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Critiques filtrées sur 5 étoiles  
"Profond, drôle et divertissant", Marine de Tilly, le Point
"Une critique sévère qui nous interroge sur [notre] univers médiatique", Arjuna Andrade, France Culture
"Absolument passionnant", "voltairien", "formidable roman", Valérie Expert, Sud Radio
"Entrer en littérature avec un tel aplomb exige bien du recul", Hubert Artus, Lire
"Très drôle", "fin", "la mise en abîme est brillante", Frédérique le Teurnier, France Bleu
"Une réflexion fine sur notre époque", Adeline Fleury, le Parisien
"Sollers et Gaudemet sur le divan", "une véritable déclaration de guerre à la société médiatique", Pascal Louvrier, Causeur
"Un coup de maître", Gérard de Cortanze, Historia
"Un roman qui s'apparente à une série télé haletante dont on ne sort pas indemne", Emmanuelle de Boysson, Putsch Magazine
Retrouvez les premières critiques presse, libraires, blogueurs de la Fin des idoles sur :
Lien : http://www.lafindesidoles.com
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J'ai rencontré Nicolas Gaudemet au Forum Fnac Livres en Septembre dernier, alors qu'il était encore Directeur du Pôle Culture de la Fnac. Il m'avait confié qu'il avait écrit un roman, sur le point d'être édité… j'ai eu le plaisir de pouvoir lire « La Fin des Idoles » en avant-première début Janvier.

Paloma est une jeune bimbo boulimique et avide de célébrité. Dans le cadre d'une émission de télé-réalité, elle rencontre Lyne Paradis, une neuroscientifique. Celle-ci se donne pour mission de la sauver, en utilisant des méthodes non conventionnelles pour réguler son appétit et son désir d'attention et de notoriété. Cela déclenche le courroux de Gerhard Lebenstrie, un psychanalyste très médiatisé qui souhaite lui aussi traiter Paloma, mais avec sa propre méthode d'analyse…

« La fin des idoles » est un roman à la fois dense et accessible. Accessible car il a pour thèmes des problématiques contemporaines auxquelles nous faisons face au quotidien : connexion permanente, omni-présence des marques, des médias et des réseaux sociaux…et insatisfaction chronique. Mais aussi dense, car le traitement de ces sujets est ambitieux, Nicolas Gaudemet convoque neuroscience et psychologie comportementale dans ce roman choral résolument moderne, qui m'a fait par certains côtés penser à « Cortex » d'Ann Scott, une de mes lectures préférées de 2017. le récit est frais, l'écriture est vive et (im)pertinente. C'est une critique acerbe de notre société du paraître, un roman bien ancré dans notre époque, que j'ai vraiment pris plaisir à lire.

Et comme « La fin des idoles » a éveillé ma curiosité et que je souhaitais en savoir plus sur sa genèse, j'ai proposé à Nicolas Gaudemet d'être le cobaye de ma première interview! Il a caché son inquiétude derrière un grand sourire et relevé le défi avec panache…

Nicolas Gaudemet tuvastabimerlesyeux

*Comment es-tu passé de Polytechnique à la télé-réalité?

Même si j'ai suivi des études scientifiques, j'ai toujours été attiré par la littérature, l'art, la création. Je m'intéresse également beaucoup aux médias, aux réseaux sociaux, à l'influence qu'ils ont sur nous. C'est ça que j'ai voulu explorer dans le roman, d'ailleurs les émissions mentionnées dans le livre ne sont pas que de la télé-réalité, il y a du coaching, des talk-show…mais on y parle aussi de Facebook, YouTube, SnapChat…et même Candy Crush!

*Avant d'écrire le livre, tu t'intéressais déjà à la psychanalyse ?

