Enfin, je lis mon premier Karine Giebel ! Je dois reconnaître que l'auteure a du talent dès qu'il s'agit d'offrir une ambiance angoissante à son lecteur ! Dans cet ouvrage mêlant polar, thriller psychologique, suspense, roman noir et horreur, on va suivre Benoît, un commandant et père de famille aimant. Un homme à première vue respecté pour son travail, mais surtout… connu pour être un séducteur ! Il semble que derrière ce corps d'Apollon et ce visage charmeur se cache une âme plus sombre qu'il n'y paraît. Une âme qui se complaît à séduire, collectionner la gente féminine et s'en vanter avec arrogance ! Voilà un personnage qui m'a rapidement paru détestable et auquel je ne me suis pas du tout attachée. En revanche, je reconnais avoir ressenti énormément de pitié pour lui ! En effet, le pauvre Ben va se faire enlever, puis séquestrer par Lydia, une superbe rouquine qui va lui faire subir mille et une atrocités ! La lubricité du commandant justifie-t-elle cette torture psychologique et physique ? Que lui veut sa belle geôlière ? Est-ce une simple histoire de vengeance ? Jusqu'où est-elle capable d'aller ? Les collègues de Benoît arriveront-ils à temps pour le sauver ? Comment aurais-je réagi si j'étais à la place de Ben, fatiguée, affamée, affaiblie et hurlant mon innocence ? Ces questions m'ont hanté tout au long de ma lecture et, tandis que je serrais les dents en observant le policier endurer l'horreur, j'essayais de comprendre.
À plusieurs reprises, j'ai eu l'impression d'avoir affaire à un « Misery » de Stephen King revisité. Les relations entre Benoît et Lydia sont assez similaires : un mélange de peur, haine, dépendance, attirance et démence. Ben exècre cette psychopathe le retenant captif cependant, il doit contenir ses émotions pour survivre. Il est ainsi contraint de l'apaiser, de la flatter, de se murer dans le silence, de répondre à ses questions, d'attendre inlassablement. Car, au moindre geste ou réplique ne lui plaisant pas, Lydia explose et sort les griffes… C'est terrifiant ! le traitement infligé m'a vraiment donné des sueurs froides ! L'auteure a réellement bien su retranscrire les souffrances ainsi que les scènes de tortures intolérables. Gare aux âmes sensibles ! Lydia est une antagoniste à la fois fascinante, cruelle et troublante. Bien qu'extrême et assez caricaturale, elle éveille la curiosité du lecteur. Aux côtés de la victime, on cherche à comprendre sa folie, ses gestes de tendresse et sa rage démentielle digne d'Annie !
Les autres personnages sont malheureusement assez peu dépeints et manquent de personnalité. J'aurais souhaité qu'on les creuse un peu plus, quitte à sacrifier quelques chapitres à la fin un peu longs et répétitifs dans la cage… Toutefois, j'ai aimé l'avancée de l'enquête ainsi que les révélations découvertes par l'équipe d'Auguste et de Djamila. Avancer en eaux troubles m'a conquise et Karine Giebel a failli m'avoir ! Hélas, j'ai fini par saisir le dénouement vers les deux tiers du roman, lorsque Lydia a eu des doutes sur la culpabilité de son prisonnier. Cela ne m'a pas empêchée d'être happée par cette lecture anxiogène à l'ambiance aussi glauque que dérangeante.
Lien :
https://lespagesquitournent...