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Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Voilà une lecture qui m'a laissé un goût très amer en bouche. le futur que dépeint Patrice Franceschi à travers ces quatorze nouvelles a de quoi déprimer les plus jeunes d'entre nous ou ceux qui ont des enfants en bas-âge susceptibles de le connaître. En bon observateur du monde qui nous entoure et qu'il parcourt de long en large depuis de nombreuses années, il met le doigt précisément là où ça fait mal. L'avertissement de la première page précise que ces textes forment en réalité un tout et qu'il faut les lire comme un roman. C'est parfaitement exact et c'est subtilement fait, comme autant de scènes réparties au cours des cent prochaines années destinées à nous montrer ce que notre planète et notre civilisation risquent de devenir si nous continuons comme ça. Son précédent (et excellent!) recueil s'intitulait Première personne du singulier et mettait en avant des personnages à l'heure des choix ; ces Dernières nouvelles du futur sonnent un peu comme un ultime avertissement avant qu'il ne soit trop tard.

Les histoires que nous conte Patrice Franceschi se déroulent aux quatre coins de la planète, entre les années 2025 et les années 2125, grosso modo. On y retrouve un certain nombre d'ingrédients qui constituent une unité et une continuité dans cet espace-temps. Une gouvernance regroupée sous l'appellation de "Nations Unies Universelles" semble avoir institutionnalisé le concept de mondialisation ; la transparence a été érigée en règle de vie et tous les citoyens vivent sous l'oeil des caméras omniprésentes et des injonctions liées à l'exploitation de leurs data ; une forme de résistance persiste néanmoins par l'intermédiaire du "Réseau Sénèque" qui regroupe de rares défenseurs des libertés et de la préservation d'un monde plus tourné vers l'humain.

A travers ces quatorze textes, l'auteur imagine ce que deviendra notre société une fois que nous aurons poussé tous les curseurs jusqu'au bout. Celui de la surveillance et du contrôle permanent, celui de l'avancée technologique au détriment des ressources naturelles, celui de la surpopulation, celui de l'exploitation des données... par exemple. Et il met en scène des personnages parfois loufoques, souvent dépassés mais aussi quelques idéalistes qui veulent continuer à croire que la vie vaut mieux que tout ça. Comme cet alpiniste, dans les années 2060, qui risque une lourde condamnation pour avoir persisté à vouloir exercer son métier interdit au nom du principe de précaution. Comme ce technicien chargé de la maintenance des caméras de surveillance, prêt à risquer sa vie pour quelques minutes d'invisibilité. Ou cette jeune femme qui se retrouve sur le banc des accusés au motif de ne pas laisser assez de traces car "la vie privée est une anomalie depuis au moins cinquante ans (...), nous sommes en 2069 tout de même ! " et que ne pas s'afficher induit que l'on a quelque chose à cacher. Aucun sujet n'est laissé de côté. Les guerres et les attentats, les progrès scientifiques que ce soit à l'aune du transhumanisme ou de la médecine prédictive, le tourisme de masse.

Alors oui, on sourit beaucoup, mais jaune. Parce que chacune de ces courtes histoires (une quinzaine de pages à chaque fois) bénéficie du regard affûté de l'auteur et qu'on sait au fond de nous qu'il n'est pas loin de la vérité. J'ai personnellement adoré Les sept merveilles de l'écotourisme qui rassemble en très peu de pages à peu près tous les travers et les catastrophes vers lesquelles nous courons. L'auteur parvient à nous décrire un monde pris dans ses contradictions symbolisées par ses excès de modernité et son retour à des punitions moyenâgeuses.

