Ce commentaire concerne l'adaptation de
Coraline en bandes dessinées par
Philip Craig Russell.
Coraline est une jeune demoiselle dans la phase pré-adolescente qui vient d'emménager avec ses parents dans une jolie demeure subdivisée en 4 appartements dont 1 inoccupé. L'histoire se passe peu de temps avant la rentrée des classes et la jeune demoiselle s'ennuie car ses parents sont préoccupés par leurs propres activités et qu'ils ne disposent que de peu de temps à lui accorder. Un jour d'ennui,
Coraline se rabat sur la porte de communication avec l'appartement voisin inoccupé. Cette porte a été murée, mais voilà que ce jour elle s'ouvre sur un passage bien mystérieux. de l'autre coté,
Coraline rencontre un double de sa mère et un double de son père qui lui proposent de s'installer définitivement de ce coté où tout est plus conforme aux souhaits de
Coraline. Cette dernière refuse et rentre chez elle pour découvrir que cette autre mère a réussi à capturer ses parents. Elle doit donc repasser de l'autre coté pour les retrouver.
Coraline est à la base un roman (que je n'ai pas lu) de
Neil Gaiman paru en 2002. Il a fait l'objet d'une adaptation en film (
Coraline que je n'ai pas vu) et de la présente adaptation en bandes dessinées. Ce qui m'a attiré dans cette bade dessinée, c'est la collaboration entre
Neil Gaiman et
Philip Craig Russell, 2 grands noms des comics.
Comme d'habitude les illustrations sont exquises. Russell sait donner à chaque personnage une identité visuelle spécifique grâce à quelques traits tous simples et très précis.
Coraline ressemble vraiment à une jeune fille posée et bien dans sa tête. Et les autres personnages restent longtemps présents dans votre mémoire : que ce soient les 2 charmantes vieilles dames, ou les autres parents, ou le chat. Sa capacité à évoquer les intérieurs de la maison comme les différents endroits du jardin tient du surnaturel. En quelques traits très minutieux apparaissent sous les yeux émerveillés du lecteur une pièce arrangée avec des meubles anciens, une allée de jardin entretenue, etc. Russell sait comment montrer chaque personnage pour qu'il soit à la fois réaliste et à la fois délicat et fragile comme un être humain. On peut quand même lui reprocher de s'être souvent contenter de cases avec un visage ou un buste, sans aucun décor.
Il convient également de souligner le travail nuancé de Todd Klein (le lettreur) qui effectue un travail tout en délicatesse, sans jamais jouer sur le registre pyrotechnique. Cette remarque s'applique également à la mise en couleurs effectuée pas
Lovern Kindzierski. Elle a recours à une palette de couleurs délicates (bannissant toute couleur criarde) et elle utilise parcimonieusement un ou deux effets infographique pour soutenir une texture de plancher ou de papier peint.
À la lecture du résumé, le lecteur comprend vite que
Neil Gaiman a souhaité écrire son "Alice au pays des merveilles" et qu'il fait traverser une sorte de miroir à son héroïne pour qu'elle découvre ce qui se cache de l'autre coté. J'avais bien conscience avant de lire cet ouvrage qu'il a été écrit pour un jeune public. Toutefois, l'adulte que je suis constate avec regret que cette histoire de double et de dépassement de ses peurs est très superficielle. Contrairement aux contes pour enfants et à Alice aux pays des merveilles, ce conte souffre de n'offrir qu'un niveau de lecture le plus souvent, et deux de temps en temps, ainsi que de la pauvreté de son imaginaire. La dimension psychanalytique des contes de fées est ici presque complément absente. Et ce 'est pas une incursion tardive dans le pays des rêves (cher à Morpheus, un autre personnage de
Gaiman) qui met en perspective les épreuves de l'héroïne, ce passage est aussi anecdotiques que les autres.
Des mêmes auteurs, je vous recommande plutôt The Sandman: The dream hunters ou
Les mystères du meurtre, qui sont également 2 adaptations de textes de
Neil Gaiman par
Philip Craig Russell.