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3,69

sur 102 notes

Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Une aventure improbable : traverser Kerguelen du nord au sud. Une aventure de vingt-cinq jours que François Garde relate d'une plume très agréable.

Vingt-cinq jours de vent, de pluie, de froid à traverser un paysage austère fait de rocailles, de souilles, de lacs, de rivières où il faut tracer sa voie car ces terres sont vierges.

Vingt-cinq jours à passer de fjords en éboulis, de moraines désertes en manchotières grouillantes de manchots et d'éléphants de mers indifférents.

Vingt cinq jours où le paysage est toujours le même et toujours changeant, baptisé des noms les plus divers et dont on se demande bien pour qui.

Enfin vingt-cinq jours partagés à quatre dans une tente pour trois, peinant sous le poids de sacs de vingt cinq kilos, où Michel Garde décrit admirablement le spectacle fascinant de ces Terres Australes en nous faisant partager les pensées profondes qui le traversent.

Une pérégrination qui cependant ne lui apporté ni sagesse, ni philosophie, car il n'en demandait pas tant et parce que Kerguelen ne se laisse pas conquérir.
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François Garde a été administrateur de l'une des Terres Australes et Antarctique sFrançaises (TAAF) durant les années 2000. il avait l'administration des Iles Kerguelen dans l'Océan Indien à 2 000 km du Continent Antarctique. Durant son mandat il vint une dizaine de fois sur les Iles Kerguelen. Il lui restera une nostalgie pour ces Iles du Bout du Monde.
et c'est tout naturellement qu'il reviendra sur Kerguelen pour un trek de 24 jours.
Pour cela il sera accompagné de Mika alpiniste et photographe , de Bertrand ancien officier de marine et photographe et de Fred alpiniste et patron de l'unité de haute montagne de Chamonix.
A quatre avec 25 kgs chacun sur le dos ils vont traverser Kerguelen du Nord à l'Ouest et au sud.
Mika et Bertrand vont relater cette marche à travers leur site photos.
Pour Mika sur Latitudes Nord et sur Flickr
Pour Bertrand sur son blog www.linstantinne.com/
François Garde lui va tenir un journal de cette longue marche jour après jour.
Marcher à Kerguelen nous relate ce journal
C'est un journal simple , plein d'humilité mais ô combien représentatif de cette marche et de l'état d'esprit de ces quatre marcheurs.
Il faut dire qu'il y a besoin d'une grande humilité devant Kerguelen.
Île battue continuellement par le vent et non les vents.
Île aux mille lacs , rivières et cascades
Iles aux souilles , aux falaises de basalte
Iles de la pluie et de la neige.
Et François Garde de nous raconter cette marche en reprenant régulièrement cette litanie : vent - neige -pluie- humidité-col-falaise - souille....
Cela aurait pu être répétitif. Sachant que toute les pages François Garde nous abreuve des noms des lieux qu'il traverse. Par-ici la Baie de L'oiseau, ou le lac de Rochegude. un peu plus loin le couloir Mangin ou le Val du Retour. Et puis encore des noms sortis de nulle part :le fjord des Portes Noires, la baie de Chimay, la vallée de la Mouche, la cabane Mortadelle, ou encore la péninsule Raillier du Baty sans oublier le Grand Rempart , le Petit et le Grand Ross.
Et bien au contraire cette énumération de vaux, de cabanes , de lacs , de montagnes, de fjords nous emmène dans la marche et dans l'intérieur de Kerguelen.
Bien que les hommes aient eu besoin de nommer pour se reconnaître , pour prendre la propriété des Iles Kerguelen , celles -ci restent un territoire inhabité , à découvrir et hostile à la vie humaine.
Cette longue marche confronte ces quatre hommes à cette réalité.
La vie humaine ne s'installe pas sur Kerguelen hormis la base scientifique de Port aux Français.
A l'inverse la vie naturelle explose : l'eau , le ciel, les nuages , les éléphants de mer, les manchots royaux, les pingouins gorfou, mais aussi les pétrels ,les skuas, les goélands .
Des tentatives d'implantation des hommes il reste des rennes , des chats de rats. Ceux ci conquièrent l'intérieur des terres de Kerguelen alors que la faune originelle reste sur les plages et au abords de l'Océan car c'est là qu'il y a la vie.
Et puis il y a ces paysages que nous imaginons : Ces falaises de basaltes ruisselantes d'eau dans lequel le vent vient s'engouffrer. Ces longues vallées souilleuses et spongieuses , le vert tentant d'éliminer le gris. Ce ciel bas avec dans la brume les langues glacières.
Dans son journal François Garde nous raconte tout cela , mais il nous raconte bien plus .
Il nous raconte la marche. Il nous raconte le vent , le vent de l'Esprit. Il nous raconte nos rêves.
Extrait page 233 : "Les trésors de Kerguelen ne sont ni monétisables ni exploitables. cette île n'a jamais enrichi personne. Tout ce que la nature donne à profusion reste sur place. Un seul produit d'exportation : le rêve -le rêve décliné n souvenirs, en désirs, en timbres, en nostalgies, en images, en contemplations. de ce fret là, je me revendique négociant."
C'est un beau livre sur la recherche de nos rêves mais aussi sur la recherche de soi.
A la fin de la lecture , se confronter au photos de Mika ou de Bertrand donne une autre couleur à ce journal. Les couleurs sombres qui dominent durant la lecture prennent un éclat extraordinaire.
Ventus est vita mea
C'est inscrit sur la Chapelle Notre Dame du Vent à Port aux Français.
Le Vent est ma vie.

