Un monde sans rivage

Le 11 juillet 1897, trois explorateurs s'apprêtent à s'envoler pour réaliser un exploit alors impensable jusque-là : survoler ce mystérieux Pôle Nord à bord d'une montgolfière.
Malheureusement, à défaut d'une parfaite maîtrise de cet engin, ces trois jeunes hommes ont vu leur ballon géant perdre de l'altitude à grande vitesse pour finir par s'échouer sur la banquise, cette surface blanche faite de multiples secrets et dangers.

À l'aide des photographies de Nils Strindberg et du journal de bord de Salomon August Andrée, Hélène Gaudy nous emmène avec elle découvrir les mois d'errance et de solitude vécus par ces jeunes explorateurs.
À l'aide sa plume empreinte de poésie, elle tente de résoudre les non-dits, les mystères qui planent au-dessus de cette expédition. Elle nous transporte dans ce froid glacial, dangereux où tout ce que l'être humain a acquis jusque-là est mis à rude épreuve.

Merci à Hélène Gaudy d'avoir si joliment fait revivre l'expédition catastrophique de 1896 montée par Andrée qui souhaitait survoler le pôle Nord en ballon. Son corps ainsi que ceux de ses 2 compagnons seront retrouvés 30 ans plus tard. A partir des quelques éléments retrouvés et des témoignages d'époque, Hélène Gaudy forge un récit romanesque dans une écriture fluide et poétique. On peut reprocher le côté roman facile mais malgré tout ce livre a éveillé ma curiosité sur les expéditions polaires, les villes fantômes du Spitzberg et d'ailleurs, l'engagement nécessaire à l'époque... Très beau moment!

L'auteur nous embarque dans l'épopée de l'exploration du Pôle Nord en ballon par Salomon August Andrée, Knut Fraenkel et Nils Strindberg en 1897.
Strindberg, jeune photographe et Fraenkel, ingénieur vont suivre Andrée, le chef de l'expédition. Celui-ci ne rêve que de découvrir des contrées encores vierges mais surtout ne rêve que de gloire.
Ces 3 hommes partent du Svalvard en direction du Pôle Nord dans leur montgolfière mais au bout de 3 jours, celle-ci perd de l'altitude et atterrit sur la banquise.

Autour d'eux il n'y a que du blanc, de la glace, de la neige et le froid.
Bien qu'ils ne soient pas suffisamment équipés, ils décident de poursuive leur aventure à pied. Ils vont prendre le temps de répertorier ce qu' ils ramassent, voient et se mettre en scène pour les photos de Strindberg.
Leur expédition qui devait durer quelques jours et être un véritable succès, selon Andrée, va se solder par une errance de plusieurs mois jusqu'à leurs morts.

L'auteur, avec l'étude du journal de bord d'Andrée, des photographies de Strindberg nous dévoile ces mois passés sur la banquise mais aussi à travers le récit de ces 3 hommes, cette période de l'histoire où la recherche de territoire et d'exploits étaient important.
Ce qui est frappant c'est le caractère optimiste de ces hommes alors que leur périple était voué à l'échec dès le départ.
Mal préparés, plan de vol pas suffisamment étudié, l'homme avait à cette époque une confiance aveugle dans la science et ses progrès. L'homme se pensait bien au dessus des éléments naturels.

Ce livre permet de nous interroger également sur notre monde actuel, la recherche permanente de progrès par de nouvelles technologies au détriment de la planète.

Le point de départ est séduisant : retracer l'histoire de 3 explorateurs partis explorer le pôle Nord en ballon, disparus peu de temps après leur départ et dont les corps et les effets seront retrouvés 33 années plus tard pris dans la glace. Dans ses effets, quelques photos, un carnet de bord…L'auteure imagine leurs préparatifs, leur départ, leur errance … J'ai dû m'y reprendre à 3 fois pour aller au bout de ce livre : en effet le style de l'auteure est souvent à la limite du supportable tant elle abuse des métaphores (souvent obscures) et des phrases à interminables. A plusieurs reprises, le miracle opère pourtant : elle s'efface derrière ses personnages et on chemine avec eux dans ces étendues mouvantes, si nues et si blanches qu'on en aurait presque mal aux yeux tout en lisant…Des digressions intéressantes aussi sur d'autres épisodes de la conquête des pôles qui incitent à se documenter en parallèle sur ces explorateurs du 19e siècle. Dommage donc que l'auteure n'ait pas plus souvent sacrifié ses effets de style à l'histoire et à ses personnages. Dommage aussi qu'il n'y ait pas plus de photos de cette expédition dans le livre, elles rendent bien l'atmosphère de cette aventure et sont assez poignantes.

Cet ouvrage serait un magnifique livre d'aventures s'il ne s'agissait d'un accident dramatique qui a touché la Suède en 1897. Ce pays souhaitait prendre sa part dans la course au Pôle Nord. L'expédition Andrée avait pour objectif d'atteindre le Pôle en ballon. L'expédition fut un fiasco, la ballon ne s'éleva que quelques heures pour retomber dans les glaces. S'en suit un long cheminement vers le sud qui aboutira à la mort des 3 membres de l'expédition. La Suède oublia ses héros disparus. En 1930, un bateau découvre tout à fait par hasard des débris du dernier campement ainsi que de rouleaux de photographies. Une petite centaine de photos ont été développées. Les autres ont été perdues trop abimées pour être exploitables. le carnet de voyage d'Andrée a été retrouvé partiellement. A partir de ces photos et des notes conservées à présent dans un musée suédois, l'autrice a retracé d'histoire de cette tragique aventure. le texte est puisé au plus près des sources est se lit comme un roman, genre dont il se réclame d'ailleurs.

