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3,96

sur 1130 notes

Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Premier de cordée fait partie des livres que j'ai aimé relire à différents moments de ma vie. Ce n'est pas que cette fiction s'épaissit avec le temps, mais elle convoque chez l'amoureuse des cimes que je suis une foule d'images à couper le souffle.
La précision technique, les descriptions millimétrées, la souffrance dans l'effort ont toujours suscité une forme de révérence chez moi, notamment le récit de l'ascension de l'Aiguille verte passant par le Glacier d'Argentière, bien éloigné de celui que l'on pourrait faire aujourd'hui. Mais Roger Frison-Roche n'en fait pas un décor pour exploit sportif, il s'en sert pour un combat héroïque entre l'homme et la nature, exaltant le goût pour le mélodrame à tire-larmes et l'aventure humaine. En ces lieux où la présence de l'homme n'est pas prévue, ni même souhaitée, il fait de la montagne une arène naturelle « aux dimensions inhumaines », à laquelle ne peuvent s'y frotter que des hommes au coeur pur et au courage sans faille dotés des plus belles qualités, générosité et solidarité en tête. Dans cette oeuvre qui travaille sa matière comme un matériau noble, les guides de Chamonix sont glorifiés, leur légende célébrée avec ce roman véritable hymne à la vie, à ce qu'elle a de plus beau, l'amitié... Et ce n'est peut-être pas seulement parce que vie et mort fusionnent de manière parfois cruelle sur les hauts sommets. Roman de commande écrit juste après la signature de l'armistice de 1940, il loue de manière à peine voilée la quête d'absolu qui rend les individus toujours plus libres.

Au-delà de la tragédie au coeur de l'histoire, Premier de cordée peut susciter l'intérêt pour la belle carte postale pétrifiée qu'il offre de la paysannerie chamoniarde. La peinture naïve des personnages et les scènes champêtres vous transportent dans d'autres temps, même si le lyrisme d'antan dessine l'histoire avec des sentiments un peu trop nets.
Lecture dépaysante qui, malgré le froid glacial des cimes, offre une parenthèse chaleureuse.
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Si on fait des recherches pour trouver un roman traitant de l'alpinisme, on tombera rapidement sur ce Premier de cordée, en tout cas côté roman français. Un classique de la haute-montagne, et le mot n'est pas usurpé puisque le livre date de 1941. Et si l'expression qui donne son titre au livre existait avant sa sortie, il a totalement contribué à la populariser. Il est sans doute à la source de son utilisation de matière métaphorique à l'heure actuelle, pour désigner celui qui dirige et mène le cap... comme aime à l'employer notre président pour signifier qu'il est avant tout pour ceux qui mènent la danse... et l'escalade... Attention néanmoins à la chute, car Frison Roche nous le montre bien dans son livre, rien n'est sûr dans une cordée !

Un classique de la montagne écrit depuis Alger, c'est original. C'est moins incongru qu'il soit écrit par un alpiniste confirmé qui a pu ainsi puiser dans ses propres souvenirs. Et l'histoire nous le fait rapidement comprendre, on sent que l'auteur maîtrise parfaitement les termes techniques et qu'il n'a pas simplement fait des recherches dans les livres. le rendu de l'expérience est très réaliste et on est immergé tout du long dans la réalité des expéditions. On est néanmoins pas toujours noyé dans les termes trop précis puisque l'auteur sait aussi restituer l'émotion face aux magnifiques paysages ainsi que les us et coutumes des gens de la montagne.

A l'image d'un James Albert Michener qui avait su me faire comprendre, sans forcément le soutenir, la passion des toreros pour la corrida, Frison Roche nous invite à la folie de ceux capables de risquer leur vie pour aller planter un drapeau sur un pic inviolé ou même juste pour être les premiers à l'atteindre par un côté particulier. A la différence qu'ici c'est le plus souvent leur seule vie qu'ils risquent... Repousser ses propres limites, atteindre à la gloire dérisoire mais si grisante des sommets, c'est à tout cela que nous invite l'auteur.

Et pour cela il passe très rapidement par le drame, pour nous confronter immédiatement à la violence que peuvent représenter ces blocs figés de pierre et de glace. Même si figé n'est peut-être pas non plus le terme exact, quand on pense aux avalanches et aux glissements inexorables des glaciers. Les courts repos que les escales dans les gîtes offrent ne sont que des pauses avant de rejoindre l'étape toujours plus extrême qui suivra. Même les pauses bucoliques sont remplies d'affrontements bovins, toujours pour savoir qui sera la meilleure, à se demander si c'est l'homme qui imite la bête ou l'inverse parfois.

Au final, et comme souvent quand il se confronte à la nature, c'est une définition de ce qui fait son humanité que chaque être vient rechercher.
La deuxième partie, tout en réflexion sur le handicap physique et psychologique mis en parallèle, est très parlante et parvient à l'universel en abordant pourtant le monde très fermé des grands sommets.
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Pierre, promis à une vie d'hôtelier mais descendant de guide montagnard depuis des générations, se porte volontaire pour aller chercher le corps de son père en haute montagne. Celui-ci a été foudroyé alors qu'il tentait de secourir un touriste imprudent. Reste gravé en moi l'image de cet homme tué sur place et collé à la montagne comme faisant corps avec elle, gelé sur la roche.
C'est non sans mal que les hommes reviennent de l'expédition, et Pierre n'en sort pas indemne puisqu'il est atteint physiquement, mais pire que tout, il souffre du vertige mais se met au défie de guérir par la montagne et décide de devenir guide à son tour.
C'est alors une histoire de courage et de solidarité qui permet à Pierre de vaincre son mal.
Je garde en tête des images claires de l'environnement montagnard, des personnages si bien décrit, des combats de vaches... Frison-Roche à le don de nous prendre par la main pour nous entrainer avec lui dans les endroits les plus reculés par un style agréable et fin.
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Beau roman de montagne. Si on y retrouve la description de la grande inhumanité de la montagne; le style ne soumet pas le lecteur à un émoi ou à une tension qui est celle de la vrai montagne.
Le texte est cependant très riche de sa pauvreté d'effet de style; tout y est clair; pas d'idées ni de mots en trop. Un roman sain, agréable à lire, mais un tantinet enfantin.
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La montagne et les hommes , l'une est d'une beauté éclatante et dangereuse, les autres audacieux, courageux et un peu fou s'évertuent à la défier . Une histoire de gens de montagne, de Chamonix plus précisément, ceux qui vivent en bas et ceux qui grimpent.

