Le chant du monde

Dès les premières pages on sent la nature vivre. c'est du grand Giono (quel conteur ! quel conteur !). La nature est un personnage à part entière.

Comme bien souvent je ne suis pas allé jusqu'au bout de ce livre (donc aucun risque de dévoiler quoi que ce soit). Pourquoi ? Peut-être parce que justement cette nature est oppressante, trop présente (notez l'allitération 😉).

J'ai voulu lire ce livre que je n'avais jamais été tentée de lire...
Quelques chose dans le style m'a rebutée... j'ai même zappé des pages...
Peut-être la volonté de Giono de placer la nature à la même échelle que les protagonistes... Pas assez de relief... ?
Peut-être la rusticité des lieux... le côté austère des personnages...
Le titre m'a fait idéaliser ce livre... Pour lequel j'avais pourtant une envie très forte de découvrir...
Je lui ai trouvé un côté désuet, ça m'a chagrinée car j'aime l'authenticité et le monde paysan.

C'est un livre-opéra où la musique de la nature, ce "chant du monde", vient s'immiscer parmi les actions des hommes jusqu'à devenir le personnage principal du roman. Dans ces montagnes où coule un fleuve jamais nommé (peut-être la Durance ?), les forces de la nature se jouent des tentatives désespérées des hommes d'avoir le dernier mot. Et pour raconter ce corps à corps, la langue de Giono est une source cristalline d'une beauté à couper le souffle.

Un livre qui sent bon la terre, la forêt, les rivières… Giono anime la Nature avec brio, faisant d'elle une entité vivante et frémissante. Chacun de ces personnages respire le besoin de croquer la vie à pleines dents, et donne envie d'y plonger comme le bel Antonio du roman se laisse emporter par le flot du ruisseau qui parcoure les pages. le chant du monde est hymne à la simplicité toute chaude du bonheur et à la joie de vivre, idéal pour se détendre et apprécier le moment présent.

Quand on parle de communion avec la nature, ce livre en est l illustration parfaite .Le rythme donnée aux phrases nous plonge dans la musique du fleuve,l homme qui nous sert de guide dans cet univers aquatique (Antonio) est en total communion avec la rivière.
On arrive pratiquement à sentir les odeurs végétales et du bois qui se laisse porter.
Antonio est pur comme l eau qui représente son univers

simple, nécessaire.
et c'est tout.

J'ai appelé ma fille Clara. A cause de ce livre.

Jean Giono n'avait pas son pareil pour faire parler même les matériaux, pour faire chanter les tuiles sous la pluie, pour faire crier les souliers et pleurer les essieux de charrettes.

Même si l'univers qu'il décrit ici est plutôt sombre, il réussit encore ce tour de force, éveiller tous nos sens, ouvrir grand nos chakras.

Il y a du Bernard Clavel là-dedans (Amarok), peut-être l'action en moins.

Je poursuis la découverte de Jean Giono que j'ai découvert sur le tard avec "Que ma Joie Demeure".

Dans mon souvenir lorsque la lecture de ce livre m'avait un peu ennuyé à l'époque... il me semble qu'une lecture actuelle des oeuvres de Giono me permettrait de me rendre compte aujourd'hui

De beaux personnages, notamment Clara l'aveugle. Et comme dans Colline, Regain, Ceux de Baumugnes, une magnifique description de la nature. Par contre, pour la première fois chez Giono, cela m'a gêné par moments. Je voyais Giono faisant du Giono, comme Duras avec Duras. de maniérisme, j'ose le mot à l'égard de cet auteur qui m'a donné de mes plus grands bonheurs de lecteur. J'ai vu l'auteur aussi derrière l'histoire et la construction. Trop présent quand on a déjà lu d'autres livres de lui et que l'on est "habitué" à la beauté (le lyrisme ?) de ses évocations. Il faudrait pouvoir souffler un peu avec des pages simples alors que dans ce roman, ces descriptions adviennent à feu continu et tout propos. Il reste toutefois un beau livre.