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Rentrée littéraire 24 août 2017

Madrid-Bogota. Il est temps pour Juana et le Consul (déjà apparus dans un précédent roman de S. Gamboa), et pour Manuela, de retourner en Colombie. Les deux premiers, qui viennent de se retrouver après s'être perdus de vue pendant des années, croisent la route de Manuela, jeune poétesse venue étudier la philologie dans une université de Madrid. Si Manuela écrit des poèmes, c'est parce que c'est une question de survie. La poésie et la littérature l'ont sauvée d'une enfance violentée et d'une adolescence intoxiquée à toutes les substances illicites ayant cours à cette époque en Colombie. Un témoignage recueilli par le Consul auprès d'un prêtre colombien, ex-paramilitaire aujourd'hui emprisonné en Espagne, permet à Manuela de retrouver la trace de son bourreau. Avec l'aide du Consul, de Juana et de Tertuliano, prédicateur argentin illuminé et violent, qui se prétend le fils du pape François, elle va poursuivre sa vengeance jusqu'à Cali et Bogota.
De flash-backs en confessions, ce roman choral retrace le parcours chaotique de Manuela, qui cherche à se libérer de son passé. L'ombre d'un cinquième personnage plane sur cette quête, celle de Rimbaud, le génial poète, l'homme aux semelles de vent qui n'a jamais cessé de marcher et de voyager, à la recherche du succès, de la fortune, peut-être d'un foyer et de lui-même.

Quelques jours après les attentats de Barcelone et de Cambrils, il est troublant de constater à quel point ce roman s'ancre dans l'actualité. Sur fond de prise d'otages à l'ambassade d'Irlande à Madrid par un commando djihadiste, le thème du retour et de la quête d'une vie meilleure y est central. Si ces dernières décennies ont vu de nombreux Colombiens et d'autres Sud-Américains émigrer en Europe pour fuir la violence et la pauvreté, ils sont également nombreux aujourd'hui à constater que cette Europe part en vrille et que sa forteresse prend l'eau à coup de bombes et de crises économiques. Beaucoup décident donc de retourner vers le « nouveau » monde, dans une Colombie pacifiée, purgée de ses cartels et de ses révolutionnaires, dans laquelle le pardon fait désormais office de valeur-refuge.
Roman sombre et poétique, où violence et amour se frôlent, « Retourner dans l'obscure vallée » nous parle de recherche d'apaisement, de liberté et de beauté. Et nous dit que le seul endroit où les trouver est peut-être la littérature.

En partenariat avec les éditions Métailié.
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Ils sont cinq , le consul, Manuela ,Juana, le prêtre Palacios et Tertuliano à avoir fui l'Amérique du Sud , principalement la Colombie. Cette Colombie en guerre , sans espoir de vie accomplie. ils ont choisi l'Europe , l'Allemagne ou l'Espagne mais aussi l'Inde pour le consul. L'herbe est toujours plus verte dans le pré d'à côté.
Aujourd'hui, la Colombie en a fini avec la guerre, quand l'Europe est en train d'en finir avec son modèle démocratique . L'heure du retour ?
L'histoire débute à Madrid par une prise d'otages à l'ambassade d'Irlande par un groupe islamique. le Consul qui vient d'arriver de Rome à la demande de Juana est en train d'écrire une biographie sur Rimbaud.

Quel livre ! Il y a tellement de choses à dire.

Tout d'abord, il y a un fil rouge, la vie d'Arthur Rimbaud, qui extirpée du livre ferait une biographie conséquente. Le poète français a comme nos héros longtemps cherché une terre d'accueil pouvant le combler. Comme nos héros, il a une vie foisonnante , "borderline " pourrait on dire.

Au delà des histoires personnelles des différents protagonistes, toutes aussi bluffantes les une s que les autres permettant de dresser une portrait dur de la société colombienne mais aussi européenne , il y a dans ce livre le désir omniprésent du retour aux sources. Cet appel du lieu de l'enfance qui en fait un lieu unique et addictif. le questionnement des personnages du livre , leur foi en la vie et leur conviction à atteindre leur but, comme Rimbaud , éclabousse de classe ce grand livre.

