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Dystopie et immersion sont des mots de plus en plus présents dans nos vies. Même si le premier est encore absent du Petit Robert : à quoi bon imaginer le pire quand il a déjà existé ? le second y est. Mais pourquoi s'immerger dans des images 3D quand la réalité dépasse la fiction ? Et que les journaux de 1938 sont en ligne sur Gallica ? Ce voyage autour d'une année charnière, qui referme la porte du Front Populaire et ouvre d'autres grilles réveille l'esprit et nous secoue. Et se lit comme un roman-feuilleton. Bravo et merci Michaël Foessel.
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Ce livre tente de faire le point sur le fameux retour aux années 30 dont se gargarisent les médias (ainsi que le Président de la République) au moindre fait plus ou moins raciste. le but étant de faire peur avec le spectre du fascisme, désormais agité à chaque échéance électorale.

Si menace il y a, il convient de l'appréhender avec raison et non par la peur que peut susciter ce genre de discours. Il convient également de réfléchir sur les origines possibles de la menace car pointer des actes ponctuels est loin de suffire.

Michael Foessel nous propose, avec Récidive, de scruter ces années 30 et de voir en quoi elles pourraient faire écho à notre époque.

Spécialiste de la pensée politique d'Emmanuel Kant, influencé également par Paul Ricoeur, Michael Foessel enseigne la philosophie à l'École Polytechnique depuis 2013. Il est également impliqué dans la Revue Esprit fondée par le philosophe chrétien et personnaliste Emmanuel Mounier.

Méthodologiquement parlant, l'auteur choisit de s'appuyer principalement sur la presse contemporaine pour aborder l'époque. Aucune référence aux historiens modernes donc. Il n'aura pour base que son savoir scolaire sur l'époque (et quelques réminiscences de ses lectures de l'historien Marc Bloch et de la philosophe Hannah Arendt).

Cette méthode peut surprendre de la part d'un philosophe, mais elle a pour soi d'éviter les lectures partisanes. L'historien Rabinowitch s'était appuyé sur une telle méthode, avec le succès qu'on lui connaît, pour son livre Les bolcheviks prennent le pouvoir. L'ouvrage se révèle être une charge contre les bolcheviks sans avoir à traiter ceux-ci de dictateurs masqués derrière de beaux idéaux ou de dangereux illuminés. Seuls les événements sont rapportés, d'après les publications d'époque (presse partisane ou non, tracts, etc.). A nous de nous faire un jugement.


La presse française des années 30 est plus facilement accessible grâce à des sites en ligne comme Retronews ou Gallica.

Le projet du livre est donc de relater cette rencontre avec les années 30 qui va rapidement se focaliser sur l'année 1938. le philosophe remarque que cette année est une année charnière : celle non seulement de la fin du Front Populaire mais également d'un affaiblissement particulièrement inquiétant de l'État de droit.

Si dans l'introduction l'auteur évoque quelques points de ressemblance ou de dissemblance entre 1938 et notre époque, il précise que sa présentation de 1938 se fera sans référence au présent, et sans non plus présumer de l'avenir vichyste du pays.

Bien souvent on pense que le gouvernement français en est venue par contrainte au régime vichyste suite à la défaite militaire. Comme le dit l'auteur, « on devrait donc s'attendre à voir la France passer sans transition de la lumière à l'ombre ». le récit de 1938 par Michael Foessel vient démentir ce récit.


Le livre commence par évoquer la presse française d'extrême droite de 1938 : l'accession de Léon Blum à la présidence du Conseil en 1936 est vécue comme une catastrophe. La France est passée « sous la domination d'un juif ».

Les nationalistes proposent d'imposer un statut juridique spécial aux Juifs, à l'image de la politique allemande d'Hitler.

L'auteur souligne le caractère légaliste des solutions (aucun appel à des pogroms).


Le 8 avril 1938 Léon Blum démissionne après que sa demande de pleins pouvoirs pour « sortir du libéralisme pur » ait échoué.

Daladier lui succède. Issu du Parti Radical Socialiste, il tire le parti sur sa droite.

La droite, elle, rêve d'une « république autoritaire » pour réparer les « folies du Front populaire ». Il faut remettre la France au travail. S'ensuivent nombre d'invectives contre l'assistanat (déjà à cette époque !).

Même si, dans les têtes de l'époque, on date l'origine du problème à 1936, on fustige trop d'années d'assistanat et de pression fiscale !

On veut réformer l'État. Étrangement, le projet consiste là aussi en une baisse drastique des dépenses publiques et des prestations sociales. Daladier et la droite se rassemblent sur ces points.

Son gouvernement va imposer un durcissement des lois antisociales : répression des grèves des ouvriers et des fonctionnaires, utilisation massive des gaz lacrymogènes, révocations de fonctionnaires grévistes, syndicalistes écopant de peines de prison ferme, etc. (toute ressemblance avec l'actualité n'est pas forcément fortuite !)

La droite n'attaque pas seulement le Front Populaire sur ses mesures économiques, mais aussi sur le plan idéologique :

« [la droite] stigmatise le sectarisme anti-familial, anti-religieux, antilibéral du Front populaire. Suit toute une série de préconisations destinées à redonner de l'influence à la religion dans le domaine scolaire et à rehausser le prestige de l'Église catholique contre l'esprit de laïcité qui ronge le pays. La mobilisation ne peut se contenter d'être économique, elle doit aussi être morale. »

Cela confirme, si besoin était, les propos d'Ugo Palheta1 sur le facteur idéologique nécessaire à une politique régressive. La matraque du policier ne suffit pas. Il y faut aussi le sermon.

Blum, de son côté, estime que les mesures économiques du gouvernement n'arrangent rien. Il s'agit manifestement de se venger du Front populaire. Pour cela, on stigmatise les images de jeunesse, de santé et de bonheur dues aux congés payés.

Qu'est-ce qui explique le revirement de Daladier, qui a pourtant participé au Front populaire avec Léon Blum ?


Résumé complet sur le Blog Philo-Analysis
Lien : http://philo-analysis.over-b..
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Bon... voilà... Après avoir un peu galéré parce que l'histoire c'était pas vraiment ma matière de prédilection mais aussi parce que la politique on ne peut pas dire que ça me passionne un max au vu du spectacle de Guignol que nous offrent ceux qui nous gouvernent... je suis arrivée à bout de Récidive 1938.

Que dire de cet ouvrage?! du bien, définitivement. Parce que même si parfois il faut s'accrocher pour recoller les morceaux (mais ça vient sûrement un peu de moi!), bien piger qui est qui, etc... ce livre est vraiment passionnant. Il met en perspective ce qui nous pend au nez si l'on refuse de tirer des leçons de notre Histoire.

Je me dis que tous les gens qui nous gouvernent comme si nous n'étions que de simples pions devraient lire en URGENCE ce bouquin. Eux mais aussi chaque citoyen en fait...

A ne pas lire si vous êtes en pleine déprime, ou seulement si vous êtes prêts à la lutte!!
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