C'est surtout la psychologie qui m'intéressait. Cela fait longtemps que je lis des ouvrages de ce domaine, de toutes les écoles: cognitive, comportementale, évolutionniste, analytique… le marketing est de plus en plus dopé à la psychologie, afin de nous rendre accro à la télévision, aux réseaux sociaux comme Facebook, à certaines marques…Quand on voit le nombre d'heures que l'on passe à regarder la télé, à se mettre en scène sur Facebook, c'est complètement fou, ça fait peur ! D'ailleurs, « addict » est passé dans le vocabulaire courant, mais à la base cela désigne quand même une maladie…Quand on voit que des patrons de la Silicon Valley, même des gens qui travaillent chez Facebook, mettent leurs enfants dans des écoles qui interdisent les écrans, on se pose des questions…

Suite de l'interview sur le blog :
Lien : https://tuvastabimerlesyeux...
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J'ai fait la connaissance de Nicolas Gaudemet via les réseaux sociaux avant de discuter IRL (« In Real Life ») avec lui lors du dernier forum Fnac en Septembre dernier. le courant est de suite passé. Il m'a proposé il y a 3 mois de découvrir en avant-première son roman. C'est avec enthousiasme après avoir dévoré la présentation de l'ouvrage que j'ai accepté.

« Vous incarnez la célébrité jetable de l'ère de l'instantanéité. Aussi, je vous propose mon aide. Contactez-moi si votre désarroi devient trop intense. »

Le moins que je puisse dire, c'est que bien m'en a pris. Pourquoi ? Car ce premier opus est une vraie révélation. Je l'ai lu à la vitesse de l'éclair tant il est intéressant et dynamique.

Mi roman, mi récit, ni réel ni fictionnel, psychanalytiques (Lacan) et philosophiques (Freud), La fin des idoles est surtout un portrait, un miroir de la société actuelle avec tous ses travers. L'image, l'égo et leur importance,! Qui n'a jamais rêvé d'être célèbre et reconnu? D'apparence si facile (et tellement trompeur) aujourd'hui avec les réseaux sociaux...

« Attendez, c'est une triple révolution Un, dans l'objectif : le vrai but, ce n'est pas de les rendre célèbres. Au contraire, on montrera qu'ils souffrent de leur désir de célébrité, et on essayera de les en délivrer. Deux, dans la mécanique : c'est le public qui proposera toutes les épreuves, via les réseaux sociaux. Niveau d'interactivité jamais atteint. Trois, dans l'accompagnement psychologique et pédagogique : le coeur du programme, dans la tradition de Psy-Show et ses successeurs, avec une spécialiste des addictions et des obsessions »

Manipulation, influence et autres jeux de rôles afin de se mettre en avant, d'être reconnu, d'être l'idole des idoles… cela fait froid dans le dos mais finalement cela est tellement vrai. A l'heure de la « BFMïsation » des esprits, les analyses de Nicolas Gaudemet sont aussi fouillées, intelligentes que tristes. Si seulement cela pouvait faire réfléchir le lecteur… Les interview dans la presse et la radio interpelleront forcément. Mais qu'en restera t-il à l'arrivée… ?

J'ai énormément aimé le rythme haletant du livre à l'image d'une série tv (pour rester dans le contexte). L'écriture est fluide, agréable à lire. Les mots sont recherchés, les phrases subtilement construites et cerise sur le gâteau on trouve des conjugaisons anciennes. Tout est parfaitement ficelé et maîtrisé.

De plus, « il y en a pour tout le monde ». Cela peut se lire comme une intrigue fictionnelle, comme une analyse psychanalytique, comme une invitation à se renseigner sur les différents thèmes aborder afin de creuser les sujets (ce fut mon cas tant les termes techniques de psychanalytique m'ont intrigué). Je reconnais que certains auront certainement du mal avec cela. C'est surement le côté un peu moins accessible de l'ouvrage. Cependant, c'est loin de « gâcher » l'ensemble. Il n'est pas utile de tout comprendre pour suivre, bien au contraire. Il faudra juste passer en vitesse les paragraphes concernant ces thèmes. Saluons une nouvelle fois Nicolas pour la synthèse de toutes ses recherches (qui ont dû être aussi longues que diverses) sur le sujet.