L'expédition en ballon de trois explorateurs suédois est contée ici grâce à un journal qui a été retrouvé (celui de S A Andrée) et à l'imagination de Hélène Gaudy.
Leur but était de cartographier, connaître le monde et atteindre le pôle Nord. Il s'agit de Salomon August Andrée, ingénieur et deux gaillards non aventuriers, Nils qui photographie et joue du violon et Knut.
Le départ a lieu en juillet 1897. Ils sont à la merci du vent.
Des pigeons voyageurs leurs permettent de faire passer des messages.
Une autre exploration est contée : en 1915, le navire de Ernest Shackleton s'échoue dans la glace. Ils accostent en Georgie du sud. Ils marchent sur la
banquise et transportent un appareil photo de 7 kilos.
Mon avis : l'écriture est fluide, très bien documenté ce qui rend la lecture passionnante. On apprend plein d'informations sur l'histoire du premier
ballon à air chaud (1782-1783).
Hélène Gaudy nous fait revivre l'envol de l'engin des frères Montgolfier à Versailles et on s'envole même avec Nadar et son appareil photo.
Cette lecture m'a fait penser au film "the aeronauts" sorti en 2019.

1897, trois hommes : Andrée, Fraenkel et Strindberg tentent d'atteindre le pôle nord en ballon depuis le Svaldbald, archipel de l'océan arctique dont l'île la plus importante est le Spitzberg.
Ils s'envolent et… disparaissent.
Qu'a-t-il bien pu leur arriver ?
En 1930, au cours d'un été particulièrement doux, leurs corps sont découverts dans la glace fondue.
On va enfin comprendre ce qui leur est arrivé.
Hélène Gaudy remonte la piste de ces aventuriers à partir des traces retrouvées sur le campement de fortune des trois hommes : les négatifs de photos prises par Strindberg, le journal d'Andrée, le chef de l'expédition, de lettres écrites à destination d'Anna, le grand amour du photographe. Elle fouille aussi dans d'autres récits d'expéditions polaires comme celles de Nansen ou le témoignage de Shakleton.
Par des va et vient entre ces indices et les hypothèses qu'elle échafaude, elle reconstruit l'expédition, construit le portrait des trois hommes, imagine le déroulé de leur aventure jusqu'à l'issue fatale, leurs motivations, leur lutte pour la survie, leur mort.
Elle ne néglige aucune piste et dans une langue élégante faite de digressions souvent édifiantes autour d'autres explorateurs, faite de descriptions des paysages sublimes que ces hommes vont parcourir dans des souffrances extrêmes, avec une cohésion sans faille, de descriptions d'un monde « où la neige se confond avec le ciel », « un monde où le froid comme le temps n'a plus de bord » qu'ils traversent avec obstination, « un monde sans contours », « sans ombre, sans contraste, sans rivage » jusqu'au bout de leurs forces, jusqu'au bout du jour qui bientôt fait place à la nuit polaire….

Comme j'ai aimé ce livre !
J'adore quand on a de vraies photos à observer et écouter toute l'histoire qu'il y a autour. Et là, c'est vraiment une aventure incroyable ! Ces photos de la fin du dix-neuvième siècle retrouvées plus de trente ans après la disparition de leur auteur. Et vas-y qu'Hélène Gaudy nous retrace toute l'aventure des trois hommes de la photo et en profite pour reparler de toute la conquête des pôles !
J'ai adoré scruter cette photo puis aller voir les autres sur internet, continuer à lire puis revenir sur ces photos.
C'est prenant, c'est documenté, c'est génial et tout délicat.
Un petit chef d'oeuvre !

Un ballon pèse-t-il plus lourd que les choses dont on est privé?
Il est vrai que l'écriture demande un temps d'adaptation. Mais les phrases ne sont pas interminables, comme j'ai pu le lire dans une des critiques, et le voyage en vaut la peine.
On se laisse peu à peu porter par ces glaces à la dérive: dans le temps, dans l'espace, dans les hypothèses, dans les digressions sur d'autres aventuriers aussi ou moins malchanceux (ou insensés?), dans le choix du personnage sur lequel la mise au point est faite.
Un livre pour ceux qui savent que la vérité est "un interstice qui entre [quelques hypothèses] s'est creusé " .
Pour finir, une citation: "Ce qu'on voit n'est pas si facile à saisir mais ce qu'on ne voudrait pas voir risque bien d'envahir la surface de la photographie. Peu à peu, l'invisible reprend ses droits."

Inspiré d'une histoire vraie. "Un monde sans rivage", livre à la fois très documenté et poétique, m'a souvent fait penser à un cabinet de curiosités : l'auteure agrémente son récit principal - la destinée tragique de trois suédois partis en montgolfière en Arctique à la fin du 19e siècle – d'une multitude d'évocations historiques et naturalistes sur les thèmes de l'expédition et des pôles. Des miscellanées hypnotiques, qui invitent souvent le lecteur à entrer en soi-même et à réfléchir profondément. L'ouvrage est également ponctué des notes du journal qu'a rédigé Salomon August Andrée, chef de l'équipée, durant l'aventure. Déconnexion garantie.