"il faut le silence des vents au dehors pour être attentif et présent au Vent de l'Esprit "François Garde.



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Marcher à Kerguelen, est le récit de la traversée à pied de cette île se situant aux confins des 40èmes rugissants et faisant partie des terres australes et antarctiques françaises.
Un périple de quelques trois semaines et demies, mené quasi en autarcie par 4 marcheurs invétérés.
Ce récit alterne descriptions des paysages, de parcours, de difficultés mais aussi réflexions diverses sur l'équipe et digressions quasi philosophiques.
Un récit que j'ai pris le temps de lire sur trois semaines aussi, un hasard ? Plutôt un cheminement au diapason des protagonistes de cette aventure.

Un beau récit qui m'a fait rêver, qui m'a transporté dans des contrées inhospitalières et, à l'arrivée, un beau moment d'évasion comme je les aime!
Les magnifiques photos agrémentant cette très belle édition sont un régal et participent pleinement au plaisir de la découverte à distance!

Reçu dans le cadre d'une Masse Critique, merci à Babelio et aux Editions Gallimard pour cette dépaysante découverte...
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Il est des noms magiques qui fascinent et entretiennent le rêve éveillé tout au long d'une vie. Kerguelen est de ceux-là.


François Garde, énarque, a été administrateur supérieur des Terres australes et antarctiques françaises. Avec trois compagnons, il a réalisé en 2015 la traversée à pied du nord au sud de l'île. le livre est issu des notes prises lors de cette expédition de vingt-cinq jours en milieu hostile.


le plaisir que l'on tire de la lecture d'un compte-rendu de voyages ne vient pas tant de la description des paysages traversés que des réflexions que le voyage lui-même inspire à l'auteur. C'est ainsi que je conserve un très agréable souvenir de "Immortelle randonnée, Compostelle malgré moi" de J.-C. Rufin ou, pour une référence plus ancienne, des "Lettres d'Italie" du président De Brosses.


Alors Kerguelen ? Vent, froid, pluie, neige, épreuve physique : impressionnant, mais pas surprenant compte-tenu de la réputation de cette terre désolée et isolée. La description du terrain fera probablement passer à plus d'un l'envie d'aller vagabonder sur ces 7 000 km2 sans un arbre autre que mort, situés à plus de 3 000 km de la Réunion (la terre la plus proche) ; elle en surprendra beaucoup par l'incroyable toponymie de ce territoire où personne ne réside durablement.


La description de la vie partagée entre les quatre protagonistes est bien rendue : l'euphorie des premiers jours fait que "dans ce décor étranger à toute idée de civilisation et de civilité, et comme pour s'opposer à lui, fleurissent des courtoisies d'ambassadeur, des égards importés du salon de Madame Verdurin" ; mais cette euphorie est suivie en fin de parcours par la tension née de la fatigue accumulée et du comportement d'un des membres du groupe qui, parce qu'il emprunte un itinéraire différent sur lequel il risque de se perdre, les met tous les quatre en danger.

