AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
3,46

sur 56 notes
5
2 avis
4
4 avis
3
3 avis
2
4 avis
1
0 avis
Philippe Forest nous propose de traverser le temps et de trouer l'épaisseur des nuages pour évoquer les 77 ans d'une vie d'homme, celle de son père, aviateur - pilote de chasse pendant la seconde guerre mondiale puis la paix revenue, commandant de bord pour Air France, mais aussi de  retracer L Histoire universelle mouvementée du XXè siècle à travers l'histoire de l'aéronautique. On y croise rapidement ou plus longuement les figures héroïques de l'aviation Ader, Blériot, Nungesser, Lindbergh, Mermoz, Saint Exupéry… Une lecture bien trop hâtive, qu'il me faudra reprendre, peut être un jour, pour en apprécier toute la profondeur et la quintessence de l 'écriture .
Commenter  J’apprécie          361

Un fils connait il son père, peut il entrer dans son histoire, comprendre le sens que celui ci a donné à sa vie, deviner ce qui le tient debout? Pour Philippe Forest, la réponse est non, et, puisque, l'âge étant venu avec aucun espoir que cela s'arrange, son père déclarant : « la vieillesse, un naufrage » il recherche les dates de sa naissance, de la rencontre romanesque avec sa mère, de leur mariage, il reconstitue ce qu'a pu être la vie de son géniteur, après le naufrage définitif, cependant en n'étant sûr de rien, en n'écartant pas d'autres vies possibles, en essayant de s'approcher le plus possible du vraisemblable.


Son père était pilote de ligne, au moment de la création de l'aviation, au moment où l'aviation cesse d'être un art de la guerre, une machine meurtrière destinée à terroriser, pour devenir un voyage à travers les nuages, les merveilleux nuages, un symbole de la liberté et de l'unification du monde. Et cette vie dans les nuages, par sa complexité, devient irracontable, le père est plus souvent en l'air que sur terre avec la famille qu'il a fondé. D'ailleurs, lorsque les enfants entendent parler d'Anchorage et de Karachi, ils savourent la poésie du nom, mais ne cherchent pas plus loin. Impossible dialogue entre parents et enfants, communication sans mots, et qui trouve un dénouement tragique quand une des petites filles de 4 ans meure, nous savons que c'est la fille de Philippe Forest, crucifié par ce drame qu'aucune raison ne peut accepter, la mort d'un innocent.

Philipe Forest, en un langage digne de Proust, qu'il connait parfaitement, tisse l'histoire de ce père lointain -qui très certainement est mort à cause de la mort de sa petite- avec l'histoire de l'aviation, de ses différents héros, de l'anti héros(Lindbergh, lui aussi ayant perdu son fils, et devenu nazi, )de ses dangers, des crashs divers et des disparitions sans explication ainsi qu'avec l'histoire qui a ponctué le siècle dernier en France: l'exode, les bombardements, l'occupation.

Proust n'est pas nommé par hasard, lui qui a offert à son amant un aéroplane, amant qui s'est tué en mai 1914 ( les dates, toujours, puisqu' on ne s'accroche pas à l'espérance d'une vie après la mort, il faut s'accrocher aux dates de cette vie ci, pas une autre.)Et Proust écrit Sodome et Gomorrhe ; lorsqu'il aperçoit dans l'or et le bleu du ciel un avion « à ses yeux comme un fantôme ami dont le pathétique passage dit à la fois , et c'est cet « à la fois »qui compte, l'adieu irréparable à la vie et le salut célébrant la nécessaire et nouvelle naissance du monde », commente Forest.

Forest, avec son chagrin intégral, la perte, prie sans mot, puisqu'il n'espère aucune consolation donnée par les mots, puisqu'il ne croit pas en un autre monde de salvation, aucun secours non plus en la croyance en un autre monde, cependant ne serait ce que « sous la forme mutique d'une prière faite par n'importe qui et pour personne, » les mots doivent être dits.

