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Critiques filtrées sur 5 étoiles  
L'homme qui m'aimait tout bas, c'est un chant d'amour et d'innocence, le cri sourd d'un enfant devant l'incompréhension de la mort d'un père et de tous les questionnements qui scellent parfois des portes à jamais...
J'entre dans l'univers d'Éric Fottorino avec ce livre.
C'est un chagrin intime, celui d'un enfant au coeur inconsolable.
Inconsolable, parce que la mort de quelqu'un qu'on aime est déjà une révolte en soi... Inconsolable, parce que vouloir mourir, se donner délibérément la mort, comme cela sans prévenir, demeure toujours et à jamais un acte incompréhensible pour les proches...
Se donner la mort d'une balle dans la bouche, au bord d'un printemps... Celui qui s'est donné la mort ainsi, dans sa voiture un 11 mars 2008, n'était pas le père biologique d'Éric Fottorino, mais son père adoptif... Qu'importe !
Qu'importe ? Non, pas tout à fait. Avec beaucoup de poésie et de délicatesse, ce récit aborde le sujet. Ici, en effet, Éric Fottorino sait trouver les mots pour dire la filiation et la transmission qu'il y a dans l'acte d'être adopté. Je suis père adoptif de deux enfants, un garçon, une fille, j'ai été particulièrement touché par les mots qui affleurent le sujet. Comme c'est dit ici avec tant de justesse !
Dans l'adoption, ce sont les enfants qui adoptent les parents. Ici, je ne parle pas de l'acte légal mais de celui du coeur. Ici, les mots d'Éric Fottorino nous le rappellent à merveille...
" Toutes ces années, nous nous sommes aimés jusque dans nos différences ".
Éric Fottorino demeure dans ses pages un fils vivant, l'enfant tout bonnement qu'il est, qu'il sera toujours, un fils qui fait entendre la joie de vivre que lui a transmis ce père adoptif qu'il appela dès le début : Papa...
Nous découvrons le portrait d'un homme peint avec pudeur, un kinésithérapeute qui travaillait " à l'ancienne ". C'est le portrait d'un homme taiseux, qui lui a transmis le soleil de sa Tunisie natale. Peut-être ces pages fouillent ce silence, cherchent des clefs pour ouvrir l'indicible...
Il était secret, taiseux, ce père qui s'appelle Michel. Il se sentait libre jusqu'à ce 11 mars 2008 où s'affirma sa liberté sans explication...
Comment faire le deuil, après cela ? Tenter de descendre au fond du gouffre pour comprendre, chercher à comprendre pourquoi, descendre un peu plus bas, à tâtons, là où c'est profond, vertigineux, les mots voudraient éclairer cet abysse d'incompréhension, mais il n'y a rien à comprendre dans cette obscure volonté de mourir qui habitait son père...
Remonter alors jusqu'à la lumière, ce n'est plus le soleil de Tunisie...
Je pense que pour l'auteur, écrire ce livre fut une manière de parler à ce père, parler à quelqu'un qui se taisait souvent, derrière ses gestes beaux, " à l'ancienne ", qui se terrait peut-être derrière ses secrets...
Remonter encore un peu plus près de la lumière, poser cette clef qui n'a pas réussi à ouvrir les portes...
C'est comme un dialogue, avec des jeux d'enfant, des souvenirs et des rêves, des odeurs gorgées de soleil et d'épices, on voudrait que le temps se dilate à l'infini.
Écrire pour retenir ce qui peut l'être encore, avant que le temps ne s'ouvre, ne s'éventre, n'enfouisse tout, lentement ou d'un seul coup capricieux...
C'est un fil renoué. Nous sommes le funambule de ce fil tendu entre deux rives...
Poser la clef sur le bord du chemin au cas où...
Aimer tout bas... En silence, sans faire de bruit... Venir et se retirer sur la pointe des pieds, aimer comme cela, avec les blessures de l'âme... Un jour, quelqu'un m'a dit que le mot "aimer" se suffisait à lui-même. Ce soir, Éric Fottorino me convainc du contraire...
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« Nuit Blanche des Livres », pas loin de chez moi. Aux côtés de François Busnel il est là, Eric Fottorino, et la larmichette au coin des mirettes (je suis une fille sensible à mes heures perdues) je lui parle de son Korsakov lu il y a déjà longtemps mais dont je garde encore un souvenir ému (voir larmichette dont au sujet de laquelle je viens de parler plus haut).

