Une petite ville du Texas au bord du désert, attend désespérément, entre deux tempêtes, le retour de la pluie. Une famille sans histoire : Papa et Maman pensent qu' Abilene et Austin, leurs deux enfants entre adolescence et âge adulte, sont ce qui leur est arrivé de mieux.
« Tout ce que je veux, je l'ai sous les yeux. Chaque jour. Je n'ai pas besoin d'aller chercher plus loin. «
Et donc, il ne leur est pas arrivé grand-chose… Face à cette vie aimante mais médiocrement ordinaire, les deux jeunes gens opposent leur fraternité symbiotique, une relation fusionnelle basée sur le base-ball, l'espoir d'un monde meilleur passant par des rêves de championnat et de « match parfait».
Mais peu à peu, les excentricités d'Abilene tombent dans l'excès, mettent mal à l'aise, et là où Austin s'obstine à ne voir que l'expression du caractère unique et extra-ordinaire de sa soeur, les adultes se mettent à parler de trouble bipolaire. Alors que Papa et Maman veulent désespérément continuer à croire en leur credo.
Voilà, il y avait tous les ingrédients pour un excellent roman, un peu hors du commun, un paysage brûlant pour une ambiance torride, une relation fraternelle farouche avec tous les espoirs de l'adolescence, et la maladie qui vient brouiller les cartes, des arrières-pensées de faute, de trahison et d'abandon. Une symbiose qui devient incommunicabilité.
Mais… Mais… Il faut attendre la page 150 pour lire dix lignes de suite où on ne parle pas de base-ball et ça, c'est déjà une lourde épreuve. Et puis
Pete Fromm fait le choix d'un récit totalement factuel : outre des matchs de base-ball, des lancers, des entraînements, il enchaîne des dialogues, des faits, des gestes, des trajets. Et des dialogues encore, parfaitement juste, sans un mot de trop, tirés au cordeau, sans un poil qui dépasse, jamais, pour mieux dire l'inexprimable. Pas d'émotion, pas de ressenti, pas la moindre chose qui voudrait donner l'impression qu'on risquerait de tomber dans le pathos. L'écartèlement des personnages est si fort qu'il n'a pas droit à des mots. Cela m'a donné une impression de carcan, de malaise, de fuite en avant, qui correspond sans doute au ressenti des personnages, mais m'a tenue à distance, malgré certaines scènes très touchantes. Autant j'avais aimé la légèreté et l'humour de Indian creeks, autant j'ai été rebutée par la rigueur en lame de couteau de
Comment tout a commencé. Comme s'il se méfiait de cette histoire si complexe et douloureuse, lui refusait une sensibilité, lui imposait une rage, alors qu'elle aurait gagné à un peu de simplicité et de douceur. Douceur qui apparait par moments, chez les parents . A force de vouloir brûler son lecteur,
Pete Fromm a fini par me glacer.