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Critiques filtrées sur 3 étoiles  

L'expérience de pensée dite du chat de Schrödinger me fait songer à la porte du frigidaire qu'on ferme : à l'intérieur, la lampe est-elle éteinte ? Indécision quant au malheureux chat dans sa boîte, dont le mécanisme létal est soumis à une particule atomique qui a plusieurs états superposés : celle-ci serait, selon ce que révèle la mécanique quantique, ici et là en même temps tant qu'on ne l'a pas observée, donc à la fois levier de mort pour le minet et pas du tout. le chat à la fois mort et vivant .


Lorsque Erwin Schrödinger a imaginé cette expérience virtuelle burlesque pour réfuter toute interprétation fumeuse de sa découverte de la fonction d'onde, il ne pensait pas qu'elle deviendrait la boîte de Pandore d'où surgissent des extrapolations fantaisistes. Il mettait simplement en évidence que le monde de la physique quantique, pour ce qu'on en sait, ne fonctionne pas suivant notre logique : « Dans le cas du chat de Schrödinger, tout le paradoxe viendrait alors de l'hérésie par laquelle on fait tenir dans la même boîte les deux univers — micro- et macroscopique — en laissant entendre que les mêmes principes s'appliquent à eux alors qu'en fait, par le phénomène de la « décohérence », ils se trouvent totalement indifférents l'un à l'autre : et, dans de semblables conditions, ce qui vaut pour un atome ne saurait valoir pour un chat. »
C'est tout. Admirons au passage la formulation claire et précise de Philippe Forest, qui, sans se targuer d'être scientifique – il s'en excuse à ceux-ci dans sa dédicace –, manifeste un esprit synthétique qui atteste de sa grande compréhension de problèmes pointus et de la capacité à les extraire de leur aura scientifique abstruse.


Qu'est-ce qui conduit Forest à parler de cette expérience ? Un chat est apparu dans son jardin, venu d'on ne sait où, permettant toutes les suppositions. Il l'avait bien vu s'enfuir furtivement avant, mais était-ce bien lui ou avait-il eu l'impression de le voir ? Il a bien fallu qu'un jour il décide que c'était la première fois qu'il le voyait, même si ce n'était pas tout à fait vrai. Jeu sur le fil du réel, déjà. de fil en aiguille, ce chat occupe le centre de ses pensées pour conduire à des réflexions sur les univers du chat, sa présence/absence quand il passe par le trou dans la haie au fond du jardin, sur notre univers, son origine, le néant, la vie, la disparition de sa petite fille suite à un cancer (Voir L'enfant éternel). Agencement complexe et subtil, impossible à résumer, à classer – roman, essai ? – qui va du monde quantique au petit félin qui prend ses aises dans la maison et auquel on s'attache. le fil des pensées qui nous habite toutes et tous, quand l'heure est à la méditation et aux questions. «On se découvre debout devant le noir de la nuit. Et c'est alors que revient le temps des questions essentielles.»

Puisque «Dieu ne joue pas aux dés» (Einstein), la science tente de répondre à tout, mais ne réussit souvent qu'à obscurcir les images sensées, derrière les formules qui lui donnent son air absurde. Certains y vont d'hypothèses qui font l'aubaine des rêveurs : Hugh Everett, pour répondre au casse-tête des particules d'états superposés, émet l'hypothèse d'univers parallèles. Intelligemment, Forest nous ramène les pieds sur terre mais se glisse vers les univers multiples du chat énigmatique, dont on ne connaît que l'un, celui qu'il accepte de partager avec nous. Balade dans la science et ses virtualités où les plus étranges fantômes obsèdent quand brûle le regret d'une fillette disparue.

Ce récit, ces réflexions, ces explications sont empreints de langueur. Car l'absence inacceptable envahit de ténèbres et de silence les propos du narrateur interrogatif, désabusé, étranger à lui-même. Enthousiasmé par les démonstrations limpides de vulgarisation scientifique, la lucidité éblouissante et fluide, le lecteur impatient regrettera les longues et répétitives sections où l'auteur peut donner l'impression de se regarder écrire.

