Je remercie
Jérémy Gaudebert pour sa confiance. En effet, il m'a confié son roman,
VRP, pour lecture et avis…
VRP, un titre un peu suranné pour un métier qui n'existe plus tel qu'on l'entendait il y a des années… quand le Vendeur Représentant Placier sillonnait les routes pour démarcher la clientèle. On parle aujourd'hui de commerciaux et les centres d'appel ont remplacé le porte-à-porte…
Jérémy Gaudebert nous raconte une très belle histoire, profondément humaine et ancrée dans des réalités sociales très bien analysées et illustrées. Il choisit le principe du duo improbable, deux personnages qui, à priori, n'ont rien en commun : un représentant en fin de carrière, mal noté, réfractaire à toute adaptation ou modernisation, profondément aigri et mal dans sa peau et dans sa vie à qui sa hiérarchie impose un stagiaire, un collégien en classe de troisième, connecté en permanence sur son smartphone, en conflit avec ses parents et le système scolaire, mal dans son adolescence...
Il les fait évoluer dans une entreprise qui a perdu sa dimension humaine et évoque ainsi les conditions de travail, la baisse de la qualité au profit du chiffre tout en pointant les dysfonctionnements et les aberrations des nouvelles méthodes de management.
L'ensemble se passe dans le département de la Somme, plutôt rural et les lieux visités revêtent une réelle importance dans le récit. Les personnages y sont campés avec détails et profondeur. Même la voiture du représentant, une BX hors d'âge et de kilomètres, devient un personnage à part entière, véritable allégorie de la déréliction ambiante
Tel quel, tant par le sujet que par son traitement, ce court roman est plutôt une belle surprise.
Mais, je suis déçue par l'écriture, la tonalité un peu naïve, la construction maladroite de certains passages, des petites choses mal dites, des répétitions... le côté factuel est assez efficace, brut, percutant ; les péripéties s'enchainent bien dans une montée en puissance maîtrisée mais je pense qu'il faudrait en retravailler le style, peut-être pour lui donner une oralité, une patte familière et directe qui pourrait être la marque de fabrique de l'auteur.
J'ai aussi relevé quelques coquilles et des erreurs dans la cohérence des temps…
Dommage.
Me voilà donc très partagée pour conclure : une très belle histoire qui m'a beaucoup touchée, desservie par une écriture et un style de moindre qualité.