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3,8

sur 796 notes

Critiques filtrées sur 5 étoiles  
Laurent Gaudé ne déçoit jamais ! Je n'ai pas tout lu de cet auteur mais La mort du roi Tsongor, La porte des enfers, Eldorado, Écoutez nos défaites et Salina m'avaient passionné. Alors, quand j'ai aperçu Pour seul cortège sur les rayons de ma médiathèque, je n'ai pas hésité et je ne l'ai pas regretté. Voilà encore un roman vraiment réussi écrit dans un style précis et emphatique qui fait rêver et frissonner en même temps.

Pour seul cortège m'a plongé au temps d'Alexandre le Grand et j'ai apprécié que l'auteur me permette de connaître davantage cette époque si lointaine, même s'il romance l'histoire. En fait, le célèbre conquérant est mourant et ses guerres, ses expéditions reviennent en mémoire comme la quantité incroyable de morts qui ont jalonné son passage. Nous sommes en 323 av. JC.
Dryptéis, fille de Darius, soeur de l'épouse d'Alexandre, est la femme d'Hephaistion le favori mort l'année précédente. Elle est réfugiée dans un monastère avec son fils mais des cavaliers viennent la chercher pour qu'elle décide Sisygambis, sa grand-mère, « diseuse de mort », à venir au chevet du mourant.
La fièvre ronge Alexandre et son agonie lui permet de faire défiler l'empire et l'on sent bien que ses plus fidèles lieutenants vont s'entredéchirer dès qu'il sera mort. En même temps, l'auteur fait suivre Ericlops envoyé en Inde, jusqu'au Gange, contrées qu'Alexandre voulait conquérir, son appétit de territoires n'ayant pas de limites.
Dryptéis accompagne le corps du Conquérant qui devrait être mené jusqu'à Pella, en Grèce (royaume de Macédoine), dont il est originaire. L'auteur donne ici la pleine puissance de son talent, mêlant imaginaire et réalité. Il met en scène un cavalier sans tête et décrit une bataille fantastique entre cinq cavaliers et cinquante mille hommes appuyés par deux mille éléphants.
Je n'oublie pas la Tour de silence, formidable allégorie qui rend ce livre encore plus fabuleux, tellement réaliste et tellement poétique.

Cette fin du règne d'Alexandre le Grand m'a passionné et j'ai dévoré ce livre avec plaisir, angoisse et délectation devant tant de richesse littéraire. Pour seul cortège, un livre épique, légendaire et magnifiquement réaliste.
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Ce sont souvent les titres qui m'accrochent avant l'achat d'un livre. Ce fut mon premier Gaudé que je ne connaissais que de nom. Pour seul Cortège m'a emportée dans le chagrin de Dryptéis et m'a rappelé les grandes tragédies grecques comme Les Mèdes. Alexandre le Grand est mort à Babylone. Ses diadoques se déchirent ; l'empire est immense, les appétits aussi. Même le cadavre du défunt fait l'objet de convoitises. le cortège funèbre est attaqué, le cercueil enlevé et exposé à Memphis.

La longue marche lente à travers le désert participe à la solitude du retour sur soi. La libraire m'avait prévenue que je ne commençais pas par le plus facile. J'ai adoré et me suis précipitée sur l'oeuvre de Gaudé sans plus attendre. Comme beaucoup, je suis très enthousiaste pour le Soleil des Scorta et j'ai déjà envie de relire Tsongor.
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La mort d'Alexandre le Grand, un moment d'histoire, un roman poignant…

Est-il en train de mourir, lui si fort? Quel est ce mal qui le ronge ? Et qui héritera du trône? Pour prendre sa succession, on n'hésitera pas à sacrifier une femme et son enfant à naître, des frères d'armes deviendront des ennemis. On se battra même pour garder le corps du défunt…

Une femme habite un monastère loin de tout. Mais sa quiétude est troublée lorsque des cavaliers arrivent et lui demandent de venir. Elle abandonne son fils pour le sauver. Elle réussira à déjouer tous les complots pour accompagner la dépouille d'Alexandre jusqu'à son dernier repos.

