Citations sur Si je mens... Conversations avec Claude Glayman (101)
(mai 68) J'ai vu arriver dans mon bureau M. Cohn-Bendit, rieur et gentil comme un jeune boxer dont il avait la couleur, qui m'a magistralement « tapée » de cinquante mille francs. C'était joliment fait. Et de quelques rames de papier.
2364 - [Le Livre de poche n° 3729, p. 282]
Il n'existe qu'un projet totalement révolutionnaire : c'est celui des anarchistes. Détruire l'ordre, supprimer les règles, lever les interdits, jouir. Tout le reste consiste à remplacer un ordre par un autre, un pouvoir par un autre, et des règles par d'autres règles.
2356 - [Le Livre de poche n° 3729, p. 285]
… bien que je sois aujourd'hui à eu près adulte, enfin je l'espère, je ressens vivement l’horreur qu'on peut éprouver à « s’adapter ». La vie, est-ce qu'on s'y fait ou est-ce qu'on s'y défait ? Et à quel moment la bienheureuse adaptation devient-elle l'ignoble résignation ? Le fameux « changer la vie » qui est devenu une rengaine assez touchante à la fin, de la part de tous les vieux enfants que nous sommes, c'est un enfant qui le premier l'a crié, n'est-ce pas, il y un siècle...
2354 – [Le Livre de poche n° 3729, p. 281]
Je ne verrais aucun inconvénient à vivre dans une société socialiste, et même à y être moins bien payée qu'un ouvrier qualifié, ce qui ne me paraîtrait pas tellement injuste puisque je fais un métier plus intéressant que lui. Mais qu'est-ce que je dis là ! En 1918, Gorki a payé trente-cinq mille roubles d'amende pour avoir publié dans son journal une nouvelle qui n'a pas été appréciée, et depuis 1918 aucun journal indépendant du pouvoir n'est jamais reparu en Russie – et dans une démocratie populaire d'ailleurs. Donc je ne serais plus journaliste, n'ayant pas de disposition pour l’apologétique...
2348 – [Le Livre de poche n° 3729, p. 276]
Depuis, j'ai d'ailleurs révisé mon jugement sur l’attitude qu'il convient d'avoir face à la calomnie. A la fin, c'est comme le chantage. Il ne faut jamais céder. C'est une pure question de courage.
2345 – [Le Livre de poche n° 3729, p. 270/71]
L’écriture quand on sait la lire, finit par tout livrer.
2342 – [Le Livre de poche n° 3729, p. 270]
On disait que si la persécution (contre Mitterrand en octobre 1959) n'avait pas pris toute l'ampleur que l'on pouvait craindre, c'est parce qu'il était garde des Sceaux, en 1957, lorsque le dossier de l'« affaire du bazooka » avait été instruit, et que ce dossier, il l'avait.
2339 – [Le Livre de poche n° 3729, p. 268]
Les mœurs politiques sont abominables. M. Pompidou en sait quelque chose, lui qui a été attaqué de la façon la plus sordide, entre 1968 et 1969, et qui, contrairement aux règles les plus élémentaires à l'égard d'un ancien Premier ministre, n'en a même pas été prévenu.Tout le monde savait, sauf lui. Il faut seulement se consoler en se disant que les tentatives d'assassinat moral sont un progrès par rapport à l'assassinat pur et simple.
2334 - [Le Livre de poche n° 3729, p. 268]
« Time », quand ses rédacteurs s'en vont, publie une petite note en disant : « Nous sommes très fiers... Voilà encore un collaborateur de Time qui est engagé ailleurs. Ça prouve que nous les formons bien, que nous sommes une bonne école... Bientôt toute la presse américaine sera faite d'anciens collaborateurs de Time », etc.
J'en ferais volontiers autant dans L’Express. Daniel est donc parti, et trois ou quatre 'ont suivi pour aller faire L'Observateur qui avait été racheté par un industriel, Claude Perdriel. Pour autant que je sache, ils ont bien réussi ensemble.
2330 - [Le Livre de poche n° 3729, p. 262]
Où que je sois, je continuerai de lutter contre mon vieil ennemi, le dogmatisme, le cléricalisme, contre les chimères de ceux qui veulent corriger, au moyen de leurs rêves, la part intolérable de la réalité.
2325 – [Le Livre de poche n° 3729, p. 287]