Iron Man Marvel Now, tome 2

Ce tome contient les épisodes 6 à 11 initialement parus en 2013, tous écrits par Kieron Gillen, dessinés par Greg Land et encrés Jay Leisten pour les épisodes 6 à 8, dessinés et encrés par Dale Eaglesham pour les épisodes 9 à 11.

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Épisodes 6 à 8 - Tony Stark a décidé de partir pour l'espace afin de découvrir de nouvelles choses. Alors que l'histoire commence il est en train de défendre une planète artificielle contre une flotte de vaisseaux pirates. Après la bataille, il prend un verre bien mérité sur la planète Voldi, en compagnie de Veritina, l'une des princesses. Dans le même établissement, Death's Head sirote également une boisson. Bien qu'ils appartiennent à 2 races différentes, Tony Stark accepte l'invitation de Veritina à la raccompagner chez elle. Mais une fois dans sa chambre, leur romance se heurte à 2 obstacles. le premier fait vomir la princesse, le second met la vie de Stark en danger, car il est sous le coup d'une inculpation pour déicide.

C'est l'anniversaire de Tony Stark et le voilà tout seul au fin fond de l'espace. Qu'à cela ne tienne, il va sauver une vieille race extraterrestre, et draguer leur princesse. Bien sûr, il va être rattrapé par ses initiatives prises au cours d'AvX et finir sans armure dans une arène à devoir prouver sa valeur. Dans le cadre de l'opération "Marvel NOW!", le lecteur a bien pris conscience que les responsables éditoriaux ont décidé de lier Iron Man au domaine cosmique et que du coup il faut gérer la synchronisation entre cette série et celle des Gardiens de la galaxie. Kieron Gillen dispose donc d'encore 3 épisodes avant d'attaquer sa vraie première histoire. Il utilise une trame très classique : accusé d'un crime, le héros invoque une vieille coutume lui permettant d'exiger un procès par l'affrontement physique. Ces 3 épisodes se lisent très vite, et le scénario aurait pu tenir en 2 épisodes, voire un et demi. Les dessins de Greg Land sont toujours aussi jolis à regarder. Toutefois la densité d'informations visuelles est assez faible, et quelques cases (surtout lors des combats dans l'espace) sont tellement épurées, qu'elles ressemblent à des images de dessins animés pour enfant.

Heureusement le lecteur peut se rabattre sur la capacité de Kieron Gillen à utiliser des éléments peu utilisés de l'univers partagé Marvel, avec habilité et à bon escient. C'est ainsi qu'il sort de la naphtaline le personnage de Death's Head, chasseur de primes robotique, créé en 1987 par la branche anglaise de Marvel (Marvel UK), par Simon Furman et Geoff Senior. Tout aussi pointu, il ressort un Enregistreur (Recorder, une série de robots créés par la race des Rigellians), ayant connu sa première heure de gloire (bon peut-être seulement une minute de gloire) en 1978 dans les épisodes 110 à 112 d'Iron Man. Il fut une époque où dans l'univers partagé Marvel, le lecteur pouvait croiser ses robots dans des situations inattendues, par exemple en tant qu'aide d'Uatu dans les épisodes 137 & 138 d'Uncanny X-Men.

Kieron Gillen fait également preuve d'un sens du dialogue qui fait mouche, en particulier en transcrivant bien le caractère sûr de lui de Tony Stark.

Ces 3 épisodes sont jolis, se lisent facilement, et contiennent 2 grosses surprises. Ça se lit vite (aussi vite qu'un épisode et demi) et ça constitue un divertissement léger, ainsi qu'une bonne transition vers la suite. 3 étoiles.

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Épisodes 9 à 11 - Stark a décidé de se séparer pour quelque temps des Gardiens de la galaxie. Il dit donc au revoir à Peter Quill (Star Lord) et se met à la recherche de Death's Head. Il a décidé d'engager ce chasseur de primes pour qu'il l'aide à retrouver l'Enregistreur 451. Une fois chose faite, les relations entre Recorder 451 et Iron Man prennent un tournant très inattendu, puisque 451 dispose d'informations sur la conception et la naissance de Tony Stark.

Il faut reconnaître que scénariste, dessinateur et responsable éditorial ont fait preuve de courage en réalisant et acceptant une couverture représentant un nourrisson avec sa couche. À la réflexion, il s'agit d'une provocation irresponsable à l'encontre de la profession qui ne jure que par des couvertures avec des superhéros en pleine action, sans lien direct avec le contenu du comics. Deuxième provocation tout aussi suicidaire et tout aussi clairement affichée : cette histoire va remettre en cause les origines gravées dans le marbre de Tony Stark. En français, ça s'appelle de la rétrocontinuité, modifier à posteriori des événements tenus pour acquis (voire canonique). Tout lecteur de comics sait que ce type de rajout n'est jamais à la hauteur de l'original, et qu'il a vocation à être oublié plus ou moins rapidement. Il est donc là aussi facile d'y voir une commande éditoriale pour rattacher coûte que coûte Iron Man aux personnages cosmiques de Marvel.

C'est donc le retour de l'Enregistreur 451, avec des retours dans le passé impliquant Maria et Howard Stark (les parents de Tony), et des personnages secondaires tels que Jimmy Woo (travaillant à l'époque pour le FBI, avant la création du SHIELD), une femme appelée "The Bear", Nessa the Kitten, Dum Dum Dugan (alors affecté à la CIA) et même Thunderbolt Ross. Si le lecteur a le droit d'être sceptique quant à la pérennité des révélations, il se laisse porter par le rythme et la narration décomplexée de Gillen. C'est rocambolesque à souhait (comme si Gillen refusait de se prendre au sérieux), avec une ou deux petites références (le groupe d'experts réunis par Stark, fait penser à une version réduite de Ocean's Eleven, les petits gris renvoient à toute la mythologie plus ou moins sérieuse qui leur est associée).

Les dessins d'Eaglesham sont très professionnels, peut-être un peu trop réalistes pour les scènes dans l'espace, ou mal coordonnés avec le travail des metteurs en couleurs de GURU-eFX. Pour les scènes du passé, Eaglesham utilise un style descriptif, sans effet artistique, adapté aux actions des ces individus normaux, avec des visages très expressifs pour Rollo (l'un des petits gris). La mise en couleurs joue également dans un registre réaliste. Par contre pour les scènes aux temps présents, Eaglesham utilise le même style (pas forcément très adapté aux composantes de science-fiction, trop pragmatique), alors GURU-eFX change de palette et opte pour des teintes plus vives, plus intenses, créant un hiatus entre les dessins et le rendu final.

L'appréciation de cette histoire dépendra fortement des attentes du lecteur et de son ouverture d'esprit. S'il est venu chercher une aventure cohérente de son héros préféré, il y a fort à parier que le décalage sera trop important : bricolage inutile avec les origines de Tony Stark, narration flirtant avec un second degré parodique, révélations abracadabrantesques et pas forcément utiles. 2 étoiles. Si le lecteur a pris un peu de distance avec le personnage, il aura la surprise de découvrir un récit qui ose malmener le personnage principal, avec un humour discret mais indéniable, des dialogues vivants, et des dessins satisfaisants pour un comics produit à la chaîne. 4 étoiles.