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3,79

sur 165 notes
Lire le dernier testament de Ben Zion Avrohom est indéniablement un choc. Cette succession de témoignages d'une même histoire qui évolue, écrite par d'improbables apôtres contemporains dans une prose qui leur est propre, me semble hors norme du point de vue littéraire, en plus d'être intéressante. le message que Ben fait passer autour de lui tout au long de ce roman de près de 400 pages est, pour sa part, à la fois positif et transgressif. Chacun se fera bien son idée, mais il n'en reste pas moins que les questions posées par James Frey me semblent fondées. A lire pour la forme, et à relire pour le fond.
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Ce qui frappe de prime abord, c'est la sobriété de la couverture. Puis, on découvre la tranche du livre, intégralement recouverte de gouttes de sang. Enfin, quand je l'ai ouvert, j'ai tout de suite noté que le texte n'était bizarrement justifié que sur la gauche et qu'il n'y avait aucune marque du dialogue. Il s'agit en fait du récit de la vie de Ben Zion Avrohom, Messie du XXIe siècle, raconté par différentes personnes qui l'ont croisé : voisins, famille, rabbin, médecin... de la fille un peu paumée au médecin, tout le monde voit sa vie complètement chamboulée par sa rencontre avec Ben.
Pourtant, le premier personnage nous le présente simplement comme un gars de banlieue, dans une zone un peu mal-famée, qui se drogue, vit au jour le jour grâce à un boulot de vigile sur un chantier. Jusqu'au jour où un grave accident, inexplicable, l'envoie à l'hopital où il va se remettre miraculeusement des blessures qui auraient dû le tuer. Il semble alors développer des pouvoirs de compréhension et d'appréhension de connaissances qui dépassent le commun des mortels. Dieu lui parle. Et son message est fait uniquement d'amour : il faut s'aimer, tous, quelque soit les considérations de sexe, d'âge, de religion, de couleur.
Tous les témoins quasiment (exception faite du médecin et du chef de chantier peut être) sont des personnes perdues, à la recherche d'une rédemption, d'un signe, d'une main tendue. du coup, ces "témoignages" semblent vite orientés. Les personnages sont glauques, paumés, dépravés parfois, extrêmes. On observe à travers leurs yeux, dans leur langage propre, une société à la dérive, où tout est bon pour faire de l'argent. Celui-ci a pris le pas sur tout sentiment humain. Nous sommes proches de la Fin. Ben Zion est le seul à ne pas prendre la parole. Il n'a pas de Parole. Il est, il éprouve, il ressent mais surtout il fait ressentir aux autres, à ceux qu'il croise.
Ce qui choque le plus au final, c'est qu'à travers cette critique de la société, à travers ce refus de toutes les religions, pour se recentrer sur la notion d'Amour, on se rapproche étrangement du message principal de toutes religions justement : s'aimer les uns les autres avant tout ! Dans un monde où les textes sacrés semblent complètement coupés des réalités de la vie moderne, ce texte fait réfléchir aux comportements des individus qui suivent aveuglément des directives qui leurs sont données, sans réfléchir à ce qu'ils veulent et à ce qui est bien. Ce message est vraiment bien traité et intéressant.
Par contre, on pourra reprocher à l'auteur d'avoir parfois voulu en faire trop : certaines scènes virant à la provocation inutile où à la partouze collective ne sont peut être pas nécessaires. Et puis, cette vision des choses est peut être un peu simpliste par moment. Même si, je pense que le propos est surtout de recentrer sur l'essentiel, en mettant volontairement de côté tout ce qui est accessoire.
Quant au style, j'ai plutôt apprécié cette approche par témoignages successifs, certains personnages revenant 2 ou 3 fois. Quelques longueurs sur la fin, ainsi qu'un final que je craignais plus sanglant (couverture + fin du Messie original obligent) et qui n'est qu'une pirouette un peu déroutante.

En bref, un roman sûrement dérangeant pour certains. Mais que j'ai trouvé plutôt osé et intéressant, et qui porte à réflexion !

