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3,9

sur 834 notes

Critiques filtrées sur 3 étoiles  
Après des années d’absence Lucine redécouvre Port-au-Prince, abandonnant pour cela le poids des siens. Elle marche dans la ville, légère dans la chaleur et la foule. Elle s’épanouit auprès de Haïtiens comme Saul, un médecin sans diplôme qui va l’aimer. Mais dans ce coin du monde, les hommes ne sont pas épargnés, après la dictature des Duvalier et son cortège de souffrances, un tremblement de terre blesse et tue nombre d’entre eux, engendrant une danse funèbre des vivants et des morts. Une danse où ceux qui restent sont sauvés par la fraternité, celle qui prolonge la mémoire des défunts et permet d’accepter de leur survivre.

Danser les ombres, un hypnotique hommage de Laurent Gaudé au peuple haïtien.
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Comme souvent les livres de Laurent Gaudé, 'Danser les ombres' est déroutant et étrange, à mi-chemin entre l'histoire de vie et d'amour humaniste et le conte fantastique vaudou.

Commençant ma lecture avec un a-priori négatif, j'ai été plutôt surprise, dans le bon sens du terme, car il y a là des réflexions intéressantes sur la vie, le renoncement, les idéaux, la réalité, un témoignage riche sur Haïti et un style unique, très imagé et parfois quasi-hypnotique.

L'héroïne de l'histoire, c'est Lucine, une jeune femme qui a tout quitté pour s'occuper de sa soeur à l'esprit simple et aux moeurs légères, et aux enfants qui en sont nés. Aujourd'hui, sa soeur est morte et Lucine retourne à Port-au-Prince, officiellement pour chercher de l'aide, officieusement pour retrouver un peu sa vie à elle.

Son sentiment de lassitude, de désespoir même, et son besoin un peu égoïste, mais vital, de suivre son propre chemin, sont très bien rendus et résonnent en nous. De même que sa rencontre avec Saul et la clique de Fessou, l'amitié qui réchauffe et l'amour qui vient d'un coup. Ou encore la passion de vivre de cette petite jeune fille qui va mourir. Et tant d'autres personnages abimés ou flamboyants qui racontent Haïti...

Jusqu'à ce que la terre tremble, que les maisons s'écroulent et que les gens meurent par milliers. Jusqu'à ce que le roman bascule dans l'horreur et dans le fantastique. En effet, on est chez Gaudé, et il ne peut pas se cantonner à raconter des faits. Alors, la terre s'ouvre, les morts se mêlent aux vivants et le récit devient chant... Moins juste mais plus poétique. Moins émouvant mais plus puissant.

Je n'étais pas fan de Gaudé avant cette lecture, et ne le deviendrai pas en regardant danser les ombres. Toutefois, je reconnais que c'était une lecture intéressante.

