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Un Jardin de mensonges » fut ma première lecture de
Susan Fletcher, dont j'ai à de nombreuses reprises entendu les éloges. En ce qui concerne cet ouvrage, elles sont amplement méritées : l'histoire est poétique, douce-amère, oscillant entre mystère et lyrisme. Un livre qui n'est pas passé très loin du coup de coeur.
Nous suivons Clara, jeune femme ayant depuis sa naissance la maladie des os de verre. Afin de se protéger, elle a toujours vécu capitonné, éloigné du monde extérieur. Jusqu'au jour où sa mère est emportée par une tumeur. Refusant de vivre parmi ces murs rappelant trop sa présence, Clara prend sa vie en main et s'initie à la botanique. Elle est rapidement engagée par Mr. Fox, un riche bourgeois possédant une demeure dans la campagne anglaise, et souhaitant y installer une magnifique serre. Seulement, une fois dans la vielle maison de Shadowbrook, Clara se rend compte qu'il se passe quelque chose : des craquement retentissent la nuit, les fleurs se fanent au bout d'une journée, et circulent parmi les habitants de sinistres rumeurs sur les anciens occupants des lieux...
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Un Jardin de mensonges » a plusieurs niveaux de lectures. Nous y retrouvons les codes connus des histoires de fantômes, avec une demeure décrépie et pleine de souvenirs, des histoires familiales tragiques, des phénomènes inexpliqués. Mais le roman nous livre également une métaphore du deuil, où les fantômes en réalité, sont fabriqués par le coeur et le cerveau humain. Tous les personnages de ce roman, ou presque, possèdent un fantôme ; ils sont tous hantés. Par des regrets, des pertes, des non-dits... J'ai adoré passer du frisson à la tristesse, de virevolter entre histoire paranormale, ou finalement bien humaine.
La plume aide beaucoup à créer cette double tonalité, car elle est très imagée, très belle dans ses descriptions. J'ai beaucoup aimé les passages dédiés à la botanique ; je ne suis pas une grande connaisseuse des plantes, mais j'ai apprécié avoir une vision de cette jungle d'intérieure. Dans le même ordre d'idée, la description des os de Clara, de ses fractures, me provoquaient des aperçus presque physiques de son mal. Que cela soit pour parler de la croissance des plantes, ou de la déchirure des corps, j'ai trouvé que l'écriture avait un style très anatomique, organique.
Le personnage de Clara est agréable à suivre : elle peut être exaspérante, car elle a des idées bien arrêtées, et un caractère très affirmé. Mais elle suscite aussi l'admiration, le respect.
C'est avec un immense plaisir que je me plongerai dans d'autres écrits de l'autrice, et j'ai hâte de découvrir «
Un bûcher sous la neige », se passant en plein hiver écossais.