Ce roman paru en 1909 a été un des premiers succès littéraire de l'auteur.
Le narrateur, Jérôme, l'alter égo de
Gide, perd son père alors qu'il n'a que 11 ans.
Sa mère et lui, passent toutes leurs vacances d'été près du Havre, dans la maison de Bucolin, son oncle. Jérôme s'amuse beaucoup avec ses cousines avec lesquelles il tisse des liens étroits. C'est particulièrement Alissa de deux ans son aînée, qui lui accorde toute sa confiance et avec laquelle il partage de nombreuses journées, des jeux puis, en grandissant, des discussions sur de nombreux sujets et des échanges littéraires...
Peu à peu, cette tendresse qui émaille leur relation, se transforme en amour réciproque et tandis que le jeune homme rêve de l'épouser, Alissa devient de plus en plus exaltée...les voir mariés est inéluctable !
C'est alors qu'Alissa découvre que sa jeune soeur Juliette, s'est également éprise de Jérôme. Elle va alors tenter de repousser le jeune homme tout en cherchant mille prétextes, afin que ce soit sa jeune soeur qui soit heureuse à sa place.
Mais Juliette renonce à Jérôme ainsi qu'à son meilleur ami, Abel, qui en était épris, et choisit une autre voie. Elle se marie avec Edouard, un riche viticulteur du sud et quitte la demeure familiale.
Jérôme qui n'a pas perdu espoir d'épouser Alissa, découvre que celle-ci le repousse encore, espace leur correspondance, préfère l'éloignement à sa présence, l'amour platonique à l'amour réel.
La foi protestante qui l'anime tombe dans l'excès, et incite la jeune fille à renoncer à tout amour terrestre et charnel dont au fond elle a peur, pour se consacrer à l'amour de Dieu...plus parfait à ses yeux.
Elle aurait pu choisir d'entrer au couvent, mais
André Gide en a décidé autrement...
Voici un roman qui nous parle d'amour impossible non pas parce qu'interdit, mais bien parce que c'est Alissa qui se croit indigne de le recevoir. Elle se sacrifie d'abord pour sa soeur, puis parce qu'elle croit que c'est le seul moyen pour que Jérôme soit heureux et accomplisse son destin.
J'ai aimé la pudeur qui émane de ce récit, son côté romantique et bien entendu autobiographique. J'ai aimé aussi son côté vieillot et suranné...
J'ai aimé les descriptions légères et poétiques des années de jeunesse, de leurs jeux, du cadre bucolique qui les entoure.
La langue employée par
André Gide y est pour beaucoup et bien entendu il est plaisant de s'y plonger.
Le roman est empreint cependant, ce qui contraste avec l'insouciance de la jeunesse, de rigueur, de références bibliques, des convenances de l'époque et de ferveur religieuse.
Sans faire une analyse approfondie de l'oeuvre que vous trouverez sans peine, si cela vous intéresse sur internet, d'après moi,
André Gide veut également montrer que mieux vaut un amour réel, et réaliste, apportant mille petits bonheurs qu'un amour idéalisé, trop éloigné de la vraie vie, inaccessible et incapable de nous apporter des joies simples...
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