Challenge 'Petits plaisirs' 23/xx, challenge 'Variétés' et challenge 'Pioche dans ma PAL août 2015'
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De très belles pages pour décrire Haïti, Port-au-Prince, ses rues animées, ses habitants, ce petit groupe d'amis réunis dans une ex maison close, leur amitié, leurs souvenirs. On s'y croirait...J'ai aimé les personnages qui , chacun à leur tour, interviennent lors d'un nouveau paragraphe, structurant ainsi le roman. Beaucoup resteront dans ma mémoire, Lucile jeune fille qui part pour la capitale pour annoncer la mort de sa soeur à l un de ses amants, qui n'aura pas l'occasion de réaliser ce but mais rencontrera l'amour - et l'urgence et la beauté de ce sentiment est superbement décrit - Nine, sa soeur, qui aime les hommes à la folie, se donne à eux, et ne reçoit rien en retour, Saul dont la vie sera métamorphosée par la rencontre de Lucine, et tant d'autres... Tous sont attachants !
Superbe est également la description du tremblement de terre, de sa réplique, de l'effroi des habitants et de l'immense solidarité qui se cree.
Laurent Gaudé écrit bien, rend bien la psychologie des personnages.
Pourquoi alors cette faible cotation, alors que tout ce qui précède devait couronner ce livre ? J'avoue n'avoir pas accroché à ce qui est pourtant compris dans le titre même du roman, Danser avec les ombres, cette danse tant humaine que macabre qui réunit les morts et les vivants avant leur séparation définitive, mais peut-être suis-je trop cartésien pour m'y retrouver..
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Un peuple éprouvé au coeur du séisme.
J'avais beaucoup aimé Laurent Gaudé lorsqu'il évoquait les drames humanitaires, les boat-people méditerranéens dans Eldorado, les réfugiés de la tempête américaine dans Ouragan ; Danser les ombres s'inscrit dans le même thème et évoque les damnés de la terre haïtienne et le tremblement de terre qui a balayé Port-au-Prince.
La 1ère moitié du roman s'attache à dépeindre quelques personnages éprouvés par la vie : Lucine qui a du quitter Port-au-Prince pour élever les enfants de sa jeune soeur morte, Saul, "fils de la bonniche troussée à la va-vite" qui n'a pas terminé ses études de médecine et continue à soigner les pauvres, Firmin, ancien tonton macoute surnommé Matrak, le vieux Tess, ancien tenancier de bordel, Domitien Magloire, dit Pabava, le mutique, Jasmin Lajoie, l'infatigable séducteur, Facteur Sénèque, Ti Sourire, une jeune fille apprentie infirmière.... La plume colorée et poétique de Laurent Gaudé fait vivre tout ce petit monde dans les rues de Port-au-Prince, un petit monde qui aspire à une vie plus sereine après les années de dictature et d'exactions de Duvalier et Aristide.
Lucine retrouve le bonheur avec Saül au milieu du roman : c'est ce moment que choisit la terre pour trembler et bouleverser l'avenir de tous ces personnages.
Là où je reste dubitative, c'est le parti pris par Laurent Gaudé d'animer les morts et les esprits vaudou dans cette histoire. J'ai un esprit très cartésien et les morts qui remontent des entrailles de la terre, moi, ça ne me parle pas beaucoup…
J'ai donc beaucoup aimé la 1ère moitié du roman, moins la 2ème et cela m'a donné envie de lire les auteurs haïtiens qui ont écrit sur le séisme.
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Il n'est surtout pas question de remettre en cause la sincérité et l'honnêteté de Laurent Gaudé, pas plus que son humanité profonde. Pareillement, lui reprocher de ne s'intéresser qu'à des tragédies est ridicule, le fait-on pour Modiano, cantonné à son périmètre parisien ? Ceci dit, écrire sur Haïti et plus particulièrement sur le tremblement de terre de 2010 est risqué. On a déjà beaucoup lu sur le sujet et les auteurs haïtiens, nombreux et talentueux, sont les mieux placés pour décrire les malheurs de leur pays. Danser les ombres est un roman choral dans lequel on retrouvera sans peine le style et les qualités littéraires de Gaudé. Il est fendu en deux comme quand la terre s'est ouverte ce maudit jour du tremblement de terre. Une première partie pour planter le décor, une deuxième pour évoquer les moments d'après le choc, ceux de la dévastation, de la colère puis de la fraternité. Rien à dire sur cette construction si ce n'est que les personnages sont peut-être trop nombreux, le lyrisme parfois un peu appuyé et le passage au fantastique vaudou moins convaincant que les pages simplement "réalistes". On a bien le droit d'être (un peu) déçu quand on attend toujours beaucoup d'un écrivain que l'on apprécie. Et auquel on restera fidèle, de toutes manières.
Lien : http://cin-phile-m-----tait-..
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Je découvre Haïti et les rues de Port au Prince après la dictature Duvalier.
Grâce à la plume de Laurent Gaudé, on se sent dans l'ambiance, les couleurs, la pauvreté, la richesse.
Il nous dépeint une galerie de personnages aux noms très chantants. Nous devons faire les liens entre eux avec seulement un petit blanc dans le texte pour sauter d'un personnage à l'autre. Très fatigante cette gymnastique et puis on s'est à peine attaché à une personne que l'on vient à une autre. Je n'ai pas particulièrement apprécié.
La description des scènes et de l'ambiance tarde à révéler une action, ça traîne.
J'ai donc été un peu déçue par ce livre même si je reconnais les grandes qualités d'écriture de Laurent Gaudé.
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J'ai retrouvé avec grand plaisir la plume de Laurent Gaudé que j'ai découvert il y a quelques mois avec La Mort du roi Tsongor, son dernier livre Danser les Ombres me faisait de l'oeil depuis sa sortie et j'ai enfin pu le lire.