« Les nuages glissaient dans la nuit comme des barques pour l'autre monde. Alexandre glissait lui aussi dans la chevelure de Lyne, enivrante comme un vin d'or. Les nuages disparurent et la lune brilla de sa clarté impassible, illuminant les circonvolutions du Centre Pompidou »

Le cerveau est la figure centrale du roman : les rues de Paris, le centre Pompidou, … beaucoup d'éléments sont « assimilés » et décrits comme un cerveau. Il en découle les addictions, faille due au cerveau que Lyne Paradis, l'héroïne principale, cherche à réparer coûte que coûte, quels qu'en soient les moyens employés. (et cette fin de phrase n'est pas trop forte vous verrez).

« Grâce à la Fondation Alexandre Valère, l'homme augmenté sera totalement délivré du désir. Ce sera la fin de millénaires d'esclavage ! Une nouvelle ère où chacun maitrisera ses sensations ! Une révolution […] »

De même, le désir est merveilleusement décrit, qu'il soit sexuel ou non. La encore, l'écriture dessert parfaitement la volonté de l'auteur. La plume vive et acérée de ce dernier fait le reste : rien ne peut stopper le désir.

« Car les discours sur le désir, philosophiques ou psychanalytiques, visent tous, pardon de l'évidence, à définir le désir. Etymologiquement, à le délimiter. D'une certaine manière, à le canaliser. Qu'il soit vu comme manque ou moteur, souffrance ou jouissance, qu'il faille le brider ou l'attiser… C'est vrai du calcul des plaisirs d'Epicure. de l'ascétisme des stoïciens, de Descartes…De la spiritualisation des passions de Nietzche, de la sublimation freudienne ou lebenstrienne… Brillant. »

Autre point surprenant : les dialogues. Ils aèrent le récit, il dynamise mais il perturbe aussi dès les premières pages car ils ne sont pas marqués. Ils sont « volontairement » (témoignage de l'auteur) incorporé dans le texte. Il faut s'adapter rapidement.

Enfin, on est vraiment dans la vie réelle puisqu'on retrouve nombre de personnalités avec leur vrais noms (sans exhaustivité, Yann Barthes, Natacha Polony, Alain Finkielkraut, Luc Ferry, ...) ainsi que d'autres sous pseudonymes. Un élément supplémentaire qui corrobore l'ultra-réalisme de la prose.

Profond, impactant et très marquant, La fin des idoles de Nicolas Gaudemet est pour moi une révélation et un très grand livre. Quelle virtuosité! Quel talent!

Je vous le recommande très fortement et m'engage pleinement à le faire découvrir (il sera rapidement à gagner sur le blog).

« A travers les verres fumées de la starlette, on distinguait deux yeux mi-clos, ouvertures insondables vers un cerveau dont les rouages intoxiqués par l'alcool et les anxiolytiques, exténués par la violence du désir, nécessitaient en effet une savante réparation. »

Vraiment n'hésitez pas ! Je suis à votre disposition pour toutes interrogations.

Merci et Bravo Nicolas Gaudemet

5/5
Lien : https://alombredunoyer.com/2..
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Nicolas Gaudemet nous emmène dans l'univers éducoloré mais surtout impitoyable du "star system" :un milieu où la course à la célébrité , la beauté et l'influence sont exacerbés.
Ce roman nous amène à réaliser qu'entre télé-réalité et réseaux sociaux, nous sommes tous concernés ; étant confrontés en permanence au diktats de ce qui ressemble à une nouvelle forme de culte.
La fin des idoles analyse une société malade de l'omniprésence médiatique, et décrypte son influence dévastatrice sur chacun de nous.
Le sujet est brillamment traité et l'écriture fluide et agréable.
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Lorsque l'on découvre un auteur et son premier roman, la sensation est particulière. Aucun élément de comparaison, un style nouveau, une tournure de phrases singulière, une perception d'un thème original. En tant que lecteur, c'est donc avec un oeil neutre et forcément objectif que l'on ouvre le roman et qu'on en commence la lecture.