"Kerguelen est une île d'avant Caïn" : "aucun homme n'y a péri de la main de son frère". François Garde réfléchit sur la solidarité et l'interdépendance dans laquelle cette aventure a placé les quatre hommes : chacun est soutenu par ses compagnons sur lesquels, en retour, il veille comme sur des "frères d'armes".


L'analyse de la motivation de cette expédition est intéressante : ce n'est pas pour la recherche ou la science, ni pour la défense d'une cause telle que celle du changement climatique, non. C'est une "ascèse" dont le terme n'apparaît qu'en fin d'ouvrage. le lecteur, arrivé à ce stade, ne peut qu'apprécier le choix de ce mot, avec cependant quelque doute sur son caractère "uniquement physique".


Il m'a paru que la description des paysages et des difficultés rencontrées était un peu trop abondante par rapport aux réminiscences historiques, musicales ou littéraires ; mais ne faisons pas la fine bouche et remercions l'auteur de nous faire voyager au bout du monde dans ce sanctuaire minéral que l'homme, par la force des choses, a fort peu altéré.
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Découvert grâce à l'ouvrage "L'arche des Kerguelen" de Jean-Paul Kauffmann, l'archipel des Kerguelen m'avait immédiatement fascinée, par sa géographie, son environnement et son histoire. C'est donc avec avidité que j'ai entamé "Marcher à Kerguelen", et je n'ai pas été déçue. François Garde parvient par les mots, à parfaitement retranscrire des paysages, des atmosphères, et les pensées qui défilent lors des longues sessions de marche - parfois harassantes.

Ce livre vient, je trouve, comme un parfait contrepoint à celui de Jean-Paul Kauffmann, et les deux offrent un panorama, s'il n'est exaustif, déjà très complet de ce que peut être une expérience kerguelenienne.
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François Garde a toujours été fasciné par l'île Kerguelen, et pas seulement parce qu'il en a été l'administrateur pendant quelques années. Ce récit est le compte-rendu de vingt-cinq jours passés à la sillonner, en compagnie de trois autres amateurs de randonnées extrêmes. Pas de routes ni même de chemins dans les régions explorées : il leur a fallu continuellement découvrir des passages pour progresser. La logistique avait été bien organisée. Des vivres avaient été déposés dans des abris plus ou moins permanents, nommés cabanes. Mais pourtant de nombreuses difficultés seront affrontées.
François Garde s'interroge beaucoup sur ses motivations tout au long ce récit, évidemment écrit au retour à partir de ses notes de voyage, dans la langue superbe qui est la sienne. Il aurait voulu retenir chaque instant de ces jours de bonheur tout en sachant que l'effacement, la reconstruction des souvenirs, est pourtant inévitable.
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Frustration ... Voici ce que j'ai ressenti en fermant ce livre. Frustration de ne jamais pouvoir aller, à mon tour, marcher sur ces terres désolées et sauvages de cette île, française, perdue au bout du monde !

J'ai en effet beaucoup aimé accompagner l'auteur et ses 3 compagnons dans cette expédition à travers les magnifiques paysages de Kerguelen. Je dis magnifiques, mais, comme le beau-père de l'auteur, on peut se demander si ces paysages sont beaux.

Malgré la pluie, le froid, la neige, la fatigue, on a vraiment envie de mettre ses pas dans ceux de l'auteur.

Mais, non, Kerguelen est vraiment trop loin ... Dommage ... Heureusement en fait, car cela préserve cette terre des ravages du tourisme !
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François Garde, écrivain et haut fonctionnaire français, a administré (et un peu visité) l’archipel des Kerguelen. Cette île le hante. Il monte une expédition.

Nommer le grandiose
Pour s’y rendre, 4 rotations par an du Marion Dufresne qui part de La Réunion à 3360 km, 10 jours de voyage. Il choisit les membres de son équipe et ils se lancent en novembre 2015. Avec lui, Mika, un spécialiste des expéditions au Groenland, Fred, le médecin aguerri aux secours en haute montagne et Bertrand, le capitaine de marine qui a lutté contre la pêche illégale autour de l'archipel.

