AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
EAN : 9782330135294
109 pages
Actes Sud (19/08/2020)
3.26/5   29 notes
Résumé :
Imaginez qu'une femme (elle s'appelle Jeanne) arrive dans un hôtel (avec vue sur la mer) et s'y installe sans trop penser à rien (elle est en fugue). Imaginez aussi les personnages qui gravitent autour d'elle dans cet univers très singulier (le compagnon abandonné, le réceptionniste, la serveuse, le couple de vacanciers avec deux enfants). Imaginez encore que l'histoire de cette arrivée se répète sept fois, mais toujours autrement, car l'hôtel n'est jamais au même e... >Voir plus
Que lire après Vues sur la merVoir plus
Critiques, Analyses et Avis (6) Voir plus Ajouter une critique
Dans l'appartement d'Adrien, Jeanne pense à ce que lui dira le réceptionniste lorsqu'elle lui demandera une chambre avec vue sur la mer. Elle guette les pas d'Adrien mais s'imagine déjà loin, dans la chambre de l'hôtel, seule. Ne rien attendre. Cet hôtel, elle le laisse prendre forme dans ses pensées, lui donnant une vague impression de refuge. Oui, elle a besoin de s'y réfugier.

Puis elle est en face d'un réceptionniste, plusieurs fois, à chaque chapitre, et demande une chambre. Quatre murs, une fenêtre qui ferme mal mais d'où la vue n'est jamais la même. La météo aussi diffère : chaleur caniculaire, pluie, neige. Les personnes présentes ont quelques similarités. Jeanne désire laisser courir le temps, sans rien vouloir, sans rien désirer mais en ressentant encore la présence d'Adrien. Peu importante ce qu'elle fuit. Ses échappées lui semblent juste nécessaires pour faire le vide.

À chaque fois, ce sont des impressions puissantes que l'auteure véhicule à travers Jeanne. Des impressions marquantes de solitude, d'être de passage, une sensation de fatigue, d'un besoin pressant de dormir. Je suis restée suspendue aux émotions de Jeanne, attentive au moindre signe donné par l'auteure, au moindre mot qu'elle semble nous souffler avec un style aérien, presque hypnotique. Différents aspects de solitude se dessinent, chez Jeanne mais aussi dans les personnes rencontrées dans cet hôtel, dans ces hôtels où finalement tout se confond.

C'est un tout petit livre, juste sept chapitres sans réel enchaînement mais avec quelques points communs donnés ou sous-entendus. On a besoin d'y revenir sur cette lecture pour approfondir et goûter tout le travail de l'auteure car la construction est subtile, intrigante.

Une chambre d'hôtel pour un besoin de vide face à la vie, face à l'amour. Une très belle plume qui correspond intimement au sujet. Une découverte étrange, éthérée, juste en sensations, en perceptions mais qui interroge étonnamment sur la solitude des uns et des autres.
Commenter  J’apprécie          304
Un livre d'une construction , d'un genre très peu habituel. Il est très petit : une centaine de pages.

7 nouvelles écrites par la même auteure, qui commencent toutes par ”Une chambre avec vue sur la mer ?” . Telle est la question qu'un réceptionniste d'un hôtel de seconde zone pose à Jeanne qui y débarque pour une durée indéterminée, pour une raison indéterminée. La fenêtre de la chambre ferme mal aussi.

Et puis, autour de ces ”ingrédients” (fil rouge du livre), les personnages (clients de l'hôtel pour la plupart, le réceptionniste, la serveuse...) , les situations, l'intrigue, varient : point de chute après la séparation d'avec Adrien, son fiancé ; rencontre avec une famille dans laquelle chaque membre en sera héros principal; hôtel à la montagne en plein hiver ....

Etonnant, poétique, questionnement, points de vue, fins ouvertes, : voici en vrac les mots qui me viennent en fin de lecture. J'ai aussi surtout retenu qu' à partir de quelques ”consignes”, on obtient 7 histoires très différentes.
Commenter  J’apprécie          50
Pour la deuxième fois cette année, j'ai lu un roman d'une centaine de pages. Pour la deuxième fois cette année, je suis émue par des petits détails merveilleusement retranscrits et une plume très poétique. J'admire comment un écrivain parvient, en si peu de pages, à nous transporter dans une bulle hors du temps, nous égarer, nous faire réfléchir, puis doucement nous ramener à bon port. le temps d'une soirée j'ai fui avec Jeanne dans sept chambres d'hôtels, à la fois si semblables : la n°30, la fenêtre qui ferme mal, la robe rouge ; et pourtant si différentes : à la mer, au coeur de la forêt, dans la douceur de la montagne, à la campagne.