Une petite citation pour finir : "Comme le Christ, Ben aimait de manière inconditionnelle et sans jugement ; il aimait les hommes et les femmes également, et ne faisait pas de distinction entre l'amour pour les femmes et l'amour pour les hommes ; il faisait sentir son amour à tous ceux qu'il rencontrait, et d'une manière qui n'avait rien à voir avec ce qu'ils avaient jamais ressenti ; et il comprenait que la religion ainsi qu'elle était pratiquée avait peu de rapport avec l'amour. L'amour est quelque chose que nous devons ressentir dans nos coeurs, et dans nos corps, et quelque chose que nous devons exprimer sans crainte d'être jugés ou damnés. L'amour est quelque chose qui est au-delà des règles et des dogmes. L'amour est au-delà du bien et du mal, de ce qui est permis et de ce qui est interdit. Et l'amour est au-delà de ceux qui n'en ont qu'une connaissance infime et n'en ont aucune expérience et qui décident de la manière dont il doit être éprouvé ou de qui a le droit de l'éprouver ou de l'exprimer."

Lien : http://nourrituresentoutgenr..
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J'ai adoré ce livre. Sous des allures de légèreté il ébranle et fait réfléchir. A lire pour la beauté de l'écriture et la folie de l'histoire.
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L’histoire est intéressante, écrite (ou du moins traduite) dans un style d’écriture très américain qui fait son miel de descriptions crues dans des langages de type oral et d’une pensée matérialiste rationnelle. En tant que simple lecteur de romans, sensible aux rebondissements scénaristiques, je n’ai pu qu’apprécier ce livre qui a une grande force narrative. Le fait que les chapitres marchent comme des témoignages est bien vu, même si les spécificités de langage de chacun tirent un peu vers le grotesque et que l’on retrouve dans tous les témoignages des expressions qui sont propres à l’auteur, celui-ci n’arrivant finalement pas à totalement s’effacer derrière ses personnages. C’est un scénario hollywoodien génial et tout laisse à penser que James Frey l’a élaboré dans cette optique.

Néanmoins, sans tout à fait être naïf, ce roman n’est pas aussi profond que j’aurais pu l’espérer. Je vois les choses ainsi : Frey fait preuve de finesse en ce qui concerne l’histoire des religions, il montre qu’il s’est bien documenté et réussi à rattacher des éléments de l’histoire de christianisme et du judaïsme de façon originale et convaincante. Par contre, en terme de théologie et pour les quelques essais timides de numérologie qu’il tente en début d’ouvrage, il y a vraiment une faiblesse qui finit par plomber l’ouvrage. Car le fond de l’histoire n’est pas de rétablir un réalisme historique des religions, Ben Zion d’ailleurs rejette sans détours les Écritures qu'il juge obsolètes pour faire une prêche plus en phase avec le monde dans lequel il évolue. Le coup de connaitre toutes les Écritures par cœur et la réponse aux grandes énigmes scientifiques est d’ailleurs la marque d’une pensée extrêmement rationnelle matérialiste. Car d’une part il n’existe pas une seule version des Écritures, parfois elles se contredisent et souvent les originales sont perdues, et ce si originales il y a car on sait que certaines sont originalement des traditions orales avec tout ce que cela comporte de changements d’une version à une autre. Et surtout d'autre part Ben Zion détient les réponses aux grandes énigmes scientifiques actuelles qui pourraient se révéler plus tard n’être que des questions sans réponses mais dont il a toutes les réponses, impliquant que ce sont des questions bien posées qui attendent une réponse claire. D’un côté est critiqué le formalisme « mort » d’une pensée religieuse fixiste et dépassée, mais c’est pour mieux renverser cet espoir d’une réponse définitive dans le tonneau de la science physique ! C’est à mon sens dû à un manque de compréhension réel des enjeux épistémologiques à l’œuvre dans les rapports complexes des ordres de connaissance. On aurait pu s’attendre dans un tel scénario à retrouver du Feyerabend, du Popper, du Kuhn ou même du Quine, comme on y retrouve des allusions informées aux spéculations rabbiniques sur le messie. Mais non. Et c’est cela qui en fait un bon roman mais tout sauf un roman avec un fond spéculatif ou même simplement un roman à propos.