Une fabuleuse découverte, posant clairement, entre autre, l'avenir de l'Europe et la fin de sa main mise sur le monde en terme d'idées politiques et de démocraties.Pour l'économie , on le savait depuis longtemps !
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En exergue du roman, il y a une phrase de William Blake : « L'homme devrait travailler et s'attrister, apprendre, oublier et retourner dans l'obscure vallée d'où il est venu pour reprendre sa tâche. »
Gamboa écrit le roman du desexil. le monde a été parcouru, les migrants ont gagné l'Europe, ils y ont travaillé, vécu, n'y ont pas trouvé le bonheur; alors pourquoi ne pas prendre le chemin du retour ?
Le retour est le grand thème de la littérature, Ulysse n'en finit pas de hanter la culture. Ulysse a mis tellement de temps pour revenir chez lui qu'il s'apparente au migrant honteux, non plus héros auréolé de gloire mais vieux soldat fatigué qui a plus perdu qu'il n'a gagné.
Mais pour revenir, encore faut-il savoir où se niche l'obscure vallée. On est du pays de son enfance, dit Gamboa, et le retour est possible quand des parents vous ouvrent les bras. Mais où aller quand l'enfance a été saccagée?
Car avant l'Odyssée, Homere a raconté l'Illiade. L'autre grand thème de la culture, c'est la violence, collective ou individuelle, et jamais proscrite. Ulysse n'en a jamais fini avec la guerre: contre les dieux, contre les prétendants de sa femme, il ne cesse de combattre et le retour n'est jamais synonyme de paix.
Les personnages de Gamboa errent à travers les pays et les continents. Leurs routes finissent par se rencontrer et ils se rejoignent pour un destin commun, dans un monde à feu et à sang où la Colombie a fugitivement semblé être un havre de paix. Mais la rencontre n'est pas seulement physique : les personnages revivent aussi les interrogations et les épreuves d'Arthur Rimbaud, l'enfant sans père, l'adolescent violé, le poète ignoré, le voyageur impénitent, l'homme des illuminations et d'une saison en enfer, le mourant mutilé.
Dans la Colombie où a été signée la paix entre FARC et gouvernement, faut-il pardonner ?
Que faire des salauds qui tuent doublement, armés d'un fusil et de leur sexe?
Et où revenir? Peut-être à Harar qu'Arthur voulut rejoindre jusqu'au dernier moment malgré sa fièvre et sa gangrène.
Arthur Rimbaud, premier migrant européen, pour qui le voyage fut non pas un hobby exotique mais l'expérience même du déclassement, la volonté sans cesse avortée de refaire sa vie, Arthur Rimbaud n'a pas rejoint Harar.
Les personnages de Gamboa, l'enfant, la poétesse, l'amoureuse et le journaliste (mais pas le mutilé) iront eux jusqu'en Éthiopie. Pour l'écrivain, le retour est une question littéraire. Une question littéraire doit avoir une réponse littéraire : peut-être que le seul endroit où l'on puisse vraiment retourner, c'est la littérature.
« Jusqu'à 19 ans, Rimbaud a écrit de la poésie ; ensuite, jusqu'à sa mort, il a vécu poétiquement, explique Gamboa dans une interview. En lui, je vois la beauté, l'Ulysse contemporain, l'archétype de cet homme qui ne croit plus au projet civilisateur de l'Occident et qui cherche un monde nouveau. Quand Rimbaud est parti, après la guerre de 1870 et la Commune de Paris, tout un continent était en crise, à la recherche d'un nouveau visage. Exactement comme aujourd'hui. Quand Pablo Neruda a reçu le prix Nobel, il a cité cet extraordinaire vers de Rimbaud : « … nous entrerons aux splendides villes ».
Et si nous ignorons où sont nos vallées obscures et nos splendides villes, nous pouvons toujours entrer dans ce roman furieux comme le monde, énigmatique comme le mythe, et apaisant comme la littérature.
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Ce que j'ai ressenti:…Marcher dans l'ombre de Rimbaud

« Je suis quelqu'un dont personne ne s'attend à ce qu'il existe ».

