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Pour les points positifs, j'ai trouvé ici un sujet qui s'annonce passionnant ; un personnage principal, Sébastien Armant, très bien décrit ; une torture morale vraisemblable ; une écriture agréable, comme dans les autres livres de François Garde que j'ai lus.

Le personnage secondaire le plus travaillé est peut-être M. Magnard, via notamment cette phrase qui décrit sa situation : "Le lendemain, de retour de courses, je croisai et saluai M. Magnard, notre voisin du quatrième. Cinq ans plus tôt, alors qu'il était veuf depuis peu, la mort de son fils unique dans un accident de moto avait bouleversé tout l'immeuble. Il venait parfois goûter chez nous les dimanches de pluie. Mes efforts de pâtissier amateur l'amusaient - ou plutôt, par politesse et convention, sociale, il feignait l'amusement. Aucun sentiment d'aucune sorte ne semblait pouvoir l'atteindre, et chacune de ses réactions ne semblait dictée que par la force des usages." Et plus tard dans le texte, il est l'un des seuls qui tient des propos d'une justesse étonnante et d'une sobriété très mature face à l'événement. Il est peut-être le seul qui a le recul qu'il faut avoir face à ce qui arrive à Sébastien Armant.

Il est par contre étonnant que Sébastien Armant, homme sensé et pertinent, se laisse autant attraper par les mailles du filet médiatique, et ne cherche pas plus tôt une porte de sortie à sa situation. Il trouve un divertissement - plateaux de télévision, émissions de radio, conférences, etc. - dans une situation dont, intimement, il sait qu'elle est risquée et dont il récuse la nature. Mais peut-être que même cela est contemporain, et montre une sorte d'absence d'assomption, comme lorsqu'on aime se décrire victime d'une condition que par ailleurs on savoure.

Pour les points négatifs, je trouve que l'enchaînement des situations est peu vraisemblable, que le motif de Louis Craon est trop simpliste, et que la chute est décevante. On comprend facilement la thèse de l'auteur, certes, il met en exergue la machine infernale du monde médiatique à la recherche de ramdam, de buzz et, une fois épuisé le potentiel étonnant d'un événement, abandonne ses protagonistes. Mais le récit donne trop d'importance au geste de Louis Craon, qui, on ne le découvre qu'à la fin, n'a rien d'une conviction, n'est pas étayé par une réflexion politique ou philosophique, mais est plutôt, une sorte de petite rébellion ponctuelle supportée par un ras-le-bol sans engagement. On aurait attendu un Louis Craon intelligent et subtile qui conduise à distance les conséquences de son geste, ou un Louis Craon regrettant son acte, et se morfondant, ou encore une fin totalement ouverte. Mais on trouve au lieu de cela un Louis Craon fade, peu convainquant.

Je conseille plutôt aux lecteurs un autre texte de François Garde : Roi par effraction, qui décrit les derniers jours de Joachim Murat. Ou sa marche à Kerguelen.
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Deuxième livre de cet auteur que je lis, le premier m'avait plu même si le sujet avait été traité avec beaucoup plus de force et de charisme par un autre auteur. Mais le souvenir de lecture était suffisamment agréable pour me donner l'envie de lire un autre livre de lui. Ce livre ci partait bien une intrigue prenante, virevoltante. le style au départ fluide sert l'histoire. Et puis tout cela s'essouffle, s'affadit, le style devient ampoulé et l'histoire un peu convenue. On en devine presque la fin... malgré tout la dénonciation des dérives de notre société de communication est intéressante avec les jeux de pouvoir des hauts fonctionnaires également. Au-delà de 350 pages j'aurais été agacée
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Je ne sais pas si vous êtes amateur de propos sur la musique. Mais, même si ce n'est pas le cas, vous apprécierez l'écrin dans lequel l'auteur a placé son alto ... (son alter ego ?). D'entrée, vous êtes pris au milieu de l'orchestre, simple altiste du rang dans la fosse, placé sous la férule d'un chef réputé et implacable. Tout au long de ce roman épatant, vous suivrez le musicien et son orchestre, puis, de loin en loin, son trio et son élève. Voilà pour le cadre.

