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Citations sur Les oiseaux vont mourir au Pérou (25)

" La solitude le prenait ainsi parfois le matin, la mauvaise solitude : celle qui vous écrase au lieu de vous aider à respirer."

(page 15).
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Elle sanglotait. Ce fut à ce moment que ce qu'il appelait sa bêtise invincible le reprit, et bien qu'il en fût entièrement conscient, bien qu'il eût l'habitude de voir toujours tout s'effriter dans sa main, c'était ainsi, et il n'y avait rien à faire : il y avait en lui quelque chose qui refusait d'abandonner et qui continuait à mordre à tous les hameçons de l'espoir. Il croyait secrètement à un bonheur possible, caché au fond de la vie et qui viendrait soudain tout éclairer, à l'heure même du crépuscule. Une sorte de bêtise sacrée était en lui, une candeur qu'aucune défaite ni aucun cynisme n'étaient jamais parvenus à tuer, une force d'illusion qui l'avait mené des champs de bataille d'Espagne au maquis du Vercors et à la Sierra Madre de Cuba et vers les deux ou trois femmes qui viennent toujours vous réamorcer aux grands moments de renoncement, alors que tout paraît enfin perdu.
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Au moment de l'arrivée au pouvoir en Allemagne du Führer Adolf Hitler, il y avait à Munich un certain Karl Loewy, fabricant de jouets de son métier, un homme jovial, optimiste, qui croyait à la nature humaine, aux bons cigares, à la démocratie, et bien qu'assez peu aryen, ne prenait pas trop au sérieux les proclamations antisémites du nouveau chancelier, persuadé que la raison, la mesure et un certain sens inné de la justice, si répandu malgré tout dans le cœur des hommes, allaient l'emporter sur les aberrations passagères.
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L'homme , mais bien sûr, mais comment donc, nous sommes parfaitement d'accord : un jour il se fera ! Un peu de patience, un peu de persévérance : on n'en est plus à dix mille ans près. Il faut savoir attendre, mes bons amis, et surtout voir grand, apprendre à compter en âges géologiques, avoir de l'imagination : alors là, l'homme ça devient tout à fait possible, probable même : il suffira d'être encore là quand il se présentera. Pour l'instant, il n'y a que des traces, des rêves, des pressentiments... Pour l'instant, l'homme n'est qu'un pionnier de lui-même. Gloire à nos illustres pionniers !

Sacha Tsipotchkine dans Promenades sentimentales au clair de lune.


(En réalité, Sacha Tsipotchkine n'est autre que Gary lui-même...)
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Il faut s'y résigner : il y a toujours une explication scientifique. On peut évidemment se réfugier dans la poésie, se lier d'amitié avec l'Océan, écouter sa voix, continuer à croire aux mystères de la nature. Un peu poète, un peu rêveur... on se réfugie au Pérou, au pied des Andes, sur une plage où tout finit, après s'être battu en Espagne, dans le maquis en France, à Cuba, parce qu'à quarante-sept ans on a tout de même appris sa leçon et qu'on attend plus rien ni des belles causes ni des femmes : on se console avec un beau paysage. Les paysages vous trahissent rarement.
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Une abeille bourdonna un moment au-dessus de la nappe, entre le miel et le vase de fleurs; sur le Bosphore, un caïque passa avec juste ce qu'il fallait de langueur pour ne rien demander à la paresse de l'oeil.
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On ira bientôt dans la lune et il n'y aura plus de lune. Il jeta sa cigarette dans le sable. Un grand amour peut naturellement arranger tout cela, pensa-t-il moqueusement, avec une assez forte envie de crever. La solitude le prenait ainsi parfois le matin, la mauvaise solitude : celle qui vous écrase au lieu de vous aider à respirer.
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P51 « […] ce qu’il faut, c’est essayer d’arracher soi-même un miracle de vie et de beauté à la matière. »
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Les trois Roumains se taisent. Le vieux Michel Christianu serre impatiemment les poings. Le sort du combat qui va être livré le laisse froid. Il s'est joint à l'Allemand pour régler des comptes personnels : leur voisin Fédor avait fait un gosse à sa fille. " Triste cela, songe Kopfff, triste! d'avoir à mourir avec des imbéciles et des brutes. Enfin... L'important est la Cause et non ceux qui la servent!" Nerveusement il ajuste le monocle dans son œil fatigué : " De l'allure... du panache! " Ses bottes sont soigneusement cirées, ses boutons et son ceinturon brillent dans la nuit, il a mis sa plus belle tenue, sa tenue de gala : il s'agit de Mourir. Si seulement il pouvait dominer ce tremblement nerveux des lèvres, ce bégaiement et cette féroce envie d'uriner... Mais ce ne sont là que des détails.
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Dans le sable, certains oiseaux étaient encore debout : les nouveaux venus. Ils regardaient les îles. Les îles, au large, étaient couvertes de guano : une industrie très profitable, et le rendement d'un cormoran en guano au cours de son existence peut faire vivre une famille entière pendant le même laps de temps. Ayant accompli ainsi leur mission sur terre, les oiseaux venaient ici pour mourir. Tout compte fait, il pouvait dire qu'il avait lui aussi accompli sa mission : la dernière fois, dans la Sierra Madre, avec Castro. Le rendement en idéalisme d'une belle âme peut faire vivre un régime policier pendant le même laps de temps.
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