Poète de génie et vagabond dans l'âme, suivre les traces de Rimbaud, c'est un peu comprendre ses textes, la puissance de ses mots, le vertige de ses frasques…En toile de fond, sa vie et son oeuvre, comme inspiration et une jolie invitation au voyage…On parcourt dans ses lignes les routes européennes, on s'éloigne en Afrique, on se retrouve en Colombie…Santiago Gamboa nous éclaire les chemins sombres de la haine, en tournoyant dans les recoins obscurs des intérieurs humains ravagés, mais qui nous fait la grâce d'y mettre toute une poésie lumineuse, grâce à une plume d'une sensibilité étonnante…Un grand moment de lecture, tout en multiples références littéraires, hommage aux poètes français et respect envers les plus grands textes…

Quand l'ouragan de la réalité rencontre des âmes fracassées et nous font Retourner dans l'obscure vallée: la Poésie, comme catalyseur à la violence, le dernier rempart face au souffle venteux du fanatisme, ultime bouclier contre l'obscurantisme…Pour ceux qui sont sensible à son chant, cette invitation est un flux de remous contraire d'émotions fortes qui sublime tout en beauté, mais malmène ses plus grands adeptes de cette forme de création…On sent que c'est un art qui se mérite, qui prend au coeur, qui, presque, déchire les âmes qu'Elle emprisonne dans des tourments intenses…Santiago Gamboa a saisi toute la fureur qui anime ces artistes, toute cette vibration au son des mots et, bien souvent, le fatal tourbillon qui en résulte…

"Il y a dans la poésie un besoin d'absolu , un appel mystique qui donne à la réalité un certain éclat symbolique, car Rimbaud voulait passionnément croire en quelque chose. Son unique foi était la poésie, donc devait se dilater et donner toutes les réponses. Il avait déjà perçu qu'elle lui permettait une curieuse alchimie: transformer les souffrances et la pourriture de la vie en un métal précieux."

J'ai été sacrement bouleversée par deux des personnages dans ce roman. Manuela, et sa façon de vivre la poésie et Tertuliano, et sa façon de voir le monde. Leur parcours est tellement jonché de violences, qu'il nous faut apprivoiser cette haine qui entoure leurs esprits, essayer de comprendre leurs souffrances, se confronter à leurs cheminements intérieurs…Et de ce fait, le lecteur devient plus actif car, poussé vers une réflexion plus profonde, il y a comme un devoir de mémoire devant ce passé hanté par le terrorisme et les guerres. Ce sont des passages très difficiles, mais heureusement, que ces blessures vont guérir avec le temps et qu'elles ont connues Les Illuminations des poètes: pour ne plus jamais tomber dans les pièges de l'intolérance et que la puissance de leur génie créatif traverse les siècles pour ne jamais oublier cet élan d'espoir qu'ils sont allé chercher aux fins fonds d'eux mêmes, après Une saison en enfer

« L'oubli est aussi nécessaire que l'espoir, mec, seul celui qui oublie peut croire en quelque chose et aller de l'avant. »

C'est une lecture toute en intensité, cet écrivain a le talent fou de nous envoyer un vent d'émotions fortes, tout en intelligence…Tout ce que j'adore et ce que je recherche en fait, et ici, on est servi quant à ces attentes…Ce livre, c'est redécouvrir Rimbaud,( et d'ailleurs, relire sa poésie, pendant cette lecture, est un plaisir immense,) mais ce livre c'est aussi une incroyable aventure humaine qui mène un quatuor de personnages vers un rêve, un désir fou de voyage, un port d'espoir…L'ombre d'une liberté sans limites…

"Si au bout du chemin il n'y a rien, qu'est-ce qui peut éclairer le coeur d'un homme?"