A la faveur de cette rencontre je découvre aujourd'hui "L'homme qui m'aimait tout bas", dédicacé au passage avec une souriante et chaleureuse bienveillance, merci Monsieur.

Plusieurs fois déjà, dans ses autres romans, Eric Fottorino esquissa son enfance et ses origines à travers des personnages fictifs, mais ici c'est à la première personne qu'il s'exprime pour ce bouleversant hommage à son père adoptif, l'homme humble et généreux qui l'a « aimé tout bas » et auquel il voue à jamais une admiration d'exception.

Humble et généreux l'auteur semble l'être tout autant, car à travers le portrait de ce père adoré je retrouve l'écriture à la fois discrète et lumineuse qui m'avait tant marquée, cette façon singulière de manier les mots parfois, cette prose délicate et inventive d'où affleure une poésie infiniment touchante.

Une histoire d'amour entre un père et son fils, une merveille de sensibilité et de pudeur, « un récit solaire malgré les ombres » (qu'il a écrit dans ma dédicace, Monsieur Fottorino).


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" Ce sont les mots qu'ils n'ont pas dits qui font les morts si lourds dans leur cercueil". Cette citation De Montherlant placée par l'auteur en épigraphe est tout à fait en accord avec le livre...

Quel portrait d'homme magnifique, émouvant et pudique!

Eric Fottorino évoque, après son suicide, son père d'élection, celui qui l'a adopté quand il avait neuf ans, après avoir rencontré sa mère, et qui lui a donné son nom. Il n'a pas cessé de l'aimer, de l'admirer, même si, entre temps, il a fait la connaissance de son vrai père. Les souvenirs et les pensées s'égrènent, portés par une écriture sensible et imagée . A travers eux, il essaie de comprendre le geste fatal de cet homme originaire de Tunisie, épris de soleil, de courses cyclistes, généreux mais si avare de mots souvent...

" J'ignore ce qui me pousse à écrire ces quelques lignes, à continuer". Pour lui, sans doute la volonté de restituer un si profond amour. Et pour le lecteur, quelle belle et tendre évocation d'un coeur d'enfant inconsolable....
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Après avoir longtemps vécu seul avec sa maman, Éric Fottorino a la joie de voir débarquer un homme dans sa vie, joie d'autant plus grande que celui-ci va l'adopter. Mais à soixante-dix ans passés, cet homme foncièrement bon et généreux se donne la mort.
La douleur de la perte est vive suite à ce geste inexpliqué et conduit l'auteur à remonter son passé pour essayer de comprendre.
Comprendre cet homme pudique, cet homme qui l'aimait tout bas.
Cet homme qui l'a aimé comme un père, sans qu'il y ait besoin d'ajouter l'adjectif « adoptif » : "Pas une goutte de son sang ne coule dans mes veines. Rien et pourtant tout."

Ce livre est formidablement sensible. Avec une écriture limpide, Éric Fottorino touche le lecteur en plein coeur : nul ne peux rester de marbre devant cet amour si pur, si profond, si sincère.
Un très beau récit.

J'ai découvert cet auteur récemment en lisant son dernier et magnifique roman, Mohican : un écrivain que je vais suivre, assurément.
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Comment intégrer le suicide de l'homme qui vous a adopté, jeune garçon sans père, vous a voué un amour paternel inconditionnel et vous a tout appris ? L'homme auquel vous vous sentez lié indissolublement ? C'est ce que tente l'auteur en faisant revivre ce père à travers les anecdotes, incidents et évènements que lui suggèrent objets trouvés, rencontres, promenades et souvenirs fortuits : « Depuis sa mort, il vit plus que jamais en moi à travers les hasards qui surgissent ». Il y a aussi le regret de ne pas avoir su empêcher le geste fatal : « Ce sont les mots qu'ils n'ont pas dits qui font les morts si lourds dans leur cercueil » (citation de Montherlant en introduction du livre).