J'ai aimé sa façon de nous faire ressentir l'atmosphère d'Haïti, avec ses esprits, ses gens dont les destins se croisent et puis au moment ou tout devient cohérent et est en harmonie survient le tremblement de terre. Ou l'on voit ainsi la solidarité des gens à ce moment ou tout l'inverse par exemple les marchants qui quadruplent leurs tarifs pour de la nourriture.

Un très beau récit touchant et poignant sur cet événement dramatique, le tremblement de terre en Haïti en 2010.
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Gaudé nous emmène dans une sarabande macabre, enluminée de la magie du vaudou.

On a envie de rire, pleurer et crier, mais surtout de danser avec les personnages qu'il nous présente de manière très attachante.
Face à a difficulté de vivre à Haïti, de survivre à la dictature et à la torture, pour rejoindre l'amitié ou l'amour lorsque la terre semble se moquer de tous et se met à son tour à danser et tout détruire.

Une belle écriture, dont les sursauts surréalistes m'ont sans doute moins touchée et m'ont paru desservir le propos. D'où mon avis resté, somme toute, mitigé.

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Ce livre est un voyage dans l'Haïti d'aujourd'hui mais également une invitation à se demander quel mauvais sort frappe cette île. Nous n'obtenons, bien entendu, pas de réponses; cependant nous ne pouvons que nous émouvoir des personnages authentiques, bons (pas tous), courageux qui font face à leurs destins.
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Le style de Gaudé , fait de longues phrases lyriques, puis ponctué de petites phrases courtes, a ceci de particulier qu'il ignore les ponctuations : les dialogues sont intégrés au récit, sans apostrophes ni tirets, ce qui donne au texte une vie spéciale. Ce que pensent les héros du roman, de même, et ce qu'ils prévoient de dire et de faire, est intégré au texte. En fait, nous passons beaucoup de temps à préparer ce que nous allons dire, c'est donc très vivant d'écrire ce futur qui n'existe pas encore.
Ensuite, les mots tellement forts de créole haitien, , « Lavi pa facil »ainsi que les noms de personnes, , Mam'Popo, Jasmin Mangecul le dragueur, de rues, de quartiers , (Solidarité, Cité soleil ou Jalousie, ça ne s'invente pas) donnent vie au roman.
Allers retours entre le passé et le futur projeté, entre les quartiers pauvres de Port au Prince et les riches propriétés basées sur les hauteurs, entre l'amitié qui a uni les opposants au régime Duvalier père et fils, et la figure de leur tortionnaire, entre la mort de Nine et le désir de vie de sa soeur, entre les vivants et les esprits des morts.
Ce roman, débuté comme un chemin, un devoir de donner une nouvelle, semble bifurquer au moment du tremblement de terre. Par delà les questions sur la malédiction qui semble frapper Haïti (les années de dictature, la pauvreté, puis le tremblement de terre, réflexion que nous nous sommes tous fait) Gaudé semble s'enliser dans des descriptions sans fin, entre le vaudou qu'il cite abondamment, le surgissement des corps des morts depuis les entrailles de la terre entrouverte, la vengeance de ces morts sur les tontons macoutes. Croit il vraiment à cette invraisemblable revenue des morts sur terre, ou essaie t il de nous expliquer des croyances vaudous ? le fait est que le roman se perd dans des répétitions sans fin, avec des descriptions certes des ravages du tremblement de terre, qui nous rappellent le très bon « Ouragan »mais surtout les errements de certains protagonistes et une histoire d'amour peu crédible.
Dernière réflexion intéressante : si les morts reviennent sous forme d'esprits, et de corps dans le cas du livre, il nous faut les raccompagner, car vouloir les garder près de soi c'est avoir peur du deuil.
Cependant, les longues, interminables digressions autour de ce sujet, pendant des pages et des pages, ainsi que l'évocation constante de la peur, de la sueur, m'a, je l'avoue, fatiguée un peu. Et c'est avec soulagement que j'ai terminé ce livre, commencé pourtant dans le plaisir de lire.

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