Un coup de coeur littéraire d'une rare intensité, et un auteur que je m'empresse de noter dans mes futures découvertes tellement l'énergie et l'intensité de ses écrits m'ont captivée…



Ma note Plaisir de Lecture 10/10

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Après ma déception littéraire de "Ayacucho", j'ai continué mon incursion dans les auteurs sud-américains car je ne suis pas rancunière et ce roman avait été stabiloté sur ma liste de ceux que je voulais découvrir.

Un peu d'appréhension tout de même, chat échaudé craignant l'eau froide.

Appréhensions vite balayées car j'ai pris du plaisir avec ce roman, même avec les passages parlant de Rimbaud, alors que je ne suis pas très poétesse.

L'auteur avait un art de présenter ses différents personnages que durant la moitié du roman, j'ai lu avec avidité leurs parcours respectifs, tous les 3 différents dont on pense que jamais ils ne se rencontreront.

Enfin, 4 parcours si on ajoute Rimbaud qui se trouve toujours en toile de fond et à ce sujet, j'ai appris pas mal de choses sur son parcours, sa vie, son oeuvre. On était à la limite de l'autobiographie et sur la fin, j'ai atteint ma limite avec Arthur.

Gamboa a ancré son roman dans la réalité de notre époque, celle des prises d'otage, des groupes islamistes, des égorgements pratiqués par ces tristes sires, celles des migrants, des crises politiques, des inégalités qui se creusent.

Le récit polyphonique (ou choral) nous offre une vision du Monde plus large, selon les points de vue des personnages et chacun ayant des choses à nous apprendre, nous raconter, le temps s'écoule à une vitesse folle et le rythme de lecture est élevé.

Faisant le grand écart entre l'Espagne et la Colombie, la moitié du récit est intéressant, intriguant puisque l'on aimerait savoir si ces trois personnages aux antipodes l'une de l'autre vont un jour voir leurs routes se croiser car entre le Consul, Manuela et Tertuliano, il n'y a quasi rien en commun, si ce n'est la Colombie.

♫ Ils voulaient revoir la Colombie ♪ cette terre de violence, de guérilleros, d'attentat, de meurtres, de cartels, d'assassinats, d'exécutions… Bref, pas le genre d'endroit pour aller au Club Med.

Comme je le disais, durant la première partie, l'ivresse littéraire était à son comble, mes yeux n'en pouvaient plus de découvrir la plume de l'auteur, les sujets abordés, les vies de ses personnages (surtout celle de Manuela, ma chouchoute) et puis, un peu après la moitié du récit, lorsque le Consul sort de l'hosto après son « accrochage », j'ai décroché lentement mais sûrement.

Ça a commencé par mon esprit qui se distrayait pour la moindre mouche qui passait, par le moineau sur la branche, par mon PC installé non loin et les conneries que le Net peut offrir quand ça ne "passe" plus en lecture…

Je me trouvais comme lorsque, étudiante, j'en avais marre de réviser et que je n'arriverais plus à engloutir la matière.

Puis les symptômes se sont aggravés : plus moyen de rentrer dans le récit, impossible de suivre les péripéties de Rimbaud ou du Consul ainsi que des autres protagonistes, saut de paragraphes, saut de pages.

Juste une envie, arriver à la fin en évitant l'overdose ou l'indigestion afin de ne pas gâcher le plaisir que j'avais ressenti lors de cette première moitié du récit.

Malgré tout le talent de l'auteur, à un moment donné, c'était devenu trop long. Cent pages de moins et le roman décrochait la palme d'or, mais c'est 100 pages en trop qui le coule totalement.

