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J'entre à peine dans ce recueil de poèmes dédié aux oubliés, aux malmenés, aux mal-aimés qui ont toujours alimenté les ouvrages de Laurent Gaudé. Déjà je suis conquise par l'altruisme, le respect, la compassion (ni trop, ni trop peu), l'humanisme, de cet auteur charismatique. L'auteur m'a toujours fascinée, par son aptitude à entrer en relation avec l'autre, d'où qu'il soit, quelle que soit sa couleur, ou ses idées. Un auteur, un poète au service de l'altruisme, un brin de soleil dans notre monde si cloisonné !
Merci Laurent Gaudé, merci infiniment.
Choisir un extrait n'est pas facile, tant ces poèmes sont denses, tant chaque mot pèse son poids de souffrances, de larmes, et de compassion. Voici un extrait de Khorshak :
"Prière à aucun dieu,
Aux hommes,
Seuls.
Que les engloutis ne soient pas oubliés.
Leur vie ne sera pas sauvée
Mais qu’elles restent dans nos mémoires."
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De la poésie contemporaine : on ouvre le livre parce que c'est Laurent Gaudé qui l' a écrit et on tombe sous le charme d'une écriture vraie et sincère. Des poèmes humanistes qu'on se retient de dévorer pour mieux les savourer .
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De sang et de lumière ou entre fatalisme et espoir, révolte et utopie, nausée et fraternité.
Il y a les philosophes qui philosophent, les éditorialistes qui analysent, les politiques qui justifient l'injustifiable, il y a les financiers qui profitent, les graphiques et autres courbes qui chiffrent l'horreur, les gros titres racoleurs qui banalisent, l'égoïsme qui légalise et tout ce petit monde qui explique, le pourquoi et le comment, qu'on y peut rien, rien contre la désertification du coeur de l'Homme qui gagne un peu plus de terrain chaque jour, c'est comme ça, la désertion à son paroxysme.
Il y a les journalistes, les voyageurs, les « humanitaires », et quelques autres qui témoignent de ce qu'ils ont vu, vécu, des lanceurs d'alerte comme on dit aujourd'hui, nécessaires.
Alerte au feu alors que tout le monde voit que ça crame déjà depuis longtemps à sa porte et continue de jouer avec les allumettes, d'attiser les flammes.
Au milieu de tout ça il y a vous, il y a moi, perdus, impuissants, culpabilisant ou pas ce n'est même plus la question. Ballotés dans ce monde qui se replie sur lui-même, ce monde qui s'atrophie.
Combien de fois a-t-on entendu dire « plus jamais ça ». Résultat, chaque jour l'homme invente une nouvelle façon de dominer l'autre, de l'asservir, de l'humilier, de le nier. Plus jamais ça, non, plus jamais dire ces mots qui ont perdu tout sens.

« Si un jour tu nais,
Ne crois pas que le monde se serrera autour de toi,
Pressé de voir ton visage,
Dans une agitation de grands festins.
N'imagine pas qu'on se bousculera,
Que chacun voudra te regarder, te prendre dans ses bras, te recommander aux dieux.
On t'a parlé des cris de joie qu'on pousse à la naissance d'un enfant,
On t'a dit la liesse,
Les coups de feu tirés en l'air,
Les tambours,
La clameur des hommes qui fêtent la vie,
Oublie tout cela.
Si jamais un jour tu nais,
De joie, il n'y en aura pas.
Mais l'inquiétude sur le visage de tous,
Comme toujours, l'inquiétude
Ta venue au monde ne fera naître que cela. »

Laurent Gaudé nous emmène à travers les âges, les continents et ses voyages pour dresser un état des lieux. Les locataires de la planète bleue n'ont aucune chance de récupérer la caution.
D'un continent Afrique dévasté, dépouillé, souillé, affamé, terrorisé, asservi, humilié, colonisé (la liste serait si longue…) par d'incontinents à fric, jusqu'à Paris, Londres, Bruxelles, Nice (la liste serait si… longue) en passant par le moyen orient, par (oui, la liste serait…), l'auteur réussit à faire passer sa rage, sa révolte, son dégout, en déposant ses mots, presque délicatement, comme pour apaiser la douleur de tous ces passagers clandestins de la vie en donnant voix à la misère.
Ses mots doux giflent comme pour nous sortir de la torpeur, du confort aveugle qui endort.
Ces maux d'où qu'ils soient, eux sont égaux contrairement aux Hommes. Pas de hiérarchie dans le désespoir.
C'est musclé, et si la gorge se serre ce n'est dû qu'à la violence de la réalité, du quotidien des ces gens à travers les siècles car les textes de Laurent Gaudé n'ont rien de larmoyant, pas de pathos, pas de bons sentiments, juste des faits bruts.
« de sang et de lumière » risque de surprendre les fans de l'auteur car ce recueil est à ranger au rayon poésie. Oui, oui poésie. Ce genre que tant de monde fait rimer avec niaiserie.
Une dernière petite « niaiserie » dans ce monde en état d'urgence, un petit mot aux dieux qui sont si souvent source d'odieux:

