Dans ce roman épistolaire deux êtres tentent de reconstruire le passé qui leur a été dérobé.
Hélène ne cesse de poser et se poser des questions sur sa mère disparue alors qu'elle n'avait que 3 ans.
Cette quête d'identité se fera autour d'une photo détenue par Hélène, sur le cliché une belle femme, sa mère, est entourée de deux hommes.
Une petite annonce dans un journal va permettre à Hélène de rencontrer Stéphane, un chercheur anglais qu'elle ne connaissait pas, celui-ci va l'aider dans cette recherche de la vérité, il est directement concerné par la photo, il y reconnaît l'un des personnages, un proche, c'est à travers une longue série de lettres et l'ajout d'autres photos que les deux personnages vont communiquer.
Dès lors leur destin est lié, le suspense s'installe jusqu'au dénouement où le lien entre le personnages présents sur la photographie sera dévoilé.
La correspondance, va permettre tout au long du roman de reconstruire le puzzle de leur vie brisée par le secret de famille, ce voile opaque, ce blanc, ce vide qui recouvre leur passé.
Les deux personnages ne cessent de lutter contre l'oubli qui leur a été imposé, ils revendiquent et ceci est légitime, le droit de savoir.
Le récit se déroule comme une pellicule, la narration est entrecoupée par les observations des photographies, des descriptions qui fournissent des indices sur lesquels les personnages vont s'appuyer pour éclairer leur recherche. Ces descriptions sont autant de pauses, des incursions du réel qui échappe, une tentative de reconstruction à travers les silences des êtres chers qui se sont tus.
Reconstruction à travers les images mais aussi à travers le fil de l'écriture qui permet aux personnages de tisser un lien d'amitié d'abord, puis ils vont s'aimer.
Cet amour est le beau résultat, le bénéfice collatéral de cette quête de l'identité et des origines bien que la force du secret de famille va laisser des traces psychologiques irréversibles.
Laissons la parole aux personnages :
« Aujourd'hui, Stéphane, lorsque je pense à eux deux, je mesure la force de leur lien, ce lien qui nous a conduits l'un vers l'autre à trente-sept ans de distance...Oui, c'étaient
eux sur la photo, qui nous parlaient, nous appelaient...Je les contemple jusqu'au vertige et je crois les entendre nous dire qu'il faut vivre maintenant, saisir la chance qu'ils ont laissé échapper.
J'aimerais tant que tu reviennes.
Et que l'on s'aime. »
« Hélène Ce ne sont pas des fantômes que nous avons exhumés : ils sont bien vivants, à croire qu'ils n'en finiront jamais de semer la détresse autour d'eux. Je crois bien que je les hais. Et une des raisons de cette haine, c'est que leur histoire pèse sur la nôtre, de tout son poids, jusqu'à l'asphyxie, et que je suis terrifié à l'idée de te perdre. Alors j'ai repris la plume, comme aux premiers jours de
notre correspondance, dans l'espoir que le maléfice aura été conjuré, je ne sais pas trop comment, à l'heure où ces mots arriveront jusqu'à toi.
Éclaire-moi.
Stéphane »