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Mon enthousiasme initial a un peu faibli en cours de lecture.
Les pingouins ayant été baptisés par erreur, les forces supérieures de la chrétienté décident de les transformer en hommes. La fable qui s'en suit nous propose une vision de la France, de la préhistoire à une prémonition des guerres mondiales, et même au-delà.
Les premiers chapitres tirent à boulets rouges sur les religions et les superstitions, avec un humour parfois facile, parfois instruit : il vaut mieux avoir une petite culture judéo-chrétienne pour en profiter, mais certaines ficelles sont plus accessibles. Je m'en suis régalé : Dieu essayant d'oublier qu'il est omniscient et autres paradoxes sont très bien amenés et décrits avec ironie. (Certains croyants doctrinaires ont dû s'étrangler, à l'époque).
Dans les périodes suivantes, j'ai commencé par beaucoup apprécier certaines analyses, me disant que décidément tous les gouvernements, jusqu'à aujourd'hui inclus, ont des points communs, bien peu sympathiques. Ensuite j'en ai beaucoup appris sur la IIIe république, probablement plus que pendant mes cours au lycée, par exemple sur l'affaire Dreyfus, et en réfléchissant aux intérêts des protagonistes.
Mais finalement les morales de la fable ne sont pas si puissantes : rien de nouveau sous le soleil, les hommes (même pingouins) sont des cochons*, l'argent est la cause de tous nos maux, petites causes grands effets... Anatole France (prix Nobel, tout de même) m'a fait penser, m'a amusé, mais ne propose pas de solution pour lutter contre l'hypocrisie et la ploutocratie : plus drôle que Rousseau, auquel il doit beaucoup, mais pas plus efficace.
Ce fut donc une lecture souvent prenante par l'ironie et la mise en évidence des constantes de la vie politique, un peu ennuyeuse pendant quelques courts chapitres. Si on a le temps, on peut préférer relire le Contrat Social ou La Comédie Humaine, mais ce livre est plus amusant, et plus étrange.
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Anatole France, prix Nobel de littérature, est un auteur qu'on lit peu aujourd'hui, à ma connaissance. Son "Ile des Pingouins" est, pour 1908, un récit avant-gardiste et futuriste bien qu'il se propose de retracer l'histoire complète de la civilisation des Pingouins (comprendre celle de l'homme, et plus particulièrement l'histoire des Français).

Par ce procédé d'analogie animalière - qui inspirera peut-être George Orwell, Anatole France s'autorise à partager avec ses lecteurs son analyse sociologique, économique, politique, religieuse et idéologique de la société. Son récit est chronologique, il part des origines et de la christianisation aux révolutions industrielles en passant par le Moyen-Âge, les Temps modernes et... l'affaire Dreyfus qui occupe une longue partie du roman sans dire son nom.

Non dénuée d'humour, cette narration renseigne et instruit le lecteur (surtout celui de 1908) plus qu'elle ne le divertit. Aujourd'hui, elle le fait même plutôt grincer des dents et sourire tour à tour. Grincer des dents devant le constat qu'en plus de cent ans, les lignes n'ont pas tellement bouger ; sourire à la dénonciation de comportements ridicules que seul le temps a le pouvoir de révéler avec la prise de recul.


Challenge XIXème siècle 2020
Challenge XXème siècle 2020
Challenge MULTI-DÉFIS 2020
Challenge NOBEL
Challenge des 50 objets
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Alors qu'il était en route pour corriger certains de ses ouailles qu'il a évangélisé quelques années plus tôt, Saint Maël est trompé par le Diable et atterrit sur un îlot peuplé par des Pingouins. le vieil homme a eu les yeux légèrement brûlés par le soleil qui se reflète sur la banquise des Pingouins et confond ces sympathiques volatiles avec des êtres humains. Il les baptise donc sur le champ.
C'est la panique au Paradis : que faire d'une bande de Pingouins catholiques ? Après bien des discussions, Dieu, les saints et d'anciens Papes se mettent d'accord : la seule solution, c'est de transformer les Pingouins en hommes.
Lorsque cette délicate opération est réalisé, Saint Maël décide de ramener les Pingouins avec lui et traîne leur îlot jusqu'aux rivages Bretons.

