Bref, que se passait-il dans le monde des adultes, dans la tête de ces personnes très raisonnables, dans leur corps pétris de savoir ? Comment était-il possible qu'ils soient parmi les moins fiables des animaux, pire encore que des reptiles ?
Je ressentis ce vide terriblement douloureux qui s'ouvre en général lorsqu'une chose dont on pensait ne jamais pouvoir être séparé nous est brusquement otée
Les hommes, qu'ils soient amoureux ou pas, il suffit de les effleurer, et ils veulent niquer.
Il faut avoir peur même quand ce n'est pas nécessaire, ça tient éveillé.
Je m'étonnais d'un geste, d'un regard, d'une expression du visage. C'étaient des moments où j'avais l'impression que tout contenait un sens caché, qu'il me revenait de découvrir. Mais cela ne durait pas. De temps à autre, malgré tous mes efforts, ce qui l'emportait chez moi, c'était le sentiment d'en avoir marre de tout, c'était une tendance aux jugements cinglants et à une envie de querelles. Je ne veux pas être comme ça, pensais-je souvent lorsque je me trouvais entre veille et sommeil. Et pourtant voilà ce que j'étais, et réaliser que je ne parvenais à me manifester que de cette manière âpre et médisante m'incitait parfois non pas à me corriger mais, avec un plaisir pervers, à me comporter de manière pire encore. Je me disais : si je ne suis pas aimable, très bien, alors qu'on ne m'aime pas ; de toute façon, personne ne sait ce que j'ai jour et nuit dans le cœur.
Elle avait sorti le bijou du tiroir et le tenait entre ses doigts, elle le fixait comme si c’était le collier d’Harmonie et qu’elle voulait en percer les secrets au-delà des apparences pour dévoiler ses pouvoirs d’objet maléfique.
Le temps de mon adolescence est lent, fait de gros blocs gris ponctués brusquement de reliefs verts, rouges ou violets. Les blocs n’ont pas d’heures, de jours, de mois ni d’années, et les saisons sont incertaines, il fait chaud et froid, il pleut et le soleil brille. Les bosses non plus n’ont pas de temporalité bien définie, leur couleur compte davantage que toute tentative de datation. D’ailleurs, la durée même de la teinte que prennent certaines émotions n’a pas d’importance, celle qui écrit le sait bien. Dès que l’on cherche à mettre des mots dessus, la lenteur se transforme en tourbillon, et les couleurs se mélangent comme des fruits différents dans un robot mixeur.
Rien ne se crée rien ne se perd tout se transforme
Le temps de mon adolescence est long, fait de gros blocs gris ponctués de reliefs verts, rouges ou violets. Les blocs n'ont pas d'heures, de jours, de mois ni d'années, et les saisons sont incertaines, il fait chaud et froid, il pleut et le soleil brille. Les bosses non plus n'ont pas de temporalité bien définie, leur couleur compte davantage que toute tentative de datation.
Je n'arrivais plus à être innocente, derrière mes pensées il y avait toujours d'autres pensées, l'enfance était finie.