Le sujet du premier roman de Nicolas Gaudemet touche à ce que les gens vénèrent le plus à notre époque : les médias et les réseaux !

Quand je dis vénère, je ne pense pas exagérer car il n'y a qu'à regarder autour de nous entre les réseaux, les émissions de télé-réalité, les infos en continu, etc... Tout est fait pour nous permettre d'accéder à ce que nous pensons être l'indispensable aujourd'hui.
Nicolas Gaudemet pousse donc l'expérience et nous propose de voir en direct les effets de la neuroscience sur l'humain.
Paloma sera donc la victime idéale car en recherche perpétuelle de reconnaissance. Elle fera les frais aussi bien des techniques de Lyne Paradis qui a créé des émissions "adaptées" aux gens que de Gerhard Lebenstrie, célèbre psychanalyste.

Ce roman est vraiment très original car il nous ouvre les portes de la psychée humaine avec force et détails tous plus convaincants les uns que les autres.

L'impression que l'auteur est un féru de psychologie est particulièrement présente tout au long du récit et c'est aussi ce qui permet d'asseoir le roman. Les événements sont travaillés et rien n'est laissé au hasard, ils me semblent tout à fait plausibles au regard de ce que nous propose aujourd'hui les chaînes de télévision.

J'ai trouvé chaque personnage tour à tour, agaçants, naïfs et également très intelligents et donc très accrocheurs. Lyne Paradis est notamment celle qui aura le plus d'effet sur le lecteur je pense car elle associe ce que chacun peut / veut croire avec l'effet boomerang qui va avec. Elle sait en jouer pour nous emmener dans certains chemins de traverse que l'on ne soupçonne pas. Elle est manipulatrice au possible et on s'y laisserai presque prendre.

J'ai été impressionnée car le roman est dense mais passionnant. le ton est direct et appuyé sur les états psychiques des personnages. Ces passages sont plutôt très fournis mais tellement nécessaires pour comprendre l'enjeu du livre.

Un premier roman à découvrir car il fait état d'un vécu / constat sociétal pour beaucoup d'entre nous. A quel moment allons-nous décrocher de nos réseaux sans ressentir ce manque qui semble omniprésent pour Paloma ? Avons-nous conscience de nos propres addictions ? Sont-elles "dangereuses" psychologiquement ? Savons-nous les maîtriser ?
Ce sont autant de questions qui sont évoquées et mises en lumière dans le roman proposé par Nicolas Gaudemet et en ressortant de cette lecture vous serez en alerte sur ce qui vous entoure et ce qui pourrait vous définir aux yeux de la société.

Ce livre est un peu l'uppercut qu'il faut à notre société pour prendre conscience que si nous laissons faire nous deviendrons de vrais moutons incapable de penser seuls. N'oublions pas que l'être humain, jusqu'à preuve du contraire est doté d'un COEUR !
Bonne lecture à vous !
Lien : https://leslecturesdelailai...
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Accrochez-vous aux branches car votre énergie va devoir faire face à une histoire où se côtoient Lacan, Freud, Homère autour du « κῦδος » du XXI° siècle : l'univers impitoyable des médias et de la téléréalité avec cette finalité de vouloir être célèbre.

Au milieu (ou au centre si vous préférez), un affrontement sans pitié entre un psychanalyste, Gerhard Lebenstrie, et une docteure en neurosciences, Lyne Paradis. Rien que de lire les noms, l'envie d'intégrer cette atmosphère provoque un inconscient livresque ! Pourtant c'est un pandémonium qui attend le lecteur, dans cette société environnée d'écrans, d'images, de tentations… Paloma, la starlette cobaye peut confirmer. Vous êtes dorénavant prévenus, vos neurones vont devoir accumuler une course à la notoriété sur fond de délire psychotique.

