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Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Après avoir longtemps hésité, Lorraine Fouchet s'est décidée à évoquer son passé et tenter de rendre à son père l'hommage qu'il parait mériter. Cette tâche est d'autant délicate que Lorraine a perdu son père alors qu'elle n'avait que dix-sept ans et que cette blessure est inscrite en elle, toujours vive et présente. Quand on lit son ouvrage, on comprend pourquoi, d'autant qu'elle apprend la terrible nouvelle par la radio !
Christian Fouchet nous apparaît comme le héros gaulliste de 1940 parti rejoindre le général à Londres la veille de l'appel historique du 18 juin… Son acte de bravoure est le début d'une carrière brillante, d'abord dans la résistance active, au cours de laquelle il va user de diplomatie, puis dans la politique, toujours dans l'ombre de De Gaulle. Fin diplomate, De Gaulle fera appel à lui pour se rendre dans une Algérie à feu et à sang. Il sortira des épreuves avec une certaine réussite qui lui vaudra de se retrouver finalement ministre de l'intérieur avec la lourde charge de gérer les évènements de 1968, puis ministre de l'éducation nationale, ministère où il sera à l'origine de belles réussites, telles le collège pour tous.
Christian Fouchet, s'il a quelques détracteurs n'en reste pas moins un homme qui a compté sous la 5ème République. Homme de confiance au tempérament bien trempé, il suivra le général De Gaulle sans jamais faillir, ni tourner le dos aux grands principes auxquels il croit. Amateur de littérature et de belles lettres, il écrira un roman inspiré de son passage comme Consul général à Calcutta et de ses souvenirs douloureux générés par sa visite des camps de concentration à la libération. Ce roman s'intitule « le carnaval des lépreux ». Ainsi la boucle est bouclée. Lorraine semble tirer son goût pour la littérature de son père aimé.
Cette vie trépidante fait que Christian Fouchet se marie sur le tard avec Colette Vautrin, descendante de la famille Mercier en Champagne (lire à ce sujet le roman précédant intitulé Couleur Champagne qui nous dévoile de façon romancée l'avènement du Champagne populaire). de cette union naitra Lorraine...
Et Lorraine dans tout cela ? Il faut bien reconnaitre qu'avec un père aussi occupé et populaire, sa place n'est pas facile à trouver. Papa côtoie le Général, son ami, dîne régulièrement avec Malraux et tous ces gens importants qui ont fait l'après-guerre. L'ombre de Saint Exupéry, mystérieusement disparu à la fin de la guerre et qui fut le compagnon de route de Christian Fouchet, plane interminablement sur l'entourage familial.
En fait, Lorraine est élevée par des « nannies » anglaises, et souvent en vacances chez sa grand-mère, dans le sud… Elle fréquente des établissements catholiques et, en raison de l'importance de son père, subit souvent le joug d'une protection rapprochée… Curieusement, sa mère semble assez lointaine et soumise aux obligations envahissantes du protocole.
Christian, le père, est souvent en déplacement ou absent. L'amour qu'éprouve Lorraine pour lui parait difficile à manifester d'autant que l'aura de ce père prestigieux écrase les velléités affectives de la petite fille bien élevée selon les principes de la haute bourgeoisie d'après-guerre.
Sa quête au travers des carnets de son père semble avant tout destinée à comprendre celui qu'il a été et quelle importance elle pouvait avoir, elle, à ses yeux. En cherchant son père, elle cherche les traces de cet amour qui parait évanescent au lecteur. Ce père est une ombre forte, mais une ombre… L'homme public semble avoir dévoré l'homme tout court. Sa disparition subite et subie par Lorraine a laissé un sentiment d'insatisfaction affective.
Malgré tout, Lorraine Fouchet met beaucoup d'humour dans sa quête. Elle fait preuve de beaucoup de discernement et de réalisme, qualités qu'on pourrait lui envier. Partie à la recherche de ce père presque trop grand pour elle, elle creuse son propre sillon car elle sait ce qui compte : ce n'est pas le chemin qu'on prend mais le but qu'on veut atteindre.
Pratiquement tous les romans de Lorraine évoquent la mort d'un père. Evidemment, ce n'est pas le hasard si son oeuvre revient sur sa propre tragédie. Ce qui est unique, c'est d'avoir pu construire une oeuvre à partir de ce drame. Lorraine est profondément humaine, ouverte aux autres et au monde. Elle dégage une grande joie de vivre et manifeste toujours un grand plaisir à faire de nouvelles rencontres. Elle ne parait jamais blasée. Elle est chaleureuse et toujours authentique et cela transparait toujours dans ses ouvrages. Je pense que c'est aussi cela que viennent chercher ses lecteurs fidèles au travers de ses lignes. Petite remarque personnelle à ce sujet pour terminer : Lorraine évoque à plusieurs reprises ses lectrices ! J'ai sursauté à chaque fois ! Et les lecteurs, alors ???

Michelangelo 2014

Lien : http://jaimelireetecrire.ove..
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À l'âge où l'on entre dans la vie d'adulte, où l'on se questionne sur les choix pour son avenir, la jeune Lorraine perd son père qui décède d'une crise cardiaque à l'âge de 63 ans. Quarante ans plus tard , devenue médecin puis romancière Lorraine Fouchet décide d'ouvrir la boîte de Pandore, les boîtes devrais-je dire car c'est dans les nombreux carnets qu'a écrit son père que Lorraine Fouchet part à la rencontre de Christian : l'homme politique, l'ami des plus grand, le père un peu absent.