L’amour que Ben Zion prône est un amour qui va de pair avec le corps, le sexe, prendre du bon temps et… une critique d’un système matérialiste qui en est une conséquence possible mais surtout le cadre le plus favorable à cette jouissance. De fait, c’est le développement de sociétés matérialistes qui a permis une approche purement rationalisée du corps dont le cerveau est le siège et c’est pourtant cette vision que Ben Zion finit par affirmer comme seule vraie à la fin du roman. C’est cela qui enlève aussi du poids au roman : ce qui y est critiqué est ce qui y est mis à l’œuvre, il y a un écueil structurel qui est vraiment dommage. Alors bien sûr il suffit de ne pas aller chercher derrière la scène comment fonctionne la machinerie pour vraiment apprécier ce roman, et je l’ai vraiment apprécié. Pourtant il y a de la « mentalité » à l’œuvre et celle-ci m’a parue un peu facile, dans l’air du temps, qui implique que jouir de nos corps est une chose essentielle qui appartient à une vérité humaine, et cet axiome du roman m’a paru dogmatique car il n’est jamais contredis ou mis à l'examen, même pour triompher en fin de compte, à aucun moment du roman. C’est un genre de monologue idéologique alors que c’est ce que dénonce précisément le roman qui aurait voulu paraitre comme une dialectique de l'amour mais qui n'en a que l'apparence!
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Ici il faut oublier tout ce qu'on a pu lire avant . Frey est un conteur fou . Cette histoire part dans tout les sens , c'est un bordel mené de main de maitre par un orfévre en la matiére . C'est drole , absurde , remarquable en matiére d'écriture , indescriptible . Ce bouquin c'est un Olni et que c'est bon tant de liberté !! Les rèticents à la folie littéraire n'aimeront pas , mais les autres auront un coup de coeur ènorme pour ce livre extraordinaire .
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Bien, autant l'annoncer de suite, s'il était possible d'y faire figurer sept livres, « le dernier testament de Ben Zion Avrohom » de James Frey trônerait dès maintenant dans ma liste des livres à emporter sur une île déserte.

C'est assez simple en fait, j'ai retrouvé tout ce que j'aime dans la littérature ; une intrigue qui repose avant tout sur ce que ressentent les personnages, sur leurs façons d'appréhender la réalité, les paroles des autres, d'un autre en l'occurrence ; un sujet délicat, mais qui entre immédiatement en résonnance avec qui possède un minimum d'esprit critique ; un style rapide mais très agréable à lire; une mise en page qui accentue cette impression d'écouter réellement les personnages.

Un très bon moment.

Et si je devais émettre une proposition pour faire coïncider la vie réelle et le message porté par ce dernier Testament, je dirais qu'il nous appartient d'écrire désormais les textes apocryphes afin que dans mille ans, une nouvelle religion soit née et ait pu prospérer. A vous de découvrir laquelle.
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Je dois avoir la main heureuse ces derniers temps. Jonathan Dee et son palladio, et maintenant James Frey the final testament of the holy bible. Oui, je trouve le titre traduit moins folklorique: "le dernier testament de Ben Zion Avrohom". Comme si, comme si...

A lire pour tous les fanatiques, je sais pas, c'est écrit simplement, et cela m'emporte, encore et encore, encore et toujours. Quoique dise le guardian ou tout autre temple médiatique d'une pseudo bien-pensance écornée, je donne cinq miams à ce roman, donc la note maximale. Parce que voilà, des fois, il faut suivre une passion et se laisser vivre au lieu de...

Pas une découverte en tant que tel, j'ai grandement apprécié a million little pieces du même auteur. Une simplicité dans les lignes d'un roman plus complexe, digestif, et un bonheur au loin des phrases de 5 paragraphes à la française.

Bon, je suis encore dedans, mais l'appétit me vient en lisant, et là, purée, merci.

Je pensais écrire une nouvelle version de la vie de Jésus dans un des mes trips livresque, et là je vois ça, et je m'incline. Ça me rappelle mon accident, et comment je vois la vie simple depuis, et comment je vois comment on se la complique pour des petits riens. et me rappelle un style et une question d'un billet que je ne retrouve plus: Why do we never see him smile? donc un peu la même vue que ce dernier de Dieu et tout le toutim, la notion de progrès en plus.

mais d'autres dans la même veine:

http://souslesportes.blogspot.fr/2011/08/a-magical-ink-for-others-to-write-with_7642.html
http://souslesportes.blogspot.fr/2011/03/travelling-to-israel-and-some-sides-of.html
http://souslesportes.blogspot.fr/2011/01/egotantrism.html

