Quatre nouvelles pour ceux qui aiment s'entendre raconter des histoires, le soir à la veillée. Celles-ci sont un peu mélancoliques mais ce n'est pas pour me déplaire... Deux histoires en Noirs et Blancs pour fustiger le racisme, une belle histoire de conteurs qui racontent de belles histoires, et une belle histoire d'amour, car il en faut toujours une. Laissez-vous emporter !
Laurent Gaudé fait depuis longtemps partie de mes chouchous. J'ai lu une petite dizaine de ses romans, mais je n'avais pas encore lu ses nouvelles. C'est maintenant chose faite et j'ai trouvé dans ces quatre nouvelles le même Laurent Graudé que celui des romans. Certes, il ne fallait pas être grand clerc pour arriver à cette évidente constatation. Sauf que tout de même. D'une part, les nouvelles, pour moi, sont une spécialité des conteurs. Et voir ainsi les romans de
Laurent Gaudé ressembler à ses nouvelles m'a fait apparaître ses qualités de conteur d'une manière plus explicite que ce que j'avais perçu jusqu'ici. D'autre part, c'est là plus personnel, ces petites réflexions m'ont permis de prendre conscience de mon grand attachement aux conteurs d'histoires. Un plaisir d'enfant, peut-être, même si je n'ai pas de souvenirs marquants d'histoires que l'on m'aurait racontées. Je comprends maintenant pourquoi j'ai une telle affection pour les nouvelles…
Quatre histoires dans ce recueil. La première, « Sang négrier », met en scène des négriers pourchassant un groupe de nègres échappés du navire où ils étaient détenus. D'une manière assez ésotérique, l'un d'eux se venge en faisant planer sur un de ses bourreaux une obsédante menace de mort. J'ai beaucoup aimé la fine description du négrier qui se voit entraîné à commettre des violences qu'il regrette ensuite; voyez la citation que msieurico avait déjà enregistrée le 7 octobre 2013 ( https://www.babelio.com/auteur/
Laurent-Gaude/3559/citations/370005 ).
La troisième nouvelle, « Le Colonel Barbaque », raconte l'histoire d'un militaire français, furieux qu'aucun hommage n'ait été rendu à un Africain, tué après lui avoir sauvé la vie. Il part alors combattre en Afrique, devant « la Français qui tue les Français ».
« Gamercy Park Hotel », la deuxième nouvelle, dépeint de manière très touchante, un vieil homme qui exécute une ancienne promesse faite à sa belle de retourner dans un hôtel où ils avaient fêté un bon moment. Ce récit est magnifique de tendresse.
«
Dans la nuit Mozambique » termine le recueil. Un homme retourne dans un restaurant où il avait coutume de retrouver trois amis. Ils se faisaient rêver en se racontant des histoires. La dernière restera sans fin...
Quel beau livre...