Si ce recueil est très différent du précédent, j'y ai retrouvé la plume acérée de l'auteur et cette acuité si bien adaptée à la forme courte. Et j'en ai apprécié le fond autant que la forme, ce puzzle qui se dévoile à la fin et vous laisse un gros sentiment de malaise et cette interrogation : est-il encore temps et avons-nous les moyens d'éviter ça ? Choix de société, question centrale de la liberté, Dernières nouvelles du futur offre de multiples matières à réflexion, partant du principe qu'il faut parfois se projeter pour comprendre ce qui risque d'arriver. Et oeuvrer pour que ce livre reste de la pure fiction.
Lien : http://www.motspourmots.fr/2..
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Il y a pas mal de temps que j 'ai terminé de lire ce recueil de nouvelles (qui ont pour cadre la même société du futur dans laquelle l'administration gère des consommateurs et non plus des citoyens) mais je ne savais pas trop comment le chroniquer.
D'abord parce que je n'ai que moyennement accroché. L'écriture est habile et fluide, le regard sur cette société qui accentue les dérive et déviances de la société de consommation hyperconnectée est cynique mais, tout comme chez Barjavel, je trouve malgré tout certaines idéologies qui vieillissent mal et j'ai été frappée à la moitié (les deux tiers ?) du livre de n'avoir croisé aucun personnage féminin un peu consistant...
Bref, les réflexions que suscitent ces histoires et ces personnages sont intéressantes mais il m'a manqué quelque chose.
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Le sujet abordé par Patrice Franceschi est complexe, celui du futur immédiat, c'est-à-dire, celui qui se déroulera d'ici quelques décennies. le jeu peut être séduisant, or il est facile de tomber dans le cliché, voire le ridicule. Alors, avant d'aller plus loin, je trouve que l'exercice a été bien mené. On est pas dans le chef d'oeuvre de l'anticipation (Fahrenheit 451, 1984 ou La Planète des singes), mais la lecture n'est pas désagréable.
On a cette sensation, durant la lecture de ces histoires relativement courtes, d'être plongé dans l'univers, devenu familier, de Black mirror. Un univers dans lequel la surveillance est omniprésente et où l'avenir ne peut être que sombre.
Les premières histoires nous plongent dans cette atmosphère étrange. Celles-ci se terminent d'ailleurs tel un couperet, laissant le lecteur un peu désarmé.
Dans d'autres histoires, on y voit les conséquences de nos inquiétudes actuelles telle la multiplication effrénée de nos déchets. Qu'allons-nous en faire ? Une île, voire même un continent. Faire dans l'anticipation, c'est d'ailleurs une manière de critiquer notre présent et d'exposer, avec exagération, nos peurs.
Dans ces histoires, on y discute également avec une intelligence extraterrestre. Je trouve cette partie là un peu ratée car elle sort du cadre des futurs possibles.
Les dialogues, sont souvent un peu niais « T'es vraiment fortiche, mon gros sucre d'orge » (p.91). Je trouve qu'ils ne collent pas au registre de la narration. Autre exemple « Vous filez un mauvais coton, vous savez ? » (p.154). Bof...
Ce monde, hostile, dans lequel les hommes auraient abdiqué est pourtant combattu par une société parallèle, le « Réseau Sénèque ». Je dois d'ailleurs avouer que les noms choisis sont plutôt bons, ce qui est relativement difficile dans les romans d'anticipation je trouve. On voit, à travers ce scénario, l'ombre de George Orwell. Cette société secrète, car divergente, s'oppose aux Nations Unies Universelles, disposant d'une police et d'une justice universelle oeuvrant pour démasquer tout esprit rebelle.
L'auteur s'est évertué à y intégrer chaque nation dans ces histoires, à travers les noms des personnages par exemple, même celles qui, aujourd'hui, ne pèsent pas lourds sur la scène internationale.
Deux dernières histoires viennent clôturer cette fresque futuriste, celle d'un Paris en proie à une guerre civile multidimensionnelle puisqu'on y retrouve des groupes nationalistes, religieux, genrés. Chaque groupe occupant un quartier de la capitale et chacun se livrant à une guérilla sans merci.
Je n'évoquerai pas la dernière histoire pour ne pas dévoiler la fin du livre, je laisserai les lecteurs la découvrir et en juger par eux-mêmes.
Dans l'ensemble, le livre se lit plutôt bien. le moment est agréable tout comme la lecture. Je reprocherais à l'auteur d'avoir fait dans le très (trop) conventionnel. D'être resté trop proche du monde actuel en poussant que trop légèrement le curseur vers un futur trop probable (hormis la présence d'extra-terrestres). C'est le risque pris lorsqu'on aborde le futur immédiat. de manquer d'audace et d'originalité...
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