L'humour permet à l'âme de prendre ses distances vis-à-vis du corps, de voir ses problèmes avec recul, de cesser de se prendre au sérieux. Il ne dilate pas que la rate, il ouvre aussi le cœur et épanouit l'âme. Mais, de toutes les émotions positives qui sont des qualités propres à l'âme -l'amour, la joie, l'admiration, l'étonnement,la paix-, c'est l'amour qui est le plus puissant guérisseur.
On s'en souvient, c'est le domaine du cœur qui rayonne à travers tout l'être et le guérit de ses désordres. Quand on aime vraiment, on sait rire de soi et de ses drames, et quand on sait rire, on aime naturellement - les autres, soi-même et la vie!
Nous mourons parce que c'est la loi naturelle de tous les corps vivants, une loi qui n'a rien à voir avec la religion ou la conduite morale: c'est aussi naturel que le coucher du soleil ou la marée qui se retire;par conséquent, mourir ne devrait pas être considéré comme un désastre, un échec ou un malheur, mais plutôt comme lalibération de l'âme qui passe enfin de l'ombre à la lumière.
On meurt pour enfin vivre sans souffrance, sans regret et sans la lourdeur du corps - dans une liberté et une créativité sans fin.
La vie est bien faite: tous les corps sont soumis au dépérissement progressif, alors que la vie qui les anime -l'âme-s'épanouit,s'instruit et se libère à même les épreuves du monde physique,quittant ensuite son véhicule lorsque celui-ci a joué son rôle. Et pourquoi voudrait-on demeurer dans un corps souffrant et limité,alors qu'on est promis à une vie de liberté sans corps et sans souffrance,
dans la lumière, la joie et la créativité sans arrêt?
La tragédie n'est pas tout d'abord un événement: c'est notre façon de regarder un événement particulier qui fait qu'on est touché au cœur et emporté par la peine. La tragédie est un cocktail de trois choses:la peur, l'imagination et l'ignorance. En effet, c'est parce que nous ne croyons qu'à l'existence terrestre que nous vivons drames et tragédies.
Cette croyance engendre peur et fabrication de choses terrifiantes.Mais cette façon de voir n'est pas fatale, seulement elle est encouragée par toutes les idées à la mode, par les préjugés scientifiques et le manque de vision des religions traditionnelles. Il suffirait d'élargir nos visions, d'agrandir nos ho rirons juste un peu, pour commencer à voir autrement et, par conséquent, souffrir beaucoup moins.
Il est certes plus désirable de vivre dans le plaisir, le succès et l'abondance, mais on avance beaucoup plus à travers les privations,les déceptions et les revers de la vie. Et c'est seulement en souffrant que l'on peut comprendre ceux qui souffrent, c'est-à-dire tous ses semblables, alors que si on a très peu souffert, on devient impatient,dur et exigeant - peut-être moins humain -, devant les malades, les faibles et les moins doués.
Commentaires de Placide Gaboury sur un livre publié par les éditions Québecor.