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EAN : 9782804143275
98 pages
De Boeck Supérieur (24/04/2003)
4/5   1 notes
Résumé :
Depuis plusieurs années, les mondes judiciaire et thérapeutique sont agités par de nombreux débats, souvent passionnés, au sujet de la prise en charge des auteurs d'infractions à caractère sexuel. Les études scientifiques sur les formes de prises en charge et sur leurs effets s'additionnent sans apporter de véritable solution. Dans une démarche originale et inédite, l'auteur se concentre sur ce que " font " réellement les praticiens, sur la manière dont pensent et a... >Voir plus
Que lire après Magistrats et thérapeutes face à l'abus sexuel. Entre devoir, espoir et besoinVoir plus
Critiques, Analyses et Avis (1) Ajouter une critique
Excellente recherche portant sur deux visions qu'on cherche tellement à pouvoir articuler de manière cohérente, positive, constructive ; le titre du livre dit clairement ce qu'il en est : "Magistrats et thérapeutes ace à l'abus sexuel. Entre devoir, espoir et besoin."
Sortir des clichés des uns sur les autres, sortir des craintes réciproques et des dédains réciproques pour travailler, oeuvrer à soigner, sanctionner, protéger... Chacun dans son individualité, son humanité à respecter.
Ce livre est très clair. La méthodologie expliquée précisément en fin d'ouvrage. Des conclusions claires également. Avec l'idée sans doute première, de montrer, de donner à voir les visions des uns et des autres, sans les tronquer, sans les édulcorer, pour qu'on sache, comprenne, et travaille mieux avec l'autre.
J'écris ceci de manière peu scientifique, car je suis moi-même engagé parfois dans cet espèce d'engrenage de liens compliqués et parfois insensés que représente cette question des abus sexuels... J'ai, en tout cas, apprécié ce livre.
Outre et entre les deux voies exp/op-posées, se sont ouvertes des voies tierces, telles le SAJ et les assistants de justice, je reconnais tout à fait dans l'ouvrage les impacts, les difficultés, les solutions etc. qu'impliquent ces créations sur le terrain.
Je m'interroge enfin sur la dimension médiatisation et impacts politiques ou sociaux, dont l'auteur explique en fin d'ouvrage que ce sont celles-ci qui peuvent remettre en question des paradigmes et thèses solides. Les aspects, émotionnels, "surfer sur la vague de l'émotion" sont souvent délétères et empêchent toute prise de hauteur, et de belles et bonnes et courageuses décisions, de celles qui font avancer une société, les humains.

Bref, ouvrage rigoureux qui parle bien de son sujet, qui me semble indispensable pour tout qui veut se saisir intelligemment de cette-ces question-s.
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Citations et extraits (55) Voir plus Ajouter une citation
Un magistrat du parquet, pourtant dans la même situation que les magistrats A et B, affirme ne plus ressentir le besoin de se couvrir professionnellement. Voici l'extrait de son entretien ; je ne fais plus comme mes collègues, j'ai décidé de ne plus systématiquement faire appel au psy pour préparer ma défense en cas de récidive d'un délinquant sexuel que je prends en charge. J'ai fait un examen de conscience et je me suis dit que ce n'était plus humainement possible." A y regarder de plus près, ce cas négatif permet d'une part, d'affiner notre thèse puisqu'il révèle qu'une prise de position individuelle peut aller à contre sens d'une logique bien ancrée dans un milieu professionnel précis et, d'autre part, de conforter cette thèse. En effet, ce magistrat ne dit-il pas : "contrairement à mes collègues... j'ai décidé de ne plus... ce n'était plus humainement possible."
La rencontre de cas négatifs se faisant de plus en plus rare au fur et à mesure que nous progressions sur le terrain, laisse à penser que nous sommes arrivé à un degré satisfaisant de saturation de nos données. C'est-à-dire que l'apport ultérieur de données empiriques ne viendrait que confirmer notre modèle analytique. Ceci n'exclut pas qu'il puisse encore être enrichi, ou que dans des contextes politiques et sociaux différents, il doive être réaménagé.



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... le fait de savoir que son patient contraint par la justice à suivre une thérapie n'est presque jamais évoqué pour justifier une position particulière du thérapeute à l'égard des attentes judiciaires (ce qui est logique puisque les positions relevées ne concernent que les thérapeutes qui acceptent l'intrusion d'une contrainte judiciaire dans la demande). Par contre, le fait de savoir que la justice revendique leur coopération est toujours évoqué par les thérapeutes pour expliquer la manière dont ils intègrent leurs pratiques thérapeutiques dans les processus pénaux (ce qui est également logique puisque notre étude s'intéresse aux positions de thérapeutes qui se construisent face aux attentes du monde^pénal et non pas à celles qui, à un autre niveau, se construisent face aux demandes des patients).
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[Coopération]

[…] … la demande du patient –délinquant est-elle suffisamment forte que pour pouvoir engager une thérapie ? Pour certains, l’aveu des faits est la condition indispensable de l’engagement d’une relation thérapeutique véritable. Les patients qui, témoignant d’une distorsion cognitive, ne considèrent pas leur comportement comme problématique et qui dès lors ne ressentent aucune culpabilité sont plus difficilement traitables. Un thérapeute d’inspiration cognitivo-comportementale évoque ces patients : « Pour eux, c’est la société qui dit ça, … en fait, pour eux, il n’y a pas de problème. » Pour d’autres thérapeutes adeptes de la coopération, le constat, indépendamment des faits reprochés, que « quelque chose ne va pas » suffit à prendre en considération la demande.
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Pour beaucoup de thérapeutes, le rappel de l'interdit n'implique pas pour autant la mobilisation de la loi pénale. Il fait davantage l'objet d'un travail avec le patient en puisant dans ses propres ressources et celles de son entourage. Il s'agit de restaurer ce qui fait défaut dans une cellule familiale. Le suivi doit permettre au patient de prendre conscience de son problème, d'assumer la responsabilité des relations qu'il établit avec les autres. Un thérapeute de premier rang ajoute : "Cette responsabilité implique qu'il reconnaisse les faits et qu'il soit prêt à les réparer." [...] Le recours à l'action pénale consiste ici en un substitut au manque de ressources familiales. Il autoriserait malgré tout, par la suite, un travail thérapeutique plus en profondeur.
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... pas plus que l’expert, présent lors des interrogatoires, le substitut ne peut adopter dans ses pratiques une autre logique que celle de son univers, à moins d'en sortir un court instant. L'expert, quant à lui, ne peut proposer son aide qu'après l'interrogatoire et ce, dans un autre lieu (un service d'aide aux victimes par exemple), c'est-à-dire en dehors du lieu où règne la logique pénale. Ceci illustre bien à quel point il est difficile d'attribuer une place à la victime dans le procès pénal, alors que tout le monde s'accorde à dire qu'il est grand temps qu'elle soit partie prenante à son procès.Il faut bien admettre [...] que "si la légitimité de la revendication [de la victime] semble indiscutable, ses modalités d'application sont moins aisées."
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