Lien : http://souslesportes.blogspo..
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Ben Jones vit simplement : il est gardien sur un chantier et habite un immeuble où il est le seul blanc. Il aime boire jusqu'à l'ivresse, fréquenter les call-girls et les prostituées, et jouer aux jeux vidéo. Il a la trentaine et semble bien solitaire. Un jour sa vie bascule : un terrible et inexplicable accident de chantier qui normalement aurait du l'envoyer 6 pieds sous terre bouleverse à tout jamais son existence et celle de tous ceux qui vont le croiser ou le côtoyer.
Jones n'est pas son vrai nom, il est en réalité Ben Zion Avrohom, brebis galeuse d'une famille juive, martyrisé par son père, jeté dehors par son frère, seulement adoré par sa mère et sa petite soeur. de cet accident naîtra un autre homme, souffrant de crises d'épilepsie effroyables, touché par la main de Dieu aux dires de tous, aux propos mystiques, toujours en mouvement, en quête... et si c'était le Messie? Sauf que ses actes sont plutôt inattendus et offenseraient les plus pieux, il honore (au sens biblique) indifféremment hommes et femmes, n'est pas contre l'avortement et crée des communautés genre armée de l'ombre ou l'amour tous ensemble en pleine nature.
James Frey s'est imaginé ce que ferait le Messie débarquant à New-York de nos jours. C'est très irrévérencieux, drôle, caustique, et surtout merveilleusement bien raconté : à plusieurs voix, celles de ceux qui ont croisé le chemin de ce phénomène, chacune avec ses spécificités linguistiques, donnant ainsi au récit des intonations différentes et de la vivacité. Ce roman me rappelle celui de Christopher Moore "L'agneau" (sorti en 2004 chez Gallimard) qui imaginait la vie du Christ entre ses 12 et 30 ans dans un genre déjanté et ébouriffant.
Lien : http://lapetitesteph.blogspo..
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Le dernier testament de Ben Zion Avrohom/James Frey
C'est un bien curieux livre que je viens d'avoir entre les mains.
Le premier chapitre est déconcertant et surtout ne vous arrêtez pas à ce stade car le meilleur est à venir.
Et de déconcertant le récit va devenir surprenant et émouvant, instructif et brillant prenant de la hauteur, même lorsque l'intrigue gagne les « subways » new-yorkais.
Des réminiscences hugoliennes (Booz endormi) aux orgies gomorrhéennes à Central Park, on revisite l' humanité, engeance qui peut offrir le pire comme le meilleur. le chapitre de « Luc » est particulièrement évocateur autant que celui d'« Alexis » était bouleversant.. Et l'auteur ne se prive pas de stigmatiser un peu tout le monde par la bouche de chacun des personnages.
« Nous avons lu les journaux et regardé les nouvelles à la télévision, même si nous savions que ces médias étaient pleins de mensonges et de propagande, même si nous savions qu'ils étaient contrôlés par les Juifs et les homosexuels. » (Luc)
La Bible n'est pas épargnée ni les religieux de tout poil. « Il disait (Ben) que si tous ceux qui allaient à l'église ou au temple ou à la mosquée passaient tout ce temps perdu à baiser au lieu de prier pour des conneries, le monde serait pas prêt de finir. » (Paroles de Mariaangeles)
Et puis : « La religion : une magnifique supercherie. La plus vieille imposture de l'histoire de l'humanité…Les chrétiens sont des maîtres en la matière. Ils ont bâti des empires sur leur arnaque, assassiné, torturé et terrorisé littéralement des milliards de personnes… » (Ben cité par Judith). Judith dont le récit rappelle l'époque des hippies.
Au fil des pages, ce Messie nous apparaît cependant de plus en plus bizarre et le bon sens de Mariaangeles ne nous fait pas oublier les tendances de ce Messie fornicateur et polygame qui annonce l'Apocalypse.
Le discours de Marc a des accents nietszchéens indéniablement, et la vision d'ensemble du monde dans le quel nous vivons est foncièrement pessimiste.
En définitive, pour ce qui est de la forme, la performance originale de l'auteur est bien d'avoir su adapter un style différent pour chacun des témoins rapportant ce qu'il a vu : rien moins que le retour du Messie dans le New York d'aujourd'hui ! de très curieux évangélistes ou apôtres vont décrire leur rencontre avec Ben Jones, un Messie bien étrange je le concède, un homme qui en fait veut changer le monde mais découvre que sans le pouvoir il ne pourra rien changer sauf à attendre l'Apocalypse, qui ne saurait tarder.
In fine, un Dieu nouveau apparaît : « Nous ne sommes pas capables de saisir l'idée d'une chose qui n'a pas de limites et pas de fin. Et c'est là qu'est Dieu…Au delà de notre esprit. Au-delà de notre compréhension… Dieu est infini… »
Bien sûr on pourra critiquer certaines longueurs et répétitions. Mais l'ensemble de ce plaidoyer reste cohérent et passionnant.
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Gros coup de gueule pour la traduction française ! Il y a énormément de fautes d'orthographe, et le texte n'est même pas justifié ! Cela gâche clairement la lecture de ce beau roman. Pour parler de l'oeuvre en elle-même, James Frey signe un roman plein d'optimisme et de bonté dans son style si caractéristique.
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