AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
4,19

sur 86 notes
5
4 avis
4
3 avis
3
1 avis
2
0 avis
1
1 avis

Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Quelle est l'origine des rites, des mythes et des religions? René Girard propose une hypothèse que ce livre essaie de prouver : tout est né de la violence indifférenciée, d'une guerre entre gens identiques, d'un conflit fratricide qui n'a pu se régler, éloigner la violence, que par le sacrifice d'une victime émissaire, à la fois à l'intérieur et à l'extérieur de la communauté, double monstrueux du coupable véritable. En tuant le bouc émissaire et en mimant la violence à laquelle sa mort met fin, on permet une vie sans violence. La victime devient alors sacrée et ce qui incarnait le mal absolu est désormais objet de vénération. Girard montre ce mécanisme à l'oeuvre dans de nombreuses sociétés traditionnelles. Est-il encore valable dans nos sociétés et nos religions modernes? La figure du Christ confirme à merveille cette théorie (au point qu'on peut se demander si elle n'en est pas l'origine…). Qu'en est-il de nos sociétés qui se croient débarrassées de la pensée religieuse? Est-ce que la survivance des superstitions à l'heure de la science qui en prouve l'ineptie n'est pas due à cette nécessité fondamentale d'éloigner la violence? Qu'arrive-t-il aux religions quand elles prônent elles-mêmes la violence? La théorie de Girard pose beaucoup de questions. Permet-elle de répondre à toutes?
Commenter  J’apprécie          91
Cet essai étudie les liens qui unissent toutes les formes de violence à toutes les formes de sacré, dans toutes les sociétés humaines.

Pourquoi, depuis les origines, nomade, sédentaire, antique ou moderne, Homo Sapiens pratique-t-il la violence envers ses semblables ? Que ce soit sous forme de sacrifice, de folie collective ou de violence individuelle, la violence hante chaque type de société. Elle naît de l'inévitable « mimétisme du désir », car toute communauté pousse ses membres à entretenir des désirs semblables. Si l'objet de ces désirs est unique, qu'il s'agisse d'amour ou d'honneurs sociaux, il en découle une rivalité : c'est cette rivalité qui est à l'origine de la violence.

Ce livre demande une certaine concentration pour être compris, mais il m'a plu par sa clarté, et la justesse de son propos, démontrée par d'amples comparaisons qui traversent le temps et l'espace. du sacrifice humain amérindien aux croisades en passant par les rituels de passation de pouvoir africains, la violence obéit à un même schéma : une personne ou un animal prend sur lui la violence de chacun, et sa mort, symbolique ou réelle, purge la communauté de sa violence. C'est le phénomène du bouc émissaire. Aujourd'hui remplacé par les tribunaux, dont la justice est beaucoup plus efficace car définitive, ces deux schémas sociaux ont pourtant le même but : mettre fin à un cycle infini de violence et de vengeance.

La démonstration de René Girard se conclut par le présent, et une remarque très intéressante : la société contemporaine, où la violence entre individus est plus présente que partout ailleurs, est aussi la seule qui donne naissance à des ethnologues. Mais étudier un objet suppose d'y être extérieur : ainsi, le peuple capable d'étudier un autre peuple n'est plus un peuple. L'homme moderne serait donc arrivé à un stade inconnu, toujours plus éloigné de « l'état de nature » ; stade d'autant plus dangereux qu'il nie la puissance de la violence, alors même qu'elle éclate de toutes parts. Est-ce l'acmé d'un nouveau cycle, ou le début d'une ère nouvelle ? le débat est ouvert.

Pauline Deysson - La Bibliothèque
Lien : http://www.paulinedeysson.co..
Commenter  J’apprécie          20
Un livre important. La pensée de Girard, parce qu'elle interroge nos désirs et nos pratiques sociales en temps de crise, est l'une de celles qui préparent au difficile exercice de la liberté.
Commenter  J’apprécie          10


Lecteurs (411) Voir plus



Quiz Voir plus

Philo pour tous

Jostein Gaarder fut au hit-parade des écrits philosophiques rendus accessibles au plus grand nombre avec un livre paru en 1995. Lequel?

Les Mystères de la patience
Le Monde de Sophie
Maya
Vita brevis

10 questions
438 lecteurs ont répondu
Thèmes : spiritualité , philosophieCréer un quiz sur ce livre

{* *}