Anatole France m'a surprise avec ce roman. Je m'attendais à quelque chose de long et de très vieillot vu le sujet religieux dont il est d'abord question dans les premières pages, mais en réalité, cette Île des Pingouins est plutôt une satire très bien construite.
Anatole France s'y moque à peu près de tout : la religion, certains de ses collègues écrivains, le Diable, la civilisation,... Les saints hommes en prennent pour leur grade avec le pauvre Saint Maël, finalement plus bête que méchant, mais aussi avec le Diable, qui prend plus d'une fois l'apparence d'un religieux afin de tromper Maël et de l'amener à faire n'importe quoi.
L'auteur n'hésite pas non plus à se lancer dans une sorte de critique du progrès, puisque ses Pingouins semblaient bien plus heureux et bien plus équilibrés lorsqu'ils n'étaient que des oiseaux. Après leur transformation en êtres humains, les Pingouins découvrent la civilisation et tous ses revers : appropriation des terres par la force, guerres, querelles, mensonges, vols,...
Finalement, L'île des Pingouins, loin d'être un roman long ou ennuyeux et plutôt un récit assez comique et, surtout, très réaliste : Anatole France ne se fait aucune illusion en ce qui concerne les hommes et il n'hésite pas à le prouver grâce à sa plume plus qu'acérée.
Encore une très belle découverte dans le cadre du Challenge 15 Nobel.

Challenge 15 Nobel : 12/15
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Peut-être le roman le plus incisif d'Anatole France : cette fois, l'auteur ne se contente pas de saillies impromptues disséminées au fil d'un récit polyvalent, mais s'attaque directement à la société dans ses fondements en en retraçant une histoire burlesque et pittoresque.

Anecdotes, réparties savoureuses et analyses brûlantes s'enchaînent pour brosser un tableau efficace et féroce de la société, abordant avec le même sourire incrédule les fondements hypothétique de la civilisation avec l'affaire Dreyfus mieux documentée mais non plus raisonnée, et c'est bien là tout le génie de Monsieur France : débusquer l'absurde derrière l'ordre, souligner la passion qui baigne la raison et ravaler l'orgueil de toute opinion bien-pensante.

Un régal de lecture.
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Livre anecdotique et peu utile qui se propose de parodier l'histoire de l'humanité sur le mode du décalage animalier. Prenez l'histoire de notre espèce, remplacez les gueules d'humains par des faces de pingouins, et vous obtenez un bouquin sans intérêt. Passé le moment où les plus cons s'exclameront « trop bien, il a une tête de pingouin ! », toute l'excitation retombe.


Nous savions que l'histoire de l'humanité n'avait aucun intérêt. Croire qu'il est nécessaire de passer par une métamorphose animalière pour nous en persuader constitue une grave faute de goût.
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Les soixante-dix premières pages sont très bien, les deux dernières aussi. Et entre les deux, j'ai trouvé beaucoup de longueurs et je me suis ennuyée...
J'ai bien aimé le début, avec cette idée de départ à la fois loufoque et originale : un saint est envoyé dans une auge de pierre sur les mers évangéliser les peuples qu'il rencontre, et, aveuglé par le soleil, il baptise des pingouins. C'est drôle, férocement anticlérical - ce qui ne surprend pas de la part d'Anatole France. Dieu lui-même apparaît dans le texte, pour réparer la bêtise de son saint, en changeant les animaux en hommes.
Ils sont donc plutôt gauches, patauds, avec de petites jambes... Dommage que ces caractéristiques physiques ne soient pas conservées ensuite. Anatole France s'amuse visiblement à ré-écrire la Genèse et la Chute. Car, devenus des hommes, ces pingouins connaissent la nudité. Il y a des passages très spirituels à nouveau sur la première pingouine à se vêtir pour exciter les hommes en se dandinant dans ses voiles roses, qui sera ensuite faite par l'Eglise vierge et martyre, l'Eglise qui ne sait manifestement pas tout de la vie amoureuse de sa sainte... Oui, il s'amuse à ré-écrire un myte des origines paillard et grivois.
Ensuite, Anatole France ré-écrit l'histoire de France, avec des rois, des guerres séculaires contre l'ennemi voisin, une révolution, un conquérant... Cela pourrait être intéressant s'il introduisait une distance ironique et subtile, mais non, c'est un décalque. Surtout que les mêmes idées reviennent en boucle : l'Eglise et les prêtres asservissent le peuple, la grande finance asservit le prolétariat... Même la reprise de l'Affaire Dreyfus semble longue, trop appuyée.
Et il y a les dernières pages, qui m'ont évoquée la scène finale de Fight Club - oui, c'est anachronique. Mais dans un futur de science-fiction, dans une capitale où les riches vivent en hauteur pour échapper au brouillard, deux amants se tiennent la main en regardant de loin sauter les tours qui symbolisent la richesse du capitalisme, c'est bien Fight club ! Et dans le dernier paragraphe, le ton devient quasiment désespéré, prophétisant la renaissance de cette ville et le retour de l'oppression.
Un livre à la fois trop long et plein d'idées et d'images fortes.
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Qui lit encore aujourd'hui Anatole France (1844-1924) ? Plus grand monde assurément. Il est vrai que depuis les récits assassins de son ancien secrétaire Jean-Jacques Brousson, les jugements à l'emporte pièce d'Aragon ou la douce ironie de Proust ou encore de Delteil, l'image du maître en a pris un sacré coup.
Pourtant qu'il est plaisant ce roman dans lequel France revisite l'Histoire de France avec le détachement que lui procure l'artifice de parler de celle de pingouins faits hommes.
Le procédé n'est pas nouveau depuis Esope, le Roman de Renart, le voyage de Gulliver au pays des Houyhnhnms, La Fontaine… et sera souvent repris par la suite. On songe aussi à Voltaire et à son Candide bien sûr, pour cette vision si légèrement décalée de la société humaine.

