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sur 1899 notes

Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Roman chorale qui nous invite à suivre une dizaine de personnages avant, pendant et après la visite de l'ouragan qui crée une déferlante de violence et de peur. Les hommes sont capables du meilleur comme du pire face à la colère de la nature.
C'est la première fois que je rencontre l'écriture de Laurent Gaudé, elle est belle, juste et au service du propos de ce sombre roman.
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Laurent Gaudé s'est basé, 5 ans après, sur des faits réels causés par l'ouragan Katrina , tellement destructeur et révélateur des différences : les classes aisées, en majorité blanches avaient été évacuées ,mais le neuvième district (Lower Ninth) peuplé à 99 pour cent de Noirs, un des quartiers les plus violemment touchés, dont les digues avaient sauté, reste inondé avec ses habitants.
Les crocodiles avancent, envahissent le quartier inondé. La prison « Parish Prison » n'est pas évacuée, sauf les chiens, et les prisonniers sont pris au piège de leurs cages envahies par l'eau, jusqu'à l'ouverture des portes suite à un dysfonctionnement électronique.
« Il a dit que l'ordre d'évacuation de la ville ne concernait pas les prisonniers de Parish Prison…. Sauf les chiens !... et nous avons tous ri, car il ne fallait tout de même pas nous prendre pour des imbéciles. le directeur a senti qu'il devait en dire un peu plus, alors il a demandé le silence puis il a ajouté que c'était une prison, ici, et que chacun connaissait son métier, qu'ils allaient continuer à faire ce qu'ils savaient faire, même s'il se mettait à pleuvoir dehors, il a même dit : « Nous le ferons ensemble », comme s'il parlait d'une oeuvre commune pour laquelle il aurait besoin de notre bonne volonté, et puis il a fermé son micro et a disparu. Nous ne l'avons plus revu. Ni lui. Ni aucun gardien. Depuis, un grand silence est tombé sur la prison. Ils sont partis. »

On pourrait penser qu'une catastrophe naturelle, comme un ouragan, un déferlement des puissances du ciel et de la terre, l'imminence de cet enfer précipitant notre mort certaine, la furie déchainée, notre mort mise à nu, pendant quelques minutes sans aucun espoir, que cette catastrophe unit les fuyards, tous dans le même bateau, les unit dans un destin de fin du monde.

En fait, Laurent Gaudé choisit de montrer des individus perdus, seuls, confrontés à la violence des hommes et des éléments, n'ayant comme perspective de survie que leur propre peau.
Par un détour stylistique, il fait parler cependant plusieurs personnes, en commençant par la vieille négresse de près de cent ans, puis Rose la jeune mère, le prêtre raciste et meurtrier, Keanu, quittant la plateforme pétrolière pour retrouver son ancien amour.
Les paragraphes commencent par l'un, et se terminent par l'autre, comme si l'ouragan, finalement, les réunissait sans qu'ils le sachent.
La vieille négresse sent l'odeur de l'ouragan, la montée des eaux bourbeuses, et ce qu'elle charrie. « j'en ai vu passer plusieurs, toutes avec des noms de filles, des noms de trainées, oui, je les reconnais à l'odeur, à ce qu'elles charrient, je sens leur force et je peux vous dire que celle-là sera une affamée, une vicieuse, une méchante…»
( depuis 1978, les noms des ouragans et des typhons et cyclones prennent l'un après l'autre des noms masculins et féminins).
L'ouragan vu comme une colère divine (Dies irae), ou comme une conséquence de l'exploitation outrancière (les puits de pétrole) , par sa force et son impact meurtrier révèle la petitesse de l'homme, sa solitude et sa non-humanité.
« La nature est là qui l'entoure, lui crie aux oreilles, la nature qui jaillit par bourrasques, pleine de vie et effrayante, la nature qui n'est plus à l'échelle humaine. Il se demande un instant si cette tempête est un grand courroux des éléments ou un éclat de rire du ciel. »

Gaudé dit que ce qui l'intéresse, c'est que devant les grandes catastrophes naturelles l'orgueil humain soit battu en brèche. Et c'est ce qu'il fait dire à la vieille Joséphine, introduisant et concluant le récit: « je sais que la nature va parler. Je vais être minuscule, mais j'ai hâte, car il y a de la noblesse à éprouver son insignifiance, de la noblesse à savoir qu'un coup de vent peut balayer nos vies et ne rien laisser derrière nous, pas même le vague souvenir d'une petite existence. »

Ouragan plus du coeur des hommes que de la nature déchainée.
LC avril : la nature dans tous ses états
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Les hommes sont capables du meilleur comme du pire et la Terre leur rend bien.