Jeanne fugue loin de la lourdeur du quotidien, du poids de l'attente, de la pesanteur du corps de l'amant. Jeanne se confronte à sept facettes de sa vie : elle-même, son amant, l'enfant quelle n'a pas encore eu, l'enfant qu'elle a été, la femme qu'elle aimerait être, la femme qu'elle craint de devenir, la peur de la solitude. Il nous semble être dans un rêve de Jeanne, la frontière entre imaginaire et réalité est ténue. Parallèlement, les tourments des personnages sont bien réels et l'auteure traduit avec beaucoup de justesse les sentiments que l'on peut avoir. A chaque chapitre nous ouvrons une nouvelle porte, de petits détails ont changé, les scènes semblent se répéter et c'est dans les légères différences que nous progressons de plus en plus intimement dans les préoccupations d'une jeune trentenaire qui a besoin de partir pour mieux revenir. Ce livre est une petite bulle douce introspective à s'accorder un après-midi d'automne pluvieux.
Commenter  J’apprécie          10
J'aime bien choisir mes lectures en fonction du lieu où je vais les lire. Alors, dans la perspective d'un voyage en train, j'ai demandé à ma libraire un recueil de nouvelles.
Elle m'a proposé ce petit livre. Mais est-ce vraiment un recueil de nouvelles? un roman en 7 chapitres? 7 histoires, 7 jours? (D'ailleurs, si c'était à refaire, je lirai une histoire par jour). Une écriture en spirale: tout est pareil, mais rien ne l'est. La réflexion gagne non en profondeur, mais en ampleur. Au fil des pages, les personnages secondaires prennent la parole, prennent de l'épaisseur, les esquisses se précisent tout en se brouillant, comme des crayonnages sur un carnet à dessin. La solitude, les choix que l'on fait ou que l'on ne fait pas.
Et me voilà avec une furieuse envie de partir dans une chambre donnant sur "la mer du nord en hiver". Et de réécouter Souchon, un autre à avoir bien parlé de la solitude. Et d'observer les autres passagers dans le train.
Pour finir, quelques citations: "Le réceptionniste ressemblerait un peu à Adrien, Adrien en moins bien, dans les moments où elle l'aime un peu moins."
"Et elle traque les regards que les gens lui lancent. A lui qu'ils voient."
"Ce n'est pas pour elle, les cris et la vaisselle qui vole. Se faire consoler."
Commenter  J’apprécie          00
L'héroïne se retrouve à demander chaque jour une nouvelle chambre dans un hôtel. Que vient-elle y faire? Se cacher? Se réfugier? Court roman, Vues sur mer propose la rencontre entre une femme avec un réceptionniste, une famille, une serveuse… Que fuit-elle? Elle a besoin de réfléchir, se poser. le manque de réponse claire rebute parfois. Mais des détails familiers, des impressions de vécu parsèment ce récit très réfléchi, presque poétique. En véritable jeu des apparences, ce court récit se savoure, cueillant chaque saynète -sans l'humour- avec soin et respect. La fin, positive, laisse entendre une avancée. N'est-ce pas le but d'un héros? Savoir avancer, trouver en soi la force de continuer et quel chemin emprunter pour son salut.
Commenter  J’apprécie          10