L'amour que se vouaient ces deux êtres transpire du premier au dernier mot de ce récit de transmission, nostalgique, bouleversant de pudeur et de peine, mais aussi plein de vie.
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Le 11 mars 2008 en fin de journée, dans un quartier nord de la Rochelle, mon père s'est tué d'un coup de carabine. C'est par ces mots laconiques qu'Éric Fottorino commence un merveilleux hommage à cet homme Michel Fottorino, à celui qui lui offert son nom en même temps qu'il épousait sa mère, à celui qu'il a pu appeler papa lui l'enfant sans père reconnu.
Ce vibrant hommage est merveilleux de tendresse d'amour pour celui qui lui a donné le goût de l'effort qui à travers la difficulté de faire du vélo lui a appris à ne jamais baisser les bras à avancer vers le but choisi qui en a fait l'homme qu'il est devenu…
À travers cet homme c'est aussi un coup de chapeau bas à tous ceux qui forcés et contraints ont du rentrer en Métropole et laisser derrière eux leur terre natale.
J'ai aimé ce chant d'amour filial tout en retenue , bien sûr les ressentis personnels étaient pour moi au rendez-vous mais il n'empêche merci !
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« le 11 mars 2008, en fin de journée, dans un quartier nord de la Rochelle, mon père s'est tué d'un coup de carabine. » C'est avec la brutalité d'une nouvelle bouleversante que commence ce récit durant lequel l'auteur tente de comprendre ce père qui l'a adopté à l'âge de 9 ans et lui a donné son nom.
Michel Fottorino a écrit une lettre à chacun de ses trois fils mais c'est Éric, le plus âgé, qui doit remettre à François et à Jean, le courrier les concernant. Bien sûr, il y avait cette attaque cérébrale mais « il avait retrouvé peu à peu l'usage de ses mains et de ses bras. » Lui, le kiné, il avait repris la course à pied mais n'avait jamais accepté d'être obligé de ne plus exercer son métier. D'ailleurs, la plaque « Michel Fottorino, masseur-kinésithérapeute » avait disparu. Il avait perdu toute sa raison d'être « il aimait qu'on ait besoin de lui. »
Ce grand sportif était fâché avec tout ce qui était administratif, n'ouvrant aucun courrier à en-tête, négligeant complètement de se mettre à jour de ses dettes, se contentant de soulager ses patients avec ses mains.
En même temps que les formalités s'enchaînent, les souvenirs reviennent avec cette Tunisie où il a grandi, sa passion pour le foot et le cyclisme : « Papa m'a mis sur un vélo après avoir constaté ma nullité au football… À vélo, il m'a appris la vie. » Tous les deux, ils avaient grimpé le Tourmalet. La photo de couverture semble illustrer cet épisode avec un Michel Fottorino arborant un immense sourire mais « depuis sa mort, il vit plus que jamais en moi à travers les hasards qui surgissent, » reconnaît celui qui dirigea le journal le Monde, ce journal que son père lui achetait chaque jour dès qu'il entama ses études de droit.
Cet homme qu'il a commencé à appeler Papa, à presque 10 ans, est présent dans ses romans : Rochelle et Korsakov. Dans Un territoire fragile, le cabinet de kiné qu'il décrit est celui de son père : « Il était mon accordeur de corps et de coeur. »
Enfin, c'est le premier été sans lui. Une sortie à vélo : « Allégresse de pédaler dans cette féérie et tristesse de ne plus t'y voir », lui rappelle ses courses, à 15 ans : « Tu m'aimais tout bas, sans effusion, comme on murmure pour ne pas troubler l'ordre des choses. » Partagé entre deux pères lorsqu'il retrouve son « père naturel », il avoue : « Il m'a fallu du temps pour faire la part des choses, pour aimer l'un et l'autre sans tiraillements »
Enfin, une question taraude l'écrivain : « Aurais-je pu l'empêcher ? » Sachant qu'il était dans la dèche, il pense que oui mais c'est fait et pas un jour ne passe sans penser à lui : « Au revoir papa, salut, pas adieu, on risquerait de se manquer. »
Lien : https://notre-jardin-des-liv..
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Je termine ce roman les larmes au bord du coeur.

11 mars 2008 : le père de l'auteur se suicide d'une balle dans la bouche. Il avait 70 ans. Pourquoi cette fin ? Nul ne le saura jamais. Pour autant, le fils du défunt cherche à savoir. Ce livre est une tentative de comprendre le geste de ce père adoptif qui l'avait pris sous son aile à ses 10 ans. Ce père taiseux, parfois ferme, mais toujours bienveillant ; ce père kinésithérapeute qui aimait soulager les autres, mais qui passait sous silence ses propres douleurs.

Quelles douleurs ? Personne ne le sait. L'homme était-il hanté par la Guerre d'Algérie, à laquelle il a participé ? Ou par son enfance en Tunisie, qui lui aurait laissé comme un goût de mélancolie ? Les questions restent ouvertes et ne se refermeront jamais tout à fait, de même que la plaie qu'a creusé son suicide dans le coeur de sa famille.