Si on aime la montagne que l'on sache grimper ou pas ce classique ce lit comme du petit lait, paysages magnifiquement décrits, héros au caractère sombre, aventures, accidents, volonté, honneur ...

J'aime ces textes écrits avec "plein" de mots, ce vocabulaire riche réjouit mon oreille et mes yeux s'émerveillent de voir les paysages se dessiner . J'apprécie ces hommes de montagnes si proches des hommes de mer qui connaissent le danger et l'affrontent mais avec sagesse et les complicités tissées entre eux avec peu de mots mais en reconnaissant la valeur de l'autre... des hommes d'honneur .

Un roman que je devais lire depuis longtemps c'est chose faite et j'en suis ravie .
Lien : http://theetlivres.eklablog...
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On m'a offert ce livre alors que j'avais quatorze ou quinze ans.
J'habitais alors une vaste plaine, sans autres reliefs que les forets et quelques monticules locaux qui auraient fait rire bien des cyclistes...
Ce n'était pas encore l'époque où tout un chacun partait en vacances à la montagne (on dit maintenant "sport d'hiver", c'est bien plus plus classe et ça donne une meilleure conscience).
Autant dire qu'à cette époque, la montagne, et encore moins l'escalade, la varappe ou l'ascension ne m'étaient familières.

Et pourtant, cela a fonctionné. J'ai beaucoup aimé ce livre, le récit, l'expérience, le conflit, la notion de souffrance, de dépassement de soi étaient nouveaux pour moi, et j'étais en pleine découverte.

J'en retiens une leçon : J' ai arrêté de chercher ce qui va plaire à nos jeunes pour "être bien vu". Je n'ai jamais offert "Harry Potter", même si je ne pense pas de mal de cette production.
Mais je n'hésite pas à essayer de faire découvrir d'autres horizons, au risque de rater complètement mon coup.

Un très bon livre, qui existe ausi en version avec des photos magnifiques..


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1925 aux alentours de Chamonix. Jean Servettaz, guide expérimenté, est foudroyé au sommet du Dru. Son fils Pierre, qu'il destinait à être hôtelier afin de lui éviter les dangers de la montagne et de lui permettre une activité plus rentable, tient absolument à rejoindre la caravane de secours qui va récupérer le corps. Les conditions météo ne sont pas du côté des sauveteurs, Pierre tombe et l'équipe doit faire demi-tour. Dans cette chute spectaculaire, Pierre se fracture le rocher et en garde un vertige séquellaire. L'alpinisme est-il définitivement terminé pour Pierre et pour Georges à la Clarisse, le porteur qui s'est démené pour ramener sain et sauf le client de Jean, en y laissant ses pieds?
La première fois, Frison-Roche m'avait emmenée dans le Sahara avec L'esclave de Dieu et l'ado que j'étais à l'époque avait adoré ce voyage ! Ici, on change d'environnement au profit de la haute montagne. Les personnages ne sont pas moins courageux que René Caillié. On sait que l'auteur était féru d'alpinisme et il transmet très bien cette attirance qu'il a pour ces expéditions. Dépassement de soi, résilience, solidarité animent les humbles héros de ce roman palpitant.

Challenge XXème siècle 2022
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J'en avais tellement entendu parler... mais jamais lu. Je n'habite pourtant qu'à quelques kilomètres de Chamonix. Ce livre nous permet de jeter un autre regard sur la vie des guides. En fait, je l'ai plus lu comme un livre d'aventures, à la fois physiques (et les difficultés sont très bien rendues) et humaines (le groupe des guides). et c'est beau. On voit que cela date un peu.... mais la puissance de la montagne reste la même.
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lecture qui remonte à ma jeunesse et que je conseille à tous les amoureux de la montagne qu'ils soient alpinistes, skieurs, raquetteurs ou simples randonneurs contemplatifs.
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Un grand classique de la littérature consacrée à l'alpinisme. L'histoire racontée par Frison-Roche est exemplaire, peut-être même moralisatrice. Jean Servettaz, guide de haute montagne à Chamonix, est foudroyé pendant une course. Son fils Pierre, parti à la recherche du corps de Jean, fait une chute qui lui laisse de graves séquelles: il devient sujet au vertige. Ce handicap compromet évidemment sa volonté de devenir guide à son tour. Mais il parviendra à surmonter cette difficulté.

Un beau récit, qui célèbre l'univers de la haute montagne et surtout donne des lettres de noblesse aux alpinistes, courageux et solidaires. Très jeune, j'ai vu le film (la scène de la mort de Jean m'avait beaucoup impressionné alors), puis j'ai lu le livre. Quelques années plus tard, j'ai retrouvé le même esprit avec G. Rebuffat, non dans un roman, mais dans des livres de témoignage qui m'ont beaucoup influencé.
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