Citations et extraits (10) Voir plus Ajouter une citation
On se sent mieux en s’appuyant sur la solitude des autres comme sur une canne, ça nous rappelle la chance qu’on a d’avoir un autre près de soi, un autre quel qu’il soit, même s’il n’est pas si terrible, c’est toujours mieux que ça, que rien, que personne, et on serre l’autre dans ses mains et on se souvient qu’on y tient.
Commenter  J’apprécie          183
Dans la chambre, elle ne prend pas le temps de se déshabiller. Le bruit de la pluie la berce, couvre ceux de la ville et, dans son sommeil, Jeanne sent une couverture humide et ouatée qui l'enveloppe et la protège, tient à distance les voix et les images, lui permet d'être pour quelques heures cette petite chose sourde qui oublie le passé et la perspective de l'avenir. Ce corps lourd lové dans un brouillard sonore.
Commenter  J’apprécie          120
je n'ai pas trouvé l'équilibre, se dit jeanne. et ce n'est pas le souvenir qui donne aux choses une consistance
Commenter  J’apprécie          40
Puis il va monter les escaliers. Retrouver sa femme endormie. Mettre son nez dans son cou sans la réveiller et Jeanne soudain sent les larmes pointer. Absurde, cette escapade. Du vide, du rien. Rien à côté d'un cou dans lequel fourrer son nez.
[...]
Paul en se couchant ne voit pas les yeux grand ouverts de Cécile. elle se dit, elle l'a épuisé mais c'est près de moi qu'il vient se reposer. C'est près de moi qu'il reposera toujours. plus de menace, de peur au ventre. C'est fait. C'est fini.
Paul ne peut pas dormir. il pense à la femme au carnet.
Commenter  J’apprécie          00
c'est peut être de cela dont elle avait envie quand elle a quitté on appartement. cette longue marche dans la foret puis se laisser faire, se réfugier. trouver enfin la cabane. s'endormir dans le grand silence et juste, parfois le grincement des arbres.
Commenter  J’apprécie          10

Videos de Hélène Gaudy (17) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Hélène Gaudy
En partenariat avec le festival Paris en toutes lettres, la BnF accueille chaque année deux écrivains en résidence littéraire. Cette année, Emmanuelle Bayamack-Tam et Arno Bertina proposent une restitution publique de leurs travaux respectifs.
Née en 1966, Emmanuelle Bayamack-Tam a publié aux éditions P.O.L. une douzaine de romans, ainsi qu'une pièce de théâtre, Mon père m'a donné un mari (2013). Elle a reçu le prix Alexandre-Vialatte 2013 pour Si tout n'a pas péri avec mon innocence et le prix du Livre Inter 2019 pour Arcadie (2018), une fable politique et écologique. Sous le pseudonyme de Rebecca Lighieri, elle écrit également des romans plus « noirs », tels Les Garçons de l'été (2017) et Il est des hommes qui se perdront toujours (2020). En 2019, elle publie éden, son premier roman pour la jeunesse.
Pour Emmanuelle Bayamack-Tam, la fonction de la littérature est de déstabiliser. Sa langue volontairement violente et organique aborde des sujets souvent provocants. « J'écris pour déranger. À commencer par moi-même. […] La littérature qui m'intéresse est celle qui fait bouger les lignes, qui déstabilise. Je n'attends pas qu'un livre me conforte dans mes idées reçues, ni qu'il me procure une sérénité factice. Quand j'écris, dès que je sens que le lecteur s'est tranquillement installé dans l'histoire, je le malmène. Je débusque toute position confortable, et je la détruis. », déclarait-elle en 2018.
Né en 1975, Arno Bertina a publié des romans et récits très variés, mais qui ont en commun la forme de l'enquête sur sa propre « identité mobile ». Je suis une aventure (2012) est une sorte de roman picaresque dont un des protagonistes est le tennisman « Rodgeur Fédérère ». Des Châteaux qui brûlent (2017) met en scène un huis clos d'une semaine entre des salariés d'un abattoir breton en grève et le ministre de l'Industrie qu'ils séquestrent. En mars 2020, L'Âge de la première passe, récit documentaire, relate le travail mené durant trois ans auprès de prostituées congolaises mineures.
Arno Bertina se dit également « passionné par les aventures collectives » depuis son année de résidence à la Villa Médicis en 2004-2005, durant laquelle il a coécrit la « farce archéologique » Anastylose (2006). Il a ainsi participé à toutes les aventures de la constellation d'écrivains à géométrie variable (Bruce Bégout, Mathias Énard, Claro, Maylis de Kerangal, Hélène Gaudy, Oliver Rohe…) qui s'est constituée en 2004 autour de la revue et des éditions Inculte.
+ Lire la suite
autres livres classés : situationVoir plus
Les plus populaires : Littérature française Voir plus


Lecteurs (57) Voir plus



Quiz Voir plus

As-tu bien lu Lubin et Lou Une nouvelle maison

Lubin et Lou sont des gros monstres pleins de poils et assoiffés de sang

oui, exactement
non, pas du tout
ilsne sont pas gros mais monstrueux
ils sont assoiffés de sang

8 questions
0 lecteurs ont répondu
Thème : Lubin et Lou, tome 1 : Une nouvelle maison de Hélène GaudyCréer un quiz sur ce livre

{* *}