de toutes les histoires dont il est fait mention dans le roman ; à mon grand dam, il y manque (injustement) la référence suivante L'histoire d'Helen Keller de Lorena Alice Hickok, une très belle lecture lue dans ma jeunesse, et qui m'avait fortement impressionné. Il m'accompagne encore (en photo : la véritable Helen Keller et son institutrice, 1888).


L'éducation est le chemin vers la liberté. C'est le fil conducteur de ce roman, ce moment de grâce. Bouleversant.



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Trés poétique comme me l'avait dit Bénédicte. A force de l'entendre parler de la poésie des gitans, je me suis lancé dans la lecture de ce livre. Victor Hugo lui-même , en parlant d'Esmeralda, dit des gitans qu'ils sont gentils. La bibliothécaire qui prend du plaisir à lire des livres aux enfants gitans qui eux-mêmes prennent du plaisir à écouter les histoires... On s'y croirait.
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Un coup de coeur. Pour moi, une oeuvre à part. Grâce et dénuement, aucun titre ne pouvait être mieux choisi.
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Magnifique. Emouvant.
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Je viens de découvrir la plume d'Alice Ferney à travers son livre Grâce et dénuement, et je suis conquise ! Ce livre, je l'ai acheté un peu par hasard, ne sachant pas résister au synopsis : "Sur un terrain vague subsiste un clan de gitans indifférents à la société, à ses règles et à son confort. Un jour, une bibliothécaire déterminée se met en tête de faire découvrir la magie de la lecture aux enfants. Se nouent alors des relations intenses. Car ce que découvre cette étrangère, par-delà la misère, c'est une chaleur particulière, la tendresse, et cette beauté des femmes dans le dévouement. Quelque chose d'impalpable qu'on nomme l'humanité."

On suit donc Esther, cette femme qui vient faire la lecture aux enfants tous les mercredis. A travers elle, on découvre la communauté gitane, on se confronte à leur mode de vie, leur façon de penser et leurs actes pas toujours raisonnés... le poids de notre éducation fait face à la force de leurs traditions. C'est pourtant sans jugement qu'Esther se rapproche d'eux doucement. Petit à petit, elle parvient à leur donner l'amour des histoires, et chacun à leur rythme, ils vont alors comprendre l'importance des mots, la force du langage, le pouvoir de l'expression. Esther mène d'ailleurs un combat sans faille pour la scolarisation des enfants, non seulement face à ceux qui pensent que les gitans n'en sont pas dignes, mais aussi contre la résignation de ces mêmes gitans qui clament que l'école n'est pas pour eux...

Au-delà de cette trame narrative, Alice Ferney nous tisse le récit de rencontres humaines, de partages d'émotions, de destins violents, d'injustices criantes... Ce livre est touchant, le style est particulièrement en adéquation avec les personnages. Une certaine poésie se dégage de la beauté des mots utilisés.

Un véritable coup de coeur pour moi !
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