L'héroïne est comparée à Circé, cette magicienne à la fois sorcière et enchanteresse, qui n'hésite pas à empoisonner ses amants mais le plus célèbre d'entre eux survivra, Ulysse, grâce aux conseils d'Hermés. Mais dans « La fin des idoles » qui va pouvoir résister à Lyne Paradis, celle qui veut absolument donner la liberté aux hommes mais qui va les contrôler par de subtiles et diaboliques expériences. Et si la terre tourne autour du soleil, pour le sieur Lebenstrie l'humain tourne autour de la fonction phallique, les Phallophories rodant étrangement…

Nicolas Gaudemet signe un premier roman absolument assourdissant et novateur, où la fiction rejoint la réalité et où la réalité tamponne la fiction. Personnages imaginaires face à des personnes réelles, mixage du trio conscient/inconscient/subconscient dans une guerre picrocholine où rien n'est insignifiant et tout cyclopéen. Une savante réflexion sur les manipulations scientifiques, sur le pouvoir de l'humain sur l'autre et inversement, nul ne saura résister à cette lecture. Sans oublier une critique au vitriol de la sphère des médias et de ses petits arrangements entre amis.
Après cette plume endiablée, reste à savoir si vous, chers bipèdes, aurez toujours la ferme (là je ne parle pas du Salon de l'agriculture) intention de devenir populaire, être ou ne pas être, devenir ou ne pas devenir. En attendant, lisez cette ode à Dyonisos et plongez dans l'ivresse d'un univers d'excès et de démesure.
Cinglant, déconcertant, bluffant.
Lien : http://squirelito.blogspot.f..
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Ce premier roman est une belle réussite, qui comme au temps de la folie du Loft, pourra intéresser tout autant ceux qui aiment la téléréalité, et aussi ceux qui prétendent vouloir simplement « étudier le phénomène ». ;-) Et de cette lecture, on ne sort pas tout à fait indifférent, parce qu'au travers de son récit, l'air de rien, l'auteur nous interroge sur la société dans laquelle on vit, et sur nous et nos désirs... Just read it !
Lien : http://parolesdactu.canalblo..
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Une jeune femme directement tirée des liaisons dangereuses, en mode fashion et scientifique, infiltre V19, une petite chaîne de télévision en difficulté, pour diffuser des programmes de télé révolutionnaires ... qui visent rien moins qu'à renverser la société médiatique.
C'est sûr ce pitch incroyable que démarre le roman, et la promesse est tenue. Après d'innombrables rebondissements, la société médiatique est en effet sens dessus dessous, et remplacée par... une autre. Meilleure diront certains, ou pas ?
A la fois un roman palpitant, et un livre qui pose de sérieuses questions sur nous-mêmes, et sur le monde dans lequel on vit.
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« Il ne faut pas toucher aux idoles, préconisait Flaubert dans Madame Bovary, la dorure en reste aux mains. » Ce n'est guère l'avis de Nicolas Gaudemet qui signe dans un premier roman la mise à mort des idoles. Un siècle après le crépuscule nietzschéen, l'auteur dresse le portrait révoltant d'un monde où les médias prennent toute la place ; une révolte accompagnée d'une fascination pour cette société où règnent les apparences. Si Orwell et Huxley fouillaient l'avenir pour dessiner des futurs inquiétants, Nicolas Gaudemet montre que notre époque a déjà assez de quoi effrayer. Son texte est l'allégorie de ce monde oppressant où chacun cherche fiévreusement « son quart d'heure de célébrité ». Avec sa plume aiguisée d'humour, il tisse une intrigue pleine de rebondissements sur un fond clair-obscur.

