Dès les premières lignes, Sebastien
Fitzek prouve sa maîtrise de marionnettiste. Un subtil et péremptoire rappel qu'il nomme « Avertissement », informe le lecteur de ne pas plonger directement dans le récit sans vérifier les épissures de la corde sur laquelle il va s'aventurer. le point d'arrimage de son nouvel ouvrage étant l'affaire du Voleur de regards…son ouvrage précédant. Donc il n'est pas encore trop tard. Vous pouvez encore refermer le thriller, le reposer sur l'étagère ou le renvoyer… et vous précipiter sur le premier. Bien sûr, vous vous priveriez de savoir ce qui se passe dans les pages qui suivent…Mais est-ce bien votre intention ?
Manipulateur… pourquoi pas ?
Mais avant de nous faire avancer sur la corde surplombant notre subconscient, l'équilibriste qu'il est, sait s'y prendre. Doué d'une fascination morbide, il ne se contentera pas de simplement nous bander les yeux… Il fera appel à l'un des meilleurs ophtalmologues du monde.
Tomberons-nous dans son piège ? On peut toujours se bercer de statistiques et minimiser les risques encourus. Il y aura toujours quelqu'un pour être l'un des malheureux sans qui le zéro ne serait pas suivi d'une virgule. Et parfois, nous sommes ce quelqu'un qui voit tomber la foudre alors que le soleil brille.
Nous savons ce qui nous attend quand nous tournerons les prochaines pages. Traversant la cloison étanche d'un cerveau malade, nous pénétrons dans l'obscurité de la noirceur humaine…
Une furtive lumière guide nos pas. Des étincellements de plus en plus brillants se reflètent… sur la tranche d'un scalpel. le couteau Suker… du nom de ce grand spécialiste de réputation mondiale, Zarin Suker. Spécialisé dans les opérations de l'oeil les plus délicates, il fut le bachelier le plus jeune, le plus brillant de sa promotion. Titulaire de plusieurs brevets pour des appareillages médicaux, Suker avait inventé ce scalpel afin d'intervenir avec plus de précision sur le nerf optique. Il avait vingt-trois ans à l'époque.
Or, depuis le « suicide » d'Alexander Zorbach, reporter dans un grand quotidien berlinois, Alina Gregoriev s'était juré de ne plus mettre le destin à l'épreuve. En effet, si les dons de médium que lui attribuait la presse s'étaient jusqu'ici révélés plus nocifs qu'utiles, elle n'était pas certaine de disposer de ce don. La femme de Zorbach avait été assassinée, lui-même s'était brûlé la cervelle et la police recherchait toujours le cadavre de leur fils.
Alina s'immobilisa. Une main se posa avec douceur sur son épaule.
- « Eh bien, si votre connaissance des personnalités complexes ne dépasse pas celles d'un scénariste d'Hollywood, je crains fort que ce qui se cache derrière cette porte ne soit un choc pour vous, madame Gregoriev. »
Son malaise ne fit que grandir… Seuls des monstres pouvaient agir ainsi. Mais qui étaient-ils donc pour éprouver un tel plaisir morbide à découper les paupières de leurs victimes… les paupières de plusieurs femmes ?
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