A la Nouvelle-Orléans, un terrible ouragan est annoncé. La plupart fuit mais certains restent. Parce qu'ils n'ont pas les moyens de partir ou tout simplement par défi, tel un affront à cette Terre qui va se déchaîner, un affront à la vie, un affront au malheur.

Et bientôt l'ouragan est là, dévastant tout sur son passage et révélant aux hommes la véritable force du vent et de la pluie. Faut-il croire en la colère de la Terre, lasse de la maltraitance des hommes à son égard, ou encore de la colère de Dieu voulant punir les hommes, ou tout simplement y voir là comme une nouvelle chance, comme une renaissance ?
Chacun des personnages y verra sa propre raison, chacun y apportera ses propres volontés ou ses propres désarrois...

Ce roman de Laurent Gaudé me fait beaucoup penser à Danser les ombres. Il est construit de la même manière : un cataclysme, et des voix qui s'élèvent tel un chant choral au milieu des décombres.
Peut-être est-ce cette impression de déjà vu qui m'empêche de lui mettre cinq étoiles.


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Coooomme un Ouragaaaan...
La tempêêêête en moiiii...

Oui , je sais , présenter un bouquin de Gaudé en utilisant comme support le seul , l'unique , l'incontournable tube interplanétaire Monégasque de Stéphanie , c'est moche...
Plouf , plouf , je recommence...

James Lee Burke dans La Nuit la Plus Longue , Gilles Leroy et Zola Jackson...s'il est un sujet qui fascine à juste titre , c'est bien ce phénoménal évènement climatique , fantastique terrain de jeu pour tout écrivain à l'imagination un tant soit peu fertile . Si posséder un mets de choix est une chose aisée, en faire un bouquin au souffle aussi puissant et dévastateur que le sujet précité en est une autre...

Bouquin chorale par excellence , Gaudé nous dépeint le portrait de divers protagonistes en délicatesse avec une histoire personnelle contrariée et une Histoire future , semblant vouloir s'écrire en lettres de sang , dont ils seraient devenus les chétifs figurants ballotés et broyés au gré de ses dantesques rafales mortifères et diluviennes inondations que même Noé et Coin-Coin , son p'tit canard en plastoc , n'en auraient encore jamais vues !

J'étais resté plus que mitigé au sortir de son dernier roman , Pour Seul Cortège . Je renoue favorablement avec un auteur qui , sans pour autant me transporter d'allégresse , la bave aux lèvres à tourner frénétiquement les pages d'un récit à la dépendance frôlant la toxicomanie , me procurait cependant mon comptant d'émotions ! Béatitude , non , contentitude , oui , en plein dedans !
Dommage que de sa plume si experte et si prompte à vous transporter en un ailleurs si visuel , Gaudé n'ait pas plus axé son roman sur l'Ouragan emblématique de ses vies appelées à un bouleversement sans retour . Un déchainement de fureur qui , finalement , ne lui sert que de prétexte , de toile de fonds sans pour autant jamais le toucher...car l'homme sait jouer avec les mots , les émotions et rien que pour ça , mérite le détour et le plus grand respect .

Ouragan : un peu trop convenu pour être mémorable...
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Alors que dehors la tempête fait rage, j'ai lu ce court roman choral de Laurent Gaudé dont le personnage principal est la terrible Katrina qui a dévasté La Nouvelle Orléans réduite à un chaos épouvantable, un de ces cataclysmes majeurs qui met les humains à l'épreuve de choix décisifs.

Je n'aime pas trop les romans choral d'habitude, j'y vois plutôt une faiblesse dans la construction , mais je dois avouer qu'ici , l'auteur entremêle les voix avec bonheur.

Les alligators sont dans les rues et ils ne sont pas les seuls dangers qui menacent les pauvres gens qui n'ont pas pu ou voulu évacuer la ville. Les digues rompent et les eaux du lac Pontchartrain envahissent les rues...Dans cette ambiance d'apocalypse, aux quatre coins de la ville, monte le blues de chacun de nos héros, des personnes simples ballotées par les éléments, les démons intérieurs et l'adversité .

Dans l'oeil du cyclone, Il y a Keanu qui veut retrouver l'amour de sa vie, Joséphine, la vieille dame tellement fière de ses droits civiques, les criminels oubliés dans leurs cellules inondées, une mère et son petit garçon ...ils se croisent, se rencontrent, se confrontent et s'éloignent, des moments surprenants dans leur déroulement.

L'auteur pose des mots magnifiques sur cette histoire plurielle, cette tragédie environnementale, de notre temps, locale et pourtant universelle. Elle nous questionne autant qu'elle nous inquiète. On pense à toutes les Tempêtes littéraires, celle de Shakespeare, celle de Césaire, ces parenthèses dramatiques permettant la résolution des conflits .