D'où son roman, pas facile au premier abord, un peu comme les différentes expériences que nous faisons d'autrui. Philippe Forest essaie de faire connaissance avec son père, se souvient même de petits gestes ( faire une croix sur la miche de pain, pleurer son chien « et pleurant sur l'insignifiance pathétique de cette mort comme pour témoigner, un instant et pour l'éternité, du long, amer et inexpiable chagrin de la vie ».) et nous présente un livre bouleversant.
Commenter  J’apprécie          335
"un livre de garçons" dixit ma libraire
Thème de l'histoire :Philippe Forest nous raconte la vie de son père décédé un dizaine d'années avant.
Né à Macon son père a assisté aux premiers vols des hydravions qui venaient se poser pour escale.Fasciné par l'aviation depuis tout jeune .guerre oblige, recalé à l'école de l'air il partira faire des études d'agronomie en Algérie .Les circonstances aidant,il sera formé comme pilote de guerre aux USA et rentrera en France sans avoir combattu
Marié, père de famille, il se reconvertira en pilote de ligne sous les couleurs d'Air France dont il sera l'un des plus brillants commandants de ligne.
Thème récurrent du livre:l'histoire, le temps écoulés;font qu'une décision prise à tel ou tel moment ne peut pas être jugée quand l'histoire permet de dire ,à posteriori,s'il était bon ou non d'agir ainsi
Merci Mr Forest d'avoir réussi à rendre indigeste cette histoire
Les phrases sont longues, emberlificotées,illisibles souvent.
Je vous aurais volontiers dit que je n'avais pas du tout adhéré à ce livre si les 40 dernières pages (épilogue dixit l'auteur)n'avaient trouvées en moi un certain écho
Il n'en reste pas moins qu'avant d'y arriver 500 pages vous attendent!
Commenter  J’apprécie          130
Ouf !!! Je suis enfin venue à bout de ces 556 pages ! Ce fut laborieux… je pense (suis sûre, même) que j'aurais abandonné la lecture de ce roman si je ne le lisais pour le comité de lecture dont je fais partie.

Philippe Forest nous raconte l'histoire de son père, pilote de ligne disparu il y a dix ans, mais aussi celle du vingtième siècle à travers l'épopée de l'aviation, depuis l'invention des frères Wright en 1903. Cet ouvrage aurait pu être passionnant…

Mais non, c'est froid, lourd et monotone. Beaucoup trop de longueurs : une trop grande quantité d'historiettes sur l'aviation et sur les personnages, une trop grande place à la Seconde Guerre mondiale, des phrases parfois interminables… Quand l'auteur raconte un fait, il s'interroge à chaque fois sur le statut de ce souvenir – est ce vrai ?: "Voilà si ça s'est passé comme ça… ", avant de se raviser : "Comment savoir si ça s'est réellement passé comme ça, et pas comme ça ?", "comment se souvenir s'il faisait beau, si elle était brune ou blonde… ", et c'est souvent vraiment très long…

La dernière moitié du roman est plus accessible… mais il faut y arriver ! Il faut du temps et des efforts pour cheminer dans ce roman qui mêle inextricablement récit et commentaires sur ce récit. J'avoue avoir carrément sauté des paragraphes, pas vraiment gênant pour suivre l'histoire, mais je n'aime pas du tout cela !!!

Bref, je n'ai pas pu décoller… "pesanteur" des nuages !
Commenter  J’apprécie          100

Rarement enthousiasmé par la littérature française actuelle j'ai découvert une exception splendide,aux ailes immenses comme un ciel de Mermoz,à l'ampleur d'un vol de l'Aéropostale et qui brasse un siècle parmi les nuages,mais des nuages qui auraient sur notre basse terre l'oeil de l'aigle royal.Philippe Forest brode une superbe tapisserie de haut style sur la vie de son père pilote.Ce faisant il nous raconte à sa manière rien moins que l'histoire de l'aviation qui se confond pratiquement avec le siècle.S'il est vraiment ardu de définr l'acte de naissance de ce trasport Forest sa'ccorde sur le bien modeste décollage des frères Wright en 1903, quelques décimètres au-dessus des dunes de Caroline du Nord.Mais bien d'autres nous accompagnent et des plus grands, Lindbergh, Mermoz, Guillaumet, Saint Exupéry,aux presque anonymes qui n'ont laissé qu'une trace fort locale notamment en cette Bourgogne mâconnaise berceau des parents de Philippe Forest.

Chaque chapitre est une date associée à un vol historique ou vécu par ce père,figure passionnante dont Philippe Forest ne nous cache pas par ailleurs les douteuses tentations de jeunesse un peu maréchaliste. Certes,pas longtemps,et pas vraiment.Et puis avoir dix-neuf ans en 1940 n'était pas si limpide.Ce père,Jean Forest,passera par le Maroc et pilotera finalement lui-même du côté de Macon,sans accent, Alabama. Mais à quoi bon,chroniquant ce livre,privilégier tel ou tel épisode?Ce roman est d'une aisance stupéfiante à se mouvoir dans l'azur ou le gris.Les pages sur l'exode près la débâcle nous font vivre au plus près de ces semaines absurdes et efffrayantes quand Jean convoie sa future fiancée et sa sa famille jusqu'à Nîmes,en un écoulement Nord-Sud d'une France exsangue et ahurie.Sa formation en Amérique touche du doigt dans ce Sud profond la ségrégation triomphante et la maladresse de Jean offrant son siège à une vieille noire,s'attirant l'antipathie de cette dernière car les bonnes intentions pavent l'enfer.

