Citations sur Les nourritures terrestres - Les nouvelles nourritures (306)
Nathanaël, je t’enseignerai la ferveur…
Nathanaël, je t’enseignerai la ferveur.
Nos actes s’attachent à nous comme sa lueur au phosphore.
Ils nous consument, il est vrai, mais ils nous font notre splendeur.
Et si notre âme a valu quelque chose, c’est qu’elle a brûlé plus
ardemment que quelques autres.
Je vous ai vus, grands champs baignés de la blancheur de l’aube ;
lacs bleus, je me suis baigné dans vos flots – et que chaque caresse
de l’air riant m’ait fait sourire, voilà ce que je ne me lasserai pas de
te redire, Nathanaël.
Je t’enseignerai la ferveur.
Si j’avais su des choses plus belles, c’est celles-là que je t’aurais
dites – celles-là, certes, et non pas d’autres.
Tu ne m’as pas enseigné la sagesse, Ménalque.
Pas la sagesse, mais l’amour.
Et quand tu m'auras lu, jette ce livre --- et sors. Je voudrais qu'il t'eût donné le désir de sortir --- sortir de n'importe où, de ta ville, de ta famille, de ta chambre, de ta pensée.
Ne desire que ce que tu as.
Toute ta fatigue vient de la diversité de tes biens.
Tout être est capable de nudité ; toute émotion, de plénitude.
Il ne me suffit pas de lire que les sables des plages sont doux ; je veux que mes pieds nus le sentent… Toute connaissance que n’a pas précédée une sensation m’est inutile.
Ne désire jamais, Nathanaël, regoûter les eaux du passé.
Nos désirs ont déjà traversé bien des mondes ;
Ils ne se sont jamais rassasiés
Et la nature entière se tourmente,
Entre soif de repos et soif de volupté.
(Ronde de tous mes désirs)
C’est dans l’abnégation que chaque affirmation s’achève.
Tout ce que tu résignes en toi prendra vie. Tout ce qui cherche à s’affirmer se nie ; tout ce qui se renonce s’affirme. La possession parfaite ne se prouve que par le don. Tout ce que tu ne sais pas donner te possède. Sans sacrifice il n’est pas de résurrection. Rien ne s’épanouit que par offrande. Ce que tu prétends protéger en toi s’atrophie.
À quoi reconnais-tu que le fruit est mûr ? – À ceci, qu’il quitte la branche. Tout mûrit pour le don et se parachève en offrande.
Ô fruit plein de saveur, qu’enveloppe la volupté, je sais qu’il te faut faire abandon de toi pour germer. Qu’elle meure donc ! qu’elle meure, cette douceur autour de toi. Cette abondante chair exquise et sucrée, qu’elle meure ! car elle appartient à la terre. Qu’elle meure afin que tu vives. Je sais que « si le fruit ne meurt, il reste seul ».
Seigneur ah ! donnez-moi de n’attendre pas la mort pour mourir.
C’est en se renonçant que toute vertu se parachève. C’est à la germination que prétend l’extrême succulence du fruit.
La vraie éloquence résigne l’éloquence ; l’individu ne s’affirme jamais plus que lorsqu’il s’oublie. Qui songe à soi s’empêche. Je n’admire jamais tant la beauté que lorsqu’elle ne sait plus qu’elle est belle. La ligne la plus émouvante est aussi la plus résignée. C’est en renonçant à sa divinité que le Christ vraiment devient Dieu. Et, réciproquement, en se renonçant dans le Christ Dieu se crée.
Les Nouvelles Nourritures Terrestres
Pour nombre d ' ames et que je crois des mieux trempees , le bonheur n ' est point dans le confort et dans la quiétude , mais dans l ardeur .
je n'admire jamais tant la beauté que lorsqu'elle ne sait plus qu'elle est belle.