Une écriture poétique dans un roman d'émotions fortes.
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Livre reçu pour les Matchs de la rentrée littéraire, j'attendais avec impatience ce dernier roman de Laurent Gaudé, qui m'avait déjà fait rêver dans ses précédents romans, en particulier La Mort du Roi Tsongor et le Soleil des Scorta. J'ai été surprise de ne pas en avoir entendu parler plus que ça au fil de cette rentrée littéraire, mais c'est vrai qu'il a déjà eu pas mal de prix …

Ce petit roman – 200 pages à peine – se lit en une seule fois, un seul souffle épique pendant lequel nous accompagnons les derniers instants d'Alexandre le Grand en -323, puis son cercueil au cours d'une aventure folle sur fond de déchirements entre ses compagnons : « Alexandre doit retourner à sa mère qui l'attend, qui hurlera à son tour, du haut des monts de Macédoine et ce cri s'entendra jusqu'aux confins de la terre. »

Laurent Gaudé, brodant juste ce qu'il faut, nous transporte de la Perse en Egypte puis en Inde, aux portes du royaume du grand conquérant; ajoutant une petite touche de fantastique et d'extraordinaire qui participe de la geste de cette grande épopée.

Le récit est fait par plusieurs voix : celle de Dryptéis, soeur de la deuxième femme d'Alexandre, qui va revenir pour ses derniers instants et lui rester fidèle jusqu'au bout ; celle d'un émissaire qu'Alexandre a envoyé en Inde quelques mois avant sa mort, pour défier un puissant roi indien, ce dernier sera tué là-bas mais son esprit revient pour raconter son exploit au conquérant. Enfin, la voix d'Alexandre, en transparence dans tous les récits, celle d'un homme aimé de tout son entourage et même plus, fauché à 33 ans par les fièvres : un homme qui se bat, « mais qui ne sait pas mourir ». Un homme qui fait rêver aujourd'hui encore, l'incarnation du conquérant invaincu sur les champs de bataille. La magie qui habite le roman semble être la force du souvenir du conquérant, même si sa violence n'est pas occultée (en même temps, à l'époque …).

C'est aussi le roman d'un monde qui s'effondre. Après la mort d'Alexandre, ses compagnons se divisent le royaume mais très vite cela ne leur suffit pas : « le monde se disloque, Dryptéis … Et ils n'hésiteront pas à me déchirer. » le cercueil du conquérant sera l'une des pommes de discorde, qui mènera à l'effondrement du royaume : « tant que le cortège parcourt le monde, Alexandre est là et il tient encore l'Empire, par son absence mais c'est une façon de le tenir. »

Je me questionne encore sur certains détails historiques du roman, cependant il m'apparaît que ce n'est pas le plus important ici (même s'il a su réveiller mon goût pour l'histoire et l'envie d'aller plus loin et de me replonger dans l'histoire du monde grec.) Ce qui compte c'est la manière de raconter de Gaudé, et en particulier la dernière scène, formidable, a su me conquérir totalement.
Un roman à découvrir absolument.
Ma note : 18/20
Lien : http://missbouquinaix.wordpr..
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La plume de Laurent Gaudé n'en finit pas de m'éblouir, quel que soit le thème, le style du roman, de même que sa capacité à mêler histoire/Histoire et fantastique/légende. Il s'agit en l'occurrence ici d'accompagner Alexandre le Grand dans la mort. J'avais choisi ce livre pour son titre, j'ai découvert le résumé avant de l'ouvrir avec un certain scepticisme (pas sûre que cela me plaise...) pour finalement l'apprécier d'une seule traite. J'en ai encore beaucoup à lire de cet auteur et cela me réjouit d'avance !
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À Babylone, Alexandre le Grand se meurt. Alors qu'il exhale son dernier souffle, il sait que son héritage sera dépecé. « Il sent, là, à l'instant où la douleur le brûle, que tout l'Empire va bruire d'une inquiétude et que personne n'est de taille à tenir l'immensité du royaume qu'il a forgé. » (p. 28) Alors que Babylone et tout l'Empire rendent hommage au mourant, les luttes de pouvoir commencent. Et la curée sera complète une fois qu'il sera mort. On fait venir auprès de lui Dryptéis, la fille de Darius. La princesse voulait vivre recluse, loin de l'Empire et de ses haines. Mais après la mort d'Alexandre, elle devient sa plus fidèle sujette et la gardienne d'un monde au bord du gouffre. « “Peut-être n'ai-je été mise au monde que pour pleurer.” Pleureuse de son père d'abord, puis d'Héphaïstion et d'Alexandre. Pleureuse d'un monde englouti. » (p. 107)