Christian Fouchet est décédé dix ans avant ma naissance et à ma grande honte je n'en avais jamais entendu parler où alors je n'en avais gardé aucune trace dans ma mémoire. Par contre sa fille oui ! Je suis tombée amoureuse de sa plume avec « La mélodie des jours » puis « Couleur champagne ». Chose amusante lorsque j'ai évoqué cette lecture avec mon père il se souvenait très bien du ministre Fouchet, par contre il ne connaissait pas sa fille. La différence des générations ^^

J'ai donc découvert cet homme à travers les mots de l'auteure et je dois dire que je regrette de ne pas en avoir entendue parler avant. En reprenant ses carnets c'est un acte assez courageux que Lorraine à fait. En effet c'est confronter le point de vue de son père à ses souvenirs à elle. Elle aurait pu découvrir des choses douloureuses. Ça n'a pas du être facile de se confronter au fantôme du passé comme ça n'a pas du être facile de grandir dans l'ombre de ce grand homme.

S'attaquer à un livre sur un homme tel que lui n'est pas une mince affaire. S'attaquer à un livre sur son père n'est pas non plus une sinécure ; on peut vite tomber dans le pathos. Ce n'est pas le cas ici. Je trouve l'auteure assez pudique, racontant des tranches de vie, des anecdotes. Elle est touchante dans les paroles qu'elle écrit à son père. On en apprend aussi un peu plus sur elle, sur ces choix. Elle décrits des actions de son père dans l'après guerre et je pense à mon père qui a grandi durant cette période ( il est née en 44) , elle parle de mai 68 et je me rappelle mes conversations avec mon père sur comment il a vécu cette époque, elle raconte ce que sont devenus les frères et soeurs de Christian et cela m'évoque Bernard et Bernadette, mes oncle et tante que je n'ai jamais connu mais dont mon père parle avec tant d'amour, mais aussi Paul , Thérèse, Lucie et Elisabeth, le reste de la fratrie, car chez nous aussi il y a du monde.

Cette lecture, tout en m'apprenant des choses sur l'histoire politique du XXème (bien que ce ne soit pas le but de cet ouvrage), m'a aussi fait réfléchir à ma relation avec mon père. Les choses non dîtes, les dialogues ratés. J'ai pris du temps pour discuter de ce livre avec mon père. Nous parlons peu politique ensemble. Si ce livre a permit à Lorraine de se rapprocher de son père cela m'a permis de dialoguer avec le mien. C'est une jolie réussite Mlle Fouchet !

(Petit plus comme souvent chez Lorraine Fouchet, le texte est émaillé de titre de chanson. Dans La mélodie des jours j'ava0is découvert le merveilleux Ave Maria de Caccini interprété par Sumi jo, ici je découvre dans un autre registre Ton héritage de Benjamin Biolay.)
Lien : https://memelessorciereslise..
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J'ai rencontré Lorraine à Groix, chez Lizette, au court d'un de ces apéritifs chaleureux dont l'île semble spécialiste. On me l'a présenté comme une écrivaine, qui vient souvent à Groix et dédicace ses romans à la Boutique de la mer de Pat et Mimi. Soyons honnêtes, j'ai acheté J'ai rendez-vous avec toi parce que j'avais son auteur en face de moi et que je la trouvais sympas, mais dans une librairie, ce n'est totalement pas le genre de livre sur lequel mon choix se serait porté. Parce que bon, la politique du XXe siècle et les relations père-fille ne sont pas vraiment les sujets littéraires vers lesquels mes goûts me portent.
Cela dit, je ne regrette pas.
Ce n'est pas une, mais trois histoires que ce roman nous raconte. Il y a celle de Christian Fouchet, pivot autour duquel s'articule le livre, militaire, ministre, ambassadeur qui rebondi d'Angleterre en Algérie et d'Inde en Pologne au gré des événements d'une Histoire mondiale agitée et des désidérata d'un De Gaulle exigeant. Il y a celle de sa fille lui racontant comme s'il pouvait l'entendre ce qu'elle a fait de sa vie depuis qu'il est mort à l'aube de son âge adulte. Et il y a celle de cette même fille découvrant ce qu'a fait son père dans sa vie, en dehors d'être son père.
C'est très bien écrit et passionnant. Même s'il ne s'agit pas de sujets qui trouvent en moi une résonance personnelle, j'ai été très touchée par la quête de Lorraine, celle qui la fera passer au cours du livre de "papa" à "mon père". Je pense qu'on a tous vécu ce moment si bien chanté par Reggiani où il faut "se quitter parents pour se retrouver amis", où l'on se met à aimer ses parents non pas à cause des liens du sang, comme une obligation, mais parce que ce sont des gens biens et qu'on est heureux de les connaître. Ce moment que nous vivons plus ou moins tous à la fin de notre adolescence, l'auteur n'a pas eu l'occasion de le concrétiser avec son père, décédé sans lui en laisser la possibilité. Lire son cheminement vers ce sentiment, quelques 40 ans plus tard, relaté on ne peux plus directement dans ces pages, donne un sentiment difficile à décrire de soulagement, d'attachement et de joie, et aussi ce petit pincement au coeur qui fait la marque des livres dont on se rappelle longtemps.
Lien : http://ioionette.blogspot.fr..
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Dans cette vidéo Lorraine Fouchet nous explique la genèse de son livre. Livre qui est - d'une certaine façon - une catharsis pour la fille cet Ami de Charles de Gaulle
Lien : http://youtu.be/mChEuAK_SqM
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