Lien : https://thecanniballecteur.w..
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Le colombien Santiago Gamboa a déjà signé plusieurs romans d'excellente facture, Perdre est une question de méthode, le syndrome d'Ulysse, Nécropolis 1209, par exemple, mais il s'est surpassé dans Retourner dans l'obscure vallée, d'une ampleur, d'une intensité et d'une ambition narrative peu communes. Ce roman polyphonique, où trois récits semblent tracer leur route sans devoir se croiser, les fait finalement converger dans un final époustouflant correspondant à une vengeance assez horrible, il faut bien le dire. Mais on devrait plutôt dire quatre récits car plusieurs chapitres, à intervalles réguliers, racontent la vie d'Arthur Rimbaud, de façon très vivante et bien peu scolaire, évidemment. Cette évocation du poète n'est pas gratuite car elle a des résonances dans la vie des personnages de fiction de Gamboa et encore davantage dans le dénouement du livre. Alors que l'Europe devient chaos (terrorisme, crise économique, inégalités croissantes), les protagonistes de Retourner dans l'obscure vallée, le Consul (double de l'auteur), son amie Juana, Manuela, à l'enfance et à la jeunesse martyrisées, et Tertuliano, le philosophe messianique, vont revenir en Colombie, pays de la violence, désormais pacifiée et devenue la contrée du pardon. Assez souvent politiquement incorrect, très violent et cru par instants, le livre réussit avec virtuosité une impossible synthèse entre des intrigues très rocambolesques et un réalisme lucide dans la vision de notre monde décadent, sans parler de son hymne à l'un des plus grands poètes du monde. Un livre en fusion, dans tous les sens du terme, et étonnamment apaisé malgré le bruit et la fureur qui le traversent de part en part.
Lien : https://cin-phile-m-----tait..
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Les éditions Métailié publient toujours des belles pépites, uniques et originales. Voici une de leurs merveilleuses sorties de la rentrée littéraire : Retourner dans l'obscure vallée.

A l'image de la couverture et du titre, ce roman est magnifique. Chaque fois que je lis un roman de cette maison d'édition j'ai l'impression de découvrir un univers à nul autre pareil, des personnages d'une richesse incroyable, des intrigues authentiques et extraordinaires, un style sublime. J'ai expérimenté encore une fois ce sentiment avec ce roman.

Nous sommes ici dans un roman d'anticipation qui exacerbe les problématiques contemporaines, les thématiques actuelles sont donc au coeur de ce livre : les crises ont changé le paysage social, le terrorisme guide les choix de chacun, la peur est omniprésente... J'ai aimé voir ce monde au travers de la plume de Santiago Gamboa et via les yeux de protagonistes inoubliables sublimés par la narration en forme de roman choral.

Dans ce livre tous les personnages sont essentiels, importants, uniques; j'ai tout particulièrement adoré Manuela du fait de son rapport aux mots, au livre qui lui sauve d'une certaine manière la vie malgré son innocence perdue. Ils sont tous émouvants, ils ont tous une histoire propre vraiment passionnante et ils sont hors du commun à leur manière. C'est un monde presque apocalyptique où la poésie sert de lumière, de guide, d'espoir à ce périple mené par les héros du livre.

En définitive, un roman sublime et magnifique qui saura rester en vous pendant longtemps...

Lien : https://leatouchbook.blogspo..
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Voilà un livre dans lequel j'ai eu beaucoup de mal à entrer. Je me suis néanmoins accrochée car il m'intéressait mais j'ai failli abandonner plusieurs fois... et pourtant, c'est un livre qui a le mérite d'être lu.

Ce roman polyphonique met en scène plusieurs personnages aux histoires et à la vie bien différentes. On croise ainsi Manuela, qui écrit des poèmes pour "cicatriser" une enfance bien douloureuse, Tertuliano, personnage sombre et violent qui se prétend être le fils du pape et le Consul, qui, en attendant la visite d'une vieille amie, suit et tente de comprendre la violence du monde. Et au milieu de ces personnages, nous est racontée l'histoire d'Arthur Rimbaud.

Moi qui aime tant les romans à plusieurs voix, j'ai vraiment eu du mal à entrer dans celui-ci. Peut-être est-ce parce que j'ai eu du mal à faire le lien entre ces personnages et leurs histoires ou alors du fait que n'ayant pas lu le précédent roman de l'auteur dans lequel apparaît certains personnages, il me manquait des éléments. Toujours est-il que j'ai bien failli en abandonner la lecture. Seul le personnage de Manuela, a, au début, vraiment retenu mon attention. il aurait cependant été dommage de ne pas terminer cette lecture.

