Adaptation réussie !
résumé du livreUn homme se voit condamné à la peine de mort en Algérie suite à un crime prétendument raciste, à l'encontre d'un arabe.
CritiqueJacques Ferrandez a beau dire que sa BD est une adaptation "d'après l'oeuvre d'
Albert Camus", comme le seul souvenir précis de ma première lecture de ce roman était présent dès la page 2, (la phrase si connue et particulière, assénée par Meursault : "Aujourd'hui, maman est morte. Ou peut-être hier, je ne sais pas.") pour moi elle l'est !
Le soleil est un personnage en lui même, et le graphisme rend bien cet illumination et l'omniprésence de la chaleur, son accablement se ressent à la lecture de la BD. Par contre, on retrouve exactement les même illustrations (paysages et visages des personnages) que dans sa série "
Carnets d'Orient", ce qui peut être gênant si l'on n'avait pas apprécié sa façon de décrire l'Algérie et ses habitants. Pour moi, ça ne l'était pas.
Enfin, résumer en 134 planches dessinées l'action du roman mythique de Camus est à mon avis un tour de force que ce dessinateur émérite a réussi. J'ai vraiment apprécié les incrustations de paysages en dehors des cadres de l'action de la BD.
L'original n'a sans doute rien à reprocher à ce roman graphique, qui retrace formidablement la trame narrative et le suspens de l'intrigue. J'ai beaucoup aimé le "murissement" dans le dessin du personnage de Meursault, de jeune homme insouciant et beau, il devient un homme mur grâce à l'illustration et la situation : le fait d'être condamné à mort ça forge un homme, un vrai !
De l'oeuvre de Camus, j'ai retrouvé avec plaisir l'épisode retraçant la prise de position du condamné face au prêtre sur la religion catholique, qui dans la France d'après guerre a dû constituer un véritable manifeste.
Enfin je pense que cette BD est véritablement un complément du roman car j'ai un souvenir assez flou de la scène du crime dans le roman, alors qu'ici il n'y a aucune ambiguïté sur le fait que Meursault soit un véritable assassin, et les raisons de son crime ne sont pas élucidées.
Et pour clore ma chronique, une fois n'est pas coutume, je reprendrai
les mots de
Jean Paul Sartre : " de tous les récits de Camus,
l'Étranger est probablement le plus oppressant car il ne propose nulle issue..."