Un récit sensible, touchant, empreint de poésie, de douceur et d'amour, qui trouve en moi un écho particulier.

Pour clore cette chronique, une phrase De Montherlant, que l'auteur cite en exergue de son roman :
« Ce sont les mots qu'ils n'ont pas dits qui font les morts si lourds dans leur cercueil. »
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Dans ce récit bouleversant, Eric Fottorino tente de comprendre pourquoi son père, ce kinésithérapeute si doux, si généreux et doué de ses mains, a mis fin à ses jours brutalement.
Avant de comprendre, et peut-être d'accepter, ce geste inattendu et si douloureux pour ceux qui restent, l'auteur va explorer la moindre parcelle de leur relation et réfléchir à ce qu'ils ont réellement partagé durant leur vie commune.
Il nous parle donc de ce père adoptif, Michel, qui après avoir épousé sa mère, lui a donné son nom et l'a élevé, en l'absence de son père biologique, rejeté par la famille de sa mère parce qu'il était juif et marocain.
Le lecteur découvre un père discret et pudique qui grâce à son amour et sa présence silencieuse, va l'aider à grandir et à devenir un homme responsable de ses choix...
Les souvenirs heureux resurgissent, la tante Zoune, les vacances en famille, la joie immense de pouvoir dire enfin "papa" et les virées à vélo où il faut serrer les dents pour se dépasser et enfin voir dans les yeux de son père...de la fierté. le jeune Eric, moqué parce qu'il n'a pas de père, et que sa mère élève seule vient de trouver enfin son héros...
De sa Tunisie natale son père adoptif avait gardé un teint mat et l'amour de la mer et du soleil, mais surtout une certaine nostalgie, et des souvenirs de son propre père et de son enfance, très forts. le jeune Eric se les approprie et devient lui aussi un tunisien déraciné.
Maintenant devenu orphelin, il ne lui reste plus que sa propre famille, ses jeunes frères et la lettre écrite par son père à chacun de ses trois fils, reçue post-mortem. Il lui reste aussi, pour penser à lui, les personnages de ses propres romans auxquels il a donné les traits et le caractère de son père.

Voilà un récit empli de nostalgie, mais d'une rare sensibilité sous la plume d'un écrivain masculin. Il en a fallu de la souffrance, enfouie au fond du coeur de ce petit banlieusard de la cité du Grand-Parc à Bordeaux, pour aujourd'hui écrire des mots aussi beaux.
Ce récit intimiste prend un caractère universel car il nous interpelle sur les liens du sang, la force de l'amour filial, la profondeur des non-dits et le manque, si vif, ressenti lors de la disparition d'un de nos parents.
C'est un bel hommage à son père mais toutes les questions non abordées durant leur vie commune, resteront sans réponse à jamais, comme celles du pourquoi de ce geste et les regrets de ne pas avoir su être là à temps pour l'en empêcher...
"Ce sont les mots qu'ils n'ont pas dits qui font les morts si lourds dans leur cercueil", cette phrase De Montherlant mise en épitaphe est terrible...
En tous les cas, l'auteur, lui, a eu un besoin vital d'écrire et de dire son ressenti avec ses mots à lui, pour ne pas oublier.
Lien : http://www.bulledemanou.com/..
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Le chagrin fait livre.
Il est impossible d'écrire la douleur de la disparition d'un être cher. Pourtant, Eric Fottorino l'a fait, avec ses mots à lui, son style épuré, simple, parfois brutal ou factuel. Jamais de mélodrame ou de larmes, simplement la vérité crue de la douleur et du geste qui ôte la vie, qui emporte l'amour vivant.
Ce père disparu, c'est le père omniprésent dans l'oeuvre d'Eric Fottorino, ce père adoré qui est notre père à tous. Sa disparition brutale, incompréhensible, interpelle les vivants, pourquoi? Qu'aurai-je pu faire pour éviter cela? sont des questions universelles.
J'ai aimé la métaphore, si s'en est une, de la plaque de cuivre. Elle est tout vous Monsieur Fottorino, ce mélange subtil et élégant, patiné par les années, de l'orgueil juste d'avoir "réussi" à la sueur de son front, et l'extrême modestie et humilité de celui qui sait les douleurs et la fragilité de notre existence.
Merci pour ce beau livre qui dit ce que tant d'autres n'ont jamais su exprimer : papa je t'aime.
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