AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
3,81

sur 141 notes
5
1 avis
4
6 avis
3
7 avis
2
1 avis
1
0 avis
Je recidive. Apres vous avoir induit a entrer dans la grande hacienda de Garcia Marquez par la petite porte du colonel, je vous propose aujourd'hui d'y penetrer par une autre porte derobee, celle de la grande meme.

C'est un recueil de nouvelles publie quelques bonnes annees avant son fameux siecle de solitude. On y voit poindre deja le legendaire bourg de Macondo, on remarque une apparition furtive d'Aureliano Buendia, et au moins une des nouvelles est deja teintee d'un realisme magique de bon augure. Mais pas toutes.

Le titre du recueil est prometteur et trompeur en un seul et meme temps. Les funerailles dont il est question dans la nouvelle eponyme ne sont pas tristes, elles sont au contraire un grand moment de liesse populaire, mais nombre d'autres nouvelles peuvent laisser au lecteur sinon une impression poignante, un arriere-gout un peu amer. Elles mettent toutes en scene l'enorme differenciation, l'abime qui separait en ces villages d'Amerique Latine la majorite des habitants, a la faim endemique, des quelques puissants qui s'etaient accapares tous les pouvoirs et toutes les richesses. Les pauvres, fatalistes, sont accules a voler des vetilles, et, attrapes, ils sont battus a mort ou carrement tues, moins comme punition que comme une facon de semer la terreur, d'assoir l'emprise, la totale domination des “caciques" hierarchiques. Alors ils se vengent comme ils peuvent: un dentiste sans diplome trouve une excuse bidon pour arracher une dent au maire du village sans aucune sorte d'anesthesie et “sans rancoeur, plutot avec une tendresse amere, il lui dit : — Vous allez payer ici vingt de nos morts, lieutenant”; tout un autre village (ou le meme? Macondo?) ignore les funerailles et plus tard la veuve d'un nanti, du petit “cacique" du coin. Toutes ces petites vengeances trouvent leur apotheose dans les funerailles de la Mama Grande. Elles sont pompeuses, a l'echelle nationale et meme mondiale (le pape y assiste!), signe d'une omnipotence qui asservissait toute une region, mais le peuple en fait une fete, au lendemain de laquelle tout est saccage, noye sous les bouteilles, les megots, les os ronges et autres restes de bouffe, les defecations et les flaques d'urine. Une grande dalle de plomb empeche la Grande Meme de ressortir de terre et le menu peuple peut enfin respirer un air moins malsain.

Cette oeuvre de jeunesse relative est empreinte deja de la conscience sociale qui caracterisera Garcia Marquez (et qui l'amenera a s'impliquer politiquement avec le regime castriste de Cuba). Mais sans trop d'acrimonie. Ses attaques aux depredateurs sociaux sont transmises par une satire ou tout est demesure, transcende. Chaque personnage, chaque action, en devient mythique. Et son style, colorie comme un perroquet, comme un ara de l'Amazonie colombienne, fait que chaque page est malgre tout source de plaisir, de pure jouissance. Ce n'est qu'une fois le livre ferme que le lecteur peut estomper son sourire et s'abandonner au message, qui, lui, n'est pas gai du tout.

Alors encore une fois: ce petit recueil est a mon avis une des meilleures portes pour entrer dans l'oeuvre de Garcia Marquez. Presque par infraction. Une fois dedans on pourra se sentir plus a l'aise pour visiter les grands salons de son imposante “hacienda”, les salons des amours choleriques et des morts annoncees pendant cent ans.
Commenter  J’apprécie          554
J'ai écouté les funérailles nationales de la Grande Mémé à la radio sur mon vélo. Qu'est-ce qu'elles m'ont fait suer ! Seule la convocation du pape m'a fait lever de mon guidon sur lequel je m'avachissais comme une vieille tortilla car je mesurai soudain l'exploit que fit le Saint Père pour traverser la forêt amazonienne en gondole. Fausto Coppi sur un pédalo n'eût pas fait mieux. A part ça j'ai pédalé interminablement dans ce petit bourg dévasté de chaleur pendant neuf jours et j'ai prié, prié-é avec tous les villageois pour qu'on enterrât enfin la Vieille tyranique et increvable María del Rosario Castañeda y Montero qui , depuis quatre-vingt douze ans, trônant dans son rocking-chair en lianes, les asservissait de jour comme de nuit mais il me fallut encore pédaler et pédaler encore avant que le gouvernement ne se décidât enfin à promulguer un exceptionnel décret rantanplan permettant au Président de la République rantanplan de se joindre au Souverain Pontife rantanplan , c'est fait la Grande Mémé est enterrée, on peut enfin rouler tranquille sur les immondices de la grand place et se partager le magot. Je rends l'antenne ! Ici Macondo. A vous les studios.
Commenter  J’apprécie          4110
" Los Funerales de la Mama Grande " fut ma première rencontre avec la littérature latino-américaine. C'est grâce à ce grand écrivain colombien que j'ai pris goût à cet univers assez particulier, où il est nécessaire, je crois, avant la lecture de s'affranchir de certaines limites habituellement fixée (les figures de styles fétiches de l'auteur en témoigneront).

