J'ai pourtant l'habitude des romans de
Claudie Gallay qui me plongent dans une profonde mélancolie. Mais là, j'en ai été surprise, je ne sais pas pourquoi.
L'autrice prend la parole pour un jeune garçon de 10 ans (bientôt 11 !) qui vit avec ses deux parents dans une maison au bord d'une carrière qui menace de s'écrouler. Les journées se passent entre l'école, où il ne récolte pas de bonnes notes, la maison, où il n'est pas toujours bien traité par ses deux parents, et la ferme de ses grands-parents, où il prend soin des animaux. Au fur et à mesure, la carrière s'effrite de plus en plus, et une partie du terrain sombre dans un trou… Métaphore parfaite de la vie du petit garçon, qui s'effrite elle-aussi, entre violences verbales, psychologiques et physiques, et hypersensibilité.
Le récit prend la voix du garçon, exactement telle qu'elle pourrait être : il énonce des faits, parle avec son vocabulaire, évoque des sentiments qu'il ne comprend pas toujours. Je me suis beaucoup identifiée à lui, étant une grande sensible moi aussi. On a envie de le prendre dans nos bras, de le rassurer.
Le petit garçon vit une grande perte des repères. A la maison, ses parents ne sont pas à l'écoute : quand il ne va pas bien, qu'il ramène des mauvaises notes, leur fils devient un problème à régler bien plus qu'une petite âme à guérir. L'instituteur, qui subit les foudres de la mère du petit, ne peut (ne veut ?) donc pas vraiment l'aider non plus. Il a un copain, Paulo, qui est présent mais ne le comprend pas forcément. Ses débuts dans l'amour sont chaotiques eux aussi, puisqu'il s'est épris de la soeur de Paulo, de trois ans son aînée ; mais celle-ci ne peut que lui renvoyer un peu d'attention maternelle. Enfin, sa maison est au bord du gouffre, sur le point de basculer dans la carrière. S'il n'y avait les grands-parents, les animaux, le petit n'aurait donc rien à quoi se raccrocher. J'ai donc vécu ses jours à la ferme de la même manière que lui, comme de grands bonheurs !
Le roman nous contraint à attendre l'effondrement complet de la maison dans la carrière et en même temps la remontée de a pente pour la famille. Des espoirs que la mère finisse par consoler son fils, qu'elle joue avec lui ; que son père prenne sa défense ; que l'instituteur le prenne sous son aile. L'histoire est très poétique mais l'empathie que j'éprouve pour le personnage m'a rendue d'une tristesse qui colle à la peau !
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