"La vérité change chaque jour. Pendant des siècles, des hommes se sont entre-tués pour savoir où naissait le Nil. Certains étaient persuadés que sa source se trouvait dans le lac Tanganyika, d'autres dans le lac Victoria, d'autres encore citaient le lac Albert. Ils se sont étripés. Ils avaient tous raison. Le Nil a trois sources. La vérité, Sauveur, est comme le Nil."
Chaque livre écrit, chaque phrase avait changé ma vie.
Les derniers rayons ensanglantaient le Bec de l'Aigle au-dessus des grues géantes et mortes des chantiers de La Ciotat.
La rade de Marseille scintillait à nos pieds, rivière de diamants sur une robe noire. Une ville posée sur la mer.
Enfant, dans les rivières, je soulevais les pierres à la recherche des écrevisses, maintenant je ramassais des mots en quête d'émotions.
Déserteur... Ne l'avais-je pas été toute ma vie? Seul dans mon appartement depuis quelques années au milieu des livres, du ciel et des oiseaux.
La vie possédait une imagination beaucoup plus extravagante que n'importe quel romancier.
J'avais souvent eu la sensation d'inventer ma vie en écrivant, d'inventer la vie.
Je pris un vif plaisir à marcher sur cette langue de sable humide, durcie et lissée par les vagues, festonnée d'algues sombres.
Marseille est une ville qui vous enlève le goût de voyager, d’une rue à l’autre vous changez d’odeurs, de bruits, de continents.