Jalonné de violence, ce livre est aussi un hymne à la poésie à laquelle il rend un bel hommage. C'est dur, sombre et violent et pourtant il y a dans ce livre la recherche de la paix et de la liberté.

Un livre qui m'a parut tout d'abord difficile à lire mais qui fut loin, en définitive, de me laisser indifférente.

Lien : http://tantquilyauradeslivre..
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Chronique complète à lire sur le site.

Santiago Gamboa écrit à la fois le chaos du monde, la solitude au milieu du tumulte, la rage qui dort en attendant la vengeance, la violence qui naît et ne meurt jamais, trouvant toujours un coeur abîmé à empoisonner et des veines où se propager. Retourner dans l'obscure vallée incarne à la fois la violence de notre monde et l'incandescence d'une vie, celle de Rimbaud.
Lien : http://www.undernierlivre.ne..
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Voilà un roman qui dans un premier temps déroute, tant les multiples chemins qu'il emprunte semblent a priori divergents.

Le Consul attend, dans une chambre d'hôtel madrilène, la visite de Juana. Il n'a pas hésité une seconde lorsque cette dernière lui a laissé un message lui donnant rendez-vous dans la capitale espagnole. Seulement, cette vieille amie dont il n'avait pas eu de nouvelles depuis plusieurs années tarde à se manifester. En attendant, il arpente les rues de la ville, et suit à la télévision les manifestations ininterrompues de la violence d'un monde dont il tente de décrypter les maux : un commando se revendiquant de Boko Haram a pris d'otage l'ambassade d'Irlande à Madrid, les rives nord de la Méditerranée se jonchent des cadavres de ceux qui ne verront pas cet Eldorado qu'ils ont tenté d'atteindre au prix de leur vie...

Ce grand voyageur, également écrivain, finalise par ailleurs le projet d'une biographie de Rimbaud.

Manuela Beltran, par l'intermédiaire d'un journal qu'elle rédige à l'attention d'un certain docteur, évoque son enfance violentée, et le passé dont elle veut se libérer. Elle a élevé la poésie comme un rempart contre la brutalité du monde, un chemin par lequel elle expulse, avec une sensibilité intense et obscure, les traumatismes qui l'entravent.

"Retourner dans l'obscure vallée" nous fait également croiser la route de Tertuliano, prédicateur psychotique se prétendant le fils du pape Benoît, qui expose en une vibrante logorrhée l'idée d'une justice nourrie d'héroïsme guerrier et sa volonté de rendre au monde sa pureté ancestrale, ou encore celle d'un prêtre ayant fui la Colombie après avoir été impliqué dans les sanguinaires mouvements paramilitaires d'extrême-droite créés pour combattre les guérilleros de gauche.

Les routes de ces personnages vont se croiser, pour certaines se rejoindre, autour d'un sombre projet de vengeance.

Cet enchevêtrement de destins, placés sous l'égide du poète aux semelles de vent dont nous suivons par intermittences les révoltes, les inspirations et les fuites en avant, est porté avec une parfaite maîtrise. le roman de Santiago Gamboa est à la fois limpide, complexe et profond.

Il plane sur l'ensemble l'omniprésence d'une violence inique, inhérente au monde, et qui pénètre avec plus ou moins de force, à un moment ou un autre, l'existence et l'intimité des personnages. Les inégalités et les antagonismes entre riches et pauvres, entre nord et sud, semblent avoir atteint un paroxysme, ou du moins deviennent plus concrets aux yeux des privilégiés, dont le paradis capitaliste subit la menaces des exclus que la misère et un dernier espoir jettent sur les routes... Mais n'est-ce pas là l'histoire éternelle de l'humanité, que d'être en mouvement, par curiosité de l'au-delà, ou parce que la survie en dépend, nomadisme dont Rimbaud est ici érigé en symbole ?

Au milieu de ce chaos, dans lequel se débattent tant bien que mal ses héros, "Retourner dans l'obscure vallée" se veut un hommage à la poésie, rempart contre la médiocrité et la violence, expression magnifiée et libératrice du désespoir.

A lire.
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