Il s'agit de onze "leçons" retranscrites de l'oral par Fichte lui-même. Prétendument grand public ce livre suppose toujours la disposition d'esprit habituelle quand on veut comprendre Fichte. Fichte ne se propose pas seulement de faire de l'éthique et de la théologie puisque l'on y découvre, avec la même pénétration que la Doctrine de la science, sa métaphysique et son ontologie traditionnelles, lesquelles figurent à merveille l'idéalisme allemand (mais, par moments, j'ai envie de me rapprocher de Lavelle). L'être qui, selon la Doctrine de la science, se scinde en être et image par l'entendement revient ici à l'être-là (le Dasein que Fichte distingue déjà de l'existence selon les traducteurs) particulier qui se supprime comme particulier en étant celui de l'être unique dont l'être-là divin nous conduit à la béatitude (doctrine du Moi absolu en lien avec la doctrine de la religion), la réflexion de l'être-là impliquant une scission fondamentale. Pour Fichte le bonheur ne se trouve donc pas par la quête de la félicité mais par l'auto-suppression du Moi particulier par l'être du Moi absolu s'extériorisant dans son propre être-là, ni non plus par le stoïcisme qui n'est disposé qu'à obéir à la loi du sensible tout en demeurant apathique. Il faut accueillir Dieu et sa volonté sans que Dieu lui-même puisse modifier la médiation du Moi induite par la théorie de la réflexion (seul Jésus n'a pas à se poser la question du non-être limitant son Moi dans l'être-là et par là la question de l'auto-suppression du faux être).
Le style très oral, très différent des philosophes habituels, se retrouve toujours chez Fichte.
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