La dépouille d'Alexandre devient un enjeu et les généraux se disputent le trône. Dryptéis n'aspire qu'à sauver son enfant, à entraîner l'Empire loin de lui. Elle se joint au convoi mortuaire qui traverse les terres d'Alexandre. Dryptéis veut défier l'histoire : et si la sépulture d'Alexandre restait secrète à jamais ?

Laurent Gaudé propose une lente mélopée, un chant funèbre et digne. On entend résonner la voix des morts, comme c'était le cas dans La mort du roi Tsongor, du même auteur. Les défunts ne sont jamais très loin et ils précèdent les vivants en toute chose. Je n'ose trop en dire de peur de vous gâcher la lecture. Sachez seulement que le texte de Laurent Gaudé est de l'encre dont on fait les légendes.
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Ecoutez... "dans les steppes de l'Asie centrale "de Borodine, ce rythme d'abord lancinant, répétitif mais qu'on sent évoluer, puis ces voix fortes, discordantes ou assorties, fortes, envoûtantes...Vous aurez un aperçu de mon ressenti sur ce roman : j'ai eu la musique dans la tête pendant toute la lecture...
http://www.youtube.com/watch?v=juisZsDQZBo&feature=related


J'aurais aimé ne pas vous en dire plus, vous laisser trouver votre propre musique...Il y a tant à découvrir par soi-même...Et tant à dire aussi.

Sur l'idée de départ, originale et osée, pas facile : parler d'un personnage très connu (Alexandre le Grand) en se focalisant sur son agonie et son cortège funèbre.

Sur la construction ensuite, tel un roman "choral" certes, où Laurent Gaudé alterne les narrateurs à la première ou troisième personne, mais aussi les types de voix : les vivants, Alexandre, et les âmes errantes des fidèles compagnons morts. Cela donne un côté passionné, flamboyant à l'ensemble. On passe du lyrisme à la réalité la plus dure. On est en empathie totale avec les personnages tels que Drypteis, digne et loyale, et les compagnons fidèles d'Alexandre, qu'on peut compter sur les doigts de la main, et qui formeront son ultime cortège.

"Alexandre doit retrourner à sa mère qui l'attend ,
qui hurlera à son tour, du haut des monts de Macédoine,
et ce cri s'entendra jusqu'aux confins du monde."

Sur l'écriture de Laurent Gaudé, enfin, qui est vraiment sa signature même si elle diffère un peu selon les livres, mais qu'on retrouve dans le soleil des Scorta et plus encore dans la nuit Mozambique ( et dans la mort duroi Tsongor parait-il, je vais donc m'empresser de le lire) :
cette écriture en effet, on peut la trouver "excessive", c'est souvent le reproche, mais qu'elle est belle ! Quel souffle elle donne au récit ! On est porté autant par l'histoire que par l'écriture ! Et c'est d'elle que vient cette musique qui ne vous lâche plus au fil des pages.
(Je mets peu de citations, je crois qu'il est important de decouvrir ces lignes sans a priori...)
Et toujours cette question de la mère d'Alexandre, Olympias, "A qui appartiens-tu, Alexandre ?", fil rouge lancinant du récit et réprésentative d'un des objectifs d'Alexandre le Grand : rallier Occident et Orient, les réconcilier, oeuvre ambitieuse qu'il tentera de mener à bien...Même si l'empire, dès sa mort annoncée, sera l'objet de convoitises et de partages sanglants...