Le vieux moine Mael berné par le Diable en vient à baptiser des pingouins. Pour réparer la bourde du saint gâteux, Dieu n'a plus que la solution de faire de ces alcidés des hommes. Commence alors une reprise satirique de l'Histoire de France où Anatole France glisse ironiquement son anti-cléricalisme. D'abord en plagiant la « Légende dorée » puis en moquant la « Divine Comédie » qui « christianisa » Virgile ! Viennent ensuite, narrés avec ironie, l'épisode du général Boulanger et celui de l'affaire Dreyfus, occasions de fustiger encore la bêtise de ses contemporains, pour finir par les volontés colonialistes du pays.
L'auteur dénonce ces castes dirigeantes que le pouvoir ne touche pas et dont il demeure la marionnette et en cela le pamphlet reste totalement actuel malheureusement. Cependant l'ensemble se lit assez péniblement aujourd'hui manquant peut-être d'une réelle direction littéraire en dehors de ces critiques vaines et habituelles du genre humain.
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Une talentueuse critique de la société
Comment se moquer du gouvernement et de la société dans laquelle on vit, tout en faisant rire ses concitoyens ? On dirait qu'Anatole France avait trouvé la formule, avec ce livre pamphlet, bourré de drôlerie, d'ironie, d'intelligence. le dévouement à la richesse, la résignation des pauvres, la dévotion à la religion, voilà le cocktail qui assure la préservation de l'ordre !
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Résumé :
L'île des Pingouins est une brève histoire de la civilisation Pingouine, depuis la transformation par Dieu des pingouins, oiseaux arctiques, en hommes. En creux, c'est bien sûr le portrait de la France que l'auteur nous propose, avec ironir,

Critique :
Drôle d'idée que celle d'Anatole France que de vouloir dresser l'histoire d'un peuple imaginaire pour mieux critiquer en miroir les travers des hommes, des français en particulier. Surtout, sacré ambition que de le faire sous la forme d'un traité philosophico-historique, qui en rebutera plus d'un. Il aurait pu faire défiler une famille de pingoins à travers le temps. Mais non, Anatole France a poussé l'engagement jusqu'à se départir complètement d'une trame romanesque pour adopter celui d'un chroniquer historique. Alors, c'est du France donc c'est très drôle et très fin (la première partie est extraordinaire), mais je me suis lassé car il faut être dans des dispositions particulières pour se confronter à ce texte très dense pour un roman.
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L'île des pingouins est un roman d'Anatole France, publié pour la première fois en 1908. Il s'agit plus d'un roman historique que d'une anticipation (contrairement à ce qui m'a été vendu dans un encart du magazine Galaxies).

Anatole France est un peu tombé dans l'oubli . Certaines de ses positions politiques ont été critiquées, notamment sur la Première Guerre mondiale, ou au départ il a écrit des récits pro militariste et patriote. Il finira par regretter son engagement de début de guerre, pour ensuite défendre la paix, ce qui lui vaudra à nouveau des critiques.

Alors que dans le présent livre il dénonce les guerres portées pour des raisons capitalistes et les guerres tout court, difficile à suivre.