La nouvelle éponyme n'est pas la meilleure du recueil - à mon humble avis - mais elle est très représentative du style de l'auteur.
Pour commencer, l'histoire, assez improbable se présente comme une chronique d'un enterrement d'une vieille et énorme femme qui é régné comme un tyran sur sa hacienda. Mais bien sûr elle n'était que l'héritière d'un système qui durait depuis plusieurs générations. Ce qui distingue la Grande Mémé (pur produit d'une famille consanguine à l'extrême) , c'est le zèle avec lequel elle a joué son rôle de tyran du domaine, ce qui explique qu'on décrète un deuil national.

Ce qui m'a frappé dans le sylve de l'auteur ce sont d'abord toutes les anecdotes et personnages historiques qu'il fait intervenir dans son histoire, accentuant ainsi un peu plus l'aspect grandiloquent et hyperbolique de son récit (comme si ç'avait été nécessaire). L'humour de Gabriel Garcia Marquez a aussi une saveur très particulière, dont je n'ai (jusqu'à présent) pas trouvé d'équivalent chez d'autres auteurs latinos. Et puis il y a les personnages, très colorés et complètement délirants, les énumérations qui ont l'air de ne jamais s'arrêter, et quand l'auteur en fini une, c'est pour en commencer une autre.
La vie quotidienne au village faite de superstitions et de bigoteries catholiques qui jurent avec le côté insouciant des habitants et leur propension à profiter de la vie assis "sur un tabouret contre la porte de la rue et à raconter " des histoires.

Une ambiance colorée, bruyante et foisonnante à découvrir !
Commenter  J’apprécie          360
Un recueil de nouvelles pour tous les amoureux des livres de Garcia Marquez
Je parle à tous ceux qui lu tous les grands livres du romancier colombien.
Vous retrouverez dans ce livre cette ambiance particulière et cette écriture colorée qui culmineront dans Cent ans de solitude
La meilleure nouvelle est pour moi la dernière qui donne son titre à l'ouvrage:Les funérailles de la Grande Mémé, personnage charismatique et haut en couleur, comme les aime Garcia Marquez
Un «  petit » livre qui ravira les nostalgiques des grandes envolées du prix Nobel colombien et de son réalisme magique
Commenter  J’apprécie          270
Les funérailles de la Grande Mémé est probablement la nouvelle la plus connue de Gabriel Garcia Marquez. Publiée cinq ans avant son roman le plus célèbre, Cent ans de solitude, elle marque en effet l'invention d'un style que l'on appellera le réalisme magique et qui est vu comme la marque de fabrique des auteurs d'Amérique du Sud, comme l'arbre cachant la forêt.
Mais il serait dommage de résumer ce recueil à cette seule nouvelle qui le clôt. Les autres nouvelles sont certes de valeurs inégales (du moins je les ai appréciées à différents degrés), mais c'est une lecture plutôt agréable. J'ai eu l'impression de voir un écrivain en début de carrière s'essayant à différents styles et faisant ses gammes.
Commenter  J’apprécie          160
Les deux nouvelles les plus longues, vers la fin du recueil, sont un avant-goût de ''Cent ans de solitude'', publié 5 ans plus tard. le lieu de Macondo est nommé, et on y retrouve la fantaisie et l'extravagance qui caractérisent le célèbre roman, sans toutefois en atteindre les sommets, vu l'exiguïté du format. Elles sont savoureuses, et plus particulièrement la nouvelle titre. le reste des nouvelles, au nombre de 6, sont d'un style plus sobre et ordinaire. J'ai admiré ''Un jour comme les autres'', très brêve mais diantrement efficace pour illustrer un pays miné par les dissensions. Les autres sont de petits récits de vie de gens paumés, avec la psychologie des personnages me semblant souvent révélée par litote. Elles sont moins palpitantes mais elles savent capter l'attention et sont construites avec talent.
Commenter  J’apprécie          100
Gabriel Garcia Marquez et moi on est pas très en phase, j'avais abandonné Cent ans de solitude, livre que je n'avais pas du tout apprécié. Je me suis dit "allons tentons des nouvelles, au moins c'est court". J'ai donc laissé une seconde chance à ce prix Nobel. Et j'ai été moyennement convaincue. Il y a tout de même du rythme et certaines nouvelles sont plutôt agréable à lire. J'ai parfois décroché et du relire plusieurs fois le même passage, je crois que le style ne me convient tout simplement pas....
on retrouve des noms du fameux roman ainsi que le village de Macondo.