La Fin des idoles est un roman orchestre. L'on y entend les voix de Paloma, jeune femme aux allures de bimbo prête à tout pour la célébrité, Lyne Paradis, neuroscientifique et ex-mannequin en guerre contre cette société à créer des idoles éphémères, mais aussi Gerhard Lebenstrie, psychanalyste concurrent de Lyne, Alexandre Valère, directeur de la chaîne V19 ou Cathy, journaliste dubitative elle-même en quête de reconnaissance. A ce panel de personnages s'ajoutent, par petites touches, des voix éparses et des silhouettes éphémères. Ce qui les relie ? L'émission Obsession Célébrité créée par Lyne et Alexandre dans le but de guérir les personnes obstinées par l'envie d'être célèbres, un programme librement inspiré d'émissions réelles comme Carré ViiiP ou Dilemme. C'est là que nous ferons la connaissance de Paloma au profil proche de Nabilla et Loana selon les mots mêmes de l'auteur. Face à la descente aux enfers de la jeune femme, Lyne décide de tout mettre en oeuvre pour la sauver, à l'aide de méthodes neuroscientifiques. Révolté par ces émissions, le célèbre psychanalyste Gerhard Lebenstrie tente de lui administrer sa propre thérapie. Les plateaux télé sont alors envahis par ce duel à mort entre les deux thérapeutes.
Telle est la dystopie contemporaine admirablement construite par Nicolas Gaudemet. Une pointe d'impertinence, une dose de lucidité, ce premier roman est une satire acerbe piquée de dérision.
Une idée que l'auteur avait depuis longtemps, porté par « une fascination pour les médias autant qu'un sentiment de révolte face à leur côté abêtissant » confie-t-il. « Après avoir travaillé un peu dans les médias, j'ai appris à découvrir ce système et mon projet s'est approfondi au fil des années. Je n'avais plus qu'à tout mettre en scène dans une intrigue romanesque. » Peut-on changer les choses ? Engager une « révolution à l'envers, cérébrale et intellectuelle » ? Telle est la question que Nicolas Gaudemet ose poser à travers les lignes de sa fiction. Car l'omniprésence des sciences du cerveau dans La Fin des idoles surprend, surtout venant d'un auteur qui confesse qu'il ne pas maîtrisait pas vraiment ce domaine avant de se plonger dans l'écriture. Il affirme cependant avoir toujours été intéressé par la psychologie : « Je me souviens notamment d'un cours de psychologie issue d'une université américaine lu quand j'étais plus jeune. Un bouquin illustré, acheté chez Gibert, où j'avais pu découvrir la psychologie évolutionniste et cognitive ». En écrivain méticuleux, Nicolas Gaudemet a avalé pour se documenter plus de 1000 pages de Lacan, Freud, Miller… Un vrai travail de recherche qui lui aura valu plus de trois ans d'écriture ! « le défi était de taille, commente-t-il. Habituellement, la psychanalyse traite de cas singuliers, de l'inconscient d'un sujet donné, elle n'a pas été conçue pour analyser les médias qui relèvent du collectif. » On reconnait que le défi a été relevé avec brio.
Lien : https://combat-jeune.com/201..
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Un roman que j'ai lu deux fois !

La première car j'étais happé par l'intrigue, j'avais envie de savoir la suite.

La seconde car il y a plusieurs passages de réflexion approfondie sur notre société médiatique, décryptée à l'aide des neurosciences, de la psychanalyse ou de la philosophie, qui méritent qu'on s'y attarde car ils nous font voir et comprendre le monde avec un tout autre regard.

Et aussi car les dernières pages invitent à tout relire (attention spoiler) dans un twist final digne de Usual Suspects.

Une lecture qu'on peut croit légère au début, mais qui en fait secoue et fait réfléchir comme rarement un roman le propose.

Peut-être y reviendrai-je une troisième fois quand tout aura décanté.
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