Alors qu'une tempête hivernale s'est égarée au mois de juin dans l'Atlantique Nord, et balaye nos côtes, je vous invite à découvrir ce beau petit texte qui fait réfléchir.








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J'avais déjà lu La porte des enfers de Laurent Gaudé et j'avais beaucoup aimé son écriture malgré son côté sombre. Ouragan : j'aime sa couverture noire avec une femme marron, les yeux fermés, cheveux dressés. Ouragan : le destin de quelques personnes vu au travers du prisme d'une catastrophe naturelle. Des prisonniers, une très vieille dame, une mère perdue dans sa relation avec son fils...
J'ai aimé ce roman choral avec cette alternance de voix, même si je m'y suis un peu perdue au début. Ce sont des Noirs, ils ont eu un parcours de vie marquée et cet ouragan est une nouvelle épreuve pour eux. J'ai regretté la trop grande noirceur des personnages, le côté trop apocalyptique mais j'ai apprécié la plume de Laurent Gaudé.
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J'ai retrouvé dans cet Ouragan, le style qu'avait emprunté Laurent Gaudé dans Cris. Il décrit ici les réactions et les sentiments des différentes personnages à tour de rôle.
Je ne m'attendais pas à ce genre de lecture, l'ouragan n'est au final qu'une toile de fonds qui a servi à Gaudé à tisser parfois des liens entre les différents personnages, des liens entre la tempête et leurs réactions face à cette "chienne" ou cette "vicieuse", comme la décrit Joséphine.
On rencontre à travers cette tempête Joséphine, négresse de cent ans, un prêtre devenu fou, un enfant fugueur, des taulards qui en profitent pour s'échapper de prison, un ouvrier de plateforme pétrolière qui lui, se dirige vers l'ouragan pour retrouver la femme qu'il aime.
Ce sont tous des personnages attachants, on les suit à travers leurs peurs, leurs tourments et leur volonté de se battre.
Laurent Gaudé sait raconter une histoire, avec son propre style que j'apprécie vraiment.
Une plongée intéressante et intimiste...
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Ouragan est un roman choral qui s'attache aux quelques jours qui ont précédé et suivi la tempête Katrina à la Nouvelle Orléans en août 2005.
Laurent Gaudé évoque plusieurs destins qui vont se croiser, se frôler, pris dans la tourmente, le temps de l'ouragan et des inondations, conséquence de l'effondrement des digues qui ont cédé...il y a Joséphine, une vieille femme noire, devenue veuve très jeune, évoquant ses combats contre le racisme, résiliente et fière de ses origines...Rose mère célibataire et son fils Byron mutique, Keanu son grand amour, qui se remémore la vie difficile et les accidents de travail sur les plateformes offshore, un révérend illuminé et apocalyptique et enfin un détenu en cavale avec quelque uns de ses compagnons. Au fur et à mesure de l'avancée de l'ouragan, chacun est pris dans ses propres tempêtes intérieures exacerbées par l'imminence du danger.

Ouragan est un roman court mais extrêmement dense dans lequel Laurent Gaudé fait revivre les destins et l'urgence de chacun des protagonistes dans une nature devenue hostile et menaçante, une ville désertée par les plus favorisés alors que les plus démunis, population afro-américaine ou détenus ont été délaissés. La tension croissante est entretenue par l'alternance des voix, le croisement des destins et la narration puissante et dramatique de Laurent Gaudé qui donne à ces vies un souffle épique et tragique qui balaye les héros.
Un roman intense et dramatique.
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Aucune inquiétude. Commencer un Laurent Gaudé ne peut être que source de bonheur littéraire.
Pourtant, je suis un peu perdue au départ dans cet entrelacs de personnages sans lien apparent entre eux. Et même, on passe de l'un à l'autre dans la même phrase, et…. on ne sait plus trop de qui ça parle.
Mais, tout se met en place, malgré la fureur de l'ouragan qui s'abat sur La Nouvelle-Orléans.
Et ces voix sont celles de ceux qui restent debout, qui, jusqu'au bout veulent donner un sens à leur vie. Leurs destins se croisent et s'entremêlent. L'ouragan qui dévaste tout à l'extérieur est aussi à l'intérieur de chacun d'eux.
Comme toujours, l'auteur nous dépeint un univers lourd et sombre, et réussit à nous y émerger totalement.
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L'occasion, c'est l'ouragan, à La Nouvelle Orléans!
L'occasion d'entrer dans la vie de quelques personnages qui se croisent et s'éloignent, avec la peur au ventre et leur façon à tous de l'exprimer.
La "négresse" centenaire et philosophe, les détenus qui s'arrachent de leur cellule, Rose et son fils bâtard perdu dans la tourmente et retrouvé par amour. le Révérend qui a perdu la raison... Une belle description de ce que font les hommes quand les éléments les poussent.
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