Vers 1204, le roi Philippe Auguste commence le Louvre par l'édification d'un château fort entouré d'eau, dominé par une grosse tour, flanqué de tours aux angles, n'ayant que l'apparence rude et lourde d'une construction militaire. Ce premier Louvre occupe un peu plus du quart de l'emplacement de la vieille cour actuelle, sur lequel on a indiqué le tracé du mur d'enceinte et de la Grosse Tour. Dans cette grosse tour, les rois enferment ce qu'ils ont de plus précieux, leurs monnaies d'or et d'argent, leurs bijoux, les chartes du royaume, les armes nécessaires pour défendre leur trésor.
La peinture décorative fut apprise à l'Etrurie par des Grecs céramistes établis chez elle, en colons. On en fit un usage permanent pour les parois des chambres funéraires. Les plaques peintes de Cervetri, aux colorations noires, blanches, rouges, jaunes, représentant les funérailles, les préparatifs d'incinération d'une jeune fille, et le retour de celle-ci vers sa famille sous la forme d'une petite figure volante, sont un exemple de ces peintures funéraires.
La peinture est aussi employée au coloriage des boîtes à momies, et se révèle alors comme un des arts industriels exercés par l'Egypte avec une inlassable monotonie. Ces innombrables boîtes funèbres extraites du sol de l'Egypte, si elles étaient réunies, donneraient l'impression d'une foule aux traits et aux corps semblables, dont chaque unité semble façonnée et coloriée avec l'habitude de l'indifférence.
J'ai cru nécessaire, après les deux volumes de la Peinture et de la Sculpture du Louvre, d'écrire ce troisième volume, consacré tout d'abord au Palais du Louvre, à son architecture, à son histoire, puis à tous les arts du mobilier et de l'objet qu'il expose à la curiosité et à l'admiration.
"L'enfermé" de Gustave Geffroy.