Tous les soirs, sous la tente, il tient son journal. Il essaie de nous faire ressentir le coté grandiose des paysages, à la fois pauvres en couleurs - absence de végétation- mais riches en images de murailles, de rocs, de monolithes, vallées, estuaires...
Tous ces endroits ont des noms « Baptiser, c'est arracher au néant. »
On peut trouver en ligne les photos de Mika (Michael Charavin) et Bertrand (Lesord).

Bertrand Lesort L'instant inné

Le portfolio de Michaël Charavin

La horde du contre-vent
C’est un des personnage principaux : « Kerguelen est voué au vent. Son souffle ne semble jamais devoir cesser, ni cesser de nous surprendre », il hurle la nuit et menace d'emporter leur tente arrimée au sol par d'énormes pierres. Détourne des cascades vers le ciel tellement il est puissant...

La pluie incessante
Et puis il y a des journées de pluie, des traversées à gué de torrents tumultueux ou de lacs de montagne en repérant le meilleur endroit, retirer à chaque fois les chaussures de montagne et le pantalon, franchir des chutes d'eau, des montées d'éboulis, des plages de graviers noirs où l’on côtoie des manchots royaux ou des éléphants de mer qui n'ont pas peur de l'homme.

Doute, danger et bonheur
Ils éprouvent la fatigue, le doute, les journées de marche harassantes, à la carte et à la boussole, dans un monde sans repères, sans balisage ni sentiers tracés. La crasse, les vêtements sales, l’absence de miroir et d’électricité font partie du jeu.
Ils ont laissé leur montre et leur portable sur le navire, les nuits rythment le temps. L'auteur parle aussi du bonheur, de l’euphorie d'être dans ce monde sauvage où ils se sont abandonnés...Comme cette source d’eau chaude:

« Aucun bassin, aucun spa de palace ne m’a plongé dans des délices plus exaltés que ce trou dans un ruisseau d’eau tiède, courant dans une prairie sans arbres, au travers d’une vallée battue par les vents et les brumes.»

Des animaux amenés par l'homme
Ils entrent dans la zone qui subit la présence des espèces introduites par l'homme, le lapin qui mange le chou, le chat devenu haret, les troupeaux de rennes - extraordinaire vision de deux rennes morts aux bois entremêlés.

Ils franchissent un col impossible, ils marchent en aveugle, dans la neige tourbillonnante. Un lac s'est déplacé, les cartes ne sont plus à jour.

Les cabanes rouges
Elles sont disséminées sur l’île pour permettre aux hivernants de se ravitailler. Ce sont des haltes bienvenues, des petits paradis pour les marcheurs habitués à la tente, énumération des boîtes de conserve et autres friandises qui les change des repas lyophilisés répétitifs. Sur des cahiers, on note son passage par un petit mot qui sera lu par les rares voyageurs. Souvent des scientifiques en mission.

Marcheurs solidaires
Ses compagnons sont comme ses frères, on veille sur eux, on fait attention à ne pas rompre le fil, il pense à Abel, Cain, la réponse de Dieu. La gelure de Fred qui se réveille, la cheville de l’auteur... La question des vivres, remplir et alourdir les sacs, préparer le retour...

Le vrai bout du monde
Ils parviennent à la pointe sud-ouest de l’archipel, leur but ultime, la plage de la Possession dans la péninsule Rallier du Baty. Les élephants de mer barrissent puis les ignore, se prélassant dans leur baignoire.


« Il n’y a plus rien entre moi et l’Antarctique. Je suis arrivé au bout».

Mais il faut revenir.

« Cette extrémité que je poursuis depuis dix-sept jours, à laquelle je rêve depuis dix ans, est désormais derrière nous.»

La dernière partie du livre conte le retour vers la bas de Port aux Français. Il ne faut pas rater le Marion Dufresne.

Un beau livre qui essaie de faire comprendre au lecteur ce que ça fait d’être dans un bout du monde, un endroit où très peu de gens sont allés, accessible seulement par bâteau.


Lien : http://killing-ego.blogspot...
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