J'ai été happée dès la première ligne par le style très lyrique lorsqu'il s'agit des grandes scènes du roman (cortège, Egypte, dernier assaut...), très intimiste lorsque la voix de Dryptéis se fait entendre, et très réaliste dans les anecdotes relatives au règne d'Alexandre le Grand : ces variations donnent beaucoup de relief à la narration.

p.31 : "Elle pense que les dieux ont faim, qu'ils veulent une proie, que personne n'a pensé à calmer leur appétit. C'est bien ce qu'elle a senti. Il flotte dans l'air autour d'eux, une menace. Les dieux cherchent une vie à dévorer.(...) Il est normal que ce soit elle."

En bref, une première page qui vous harponne, une construction qui donne un souffle à l'histoire, une écriture qui lui donne un rythme reconnaissable certes- mais c'est ce que j'aime chez un auteur, sa "signature littéraire"-mais un rythme très musical, grandiose souvent.
Et une histoire prenante traitée de manière oiriginale.
Vous l'avez compris, ce roman est un superbe cru de Laurent Gaudé, que je vous encourage vivement à découvrir en vous laissant porter par le style...

Un seul "oubli" mais on y remédie très facilement de nos jours (!) : une (même minuscule) biographie d'Alexandre le Grand aurait permis de se situer dans le temps, et une carte dans l'espace. ça aurait sans doute ajouté un caractère "roman historique" non voulu au livre d'où peut être le choix de ne pas les inclure...
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Un roman polyphonique et poétique qui a trouvé écho en moi.
Laurent Gaudé nous transporte dans le temps et l'espace grâce à une incroyable mise en voix de ses personnages.
Alexandre nous parle par delà la tombe. Nous entraîne dans ses ambitions, son envie de vivre, de ne pas mourir, de ne pas disparaitre, son besoin d'éternité. Sa belle-soeur Dryptéïs nous entraîne à sa suite pour lui rendre les derniers honneurs, résister aux complots de cour, respecter un homme grandiose. Ses fidèles compagnons nous font vivre leurs derniers instants de bravoure et de fidélité, leur déchirement, leurs combats.
La langue de Gaudé, les voix, la geste trouve résonnance chez la lectrice que je suis. Ces voix sont d'ailleurs encore un peu là, surtout Alexandre et Dryptéïs.
En ce qui me concerne, Gaudé me parle ici bien plus que ce qu'il avait pu faire avec "Ouragan", que j'adore. C'est dire s'il m'a transporté ici!
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Babylone, Alexandre le Grand est mourant, a-t-il été empoisonné ? Il envoie chercher Dryptéis, fille du roi perse Darius, liée à Alexandre. Sa mission, emmener la dépouille et l'âme d'Alexandre aux confins de son empire jusqu'à l'Indus voire le Gange loin de ses généraux qui s'entredéchirent l'Empire. Laurent Gaudé apporte tout au long de cette épopée épique des éléments nouveaux, des intrigues, voire un secret qui nous tiennent en haleine. Il donne à la dernière partie de son livre un souffle mythique avec un dialogue mental entre Alexandre et son dernier carré de fidèles qui l'emmène vers la sérénité et loin des tumultes de son empire. Un excellent roman, une magnifique fresque à découvrir.
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Coup de coeur pour ce très beau récit épique et polyphonique qui nous narre avec emphase, de façon très visuelle et théâtrale la mort d'Alexandre le Grand.Le lecteur assiste à une tragédie antique dont le ton grandiloquent est donné dès les premières pages par ces mots d'Olympias, la mère d'Alexandre qui n'a pas vu son fils depuis 11 ans: « A qui appartiens-tu Alexandre? « . Il y a L Histoire, il y a la fiction que Laurent Gaude imagine en prenant des libertés par rapport aux événements, et c'est cela la littérature. le récit déroule un très beau portrait de femme , celui de Drypteis, une veuve, elle a perdu son époux Hephaiston, une mère, d'un enfant qu'elle cache pour la soustraire à la mort et pour assurer la continuité de la lignée, une fille . Darius ennemi d'Alexandre était son père,. Elle voit mourir sa soeur Stateira , l'épouse d'Alexandre.Dans le cortège qui accompagne Alexandre, Drypteis prend la décision
de mourir à petit feu . Pour seul cortège est un récit qui dit la mort de personnages d'exception confrontés à leur destin…
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