le style de Philippe Forest réhabilite le participe présent et donne une fluidité à ce long roman,les phrases souvent assez longues restant parfaitement maîtrisées.On se sent ainsi proche du personnage principal et des autres,avec parfois une délicieuse incursion dans le cinéma,moteur en ces années quarante de la fabrication des souvenirs de jeune homme,avec Bogart,Casablanca (oui ce n'est pas pour me déplaire) ou Fonda,Les raisins de la colère.Particulièrement vivace cette longue cavalcade dans le siècle nous plonge dans l'aventure de la vie de cet homme,mais aussi d'un pays aux prises avec ses contradictions,rallié en bonne part à la voix chevrotante d'un vieillard à Vichy,ignorant voire vilipendant une autre voix inconnue, londonienne. Collectif, individuel, familial, professionnel,le récit de Philippe Forest brasse des décennies et des espaces fabuleux,de ceux qui font le prix d'une grande,très grande littérature française,celle que je ne rencontre pas souvent.Il est vrai que je m'évade plutôt vers de grandes voix d'ailleurs.

La Résistance et ses à peu près,l'épuration et ses radicalités, l'opportunisme et ses méandres,l'après-guerre ne trouve pas tellement grâce aux yeux de Forest mais le propos est ailleurs.Comme un enchanteur l'auteur nous immerge là haut dans ces merveilleux nuages comme disait le poète,parfois menaçants quand on comprend que les combats aériens n'avaient plus grand chose des codes d'honneur des chevaliers du ciel du début de siècle.Pages étonnantes sur les bombardements de Coventry mais aussi de l'Allemagne.La folie avait entre temps gagné les airs.Forest nous rappelle aussi les origines d'Air France et c'est intéressant d'entrer ainsi dans l'histoire d'un grand groupe dont on finit par oublier les hommes qui l'ont fait.C'est que la vie de Jean Forest est infiniment riche faisant de lui plus ou moins un collaborateur des Services Secrets.Extraordinaire aussi la calme méditation,modeste aussi,sur la cinquantaine et un peu plus (je connais),particulièrement acide pour un pilote.Comme si nous n'étions pas tous des pilotes plus ou moins embrouillardés de notre propre périple sur terre.

Mais le plus beau dans le siècle des nuages à l'évidence,malgré les superbes descriptions du ciel et de ses grands oiseaux de métal,malgré les envolées sur ces cathédrales qui ont nom Orly ou Charles-de-Gaulle,malgré cette inéluctable déception du pilote vieillissant qui n'aura pas droit au Concorde mais dont les ailes seront fauchées avant le drame de 2000 et les avions assassins de 2001,le plus beau,disais-je,c'est l'hommage passionné d'un fils pour son père,né avant le Spirit of Saint Louis et mort juste avant une autre mort,celle du siècle,du Siècle des nuages.Quand un roman atteint de tels sommets,qu'il vogue à Mach 2,on se retrouve, enfant, le Dimanche à Orly,rêvant aux nuages,aux merveilleux nuages.Ceux de Baudelaire si je me souviens maintenant.Plongez-vous dans ce grand roman de l'homme et de l'espace,celui qui donna à Lindbergh comme une sagesse ultime quelque peu rédemptrice après ses errances,et à Howard Hughes sa finale folie.

Jean Forest s'est éteint peu avant l'an 2000.Fatigué il n'aurait pas trop aimé le nouveau siècle,me semble-t-il.Mais ceci est une autre histoire.Quant au propre drame de l'auteur Philippe Forest,relaté en deux pages d'une infinie pudeur je le laisse à votre propre sensibilité.

Commenter  J’apprécie          80
A travers l'histoire de son père, pilote de ligne, l'auteur nous invite à le suivre dans ce XXe siècle qu'il explore dans toutes ses dimensions.
Servi par un style plein de nuances et de finesse, ce livre est un grand livre à lire à relire et à garder auprès de soi.
Commenter  J’apprécie          60
« le siècle des nuages » de Philippe Forest Gallimard 2010