Bref pas une lecture mémorable mais tout de même beaucoup agréable que ma précédente tentative. Il me reste un autre livre dans ma PaL, à voir de quel côté il fera pencher la balance.
Commenter  J’apprécie          100
On retrouve dans ce livre tout l'imaginaire de Gabriel Garcia Marquez. En 8 nouvelles, l'auteur nous décrit un monde passif où rien ne se passe... Ou plutôt, où beaucoup de choses abracadabrantes se passent, mais elles ne semblent pas avoir beaucoup d'importance sur la vie.
Commenter  J’apprécie          100
Parfois étrange toujours onirique une succession de Nouvelles à découvrir que l'on aime Garcia Marquez ou pas.
Commenter  J’apprécie          80
Si on me demande de citer une oeuvre du grand Gabriel Garcia Marquez, je dirais : Cent ans de solitude. C'est le livre qui a rendu célèbre l'auteur colombien. Pourtant, avant ce roman, l'univers de Macondo était déjà existant à travers des nouvelles des années 50 et 60, que le recueil dévoile. Sept nouvelles où Marquez construit le petit monde de Macondo, avec ses personnages et ses détails. Je n'ai pas encore lu le roman mais ce recueil me permet de me familiariser avec Macondo, ses habitants singuliers et surtout la chaleur omniprésente qui tourmente les habitations et le lecteur aussi.
La sieste de Mardi relate la visite d'une mère et sa fille dans le village, pour convoquer un prêtre. Motif ? Celui-ci a été tué lors d'une tentative de cambriolage et elles veulent le voir, or les choses ne se passent pas comme prévu... le deuil et le ressentiment hante les lignes, et on suit une petite famille qui vient se recueillir pour un mort. Bref, court, mais triste.
Un jour comme les autres où comment une visite chez un dentiste se transforme en jour de vengeance... une critique de la guerre civile et la politique militaire alors en cours au temps de Marquez, dans une ambiance tendue.
Il n'y pas de voleurs dans ce village, des boules de billards ont été volées et un noir est accusé du vol. Or, Damaso, le vrai voleur, commence d'éprouver de la culpabilité et décide de les rendre. Première nouvelle où on a une trace du fantastique (un chat étrange qui apparaît dans des événements précis), où les conséquences du vol ainsi que le racisme sont dénoncés tout comme le machisme de certains individus.
Le merveilleux après-midi de Balthazar, plus léger que les autres nouvelles, un menuisier construit une merveilleuse cage admirée de tous, et veut l'offrir à un enfant... où comment être plus généreux et altruiste.
La veuve Montiel, où on fait connaissance avec une femme récemment veuve et qui ne comprend pas pourquoi le village manifeste tant de haine à son époux. On finit par comprendre la raison (méritée hélas) de cette rancoeur et on voit avec tristesse la déchéance d'une honnête femme incapable de voir la violence et la culpabilité de son mari. Une nouvelle qui interroge sur la mort mais aussi sur l'amour porté à une personne dont on ignore les crimes, avec encore une fois le ressentiment d'un village.
Un jour après le samedi, plus longue que les autres, où des oiseaux meurent de manière inexplicable dans le village avec trois personnages liés par une curieuse histoire de temps. C'est dans cette nouvelle que l'univers de Macondo s'esquisse réellement, on retrouve le nom et le réalisme fantastique, et le temps et la solitude.
Les roses artificielles, une grand-mère aveugle devine le secret de sa petite-fille. Une nouvelle sur l'amour fini et le chagrin qu'on dissimule mal, sur les secrets, mais aussi sur le paradoxe de l'aveugle qui voit.
Les funérailles de la Grande-Mémé qui donne le titre du recueil et qui est la meilleure d'entre toutes. Grande-Mémé, une matriarche impitoyable et tyrannique qui forçait les membres de sa famille aux mariages consanguins et dirige d'une main de fer ses terres est morte. Très vite, le pays puis le monde est concerné par cette nouvelle, le pape va même s'y rendre pour les funérailles ! Une nouvelle amusante et féroce sur le pouvoir autoritaire des Etats et de l'Eglise avec un humour subtil mais corrosif en même temps. C'est également dans cette nouvelle que le village s'appelle Macondo et que les Buendia sont mentionnés...
Un recueil agréable et qui permet de me faire entrer dans Macondo, avec le style simple mais fluide et fantastique de l'auteur. de plus, je l'ai lu en version billingue, et c'est meilleur en version originale (en plus d'améliorer mon niveau d'espagnol). Des nouvelles intéressantes à lire.
Commenter  J’apprécie          60




Lecteurs (357) Voir plus



Quiz Voir plus

Quiz sur Cent ans de solitude de Gabriel Garcia Marquez

Comment s´appelle la famille dont l´histoire est contée dans le roman

Buenos Dias
Buendia
Bomdia
Banania

8 questions
679 lecteurs ont répondu
Thème : Cent ans de Solitude de Gabriel Garcia MarquezCréer un quiz sur ce livre

{* *}