« Maudits soient les hommes qui prient Dieu avant de tuer.
Ils ne nous feront pas flancher.
Leur haine, nous la connaissons bien.
Elle nous suit depuis toujours,
Nous escorte depuis des siècles,
Avec ces mots qui sont pour eux des insultes,
Et pour nous une fierté :
Mécréants,
Infidèles,
Je les prends, ces noms.
Juifs, dépravés, pédérastes,
Je les chéris,
Cosmopolites, libres penseurs, sodomites,
Cela fait longtemps que je les aime, ces noms, parce qu'ils les détestent.
Nous serons toujours du coté de la fesse joyeuse
Et du rire profanateur,
Nous serons toujours des femmes libres et des esprits athées,
Communistes, francs-maçons,
Je les prends,
Tous.
Nous sommes fils et filles de Rabelais et de mai 68,
Paillards joyeux,
Insolents à l'ordre.
Diderot nous a appris à marcher,
Et avant lui, Villon.
Nous serons toujours du coté du baiser et de la dive bouteille.
Ils ont toujours craché sur ce que nous aimions
Et nos bibliothèques ne leur ont jamais rien inspiré d'autre qu'une vieille envie de tout brûler.
Ce que leurs dieux aiment plus que tout, c'est que les hommes aillent tête basse.
La menace pour seul bréviaire.
Ce que leurs dieux aiment plus que tout, c'est la triste soumission. »

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Ce que j'ai ressenti:…Eclat d'un monde de douleurs…

« Les mots sont
Vieux
Comme la souffrance des peuples. «

Il m'a fallu du temps pour digérer cette lecture…A peine une centaine de pages, et pourtant, un raz-de-marée émotionnel dans ses 8 poèmes…Quelques jours pour me poser, quelques jours pour réfléchir, quelques jours pour me rappeler que l'esclavage fait partie de notre Histoire, que des vies sont insignifiantes sur d'autres continents, que le sang a coulé en Europe dans des attentats, que certains vivent l'enfer en nos jours…

« Nous avons besoin des mots du poète, parce que ce sont les seuls à être clairs et obscurs à la fois. Eux seuls, posés sur ce que nous vivons, donnent couleurs à nos vies et nous sauvent, un temps, de l'insignifiance et du bruit. «

Déjà rien qu'avec l'introduction, l'auteur m'avait déjà conquise! Elle a une force et une intention qui défie le temps et l'espace. de sang et de lumière, c'est tout ce qu'on découvre dans ses vers, parce que notre monde est ainsi fait, il saigne de la noirceur des hommes, mais il resplendit aussi dans l'oeil des poètes…Avec ses poésies engagées, Laurent Gaudé rend hommage aux victimes, aux laissés pour comptes, aux réfugiés, aux opprimés…

Les étoiles tombent
Et les souvenirs aussi.

Ce recueil, c'est une poésie qui nous parle de voyage, de misère et d'écorchures. L'envers du décor. Une poésie qui grouille de vie, qui suinte, qui nous confronte à une réalité quotidienne violente, qui dérange…Derrière la beauté des mots, se cache les maux et la douleur, mais en étant posée, écrite, cette poésie reste le témoignage contre l'indifférence, contre l'obscurantisme, contre l'insignifiance…

Si jamais un jour tu nais,
Ne crois pas que le monde se serrera contre toi

Excellent moment de lecture, même si j'ai encore la déchirure au coeur pour le poème Et si un jour tu nais, et le serment de Paris rajoute encore du sel sur notre blessure à vif …Tous plus beaux que les autres en fait, cette poésie a ceci de magique, c'est qu'en quelques mots soigneusement comptés, spécialement choisis dans la multitude, généreusement donné, elle te bouscule au plus profond…

Ma note Plaisir de Lecture 10/10

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A part Sous le soleil des Scorta, je dois bien dire que je ne suis pas conquise pas Gaudé. Pourtant, ces quelques textes poétiques m'ont véritablement séduites. Petites pépites d'humanisme, qui nous parle si bien de la souffrance des réfugiés et des victimes des guerres de toutes sortes.

J'ai beaucoup aimé. On a envie d'être plus solidaire en refermant ce livre. Quoi de plus positif.
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Je suis poésie, moins Gaudé, je me suis dit que la moyenne des deux devrait me convenir.
Ne cherchez point ce que vous ne trouverez point dans ce recueil de "poésie", ni vers, ni rime, ni louange, ni romantisme.
Que la noirceur de l'humain, sa souffrance, sa dignité bafouée à différente époque, vous lirez.
D'un bateau négrier aux terrasses de Paris éclaboussées par la folie meurtrière, de la Jungle à Calais ou ailleurs, la souffrance encore et toujours, la résignation ou la revendication du droit de vivre libre, l'auteur se fait acteur, nous le suivons dans ces périples de misère, pour ne pas oublier la faiblesse de notre espèce, sa cruauté et sa décadence.
C'est dur, froid, sordide, morbide, mais ce n'est qu'un reflet de la mémoire de l'homme, un passé taché, qui résonne dans notre présent sous d'autres formes, mais avec toujours avec cette rage de fermer les yeux sur ce qui ne devrait plus être.