Du haut des nuages , l ‘auteur contemple le siècle passé à travers l ‘histoire de l ‘aviation mais aussi celle de son père lui même pilote devenu après la guerre commandant de bord à Air France .
Dans un magnifique prologue il explique sa démarche en écrivant ce roman autobiographique : « Celui qui se souvient de soi , en est réduit à reconstituer un roman , son propre roman à propos des débris dépareillés du passé , acceptant l ‘invérifiable hypothèse qu ‘une intrigue doit pourtant exister qui unit tous ces moments et les intègre à la cohérence d'un récit à peu près suivi et sensé , prêtant sa psychologie présente , pour autant qu ‘il est capable d'en savoir quoi que ce soit , au personnage qu ‘il a été autrefois et dont il ne connaît plus rien ».
Comme dans ses précédents livres il évoque en quelques pages le drame qui va le pousuivre la mort de sa petite fille de 4 ans victime d'un cancer des os.
Son roman part de la naissance de son père en 1921 jusqu' à son décès en 1998 : il raconte l ‘exode de 40 , les progrès de l ‘aviation à travers ses héros Mermoz , St Exupéry , Lindhberg.
Le récit mélange les genres du roman , de l ‘essai , de la biographie , de réflexion sur le temps qui passe et emporte les rêves auxquels on avait cru.
Grande Histoire et histoire familiale principalement de son père forte personnalité d'homme honnête , loyal , croyant et résistant.
Ce livre est bouleversant , lucide et nous fait réfléchir sur la vie et la mort.
Commenter  J’apprécie          50
Philippe Forest est un écrivain ambitieux. Très. le siècle des nuages, un pavé de 550 pages, ne passera pas inaperçu dans la grande mêlée de la rentrée littéraire. Un prix Goncourt à la clé ? Pas impossible. Difficile de résumer ce roman : disons qu'il s'agit d'un hommage de l'auteur à son père, pilote de ligne, à travers les grandes étapes de sa vie, marquée par la passion de l'aviation. C'est la première couche du livre, la seconde étant constituée par la relecture de Philippe Forest, très personnelle et subjective, de l'histoire de l'aviation, justement, depuis l'origine. Attendez, ce n'est pas terminé : le romancier en profite pour faire un portrait documenté des grands événements du 20ème siècle, la deuxième guerre mondiale tenant le rôle principal. le siècle des nuages est donc un titre à deux entrées, ceux au-dessus desquels volent les aviateurs, mais aussi qui ont assombri l'horizon de notre histoire, avec son cortège de massacres et de morts violentes. Et puis, il faut évoquer le style de Forest, ample, luxuriant, excessivement exigeant, requièrant toute l'attention de son lecteur, parfois perdu par la longueur de phrases proustiennes. A défaut d'aimer le livre, on ne peut être qu'impressionné par l'ambition (on y revient) littéraire de Philippe Forest, sacré pilote de lignes.
Commenter  J’apprécie          40
La passion d'un homme, le père de l'auteur, pour l'aviation, dont il devint un acteur, alors qu'il n'y croyait plus ; sur fond de grande histoire, depuis le premier vol des frères Wright en 1903, les deux guerres mondiales, l'épopée optimiste de l'Aéropostale, cette utopie d'une fraternité entre les nations qui a finalement donné naissance à un rêve fasciste. Les aléas de la vie ou les opportunismes qui ont entraîné certains dans la résistance, d'autres dans la collaboration. de longues phrases décrivent les événements en boucle et m'ont fait vivre l'histoire en direct. L'auteur revient aux racines du roman qui a donné naissance à sa propre histoire jusqu'à la fin du vingtième siècle à la mort de son père. Il m'a fallu me forcer et passer le prologue et les 50 premières pages pour m'intéresser pleinement au roman, puis me passionner pour le style et le contenu, avant de me lasser durant le dernier tiers.
Commenter  J’apprécie          40
Embrasser l'histoire du vingtième siècle à travers celle du père de l'auteur, le tout sur fond de développement de l'aviation, telle est l'ambition de Ph. Forest. Enfin je crois, puisqu'au bout d'une trentaine de pages j'ai reposé ce livre pour ne plus l'ouvrir.

Dommage, j'avais pourtant lu tellement de bien sur ce roman ; mais cette écriture est impossible à lire pour moi, c'est du verbiage, ces longues phrases entrecoupées de considérations pseudo-philosophiques voire moralisatrices m'ont totalement ennuyée, voire énervée.
Lien : http://chezmathilde.canalblo..
Commenter  J’apprécie          40




Lecteurs (146) Voir plus



Quiz Voir plus

Les écrivains et le suicide

En 1941, cette immense écrivaine, pensant devenir folle, va se jeter dans une rivière les poches pleine de pierres. Avant de mourir, elle écrit à son mari une lettre où elle dit prendre la meilleure décision qui soit.

Virginia Woolf
Marguerite Duras
Sylvia Plath
Victoria Ocampo

8 questions
1721 lecteurs ont répondu
Thèmes : suicide , biographie , littératureCréer un quiz sur ce livre

{* *}