Alors que vous pensiez passer un agréable soirée à l'opéra, l'interrogation principale ―enveloppée par la suite dans une intrigue quasi policière―, va surgir brutalement dès les premières pages et ne vous lâchera plus. Vous aller assister, au milieu d'une description acérée du monde de la communication , de la politique et du business, au délitement d'une vie professionnelle.

Mais le principal n'est pas là. le personnage central réfute instinctivement une agression outrancière qui ne lui était pourtant pas spécifiquement destinée. Qu'aurions-nous fait, nous lecteurs ? L'enchaînement dramatique (et un peu exorbitant) de réactions sur lesquelles le héros n'aura pas prise, nous conduit à rechercher avec lui la signification de tout cela.

L'orgueil face à la modestie, l'anonymat face aux vedettes, la machinerie médiatique contre la discrétion et, finalement, le mépris qui l'emporte sur la haine : un bon moment de lecture.
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Deux autres ouvrages lus de cet auteur "Ce Qu'il advint du sauvage blanc", une sorte de anti Robinson Crusoé assez réussi, et "Pour trois couronnes", plus laborieux pour moi. Donc, c'est avec enthousiasme que je découvre ce roman, plus ancré dans notre monde mais mon avis est mitigé.
Un altiste, Sébastien Armant lors d'un concert, se lève et tourne le dos au chef d'orchestre, Louis Craon, qui vient de faire le salut nazi en guise d'introduction. Ce geste provoque l'effroi chez l'altiste et la stupéfaction pour les autres qui suivent alors son mouvement. Dès lors se déchaîne un emballement médiatique, tel que ceux que l'on connaît de façon récurrente. Sébastien devient l'homme incontournable, invité de toutes les émissions et dont le geste va prendre une allure de manifeste alors qu'il est plutôt instinctif au départ. Sébastien, flatté et dépassé, se perd dans cette grosse machinerie, ses plus infimes impressions et sentiments sont décortiqués et c'est assez réussi et crédible. Je ne compte pas raconter l'intégralité car il y a une fin mais on peut assez rapidement deviner l'effet de balancier qui va frapper l'altiste.
J'ai beaucoup apprécié cette plongée dans ce tourbillon effrayant qui affecte Sébastien et la présentation fine et ciselée de ce qu'il ressent. Mais, on s'enlise un peu et on attend une révélation ou quelque chose, tout comme Sébastien, et on reste sur sa faim.
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François Garde, L'effroi - 2016

Le salut nazi d'un chef d'orchestre réputé au début d'un concert entraîne la réaction d'un altiste qui, dans un geste spontané et senti, lui tourne le dos. Et voilà la gloire et les dérives de celui qui devient le héros d'un jour. Un geste et notre vie peut basculer...

