Toujours aussi sombres, les personnages de Pascal Garnier, comme ses descriptions, ont une force et une authenticité remarquables. Encore une fois, il s'agit à première vue de l'histoire simple de quelques individus bien ordinaires, englués dans des vies banalement ratées jusqu'à ce que surviennent des événements inattendus et effrayants. Efficace pour décrire l'humain dans ce qu'il a de plus commun, Pascal Garnier est aussi très habile pour nous révéler la noirceur du monde et l'omniprésence du tragique.
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Un homme, Gabriel, arrive, par hasard, dans une ville de Bretagne et décide, par hasard, de rester. Ce récit est l'histoire de ses rencontres avec quelques habitants : l'hôtesse de l'hôtel où il s'établit, le propriétaire de la brasserie dont la femme vient de tomber gravement malade, un couple de paumés dont l'homme vient soutirer de l'argent à son père. Gabriel rentre dans leur vie et devient le fil conducteur entre ces différents personnages, les fait se rencontrer jusqu'à la naissance d'une amitié. Mais le terrible secret qu'il cache le conduira à des actes terribles car si ses nouveaux amis découvrent une forme de bonheur, ne vaut-il pas mieux les arrêter là ?
Ce récit, qui mêle le burlesque, le tragique, et l'humour noir est d'une noirceur extrême et d'une poésie sublime. L'auteur sait trouver les mots qui habillent les petits riens de nos vies. Il donne une dimension humaine à ses personnages. Des individus anodins, des « Monsieurs tout le monde » et pourtant…
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Coup de coeur de gastronome pour cette écriture fine, drôle, sensible. Qui tranche avec précision la chair de la vie, la saisit, la retourne, la fait mijoter. On se régale à la table de Pascal et de Gabriel, on savoure, quels que soient les personnages-ingrédients. On se doute que ça risque de partir en queue de poisson, de sentir le roussi, tout ça. Pour une vague histoire de chatons, notamment.
J'ai terminé ce bijou sur le sentiment d'une incohérence, sur une déception égoïste ("tout ça pour ça ?") bêtement liée à mon souhait d'une autre fin. Mais un bon auteur est-il là pour caresser le panda dans le sens du poil ?
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Je suis partagé au sujet de ce livre. J'en ai apprécié plusieurs passages et certaines formules au fort goût d'amertume m'ont paru très belles mais je n'ai pas réussi à croire ni à Gabriel, le personnage principal, ni à son histoire et encore moins à la façon dont tout cela se termine. Il y a un côté "fanfaron du désespoir" qui m'a agacé comme si ce Gabriel nous prenait sans arrêt à témoin : "regardez comme ma mélancolie me sied bien !". Si je tentais une comparaison, ce serait avec "Ensemble c'est tout" ou "Je voudrais que quelqu'un m'attende quelque part" d'Anna Gavalda, livres dont les thèmes sont assez voisins de "La théorie du panda". le style en est peut-être moins flamboyant mais il n'empêche que ces livres me touchent davantage car j'y trouve davantage de sincérité.
Quelques jours se sont écoulés depuis que j'ai mis en ligne cette critique et j'aimerais préciser en quoi "je ne crois pas" au personnage de Gabriel. Pour moi un personnage de fiction quel qu’il soit doit être crédible, aussi fou, aussi déjanté soit-il. Si le personnage passe d'une attitude à une autre diamétralement opposée, le récit doit m'en donner une explication ou tout du moins m'en suggérer une ou plusieurs. Dans "La théorie du panda", Gabriel nous est présenté d'emblée comme une personne bourrue, certes, mais sociable, allant volontiers vers les autres et portée vers le partage, la générosité. En témoignent notamment les soirées avec José et l'achat du saxophone qu'il offre ensuite aux enfants de José. On a alors du mal à comprendre qu'il ne partage rien du drame qu'il a vécu. Ce drame, on l'apprend par petit bout "en voix off" mais il est logique de penser que les gens avec qui il noue des liens, José, Madeleine, Marc, Rita ... l'ont forcément questionné sur ce qui l'avait amené dans cette ville de Bretagne. Mais cela est évacué par l'auteur qui souhaite garder intacte la blessure de Gabriel. Pourtant quand on s’intéresse aux gens comme le fait Gabriel, on s'ouvre aussi à eux, sinon les autres se ferment à leur tour. Mais il fallait sans doute que Gabriel garde intacte sa carapace pour que Pascal Garnier puisse enclencher sa fin sordide et sanglante. Hélas cette fin n'a, à mes yeux, aucune cohérence avec la première moitié du roman. Elle la contredit. Elle la nie. Le Pascal Grenier qui écrit les vingt dernières pages de "La théorie du Panda" fait un bras d'honneur à celui qui a écrit les cent premières pages. C'est troublant, dérangeant, comme une trahison, en quelque sorte. D'autres aiment peut-être ce genre de volte-face, ces passages à l'acte que rien ne laissait prévoir, qu'aucun élément narratif ne vient justifier. Pas moi.
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Gabriel, Débarqué d'on ne sait où, est sympa avec tout le monde. Fin cuisinier, il soigne les plaies de ses nouveaux amis pour pas un rond, sans intérêt personnel. Mais pendant que ceux-là se laissent bercer, le lecteur, lui, ne s'endort pas une seconde et cherche la faille. Pascal Garnier se promène naturellement entre tragédie et comédie. Ses dialogues décapants, ses descriptions impitoyables masquent une profonde et délicieuse humanité qui n'a pas de temps à perdre avec le bon sentiment.
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Il est assez difficile pour moi de parler de ce livre tellement il est éloigné de mes lectures habituelles, mais il vous scotche dès le début, et vous ne savez pas sur quel pied danser, entre joie et horreur ordinaires. le mystérieux personnage de Gabriel se dévoile peu à peu grâce à ses souvenirs distillés tout au long du texte (j'apprécie d'ailleurs le choix de l'éditeur de mettre les souvenirs en italique par rapport au reste du texte). Quand au fin mot de l'histoire, j'ai l'ai pressenti sans vraiment y croire.
Les personnages sont assez attachants et réalistes, on pourrait finalement les croiser au coin de la rue.
Le talent de l'auteur tient aussi à son sens du détail et à son écriture à la fois simple et précise.
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Un très beau roman ou plutôt un roman fugué sur le malheur. Plusieurs lignes mélodiques, plusieurs personnages s'entrecroisent dans une atmosphère parfois triste, toujours pluvieuse et souvent indistinctes. Il est parfois nécessaire de relire certains passages, car la faux du destin s'abat parfois très brusquement sur une des lignes mélodiques. On est pas sûr d'avoir bien compris, alors on relit.Et on a bien lu. La réalité du malheur et de l'indifférence au malheur des mortels, du« à quoi bon ? ». Un très beau livre.
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Un livre percutant tant par le style que par l'histoire, assez courte, celle de désespérés de la vie, de marginaux L'ambiance est sombre, tout en étant profondément humaine, l'intrigue originale. Un roman noir, peu ordinaire, une réussite.
Une citation en annexe qui me paraît typique de l'écriture de l'auteur. Et quel humour, noir bien sûr.
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