Un ouvrage important, certainement, dont l'épigraphe donne le ton:

"Quand je lis un livre sur la physique d'Einstein
auquel je ne comprends rien, ça ne fait rien :
ça me fera comprendre autre chose."
(Picasso)

Lien : http://www.christianwery.be/..
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Le moins que je puisse dire, c'est que Philippe Forest a de la suite dans les idées. Il explore presque jusqu'à l'infini les états de vie ou de mort. Je me suis perdu un peu en chemin, mais avec générosité l'auteur place quelques filets afin de récupérer son lecteur ou les chats errants. J'ai quand même pris du plaisir à lire cette non-histoire et regarde les chats sauvages(ils le sont tous finalement) d'un oeil différent.
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L'auteur mène un parallèle entre l'apparition mystérieuse d'un chat dans son jardin, et la mort de sa petite fille. Peut-on exister dans deux états pourtant incompatibles, mort et vivant à la fois, tel le chat de l'expérience du physicien Schrödinger?
sans être véritablement un roman puisque le livre est constitué de réflexions auto-fictionnelles, sans être non plus un manuel de vulgarisation scientifique malgré la tentative de rendre les théories quantiques accessibles, ce livre nous offre de magnifiques passages.
Certes, on bataille un peu dans le premier tiers, où on ne sait pas vraiment où le narrateur souhaite nous emmener. Il y a du vide, et du profond glissé là, imperceptiblement. comme un chat tapi dans l'obscurité.
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Comment résumer cette plongée dans l'abstraction, cette façon de creuser l'absence pour retrouver ce qui a troué la réalité, ouvert un gouffre métaphysique dont l'auteur n'est pas ressorti ? La petite fille de Philippe Forest est morte, et le monde a perdu toute réalité, remplacé par la multitude des mondes possibles où elle se cache peut-être et où, peut-être, elle l'attend, comme L'enfant de la Haute Mer de Jules Supervielle.

Philippe Forrest empile ces mondes, les superpose en un mille-feuille ontologique de présence et d'absence, jeux de cache-cache avec toutes les réalités imaginables, utilise la science et ses savants.

Il convie bien sûr Schrödinger et son fameux chat, Everett et Leibniz ; il déroule la présence du chat avec science et infinie pudeur, ce chat vivant et mort, présent et absent, ce chat apparu dans l'obscurité, de nulle part, ce chat autour duquel vont se cristalliser l'absence et la douleur.
suite sur http://n.giroud.fr
Lien : http://n.giroud.free.fr
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Nous avons de la science une image ambivalente. Dans notre cadre spatio-temporel, les lois énoncées par des cohortes de chercheurs, par leur rigueur et leur prédictibilité, sont plutôt rassurantes. Mais lorsque l'on en vient à l'infiniment petit et à l'infiniment grand, la complexité des propos et des raisonnements conduit le commun des mortels à la plus grande confusion.
Reste que la science et les lois qui gouvernent le monde existent en dehors de toute contingence émotionnelle et/ou religieuse... enfin peut-être...
Partant de l'expérience de pensée imaginée par Schrödinger en 1935 – l'histoire de ce pauvre minou, enfermé dans un boîte avec un produit radioactif et qui se retrouve dans un état où il est vivant ET mort en même temps –, Philippe Forest nous entraîne dans une méditation multisujets. Bien sûr, il est question de sciences, mais pas que... Car en tirant le fil de ses réflexions, l'auteur nous fait glisser petit à petit vers une réflexion sur la vie et le deuil, reliant ainsi l'émotion et la théorie fondamentale.
Là où le roman de P. Forest tire son épingle du jeu, c'est qu'il transforme un sujet globalement incompréhensible en source d'apaisement et d'espoir. La science comme nouvelle philosophie pour surmonter le deuil ? Peut-être...
Un texte parfois ardu, mais mené d'une plume limpide, poétique et source d'émerveillement.
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Difficile à dire et à lire
Oui, écrire une critique pour ce livre n'est pas chose facile. Je crois ce passage réssume assez bien le contenu: "l'histoire d'un homme sans histoire, se faisant le chroniqueur des événements insignifiants survenus dans son existence à partir du plus minuscule de ceux-ci, l'arrivée dans son jardin d'un chat errant, et devenant la proie d'un délire assez extravagant en s'imaginant pouvoir reconstruire à partir de là une démonstration assez vaste pour englober à la fois le système de sa vie et celui de l'univers indifférent tournoyant avec ses phénomènes autour de lui" pour tout comprendre, je vais devoir le relire. Mais, chose surprenante, je ne trouvais ce livre ni ennuyeux ni à abandonner. L'histoire m'intriguait, le pourquoi du comment expliquer à partir de ce rencontre entre un chat et un homme.. une très bonne idée, même si voilà, à mon avis, il faut le lire et relire pour vraiment le comprendre
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