Après sa mort, ses écrits et son style seront remis en cause, jusqu'à le traiter d'écrivain officiel au style classique et superficiel. Bon, je ne vais pas m'étendre là dessus, c'est un peu trop complexe et il y a surement une bonne dose partisane là-dedans. Mais je reviendrai sur son style.

Pourquoi avoir lu ce bouquin ? Je suis tombé sur un encart dans la revue Galaxies qui en parlait, comme d'une dystopie d'un auteur français un peu oublié. Je me suis dit pourquoi pas. J'ai noté que l'auteur se rapprochait parfois du genre fantastique, après tout, ça collerait presque à de la SFFF.

L'île des pingouins est une parodie de l'Histoire de France (et un peu de l'humanité, au début), dans laquelle les Hommes sont remplacés par des pingouins.

Tout commence avec Maël, un saint qui se fait bananer par le diable, ce dernier lui propose une embarcation en granit (oui, il est pas très malin le Saint Maël) pour rejoindre ses brebis égarées au large de la Bretagne.

Le religieux, trompé par le vilain, embarque, puis échoue sur une île, bien au nord, peuplée par des pingouins. Intrigué par les résidents de ce caillou, il décide de les évangéliser, en bon saint qu'il est.

De là s'en suit un débat au paradis, entre Dieu, les saints, les anges et toute la clique. le baptême de ces pingouins est-il valable ? Leur discussion frise le ridicule. le Saint-Esprit, pour trancher, décide de transformer les pingouins et les rendre humains (à peu près).

Pauvres pingouins, ils auraient mieux fait de rester dans l'ignorance et de ne pas être touchés par la grâce divine. S'ensuit une succession de chapitres qui retrace les éléments importants de notre civilisation.

L'antiquité et ses fastes, ses philosophes et sa grandeur. L'obscur moyen-âge, la renaissance, etc.

Les pingouins découvrent la morale, la propriété, dans la douleur et la violence.

L'époque moderne est traitée sous le prisme de l'essor du capitalisme et du socialisme, tenant la date du bouquin, c'est normal. Un long chapitre est consacré à l'affaire Dreyfus (l'Affaire Pyrot, dans le livre), avec tous les remous politiques et sociaux qu'elle implique.

Finalement, l'anticipation arrive en fin de course (un peu plus d'une dizaine de pages sur 209). le tableau est sombre et tombe parfois juste.

Le livre est une succession de chapitres s'attardant chacun sur une période spécifique, le tout se déroule de façon chronologique.

Le style est classique, bourré d'ironie et très détaché. C'est très imagé, un peu trop à mon goût.

Je préfère largement le réalisme, quitte à dénoncer les choses, autant que ça soit clair.

Justement, Anatole France dénonce des choses, il tape essentiellement sur l'Église. Ce qui lui vaudra en 1922 une condamnation papale de ses oeuvres. Cet aspect est savoureux par moment, tant l'auteur s'amuse à dézinguer l'institution de façon subtile.

Il dénonce ensuite le capitalisme et le tempérament égoïste et cupide des Hommes. Il y a quelques passages qui me font douter sur sa position concernant le racisme.

D'ailleurs, il retrace toute l'histoire de l'humanité (et de la France) sans un mot sur l'esclavagisme et le colonialisme. Alors qu'il a écrit des textes anti colonialistes (avant 1908). Bon peut-être qu'il a voulu se concentrer que sur certains points, pourquoi pas. Je n'en sais pas plus.

Personnellement, je n'ai pas été conquis par le livre, même s'il y a quelques passages mémorables, le style ne me convient pas, ce n'est clairement pas pour moi.

Cependant, il s'agit clairement d'un livre écrit par quelqu'un de très érudit et instruit, il est parfois difficile à suivre. Tant les références (historiques, philosophiques, etc.) sont nombreuses.

Un extrait, avant de vous quitter, histoire de vérifier que les choses n'ont pas bien changé, malgré le siècle écoulé :

« Ce discours fut couvert d'applaudissements. le gouvernement de la république demeura soumis au contrôle des grandes compagnies financières, l'armée consacrée exclusivement à la défense du capital, la flotte, destinée uniquement à fournir des commandes aux métallurgistes ; les riches refusant de payer leur juste part des impôts, les pauvres, comme par le passé, payèrent pour eux. »
Lien : http://lecture42.blog/lile-p..
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