Textes difficiles, mais qui nous éclairent sur cette sombre humanité au fil des siècles.
Le dernier texte nous fait frémir puisqu'il est encore bien ancré en nous : les attentats Paris, Nice, Bruxelles etc... comme un onde qui court du mot à notre peau, nous laissant tremblants de frayeur, mais avec cette lueur d'espoir, qu'on ne baissera pas les bras face à ces hommes qui croient en des dieux je cite l'auteur : "Ce que leurs dieux aiment plus que tout, c'est que les hommes aillent tête basse. La menace pour seul bréviaire. Ce que leurs dieux aiment plus que tout, c'est la triste soumission " Ils ne vaincront pas. Nous lisons Hugo et Voltaire depuis trop longtemps. etc...
Oui, nous avons combattu depuis trop longtemps pour cette forme de liberté, même la terreur ne sera pas une arme suffisamment puissante face à la force des mots qui se transmettent de génération en génération.
Le recueil est composé de 8 longs textes, pour que la lumière soit sur ces peuples opprimés, pour leur rendre un peu de dignité, savoir penser avant de s'exprimer sur un sujet aussi dramatique certes lointain comme l'esclavage ou plus actuel comme les réfugiés, savoir la souffrance que ces peuples portent. Lire ce genre de poésie, le beau dans le drame, ça semble difficile pourtant jaillit de ces textes une sorte de beauté, celle de l'humain et du poète réunis dans un seul et même combat celle de la liberté.
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Comment les appeler autrement ces petites perles poétiques. Belles et noires comme ces Guinness sur le zinc d'un pub irlandais. On les lit comme on déguste une bière ; d'abord une première gorgée (merci Monsieur Delerm) pour découvrir puis une seconde lecture pour bien s'imprégner du texte et, on peut même y revenir pour ne pas oublier. On déguste !
La poésie permet de tenir face à la dureté de ce que contiennent ces récits. C'est dur, très dur mais c'est la réalité pure et dure. Grâce à cette écriture, inédite chez Laurent Gaudé, on arrive mieux encore ressentir ce qu'éprouvent tous les candidats à l'exil, les suppliciés des marchands d'êtres humains, les victimes des guerres, toutes les guerres. Les guerres sont toutes semblables.
Ce petit livre oblige au silence lorsque l'on termine chaque chapitre « Mon dieu, comment de telles choses ont- elles pu arriver, comment peuvent-elles encore exister ?
Excellent
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J'aimais déjà beaucoup Laurent Gaudé, ce qu'il écrit, la façon dont il écrit, et je suis comblée avec ce premier recueil de poèmes.
Les éditions Actes Sud viennent de publier « de sang et de lumière » et le format convient parfaitement à la prose de cet auteur reconnu.
Avec les huit textes écrits entre 2012 et 2016 au cours de ses voyages, Laurent Gaudé montre que les poètes ont des choses à dire et des choses importantes.
Il nous livre son regard sur le monde, son humanisme, ses engagements face aux tragédies à combattre : l'esclavage, le terrorisme, la jungle de Calais… pour mieux rester debout.
Cette forme d'écriture donne une puissance émotionnelle aux textes de Laurent Gaudé et ses poèmes en proses sont poignants.


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De sang et de lumière est à ma connaissance le premier recueil de poèmes publié par Laurent Gaudé. Dans ce monde contemporain désorienté « avec ses tremblements et ses hésitations » recourir à la poésie est pour l'écrivain une forme d'engagement. « Nous avons besoin des mots du poète, parce que se sont les seuls à être obscurs et clairs à la fois » prévient-il en avant-propos. Cet engagement est concret, dans le siècle, au corps à corps avec le monde contemporain. le poète veut « dire » notre époque, écrire une poésie à « hauteur d'homme » pétrie « de sang et de lumière ». Ainsi, comme Jean Genet, en son temps, eut besoin de se rendre à Chatila et de témoigner, Laurent Gaudé nous livre un poème magnifique intitulé (malicieusement!) « Notre-Dame-Des-Jungles » sur le camp de réfugiés de Sangatte.

Autres poèmes particulièrement touchants parmi les huit textes du recueil « Si jamais un jour tu nais » qui sonne comme une prière, comme le kaddish pour l'enfant qui ne naîtra pas, et le dernier poème datant de 2016, à l'encre encore chaude, « le serment de Paris » écrit suite aux attaques terroristes de 2015 et 2016.

Je conseille vivement la lecture de ce recueil aux très nombreux(ses) amoureux(ses) de Laurent Gaudé !
Lien : https://www.instagram.com/ch..
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