Malgré quelques petites longueurs, il est intéressant de voir le travail des médias et des enquêteurs dans cette histoire. Pourtant, je suis restée sur ma faim. J'aurais aimé un peu plus de tonus dans le style et les motivations des personnages. Mais peut-être est-ce cela un geste qui dérive et une réalité qui reprend ses droits une fois le tumulte passé.
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Une histoire contemporaine.Opéra de Paris.Mozart.Cosi fan tutte. Un chef d'orchestre mondialement connu fait de façon incongrue et incompréhensible le salut nazi avant de commencer le concert . Un des musiciens, altiste brillant mais anonyme, se lève tourné le dos et refuse de jouer. À partir de cette entame, comment écrire un vrai roman en évitant tous les lieux communs.J'étais curieux de lire François Garde sur un terrain bien éloigné du remarquable Ce qu'il advint du Sauvage Blanc, roman savoureux et original .
Un bon point:le roman se lit très facilement.Comment la vie de cet altiste va se modifier à partir de son geste de refus perçu comme un acte de résistance.Comment l'entourage familial et personnel bien tranquille va être bouleversé par le maelström médiatique et politique ainsi créé
Bien sûr, tout cela m'a semblé un peu factice , l'analyse psychologique est intéressante, l'analyse politique un peu simple
Il reste ,malgré ces défauts, un roman plaisant mais qui ne marquera pas l'histoire de la littérature
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Héros malgré lui et pour le temps- ô combien compté- de l'actualité médiatique, Sébastien Armant se retrouve tel un pantin malmené par les communicants, les politiciens, le show biz, les gens... Son effroi de l'instant vécu ne fait que grossir au regard de la vie de reclus qu'il lui faudra mener après avoir été exposé outrageusement dans les médias de masse. On notera la présence des prénoms composés pour tous les personnages peu sympathiques de ce roman. Un beau récit de François Garde.
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Un mardi 20 Avril, la première de "Cosi fan tutte", jouée à l'Opéra de Paris sera retransmise simultanément à la télévision. La fébrilité est à son comble : la direction de l'orchestre sera assurée par Louis Craon, l'un des rares Maestros français renommé dans le monde entier pour ses magistrales interprétations de Mozart. Tandis que dans le public on s'autorise les derniers toussotements, dans la fosse les musiciens se préparent, s'accordent, puis le silence tombe avant l'arrivée du chef d'orchestre.
Sébastien Armant, archet levé attend le signal. C'est alors que le Maître se figeant dans un impeccable garde à vous, lève lentement le bras droit et s'exclame avec force et solennité : "Heil Hitler".
Tout le monde l'a distinctement entendu. Sébastien aussi. Passés les premiers instants d'effroi, il se lève dans un silence de plomb, se saisit de son instrument qu'il place sous son bras, et déterminé à manifester son opposition, tourne le dos au maestro, suivi après quelques secondes d'hésitation par les autres musiciens, et pour finir par les spectateurs eux-mêmes.
Tout cela sous l' oeil des caméras qui n'ont cessé de filmer.
Très vite, Sébastien devient un héros malgré lui. Mais dans ce lieu feutré qu'est l'opéra avec ses codes et ses conventions, sa rébellion spontanée met à jour et bouscule les rivalités et le carriérisme des uns et des autres (directeur, ministre de la culture, chargée de communication....), où chacun joue sa partition sans trop se préoccuper de celle des autres. Si tout ce petit monde se presse et se télescope autour de Sébastien tant que son aura bénéficie à "l'entreprise Opéra", ce sera pour mieux se détourner de lui dès que son éphémère célébrité sera passée ou devenue trop encombrante.
Sébastien Armant (avec un T qui aura toute son importance), instrumentiste sans histoire n'écoutant que sa conscience, subira douloureusement cette notoriété aussi soudaine qu'imprévue. Quand sa surexposition médiatique mettra en danger non seulement sa vie professionnelle mais également sa vie familiale on ne lui pardonnera pas d'avoir occupé un court laps de temps une place qui n'était pas la sienne : le devant de la scène, et non celle dévolue aux musiciens d'orchestre : la fosse, terme ici, ô combien chargé de sens.
L'originalité du roman, au style enlevé, tient surtout au fait qu'il se déroule dans le milieu mystérieux et prestigieux de l'Opéra. François Garde nous montre l'envers d'un décor dont le spectateur ne voit que la mise en scène : les choristes, solistes, et émergeant de la fosse d'orchestre, le Maestro, mais cette fois-ci, c'est des invisibles de la fosse que viendra "la sédition", mais à quel prix pour l'initiateur audacieux. Ce livre se lit d'une traite, jouant sur des registres drôles, dramatiques, caustiques, voire absurdes. Bref tout l'art de François Garde dont j'apprécie les récits.
J'ai également bien aimé celui-ci, bien qu'ayant trouvé certaines situations un peu convenues, mais je lui préfère les atmosphères plus singulières de ses autres romans notamment "Ce qu'il advint du sauvage blanc" et "Pour trois couronnes".
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Cercle littéraire
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Lors d'une représentation retransmise à la télévision, le chef d'orchestre fait le salut Nazi. Un altise se lève et lui tourne le dos dans un réflexe indigné.

De ces premiers instants télévisés, le livre suit la lente descente du musicien, enivré par sa soudaine renommée, apeuré par des menaces néo-nazies, déstabilisé par des pressions professionnelles, abandonné par le reste de l'orchestre et dépassé par les sur-interprétations de son geste, ne trouvant du réconfort qu'au sein de sa famille. A cet instant, sa vie avait basculé.

Un style magnifiquement maîtrisé dans une construction chronologique qui suit la chute et le désarroi d'un homme emporté dans l'élan de son effroi.
Lien : http://noid.ch/leffroi/
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